Paris

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Le gouvernement français, comme l’Union européenne, comme la plupart des directeurs des grands musées internationaux, ont dénoncé l’arrestation arbitraire de Ai Weiwei le 4 avril 2011.
Anish Kapoor lui a dédié Leviatan son œuvre monumentale au Grand Palais, demandant une protestation radicale : http://next.liberation.fr/culture/01012336615-il-faut-une-greve-des-musees-pour-ai-weiwei
Cependant, on ne trouve aucune mention de cette dédicace au Grand Palais. Si l’on pose la question aux animateurs, ils disent : « On a déjà eu des annulations de Chinois… » et « Le Ministre n’a pas souhaité… »
Aujourd’hui, samedi 4 juin 2011 , 2 mois  jour pour jour après la disparition de Ai Weiwei, 22 ans jour pour jour après Tiananmen, on est en droit de poser la question, au sein même de l’œuvre de Anish Kapoor :

艾未未在哪里?Où est Ai Weiwei ?

Où est-il retenu ? Où est son nom au Grand Palais ?

Ci-dessous, de quoi imprimer des papillons Ai Weiwei :
http://www.arpla.fr/canal20/adnm/wp-pdf/aiweiwei-billets.pdf

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premier mai poptronics
© Chris Marker

Chris Marker n’est pas seulement le cinéaste de La Jetée (1962), de Le fond de l’air est rouge (1977) ou de Sans soleil (1982). Il a conçu Zapping Zone (1990) et Immemory (1998), des œuvres (installation, cd-rom) associant divers types d’images reliées par le numérique. Plus récemment, il a exploré Second Life. Mais il y a aussi chez lui une façon subtile de travailler les nouveaux médias. Elle consiste à en user à travers des appareils et des logiciels démodés, personnalisés, bricolés, poétisés. La série de photos enchaînées que met en ligne le site Poptronics (6 mai 2009) révèle ainsi une modalité de la prise de vue et du montage qui les signe manifestement. Saisies comme séquences vidéo DV, les images sont « prises » à nouveau sur l’ordinateur et traitées comme photographies en noir et blanc. Et c’est ainsi que s’écrit — car Chris Marker reste toujours et d’abord un écrivain — une « description d’un combat » (titre de son film de 1960) subjective, attentive, morale, « à l’écoute » dit Annick Rivoire (Poptronics, « Le 1er Mai vu par Chris Marker : le fond de l’air est grave »).

Écrivain ou peut-être plus précisément auteur de livres. On sait peut-être que Chris Marker, directeur de la collection « Petite Planète » au Seuil, fut le découvreur d’une forme d’une alliance moderne du texte et de l’image qui se libérait du rapport strict d’illustration, autrement dit qui leur offrait une coprésence sous le régime du ET. Avec le livre Coréennes (1959), il concevait un livre, fait de photographies, annoncé comme court-métrage ou  « ciné-essai ». Ses recherches sur une écriture spécifiquement interactive et le CD-ROM confirmeront le modèle du livre ou de l’album dans leur essence cinématographique si l’on veut bien voir la reliure comme dispositif de montage — concernant, comme tout dispositif, ce qui gouverne le passage de la production à la réception. C’est pourquoi encore, il ne faut pas parler, à propos des images photographiques de La Jetée, de photogrammes mais bien de plans ou de séquences ayant leurs durées, leurs articulations et leurs rythmes propres.

Le « film » du 1er mai 2009 appartient lui aussi à ce genre hybride de l’entre-image (Raymond Bellour) ou encore à celui du défilé, métaphore fondamentale du cinéma repérée par Godard lorsqu’au défilement des photogrammes il substitue (ou superpose) un défilé de personnes portant des photographies. Pour donner une « image juste », Chris Marker choisit de donner « juste une image » (Godard), beaucoup plus forte que celle de la manifestation, un défilé de portraits recueillis par lui dans ce défilé qui s’est présenté à lui.

Paris, vendredi 1er mai 2009, 17h20, le défilé boulevard Saint-Michel, dans la section qui va de Cluny au Luxembourg, C’est la première fois que je le vois ainsi en action. Pourtant, sa démarche, sa silhouette et son profil le désignent entre mille. Avoir voyagé avec lui, l’avoir croisé à l’époque de Immemory, a laissé l’empreinte du code visuel qui permet de repérer un personnage réputé invisible. D’ailleurs, un homme encore jeune l’approche depuis le trottoir mais ne parvient pas à retenir son attention. Je demande : « Vous savez qui c’est ? » ; réponse : « J’étais sur Sans soleil ! ». Je sais qu’il ne veut pas de photographies de lui mais je passe outre — pour l’instant — cette interdiction sous prétexte qu’il ne l’exprime pas.

Le 12 mai, la rédactrice de Poptronics nous avertit gentiment : « Quelle impudence :) ».

Le 11 juin, Patricia K. nous envoie ce commentaire : « La photo du « chasseur » solitaire ou plutôt du cueilleur d’images, accroupi comme un jeune homme et transformé en pied caméra-position-basse, nous aurait suffi… »

Le 24 juin 2009, la demande provient du premier cercle, elle est impérative : « Peux-tu enlever de ton blog, accessible à tous, cette photo et cette vidéo. »

Les sites et les blogs que nous faisons sont, jusqu’à nouvel ordre, des espaces relativement libres. On y pratique donc librement l’autocensure (voir la série de billets ayant trait au mouvement des Universités depuis le mois de janvier), surtout si un ami nous rappelle à la raison. J.-L.B.

PS. On nous rappelle aussi à l’ordre au nom du « droit à l’image ». Alors réfléchissons à ce qui fait que le droit à l’image n’est pas le même pour tous.

Bibliographie
Chris marker, Commentaires, Seuil, 1961
Raymond Bellour, L’Entre-Image 2, POL, 1999 : « Le livre, aller, retour — Apologie de Chris Marker », pp. 335-362 (reprise du texte publié dans Qu’est-ce qu’une madeleine ?, À propos du CD-ROM Immemory de Chris Marker, Yves Gevaert/Centre Pompidou, 1997
Raymond Bellour, « La querelle des dispositifs », Art Press, n°262 (à consulter ici)

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Vendredi 6 mars 2009, 16h45, Les Halles, RER B direction St-Rémy-lès-Chevreuse : pour monter, il faudra attendre un ou deux trains. (Photo JLB)

L’un des autocollants de la campagne en cours de la Ratp.

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[photo collectif f.8]

J.L.B. a dans la main  Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts, Folio Essais, Gallimard.

Forme de performance collective et publique, directement liée aux mails et aux téléphones cellulaires, la flashmob s’était, depuis plusieurs annés (voir le colloque Paris 8/Ensad Mobilisable « l’art des foules », 3 décembre 2008), imposée comme mobilisation « sans mobile ». Dans le contexte du mouvement de protestation de l’université française, celle qui s’est tenue à Paris, place Saint-Michel, le mercredi 18 février 2009, entre 12h00 et 12h05 (proposée par Julien L. — chercheur sur l’esthétique des mondes virtuels — et l’UFR Arts de Paris 8), était beaucoup moins « pure » : proportion trop grande de participants avertis par rapport aux passants ordinaires, trop grand nombre de caméras et d’appareils photographiques, tracts et peut-être pancartes, etc. Mais c’est le prix à payer de la politisation du genre. Ce qui était réussi : un « bruit » très rarement entendu, la simultanéité très audible de 100 à 200 textes lus à haute voix, les livres ostensiblement exhibés, leurs choix revendiqués. Et, comme l’écrit Jean-Noël Lafargue dans son blog : « Ce genre de performance sert avant tout à exprimer que l’on a choisi un camp, celui du livre, et donc par extension, celui du savoir, de la mémoire, et pourquoi pas du sentiment esthétique, contre d’autres logiques à la mode ».

fm_5S.D. lit Cyrano de Bergerac, « tirade des non merci » (Edmond Rostand, Classiques Larousse, Texte intégral).
fm_4X. lit Si près d’Hélène Cixous, Galilée, 2007.

fm_7J.G. montre son livre, L’art : une histoire d’expositions, Presses universitaires de France, 2009, qui sort aujourd’hui même.

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C.D. lit Foules intelligentes (Smart Mobs) de Howard Rheingold, M21 Éditions, 2005. Et plus précisément, page 207 : « Le pouvoir des foules vient de sa capacité à dépasser les contraintes de la ville et en même temps de sa capacité à effacer les distinctions sociales en provoquant une impression de flou… ».

[photos JLB]

Remarque sur les couleurs : avec quelques détails rouges, dominante des roses-violets et gris-bleus, en harmonie avec la fontaine.

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