février 2009

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1. Relativité de la simultanéité dans l’information

On s’intéressera à des éléments de l’« actualité » du mois de janvier 2009 (ou, plus précisément entre le 16 et le 20 janvier), la guerre à Gaza, l’investiture du président des États-Unis à Washington.

Lors du rendez-vous téléphonique d’une émission de la télévision israélienne avec un médecin accoucheur palestinien, la simultanéité met cruellement en évidence la disymétrie de l’information dans la guerre à Gaza. On retrouve cet écart dans Google Earth : l’opération technologique, commerciale, culturelle et politique autour de l’investiture de Barack Obama à Washington actualise les images satellitaires avec des images en haute définition et en fait la promotion sur Internet. Les images de la bande de Gaza restent quant à elles identiques, elles datent de 2007.

On peut noter que les deux « événements » sont liés dans le temps, Israel entendant conduire la guerre à Gaza avant l’investiture du nouveau président américain.

Surcroît d’images encore pour l’opération de CNN et Microsoft qui joue sur la proximité temporelle et spatiale de centaines de photographies prises par les spectateurs-participants de la cérémonie de Washington pour produire la « photographie immersive » d’un « moment » historique.

L’expérience du « webdocumentaire » Gaza-Sderot La Vie malgré tout sur Arte travaille quant à elle sur la durée, sur une certaine synchronie, sur la répétition autant que sur la séparation qu’exerce la frontière.

2.1. GAZA

Enregistrement vidéo du journal télévisé de la 10e chaîne de la télévision israélienne, le 16 janvier 2009, disponible sur YouTube:

Shlomi Eldar, présentateur de la télévision israélienne, en direct à l’antenne, en conversation téléphonique avec Izz el-Deen Aboul Aish, médecin palestinien à Gaza.

Ci-dessous, un extrait de l’article que donne à cette occasion Pierre Haski dans le journal en ligne Rue89:


TÉMOIGNAGE
La douleur d’un père palestinien, en direct à la TV israélienne
Par Pierre Haski | Rue89 | 18/01/2009 | 01H53

Cela restera peut-être l’image la plus marquante de cette guerre, la plus inhumaine et la plus humaine aussi: cette scène, en direct à la télévision israélienne, avec au téléphone un médecin palestinien hurlant sa douleur car ses trois filles viennent d’être tuées par un obus israélien. Le duplex était prévu, mais l’attaque du char israélien ne l’était pas.
Sur son blog Chroniques orientales, sur le Figaro.fr, Delphine Menoui raconte l’histoire:

« Izz el-Deen Aboul Aish est un médecin connu des spectateurs israéliens. Ce gynécologue palestinien, qui parle parfaitement l’hébreu, exerce à la fois dans un hôpital de Tel Aviv et dans la bande de Gaza, où vit sa famille. Depuis le début des raids, il y a 21 jours, il était resté à Gaza. L’accès des journalistes étant strictement contrôlé, il fut très vite sollicité par les média israéliens pour témoigner des conditions de vie sur place. »

Mais lorsque la télé l’appelle, vendredi soir, à l’heure de grand écoute, ce n’est plus le témoin qui est en ligne, mais un père effondré par la mort de ses filles, et qui implore Dieu. Le journaliste le laisse parler, tente de le calmer, de lui promettre une ambulance (qui viendra d’aileurs plus tard), et, visiblement ébranlé, ému, il préfère quitter le plateau avec le téléphone portable encore branché, plutôt que d’interrompre le flot de sanglots de cet homme.

2.2. BANDE DE GAZA, 14 JUIN 2007

Images satellitaires accessibles par Google Earth en février 2009


Le nord de la bande de Gaza et Israel (14 juin 2007).


La côte au sud-ouest de la ville de Gaza (14 juin 2007).


La frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte à Rafah (14 juin 2007).

2.3. WASHINGTON DC, 20 JANVIER 2009, SYSTÈME DE VUES SATELLITAIRES GEOEYE ET GOOGLE EARTH

Images satellitaires accessibles par Google Earth en février 2009


Image avec une résolution de 0,50 mètre du Capitole, Washington D.C, États-Unis, saisie par le satellite GeoEye-1, le 20 janvier 2009, au cours de la cérémonie d’investiture de Barack Obama. (3,4 M°)


Cette image dans Google Earth.


Détail de l’image.

Pour accéder, dans Google Earth, à l’image en haute définition, télécharger le fichier kml en cliquant ici, puis ouvrir ce fichier kml (il faut avoir préalablement installé Google Earth: http://earth.google.fr/).

Site de Google Earth 

2.4. WASHINGTON DC, 20 JANVIER 2009, SYSTÈME PHOTOSYNTH ET CNN


20 janvier 2009, « moment » de la cérémonie d’investiture de Barack Obama. Copie d’écran du système de navigation entre les images envoyées par le public et assemblées dans un espace virtuel 3D par Photosynth (Microsoft).

À voir sur le site CNN :
http://edition.cnn.com/SPECIALS/2009/44.president/inauguration/themoment/

après avoir installé le logiciel Silverlight :
http://www.microsoft.com/silverlight/resources/install.aspx

2.5. GAZA-SDEROT, DOCUMENTAIRE INTERACTIF DIFUSÉ PAR ARTE


Copie de l’écran d’accueil.

Sur le site de la chaîne de télévision Arte, Gaza-Sderot La Vie malgré tout, documentaire interactif : Gaza (Palestine), Sderot (Israel), 2 villes, 3 km de distance, 2 vidéos par jour 40 épisodes (80 vidéos). Le programme des prises de vues s’est déroulé du 26 octobre au 23 décembre 2008.

Rue89 écrit:
« La nouveauté de ce programme (coproduit par Upian, qui travaille notamment pour Rue89) est qu’il est réalisé (par Ayelet Bachar à Sderot et Khalil Al Muzayyen à Gaza) quasiment en temps réel : les images sont diffusées sur le web dès le lendemain de leur tournage. »

2. Esthétique critique du temps réel

Si le temps est fondamentalement une dimension relationnelle, l’expression, somme toute étrange, de « temps réel » peut être comprise comme relative à un processus. On parle en effet de temps réel pour qualifier la capacité de l’ordinateur à traiter le flux des informations qui lui arrive. Autrement dit, l’artefact incluant le calcul numérique opère dans le cadre temporel imposé par son cycle d’utilisation. La notion de temps réel, attachée aux notions de vitesse opératoire et de synchronisme relatif, est donc étroitement liée à celle d’interactivité aussi bien interne qu’externe. L’interactivité étant ce qui place l’utilisateur dans la position de dialogue avec la machine, il convient que cet échange se fasse dans une temporalité psychologiquement acceptable, perçue comme directe, sans retard. On peut rappeler que l’ordinateur est fondamentalement une horloge et que sa « vitesse d’horloge », c’est-à-dire la fréquence des pulsations de son processeur, conditionne sa puissance. Cette horloge s’instaure d’ailleurs comme horloge universelle par la simultanéité qu’assurent les réseaux, et l’on notera, à l’inverse, que tous les appareils au fonctionnement numérique tendent à se constituer en réseau, ne serait-ce que par leur synchronisme.

Dans le champ du design et de l’art, le temps réel est donc une qualité des instruments mais aussi de certaines œuvres. D’une façon générale, une œuvre interactive possède, au moins pour une part, cette capacité de réponse en temps réel. Ainsi, son interface, ses capteurs comme son dispositif d’apparition — affichage d’images et de textes, émissions de sons et de lumières, etc. —, inscrivent leur cycle d’événements dans un régime de temporalité en adéquation avec celui des spectateurs.

L’esthétique du temps réel est à même de dépasser celle du pur spectacle. Avec les œuvres interactives, elle porte en effet sur l’expérience d’un processus en train de se faire, d’une actualisation et, qui plus est, d’un acte opératoire perçu comme dialogue ou comme jeu. C’est le cas des diverses propositions qui ont valeur d’instrument, génératrices de sons ou de traces graphiques, d’événements sonores et visuels, de textes, etc.

La « réalité artificielle » conçue, dès les années soixante-dix, par Myron Krueger, joue de la possibilité d’une rétroaction instantanée de la vidéo captant le geste du spectateur. Le temps réel est donc la condition d’une synchronie d’actions qui est aussi l’aspect premier des projets performatifs ou encore, par exemple, à l’échelle d’une ville et d’une collectivité et dans un dispositif imbriquant actuel et virtuel, de Can You See Me Now de Blast Theory. De façon paradoxale, c’est parce qu’elle peut être ressentie comme un processus du temps réel qu’une interactivité interne se séparera subtilement du mode ordinaire du spectacle. C’est ce que met en œuvre Masaki Fujihata avec sa série de Field-Works, y compris Landing Home in Geneva. Le vaste espace virtuel où s’affiche une collection cartographiée d’innombrables séquences vidéo est perçu comme pouvant être exploré librement, ce qu’il est potentiellement de par sa nature technique, mais l’auteur a choisi d’en fixer le parcours sur une simple ligne, nous le donnant comme une option parmi d’autres.

Intégré à une dimension spatio-temporelle, le temps réel participe aux effets d’immersion que l’on attend des environnements virtuels ou des jeux. Il en va de même d’installations dont la référence est le miroir. En ce sens, avant même le numérique, le circuit vidéo a pu s’affirmer comme le modèle du temps réel. Morel’s panorama de Masaki Fujihata est ainsi une hybridation de la vidéo directe avec le traitement numérique de l’image.

Le live (le spectacle vivant du théâtre, de la musique, de la danse, etc.) confronte des temporalités naturellement synchrones. On se dispense dans ce cas de la notion de temps réel, mais elle peut être prise en référence, pour ses qualités de vécu partagé, de nouveauté au sens fort, de singularité, d’imprévu ou d’improvisation. Le cinéma a gardé, de son dispositif théâtral, la part vivante du public, mais, pour l’essentiel il tient son originalité et sa pertinence de la répétition d’un enregistrement. Un spectacle interactif peut, dans certaines circonstances, ménager une exécution directe, mais s’en remet généralement à la programmation — y compris générative de nouveauté, « intelligente » — et au feed-back du public dans l’œuvre. S’il participe à l’idée d’immersion, le temps-réel peut, au même titre, faire l’objet d’une critique de ses revers, s’accompagner d’une distanciation qui, sans l’annuler, le donne à comprendre pour ce qu’il est, notamment comme construction artificielle.

Au début des années 1990, devant la généralisation de l’immédiateté des commutations homme-machine, Paul Virilio souligne que le temps réel tend à substituer à la profondeur d’espace de la perspective géométrique la « profondeur de temps » d’une « perspective du temps réel ». Il met en garde contre l’assujettissement du regardeur dans cette « transparence spatio-temporelle ». Ainsi parlera-t-on d’une dictature du temps réel. N’est-il pas le plus souvent — toujours ? — celui des autres. Interrogation prémonitoire, c’est en travaillant au retard de l’affichage de la vidéo qui capte l’image du visiteur que Dan Graham met en scène, dans ses installations des années 1970, une distanciation radicalement troublante, une critique de la transparence d’une représentation directe. C’est aussi à une prise de conscience dialectique de la « flèche du temps » — qui donne son nom à l’une de ses installations —, que Piotr Kowalski s’attache dans sa Time Machine (1981). Saisissant l’instant vécu du spectateur, il tente d’approcher l’utopie d’un temps que l’on pourrait travailler, inverser, en temps réel.

J.-L.B. Extrait adapté d’un ouvrage à paraître sur vidéo et interactivité


[photo collectif f.8]

J.L.B. a dans la main  Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts, Folio Essais, Gallimard.

Forme de performance collective et publique, directement liée aux mails et aux téléphones cellulaires, la flashmob s’était, depuis plusieurs annés (voir le colloque Paris 8/Ensad Mobilisable « l’art des foules », 3 décembre 2008), imposée comme mobilisation « sans mobile ». Dans le contexte du mouvement de protestation de l’université française, celle qui s’est tenue à Paris, place Saint-Michel, le mercredi 18 février 2009, entre 12h00 et 12h05 (proposée par Julien L. — chercheur sur l’esthétique des mondes virtuels — et l’UFR Arts de Paris 8), était beaucoup moins « pure » : proportion trop grande de participants avertis par rapport aux passants ordinaires, trop grand nombre de caméras et d’appareils photographiques, tracts et peut-être pancartes, etc. Mais c’est le prix à payer de la politisation du genre. Ce qui était réussi : un « bruit » très rarement entendu, la simultanéité très audible de 100 à 200 textes lus à haute voix, les livres ostensiblement exhibés, leurs choix revendiqués. Et, comme l’écrit Jean-Noël Lafargue dans son blog : « Ce genre de performance sert avant tout à exprimer que l’on a choisi un camp, celui du livre, et donc par extension, celui du savoir, de la mémoire, et pourquoi pas du sentiment esthétique, contre d’autres logiques à la mode ».

fm_5S.D. lit Cyrano de Bergerac, « tirade des non merci » (Edmond Rostand, Classiques Larousse, Texte intégral).
fm_4X. lit Si près d’Hélène Cixous, Galilée, 2007.

fm_7J.G. montre son livre, L’art : une histoire d’expositions, Presses universitaires de France, 2009, qui sort aujourd’hui même.

fm_2

C.D. lit Foules intelligentes (Smart Mobs) de Howard Rheingold, M21 Éditions, 2005. Et plus précisément, page 207 : « Le pouvoir des foules vient de sa capacité à dépasser les contraintes de la ville et en même temps de sa capacité à effacer les distinctions sociales en provoquant une impression de flou… ».

[photos JLB]

Remarque sur les couleurs : avec quelques détails rouges, dominante des roses-violets et gris-bleus, en harmonie avec la fontaine.

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Librairie du Centre Pompidou, février 2009. Autres parutions aux Presses du réel dans la collection Mamco (Genève) : Jean-Marc Poinsot, Quand l’œuvre a lieuL’art exposé et ses récits autorisés (nouvelle édition revue et augmentée); Thierry de Duve, Faire école. (Ou la refaire ?) – Nouvelle édition revue et augmentée. Ainsi que la revue du Mamco : Retour d’y voir n° 01 et 02.

Vient de paraître aux Presses du réel :

PRÉSENTATION

Jean-Louis Boissier

La relation comme forme
L’interactivité en art. Nouvelle édition augmentée

éditeur :
Les presses du réel
35, rue Colson, F – 21000 Dijon
http://www.lespressesdureel.com/

 

collection :
Mamco, Musée d’art moderne et contemporain
10, rue des Vieux-Grenadiers, CH – 1205 Genève
http://www.mamco.ch/

336 pages, 22 dessins, format : 17×24 cm
ISBN : 978-2-84066-277-8
Prix : 25 €

L’ouvrage contient deux nouveaux textes : « La perspective relationnelle » et « Les arts interactifs s’exposent-ils ? »

Le CD-ROM contient un nouveau film interactif : Les Perspecteurs.

Sommaire
Introduction : La relation comme forme 9
À propos du vidéodisque Le Bus, ou l’Exercice de la découverte 14
Dramaturgie de l’interactivité 22
Pour que poussent les images 30
Le logiciel comme rêverie 46
Artifices 54
La collection à l’œuvre 78
Machines à communiquer faites œuvres 92
Vertus des mondes bornés 120
Notes sur l’esthétique du virtuel 132
Une esthétique de la saisie 148
Programmes interactifs 178
Des arts dans la logique de leur technique 216
Le CD-ROM de la 3e Biennale d’art contemporain de Lyon 224
L’image n’est pas seule 230
Le moment interactif 238
L’image-relation 262
La perspective relationnelle 298
Les arts interactifs s’exposent-ils ? 314
Liste des illustrations 333

L’ouvrage contient le CD-ROM :

Essais interactifs

Réalisation : Jean-Louis Boissier
Programmation : Jean-Noël Lafargue
Avec le concours du laboratoire Esthétique des nouveaux médias,
Université Paris 8
© 2004-2008, Jean-Louis Boissier

Sommaire du CD-ROM :
Album sans fin, 1989
Globus oculi, 1992-1993
Flora petrinsularis, 1993-1994
Mutatis mutandis, 1995
Bifurcation, 1996
Autoportrait, 1999
La Morale sensitive, 1999-2001
Dozographie, 2000
Le Petit Manuel interactif, 2001
Acrostiche, 2001
Modus operandi, 2002-2003
Les Perspecteurs, 2004

En couverture : dessin de l’installation-performance Les Perspecteurs, 2004-2005.

EXTRAITS

Introduction

La relation comme forme

Si « la relation comme forme » émerge comme titre légitime pour ce recueil ayant trait principalement à l’interactivité en art, cette proposition n’en constitue pas le projet systématique et approfondi. Considérant la suite des textes rassemblés ici, il faudrait chercher les diverses apparitions du mot relation et voir comment, avec les nouveaux médias numériques, la relation devient forme et s’inscrit dans des objets apparentés à l’art. Continuation de la photographie et du cinéma, la prise de vues, telle qu’elle est intentionnellement maintenue dans les programmes vidéo-interactifs, est attachée à l’idée de relation au réel. Cette idée est là pour prendre en compte la tradition picturale chinoise ou pour mettre en oeuvre la poétique de la collection, pour construire le diagramme de l’exploration d’un coin de banlieue ou pour mettre en scène un modèle qui se prête à la modélisation de ses gestes. Avec Rousseau, on parle de relation au monde, sur le mode du signe sensitif, de la réminiscence ou de la rêverie sans objet. C’est sans conteste ce qui donne sa pertinence à une entreprise visant à interpréter son texte sur le mode de la performance interactive et à prendre cette lecture comme critère de l’expérimentation d’une écriture nouvelle. Qu’elle soit prélèvement de fragments ou de traces ou qu’elle relève de codes ou de langages, la saisie permet le passage du photographique vers l’image calculée, le virtuel et l’interactivité. La saisie s’identifie alors, en tant que relation, à un processus formel et productif. L’association saisie-ressaisie qualifie la version de l’interactivité la plus homogène à tout ce qui relève de la figuration et de la représentation. La perspective interactive, où la programmation tient la place qu’a la géométrie dans la perspective optique, désigne le dispositif de la construction ou de la saisie des relations. Il est alors possible de concevoir une image-relation qui, au-delà du partage des actions, est une présentation directe de la relation. La jouabilité de l’oeuvre atteste la figurabilité des relations. Cette jouabilité, empruntée aux jeux informatiques, voit sa signification élargie à toutes les acceptions du mot jeu, jeu nécessaire du fonctionnement mécanique, jeu interprétatif, théâtral et musical, jeu de l’exercice corporel et mental, jeu de langage.

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Jack Lang, Jean-François Lyotard, inauguration des Immatériaux, Centre Pompidou, 27 mars 1985 ©Centre Pompidou

France culture, émission « Peinture fraîche », vendredi 6 février 2009.

Pour écouter directement cette émission, cliquer ici :

PRÉSENTATION SUR LE SITE DE FRANCE CULTURE

6 février 2009
« Peinture fraîche » : Les Immatériaux

Réalisation Clotilde Pivin
Reconstitution sonore de l’exposition culte du philosophe Jean-François Lyotard qui s’est déroulée au Centre Georges Pompidou du 28 mars au 15 juillet 1985 et dont se réclame la nouvelle génération.
Avec la voix de Jean-François Lyotard – archives INA

Il devient indispensable aujourd’hui de relire Jean-François Lyotard dans la mesure où toute une génération d’artistes, de critiques d’art, de conservateurs découvrent sa pensée et s’y réfèrent. Se réfèrent entre autres à cette incroyable exposition Les Immatériaux qui se déroulait au Centre Georges Pompidou en 1985 après deux années de préparation.
Ceux et celles qui ont vu cette manifestation n’en ont presque aucun souvenir. La mémoire n’a pas agi.
Au départ le projet devait prendre en compte les nouveaux matériaux et les nouvelles technologies comme la vidéo et l’ordinateur.
Exposition ni-artistique, ni-scientifique.
Exposition d’une nouvelle sensibilité qui s’opposait à l’idéologie de la communication. Ne voulant pas privilégier automatiquement l’interaction, mais le fait qu’une œuvre d’art est aussi un spectacle.
Cette exposition aujourd’hui culte était une dramaturgie où le spectateur faisait lui-même son parcours.
Il affrontait la multiplicité des jeux de langage, dont la pensée de Wittgenstein se fait l’écho.
En écoutant les témoins et les auteurs témoigner nous obtenons l’empreinte sonore d’un moment de notre histoire qui a déchaîné les passions, les incompréhensions et qui nous oblige aujou’dhui à y revenir.

Invités
Dolorès Lyotard. Philosophe et épouse de Jean-François Lyotard
Jean-Louis Boissier. Universitaire et artiste alternatif, auteur de La relation comme forme : l’interactivité en art éd. Presses du Réel, 2008
Anne Tronche. Historienne de l’art
Philippe Curval. Écrivain, invité des Immatériaux en 1985

EXTRAIT

Dès le début des années 80, le Centre de création industrielle (CCI) avait en projet une grande exposition dont le titre était Nouveaux matériaux et création ( …). Le projet a semblé sombrer jusqu’au moment où la direction du CCI a eu l’idée de faire appel à un commissaire extérieur et c’est le projet, puisqu’il avait été sollicité, de Jean-François Lyotard qui a été retenu ; c’était à la fin de l’année 1983. Il y a eu un mouvement double de la part de Lyotard. D’une part il a été attiré par ce projet qui était assez flou et, en même temps, il l’a contesté dans ses termes mêmes puisqu’il a dit : « nouveau pour moi, ça ne veut rien dire ; matériaux, aujourd’hui ce ne sont plus des matériaux, on ne parle plus de matériaux ; et quant à la création, je ne sais pas ce que ça veut dire ». Dès l’été 1983 il a conçu ce projet qu’il a appelé Les Immatériaux en essayant de défendre ce concept (…).
J.-L.B.

DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES

• Invitation des Immatériaux, Luc Maillet-Grafibus, 1985

Sur ce site : « Les Immatériaux et la question des nouveaux médias numériques », octobre 2008.

• Retour sur Les Immatériaux, mars 2005
Quand, en 1984 au Centre Pompidou, Jean-François Lyotard est appelé à prendre la direction intellectuelle d’une exposition prévue sur le thème « matériaux nouveaux et création », il entend mettre en question chacun de ces trois termes en la nommant Les Immatériaux et en proposant d’agencer l’exposition selon les mots matériau, matière, matrice, matériel, maternité. L’exposition donnera au visiteur « le sentiment de la complexité des choses » car « une nouvelle sensibilité naît » alors que « dans la création apparaissent de nouveaux genres d’art reposant sur les nouvelles technologies ». Il s’agit aujourd’hui de témoigner de cette grande exposition devenue mythique, et de considérer le destin théorique et historique de ces « immatériaux », qui désignent non pas simplement ce qui est immatériel mais, de façon ouverte, « un matériau qui disparaît comme entité indépendante », un matériau où « le modèle du langage supplante celui de la matière » et dont le principe « n’est plus une substance stable mais un ensemble d’interactions ». J.-L.B. (Inroduction pour la conférence Ciren à l’occasion des 20 ans des Immatériaux)

• Jean-François Lyotard
Le Postmoderne expliqué aux enfants
, Galilée, Paris, 1986
 (et 2005)
Correspondance 1982-1985

Extrait, pp. 133-134
à Thomas Chaput
Rome, le 12 avril 1985

La pensée et l’action des XIXe et XXe siècles sont gouvernées par l’Idée de l’émancipation de l’humanité. Cette idée s’élabore à la fin du XVIIIe siècle dans la philosophie des Lumières et la Révolution française. Le progrès des sciences, des techniques, des arts et des libertés politiques affranchira l’humanité tout entière de l’ignorance, de la pauvreté, de l’inculture, du despotisme et ne fera pas seulement des hommes heureux, mais, notamment grace à l’École, des citoyens éclairés, maîtres de leur destin.
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[photo JLB]

Lundi 9 février 2009, l’amphithéâtre Richelieu de La Sorbonne est le lieu d’une conférence destinée aux enseignants-chercheurs où s’expriment les présidentes et présidents de 9 universités (Paris-3 Censier, Paris-4 Sorbonne, Paris-8 Saint-Denis, Paris-10 Nanterre, Paris-13 Villetaneuse, Montpellier-3, Besançon, Rouen et Grenoble-3, auxquelles s’est associé l’Institut national des langues et civilisations orientales), membres de la Conférence des présidents d’universités (CPU — Aujourd’hui, La Conférence regroupe 82 universités, 3 universités technologiques, 3 Instituts Nationaux Polytechniques, 4 Ecoles Normales Supérieures, 3 Instituts Nationaux des Sciences Appliquées et 8 Grands Etablissements, CNAM, Observatoire de Paris, Inalco, etc.).

En conclusion de la conférence, Pascal Binczak, Président de l’université Paris-8 Vincennes, lit la déclaration suivante :

« Les présidents d’université et les représentants d’université présents en Sorbonne appellent les deux ministres de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et de la recherche à retirer tous les projets de réforme controversés, condition nécessaire à l’ouverture de véritables négociations et à la relance du nécessaire processus de réforme auquel doit être associé l’ensemble de la communauté universitaire ».

Cette conférence a valeur de conférence de presse puisque la déclaration attendue a une importante signification dans l’actualité du mouvement en cours. Mais, dans une assemblée telle que celle-ci, les enregistreurs et appareils de communication sont désormais innombrables. Il faudrait pouvoir repérer la destination de tous ces documents et de toutes ces conversations et mettre en évidence les effets informationnels et politiques de ces réseaux et foyers décentralisés d’opinions et d’initiatives.

• Un échantillon d’une minute pris dans l’intervention d’ouverture par Georges Molinié, Président de l’université Paris-4 Sorbonne :


[vidéo sur téléphone : JLB]

• Un exemple de compte-rendu publié très rapidement ce lundi soir sur le site EducPros.fr : http://www.educpros.fr/nc/rss/article-rss/a/mobilisation-des-universites-neuf-presidents-appellent-au-retrait-des-reformes.html

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Dans le mouvement de résistance des enseignants-chercheurs, un mouvement pendulaire intéressant, celui qui fait passer du blog à l’amphithéâtre, et retour. Des blogs, comme beaucoup d’échanges par mail et de nombreux mails envoyés massivement, sont désormais le moyen d’information et de discussion primordial. Mais il faut aussi des moments fusionnels, des assemblées et des votes bulletin rouge en main — dont le moindre mérite n’est pas de fournir des images parlantes.


Amphithéâtre Richelieu de La Sorbonne, lundi 2 février 2009, coordination nationale. [photo Flickr, Gunthert, CC]

Lire, pour avoir des précisions sur le décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs :
http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2009/02/modulation-de-service.html

Lire aussi l’analyse d’André Gunthert sur le rôle des blogs dans le mouvement :
http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2009/02/04/932-la-mobilisation-universitaire-face-aux-tic

L’article du Monde qui cite notamment ces deux blogs :
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3224,50-1149785,0.html

En prime, sur YouTube (encore un croisement entre amphithéâtre et Internet) le discours intégral du discours de la ministre des universités et de la recherche à Strasbourg le vendredi 5 février 2009 :
http://www.youtube.com/watch?v=Ye5_PDkp_1c

V.P. : « Si vous ne me respectez pas, respectez au moins Goethe ! »

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Berlion, 4 février 2009, galerie [DAM]Berlin, 37 Tucholtskystaße, dans le contexte de Transmediale Berlin 2009. La pièce conçue par Christoph Korn (*1965) en 2008, intitulée NON Maschinen, consiste en cinq ordinateurs. La 1ère application éteint l’ordinateur après 11 jours sans rien produire auparavent. La 2ème gère une « simple NO Machine » (?). La 3e est plus complexe, sans bouton de démarrage. La 4e qui compte jusqu’à cinq pendant trois jours. La 5e consiste seulement en un bouton OFF. Site : http://www.christophkorn.de

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Albert Fert. Photo Bruno Fert, Invisuphoto.

1. Préambule

Albert Fert est professeur, physicien, prix Nobel en 2007 pour la découverte de la magnétorésistance géante (partagé avec le physicien allemand Peter Grünberg), directeur scientifique au sein de l’Unité Mixte de Physique CNRS/Thales associée à l’Université Paris-Sud 11, membre de l’Académie des Sciences, médaille d’or 2003 du CNRS, lauréat du Japan Prize 2007 et du Wolf Prize 2007. Il a publié près de 300 articles, dont l’un figure dans le « top ten » des articles les plus cités de la revue Physical Review Letters. Ses découvertes dans le domaine des nanosciences sont notamment à l’origine de l’élaboration des têtes de lecture magnétique qui sont employées aujourd’hui dans tous les disques durs. En effet, depuis 1997, les têtes de lecture utilisent la magnétorésistance géante de multicouches magnétiques pour repérer les inscriptions magnétiques du disque. La performance de ces têtes a permis de multiplier par cent le volume d’informations stockées sur une même surface. Plus généralement, son apport à la spintronique, science qui considère l’influence du spin des électrons sur la conduction électrique, a ouvert de nombreuses perspectives dans le domaine de l’informatique et des communications. Les travaux d’Albert Fert et de ses collègues ont donc des conséquences très importantes pour les nouveaux médias qui nous occupent.

2. Discours

Nicolas Sarkozy, Président de la République, a prononcé le jeudi 22 janvier 2009 au Palais de l’Élysée un discours à l’occasion du lancement de la réflexion pour une Stratégie Nationale de Recherche et d’Innovation. Pour en prendre connaissance, on peut télécharger ce discours (pdf) ou bien consulter sur le site de l’Élysée, ce qui est plus instructif encore sur les capacités de mémorisation authentique des disques durs, son enregistrement vidéo : ici. On remarquera que si le texte « imprimé » a conservé le style de l’orateur, il « corrige » de nombreux détails et la plupart des on en nous. Voici deux extraits de ce discours où il est question d’Albert Fert et de son Prix Nobel :

« Nous avons des domaines d’excellence reconnus et enviés dans le monde entier, mathématiques, physique et aux sciences de l’ingénieur. Mais ces admirables chercheurs et ces points forts — j’ose le dire — ne sont-ils pas l’arbre qui cache la forêt ? Ne servent-ils pas parfois d’alibi aux conservateurs de tous poils, que l’on trouve à droite en nombre certain et à gauche en nombres innombrables. »
« Je l’avais appelé de mes vœux lors d’un discours prononcé pour célébrer le prix Nobel Albert Fert, symbole du mariage même de la recherche fondamentale du plus haut niveau et de l’innovation la plus performante. »


Nicolas Sarkozy et Albert Fert, 12 novembre 2007. Reuters.

3. Déclaration

Plusieurs professeurs, scientifiques de renom, dont le professeur Albert Fert, ont publié le 29 janvier 2009 la déclaration suivante :

Réforme des universités et de la recherche : des discours aux actes

Télécharger cette déclaration (pdf)

Depuis des mois, le gouvernement proclame sa volonté de réformer le système de l’enseignement supérieur et de la recherche pour le hisser au meilleur niveau mondial.

De nombreux représentants de la communauté scientifique, parmi lesquels des signataires de ce texte, ont manifesté un grand intérêt pour ce projet et ont proposé de nombreuses pistes de réflexion. Le ministère les a pieusement écoutés pour ensuite ne tenir aucun compte de leurs suggestions et remarques. Et les orientations finalement retenues, souvent en contradiction avec le but affiché, sont extrêmement préoccupantes.

Ainsi, alors que l’objectif affiché est l’excellence de nos universités et de notre recherche, alors que Mme Pécresse a proclamé sa volonté de porter nos meilleurs établissements aux premiers rangs du fameux classement de Shanghai, comment comprendre que les réductions d’effectifs annoncées touchent notamment les universités les mieux placées dans ce classement ? Lire la suite »

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Dimanche 1er février 2009, consultant, parmi d’autres sites, Le Monde.fr, je trouve dans la rubrique « La guerre à Gaza », une vidéo intitulée « Dans une école de l’ONU, à Gaza » — cette vidéo est aussi accessible dans les rubriques « vidéos », ou bien « archives ».

http://www.lemonde.fr/archives/video/2009/01/30/dans-une-ecole-de-l-onu-a-gaza_1148504_0.html

Dans une école de l’ONU, à Gaza
Durée : 1mn 31s. Images : Images : Euronews / No Comment TV
Les 221 écoles gérées par l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza ont rouvert depuis une semaine. Jeudi 29 janvier, les élèves ont reçu en liquide la somme de 100 shekels israéliens (environ 20 euros) qui est allouée chaque mois par l’ONU aux familles les plus pauvres dont elle a la charge.

Il s’agit d’une émission de la chaîne Euronews, de la rubrique — bien connue — intitulée « No Comment » en date du 30 janvier 2009. La vidéo est hébergée et diffusée par Dailymotion. On peut donc y accéder directement, en qualité HQ, sur Dailymotion, avec peut-être une chance de conserver le lien plus longtemps que sur Le Monde.fr :
http://www.dailymotion.com/video/x873zp_dans-une-ecole-de-lonu-a-gaza_news

Le « prix à payer » est alors de voir une publicité de LCL (Banque Le Crédit Lyonnais). Outre le « permalien », le code d’un « lecteur exportable » est disponible. Je le recopie ci-dessous en ajustant la largeur de l’image à 450 pixels, largeur de la colonne de texte. Remarquons que les commentaires sont « désactivés ». C’est le cas dans la plupart des médias pour ce qui concerne la guerre à Gaza depuis la fin du mois de décembre 2008.

Et si le lien venait à être coupé, si ce document était enlevé de Dailymotion ?

Il existe des logiciels qui copient ce qui s’affiche localement sur l’écran. J’utilise, sur un Macintosh, iShowU (20 $, http://store.shinywhitebox.com/store/shop.php).
iShowU permet de définir la zone de l’écran à copier, on choisit un rectangle de 300 x 400 pixels, qui recoupe légèrement l’image telle qu’elle s’affiche sur Le Monde.fr. L’enregistrement est lancé. Dès la fin de la vidéo, le fichier QuickTime est disponible. Sous QuickTime Pro, on supprime les moments fixes au début et à la fin.
Il reste à transformer ce QuickTime en FLV, vidéo ayant les caractéristiques de Flash, apte à être insérée dans une page Web. On utilise le logiciel Flash Video Encoder en choisissant de réduire la taille de l’image à 320 x 240 pixels, pour avoir un fichier plus léger.

Par l’intermédiaire du protocole FTP (logiciel Fetch), le film gaza_onu.flv est envoyé dans un dossier conservant les vidéos du blog AdNM sur le serveur d’arpla.fr. Ce serveur est situé à Paris, chez Idianet. Une image fixe correspondant au début du film, gaza_onu.jpg est mise dans le même dossier, elle s’affichera sur la page avant que la vidéo soit lancée.

Une ligne de code, de type [ flv:http://www.arpla.fr/canal20/adnm/wp-flv/nom.flv 320 240 ] est placée dans la page de ce blog, faisant appel au plugin pour blogs WordPress nommé FLV-Embed (http://downloads.wordpress.org/plugin/flv-embed.1.2.1.zip). On peut enfin ajouter une légende, et rédiger divers commentaires à cette vidéo tirée de « No Comment ». Mais ceci est un autre travail.

Dans une école de l’ONU, à Gaza (EuroNews, No Comment, 30 janvier 2009).

J.-M.G. (voir commentaire) nous indique que l’on peut récupérer directement tous les documents d’une page consultée sous Safari par le biais du menu : Fenêtre puis Activité. Appliquant cette méthode à la vidéo DailyMotion qui nous intéresse, on peut repérer dans la liste des URL le nom de cette vidéo. En double-cliquant; on la télécharge. Il s’agit dans ce cas d’un fichier dans le codec .on2. Il reste encore à la transcoder en mp4 en utilisant un logiciel gratuit nommé PEnGUIn puis en .flv avec Flash Video Encoder, ce qui permet de recadrer légèrement la vidéo et de la mettre  au format 450x 338 qui est le format optimum pour le blog AdNM (ci-dessous) :

Dans une école de l’ONU, à Gaza (EuroNews, No Comment, 30 janvier 2009).

Note : Le billet de 100 shekels que l’on voit dans les mains des jeunes Palestiniennes figure Yitzhak Ben-Zvi (en hébreu : יצחק בן צבי), né à Poltava, Ukraine en 1884 et mort à Jérusalem en 1963, qui fut président de l’État d’Israël de 1952 à 1963.

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