mars 2010

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Dans la catégorie distraction — on pourrait dire passe-temps — d’AppStore, une nouveauté (gratuite) qui rencontre beaucoup de succès. Mrzyk & Moriceau sont apparu il y a plus de dix ans dans la sphère de l’art contemporain, avec des dessins, des dessins muraux, des clips, etc. Sans se soumettre à la validation d’une étiquette artistique, mais en alliant virtuosité du trait et montages détonants, ils semblent aujourd’hui ouvrir la voie à un genre artistique spécifique aux écrans portables, individuels, interactifs, connectés, en réseau… Jouant de la surprise et du plaisir de la réussite renouvelée, empruntant la formule du cadavre exquis des surréalistes, le dispositif de Have fun with one finger only! s’inscrit parfaitement dans l’écran tactile et dans les codes de comportement et de manipulation désormais mis en place par le iPhone. On nommera, provisoirement, ce « format » : « micro-récit en contexte pour mobile ».

Have fun with one finger only! Drawings by Mrzyk & Moriceau/Sounds by Mr. Oizo/Opening by Sébastien Tellier/http://app.recordmakers.com/

Voir aussi le site de la galerie Air de Paris : http://www.airdeparis.com/artists.htm

L’œuvre de Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau propose un regard décalé sur le monde réel autant que sur la pratique du dessin lui-même. Ce travail à quatre mains, qu’ils développent depuis 1998, traduit un processus intuitif qui ne semble répondre qu’à une logique de la prolifération dans un univers en expansion permanente. Ils trouvent leur inspiration dans le réel des images : icônes du cinéma et de la télévision, logos et publicité, images de science-fiction, de bande-dessinée, et même du monde de l’art. Mais bien que leurs dessins soient précis, ceux-ci n’ont aucun rapport avec un travail d’illustration. Réalisé au trait noir, le dessin se déploie de manière prolifique pour nous entraîner dans un univers exubérant et chaotique. Mrzyk et Moriceau projettent un monde étrange, proche de l’esprit surréaliste, tant en faisant subir des torsions aux personnages et aux choses figurées que par le contexte dans lequel ils les représentent.

Petra Mrzyk est né en 1973, il vit à Paris ; Jean-François Moriceau est né en 1974, il vit à Paris.
Extrait de la notice que consacre le site du MAMCO (Genève) au duo d’artistes.

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Dan Graham, Performer/Audience/Mirror, 1975, 23 minutes (cf. http://www.ubu.com/film/graham_performer.html)

Dan Graham écrit :

« Through the use of the mirror the audience is able to instantaneously perceive itself as a public mass (as a unity), offsetting its definition by the performer (‘s discourse). The audience sees itself reflected by the mirror instantly while the performer’s comments are slightly delayed. First, a person in the audience sees himself ‘objectively’ (‘subjectively’) perceived by himself, next he hears himself described ‘objectively’ (‘subjectively’) in terms of the performer’s perception. »

A performer faces a seated audience. Behind the performer, covering the back wall (parallel to the frontal view of the seated audience), is a mirror reflecting the audience.

PROCEDURE:

Stage 1: The performer looks in the general direction of the audience. He begins a continuous description of the external movements and the attitudes he believes are signified y this behavior for about 5 minutes. The audience hears the performer and sees a mirrorview reverse to the performer’s view.

Stage 2: The performer continues facing he audience. Looking directly at them, he continuously describes their external behavior for bout 5 minutes.

Stage 3: The performer faces the mirror (his back being turned to the audience). For about 5 minutes he continuously describes his front body’s gestures and the attitudes it may signify. He is free to move about, to change his distance relative to the mirror, in order to better see aspects of his body’s movements. When he sees and describes his front, the audience, inversely, sees his back (and their front). The performer is facing the same direction as the audience, seeing the same mirror-view. The audience can not see (the position of) the performer’s eyes.

Stage 4: The performer remains turned, facing the mirror. For about 5 minutes he observes and continuously describes the audience who he can see mirror-reversed from Stage 2 (their right and left now being the same as his). He freely moves about relative to the mirror in order to view different aspects of the audience’s behavior. His change of position produces a changing visual perspective which is correspondingly reflected in the description. The audience’s view remains fixed; they are not (conventionally) free to move from their seats in relation to the mirror covering the front staging area.

NOTES
Sur Dan Graham, la performance, l’« esthétique de la relation » et le « temps réel », voir deux articles précédents de ce blog AdNM :
http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=985
http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=1193

Deux exemples de la postérité de cette performance historique de Dan Graham :

Walker Art Center (Minneapolis, États Unis), 12 mars 2009.
Choreographers Olive Bieringa and Otto Ramstad (aka the Body Cartography Project) are known for combining dance, video, and public space. Join them for a movement-based tour of the work of Dan Graham, whose art shares a similar sensibility.

Performer/Audience/Remake sample part 1 from Adad Hannah on Vimeo.
This is an excerpt from a 22-minute video consisting of twelve two minute shots of people performing tableaux vivants of a performance titled Performer/Audience/Mirror originally performed by American artist Dan Graham in 1975. My version was produced in 2008 and is called Performer/Audience/Remake.

Un texte de référence par Thierry de Duve :

Extrait du texte de Thierry de Duve, « Dan Graham et la critique de l’autonomie artistique », in Dan Graham, Pavilions, Kunsthalle Bern, 12 März – 17 April 1983, pp. 45-73.

3. Performer/Audience Mirror 1977

« Un performer fait face un public assis. Derrière le performer, couvrant le mur du fond (et parallèle à la vue frontale du public assis), se trouve un miroir réfléchissant le public. »

Il existe une version « améliorée » de Performer/Audience Sequence, dans laquelle un grand miroir a été placé derrière le performer, face au public. Sa fonction, comme celle du miroir latéral dans Present Continuous Past(s), est avant tout de permettre au public la production et l’enregistrement d’un maintenant de référence qui est l’idée d’un point de départ historique, l’impératif qui prescrit à chacun la responsabilité de faire l’histoire, c’est-à-dire d’en juger.

La performance comporte quatre phases qui peuvent se répéter, d’une durée approximative de cinq minutes chacune. Les deux premières sont identiques à ce qui se passe dans Performer/Audience Sequence : face au public, le performer se décrit lui-même, puis décrit le public. Les deux dernières sont la répétition des deux premières, à ceci près que le performer s’est retourné vers le miroir. Il peut donc se décrire en se voyant; et lorsqu’il décrit le public, il décrit en fait son image virtuelle inversée latéralement. Parmi bien d’autres aspects qui distinguent cette performance de Performer/Audience Sequence, il y a ceux-ci sur lesquels Dan Graham insiste: «Grâce à l’usage d’un miroir, le public est capable de se percevoir instantanément comme faisant corps, publiquement (comme une unité), compensant sa définition par le performer. Ceci lui donne dans la performance un pouvoir équivalent à celui du performer.» Si l’on ajoute à cela que dans les deux dernières phases «le performer est tourné dans la même direction que le public, regardant la même vue dans le miroir», on se rend compte que l’allégorie politique de Performer/Audience Sequence, est nettement déplacée. Le performer y était comme un député en campagne électorale. Tourné dans la même direction que le public, il apparaît plus encore légitimé dans ce rôle, comme s’il avait été délégué par le groupe pour être son porte-parole. De plus, le public dispose maintenant d’une surface de projection où l’image de soi que lui réverbère le performer peut être comparée à son propre imaginaire. L’allégorie se fait utopique: si les médias renvoyaient immédiatement à la masse l’image qu’elle a d’elle-même, le contrôle démocratique serait moins incertain, l’homéostasie moins coûteuse, le pouvoir plus légitime et plus transparent. A une allégorie pessimiste succède une allégorie optimiste qui place l’autonomie au bout de l’homéostasie.

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Bill Viola, He Weeps for You,1976/Thierry Kuntzel, La Peau, 2007 (dr)

L’article « Les 33 ans de He Weeps for You » du 18 juin 2009 (http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=1529), comme celui consacré à Thierry Kuntzel le 11 novembre 2007 (http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=243), trouvent un prolongement avec l’exposition du Fresnoy Deux Éternités proches – Thierry Kuntzel / Bill Viola (27 février – 25 avril 2010), dont le commissaire est Raymond Bellour.

Cette exposition est le reflet d’une amitié profonde entre deux artistes, Bill Viola et Thierry Kuntzel (décédé en 2007) qui ont en partage des façons proches d’occuper le temps et l’espace. Pourquoi cette lenteur ? Pourquoi tant de lenteurs attachées à la formation, au passage, à la figuration, la défiguration des images ? La lenteur préserve et révèle. Elle est l’instrument et la conscience du temps. Ainsi, l’exposition conçue par Raymond Bellour tresse un jeu savant de confrontation entre des installations et des bandes vidéo de Bill Viola et de Thierry Kuntzel.
Raymond Bellour, commissaire de l’exposition, suit depuis de nombreuses années leurs travaux. Il rend compte des affinités électives entre ces deux artistes. Bill Viola et Thierry Kuntzel ont développé depuis les années soixante-dix des carrières internationales qui les placent au premier rang de la création contemporaine dans le domaine de l’art vidéo.
Texte de présentation/Le Fresnoy

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Le Laboratoire, 4 rue du Bouloi, Paris 1er, exposition L’architecture des humeurs* par François Roche, architecte fondateur avec Stéphanie Lavaux de l’Agence R&Sie(n) associés à un collectif de 10 scientifiques : mathématicien, programmeurs, architectes, designer robotique.
« Une approche computationnelle établie sur des données biologiques et physiologiques collectées sur les visiteurs, qui permettrait de concevoir lieux d’habitation et fragments urbains imaginés selon un protocole d’organisation relationnel. »

À visiter du 22/01/2010 au 26/04/2010 (ou 16/05/2010 ?), pour apprécier les parts de fiction, de science et d’art que comportent ces propositions.
À consulter, le blog : http://www.new-territories.com/blog/architecturedeshumeurs/



Robot constructeur, exemples de formes possibles.


Collecte de données physiologiques sur les spectateurs.

(photos JLB)

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Arts des nouveaux médias. Préparation du séminaire du 23 mars 2010. Héloïse Lauraire

Il sera question de la perception de l’épaisseur du temps (cf. texte Chronologies de Daniel Birnbaum) ainsi que de la théorie de « l’expérience émotionnelle de l’espace », en référence au texte éponyme de Pierre Kaufmann qui traite notamment du rapport entre l’architecture et la peur.
Pour ce faire, certaines œuvres étudiées dans le corpus de ma thèse intitulée « des vertus de l’insécurité dans l’art contemporain ». En effet, ces dernières mettent en jeu pour le spectateur une perception particulière du temps liée à des déplacements dans l’espace et dans le temps. Il pourra donc être fait référence aux dispositifs et installations de Mathieu Briand, Christoph Büchel, Gregor Schneider ou encore Christophe Berdaguer et Marie Péjus.


Mathieu Briand, Derrière Le Monde Flottant, Musée d’Art Contemporain de Lyon, 2004
(photo : Bruno Amsellem)

Le dédale a t-il un centre ? Ce titre est emprunté au texte de Daniel Birnbaum, « Chronologies », extrait de l’essai Chronologie, Co-Edition Les presses du réel, Dijon /JRP.Ringier, Zurich, 2007)

Daniel Birnbaum, Chronologies, p. 45-51


http://www.ednm.fr/wp-pdf/Birnbaum Chronologies.pdf

Lien vers Stanley Kubrick, 2001, Odyssée de l’espace, 1968, dernière partie : « Jupiter et au delà de l’infini »
http://www.youtube.com/watch?v=c1IPrx-zC1Y

Mode-Démo, un projet d’exposition pour les conférences Lift10, Genève, 5-7 mai 2010

1° Repérages à Londres et Berlin


Gerard Rallo, Devices for Mindless Communication, Royal College of Art, Londres, Design Interactions, 4 février 2010.


Ka Fai Choy, Eternal Summer Storm, Royal College of Art, Londres, Design Interactions, 4 février 2010.


Aaron Koblin et Daniel Massey, Bicycle Built For Two Thousand, Université de Californie du Sud

2° Présentation

Communiqué

Sous l’intitulé Mode-Démo la Haute école d’art et de design – Genève conçoit une exposition dans le cadre de LIFT Conference, du 5 au 7 mai 2010 au Centre international de conférence de Genève. L’exposition prend le thème de Lift10, « Connected people », comme fil conducteur. Elle en propose un commentaire plus qu’une illustration, y compris par des mises en perspective ironiques et décalées.

Les propositions, si elles relèvent globalement du design, s’apparentent aussi à l’art et à la recherche. Elles peuvent être considérées en outre comme des prototypes et des projets conceptuels, comme des expérimentations en cours. Dans Mode-Démo, elles relèvent encore de la performance.

En effet, pour appuyer leur dimension expérimentale et dans le contexte du « connected people » de Lift, l’exposition prend le parti de traiter toutes les propositions selon le mode de la « démonstration ». Elle se déplie donc radicalement dans une série de « scènes » dont le dispositif est identique : une table est le lieu de la démonstration, elle supporte les objets, si la proposition en comporte, ainsi qu’un ordinateur qui est comme une console de montage vidéo. Derrière la table se trouve un grand écran recevant l’image d’un projecteur à miroir et à très courte distance. La caméra intégrée à l’ordinateur, une caméra fixée sous l’écran et tournée vers le démonstrateur et le public, une caméra mobile sans fil à disposition sur la table alimentent en direct cette projection, au même titre que d’éventuels documents : sites Web, films, photographies, textes, dessins, etc. Il s’agit à la fois d’amplifier la présence partagée des œuvres, de leurs auteurs et du public, tout en produisant une certaine mise à distance spectaculaire.

C’est ici qu’intervient une deuxième signification de Mode-Démo, plus proche de l’usage courant, puisqu’il s’agit de la possibilité de projeter automatiquement un résumé enregistré de la démonstration. Le dispositif de Mode-Démo interprète donc la permanence des connexions, l’immédiateté des transmissions, la mobilité, le travail à distance, les réseaux sociaux qui ont généralisé une forme de pratique de la démonstration propre à la création et au développement des projets numériques et interactifs.

Dans la dynamique initiée par la création de l’orientation Media Design à la HEAD et en s’appuyant sur ses orientations et sur les premiers travaux développés dans cette formation, Mode-Démo entend intervenir dans le programme de Lift10 en repérant les perspectives les plus nouvelles du domaine du design relationnel. L’exposition fait donc appel à un ensemble d’écoles et universités qui sont ses homologues et ses partenaires internationaux et donc aux créateurs et chercheurs qui les accompagnent.

Le comité de programmation de Mode-Démo est composé d’enseignants du master en design de la HEAD-Genève et de responsables du comité de LIFT. Le commissaire délégué par la HEAD-Genève est Jean-Louis Boissier, chercheur et théoricien des arts interactifs.

1er mars 2010