Dispositifs

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4 septembre 2015, 15h, Linz. La grande salle de projection en haute définition du centre Ars Electronica nommée Deep Space a un écran qui occupe le sol. Enfin un moyen d’oublier les sièges qui ont fait confondre le cinéma avec le théâtre ou l’opéra. On y voit des monuments archéologiques menacés de destruction saisis au laser et « conservés » en nuages de points en 3D. Voir ici.

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Du 11 au 14 juin 2015, dans l’exposition Des histoires d’art et d’interactivité au Musée des arts et métiers. Fabriqué en 1988-1989, avec le logiciel HyperCard sur un Macintosh SE identique à celui-ci, l’Album sans fin, présente douze tableaux en images 4 bits s’animant en boucles. J’eus le sentiment d’une circonstance où une avant-garde technologique apte à changer le monde coïncidait avec des formes rudimentaires, primitives. Aussi, je m’en tenais à un certain minimalisme. Ici, l’œil suit le curseur en forme de main, ou encore tourne comme la bille sous nos doigts. Cette petite découverte allait m’occuper pendant plus de 20 ans. Je me suis plu à dire qu’on avait croisé le livre et l’écran, le feuilletage et le cinéma. Un collègue me dit : « c’est assez beau ». Un autre m’écrit : « étonnant dispositif paléo-numérique ». Photo ©JLB

Album sans fin, 1988-1989
Installation interactive, vidéo v8, logiciel HyperCard
Macintosh et trackball inséré dans un socle
Conception et réalisation : Jean-Louis Boissier
Comment faire exister simultanément, sur un même support et dans une même modalité de consultation, une entité qui relève du livre comme du film ? De nouvelles techniques numériques, accessibles aux auteurs, sont repérées, entre 1985 et 1988, comme instruments de conception d’un type inédit d’ouvrages qualifié par l’agencement de ces deux pôles. Des formes classiques se perpétuent en s’ouvrant à la variabilité et au dialogue. Le logiciel HyperCard est par essence porté à assembler et à lier des informations de tous ordres sur un écran. L’écran du Macintosh est constitué de 512 x 342 pixels, ou bien noirs ou bien blancs. Des images en bitmap un bit sont produites en numérisant des images arrêtées de vidéos, puis assemblées en animations très courtes et en boucles, chronophotographiques, avec seulement trois images et au maximum quatorze.
La boucle sans fin apparaît comme la condition pour qu’un film s’inscrive sur une page de livre, mais aussi pour qu’il soit en condition d’attente d’une intervention du lecteur. Les douze tableaux présentent donc des mouvements cycliques, oscillants, en suspens. Pour constituer une saisie du réel, ils sont en trois strates, mouvements corporels, naturels, mécaniques. Ils sont dans une topologie sphérique, ce qui confirme l’aspect sans fin du volume. Le lecteur feuillette les tableaux en pointant les marges. Le trackball ne comporte pas de clic, de façon à assimiler l’interactivité à la direction du regard, assimilée au geste tactile. Dans cette logique, le tableau de l’œil inaugure une action sur l’image par l’intermédiaire de la sphère du trackball apparaissant comme le double du globe oculaire.
Entre 2011 et 2013, des versions pour écrans mobiles, smartphones et tablettes, ont été réalisées, reprenant exactement les mêmes images et la même distribution interactive. Elles mettent en œuvre les capteurs tactiles et de positions, y compris dans une procédure de réalité augmentée.
Le dispositif d’Album sans fin est repris aujourd’hui pour des albums de microrécits numériques. Elle apparaît comme figure générique d’une vidéo interactive, qui préserve la prise de vues tout en introduisant une jouabilité de l’entre-image.
Version originale pour la Biennale internationale de la photographie de Turin, 1989

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Vendredi 31 octobre 2014, 12h30, Kunsthalle de Saint-Gall. L’exposition The Darknet — From Memes to Onionland. An Exploration est expliquée par Giovanni Carmine, directeur de la Kunsthalle, à un groupe d’étudiants et enseignants en art venus du Valais. Activiste, conceptuelle, intéressante. Il y est question du Deep Web, la part cachée — comme dans un iceberg — du web. On est ici devant la pièce de xhacker02, Artwork by Anonymous, prêtée par xhacker02, un post produit par un anonyme et acheté par un anonyme.
Heath Bunting, Status Project, 2004-2014, détail, comment une personne peut être créée par interventions sur le monde virtuel.
Aram Bartholl, Forgot YourPassword?, 2013, Courtesy: the artist; DAM Gallery, Berlin, comment on se perd à chercher ses mots de passe dans une immense collection éditée en volumes.
!Mediengruppe Bitnik, Random Darknet Shopper, 2014, comment des acquisitions sur le Net, qui viendront s’inscrire dans les vitrines, sont gérées aléatoirement par un ordinateur lui-même placé sur la cimaise.
Droits réservés. Photos JLB.
Site : http://www.kunsthallesanktgallen.ch/en/home.html

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Jean-Louis Boissier, Crasula ubiquiste, exposition Média Médiums, galerie Ygrec, Paris.

MÉDIA MÉDIUMS : http://www.mediamediums.net/fr/http://

Crasula ubiquiste
Installation, 32 plantes, 1985-2014
Des fragments de la plante succulente nommée crassula ovata sont prélevés en divers lieux de plusieurs pays, Chine, États-Unis, Angleterre, Japon, France, Suisse, Danemark. Les boutures sont cultivées et donnent lieu parfois à de nouvelles boutures. Diverses occurrences individuées d’une plante existent donc en divers lieux. Leur durée de vie en tant que colonie est indéterminée. On sait aujourd’hui que les plantes communiquent entre elles. Au-delà, qu’en est-il de ces transmissions pour des plantes ubiquistes ? Sur le modèle de la téléportation et de l’intrication d’états que l’on repère à l’échelle quantique, les plantes ubiquistes pourraient-elles partager des informations et des expériences ? Une telle investigation pourrait-elle contredire ou amplifier le rôle d’objets mémoratifs qu’ont déjà ces plantes collectionnées et exposables ? Car, plus simplement, la puissance du souvenir qu’elles nous communiquent tient à leurs vies qui sont ici mais aussi là-bas.

« L’ubiquité de la crassula

 »
Une courte conférence ubiquiste raconte comment s’est faite la collection Crassula ubiquiste exposée, explique en quoi ces plantes ne sont pas des individus, rappelle que les plantes communiquent entre elles, évoque la transmission résultant de l’intrication quantique, suggère une relation libérée de la communication.
Texte et keynote par Jean-Louis Boissier. Avec Tugce Oklay, Miki Okubo, Anne Zeitz, lectures et reédaction.
Vendredi 23 mai 2014, galerie Ygrec, Paris

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Crassula ubiquiste
Livre, 200 pages
Version pdf : Crassula ubiquiste
Version papier à commander chez Blurb : http://www.blurb.com/b/5706690-crassula-ubiquiste

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parreno piano neige
parreno piano neige clavier
parreno robot
Philippe Parreno occupe le Palais de Tokyo jusque dans ses profondeurs : une jolie petite salle de cinéma Arts déco laissée tel quel par l’exposition internationale de 1937, où se projette un film avec le personnage de manga Ann Lee — acquis en 1999 avec Pierre Huyghe et employé par une vingtaine d’artistes —, et où se produit parfois une petite fille dans ce rôle (une performance signée Tino Sehgal). Le titre du show, Anywhere, Anywhere Out of the World, est a priori prétentieux. Mais on se prend au jeu d’une ambiance faite de lumières palpitantes et de musiques — émises par des pianos électriques — la version pour piano de Petrouchka (une marionnette) de Stravinsky par Mikhaïl Rudy. L’espace est gigantesque et difficile. Il est résolu par un effet d’archéologie monumentale et par une programmation cybernétique attractive : une trame de diodes, à voir à 30 mètres de distance, alors que de près c’est une machine techno-cinétique inédite; une grande étagère de livres (Dominique Gonzalez Foester) qui s’entrouvre comme une porte secrète; une cimaise en arc de cercle qui circule lentement autour d’une scène ronde, blanche et vide; des portes de verre automatiques qui appellent, en s’ouvrant, les bruits de la rue; le film Zidane, 2005 (avec Douglas Gordon), déployé sur 17 écrans pour les prises de vues de 17 caméras.
Factories in the Snow, 2007 (empruntée à Liam Gillick) est une « neige » de paillettes noires qui tombe épisodiquement sur un piano à queue : elle révèle comment le puissant programme cybernétique qui gouverne toute l’exposition se laisse déborder par l’aléatoire.
Le robot qui écrit, fabriqué pour le film Marilyn, 2012, fait écho à l’automate filmé par Parreno, The Writer, 2007. À la fin des années 80, nous étions allé spécialement au Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel pour voir les trois célèbres automates : Le Dessinateur, la Musicienne et l’Écrivain, construits par les horlogers Jacquet-Droz entre 1768 et 1774. Il s’agissait de constater comment ils usaient véritablement de leurs instruments et d’étudier en quoi ils préfiguraient les systèmes de simulation numérique qui apparaissaient alors. Voir : http://www.mahn.ch/collections-arts-appliques-automates.

Sur la problématique du déclenchement, voir :

Autre déclencheur, celui que Philippe Parreno a proposé dans son exposition du Musée d’art moderne de la ville de Paris en 2002. Œuvre « interrupteur », le film Alien Season, 2002, était le « déclencheur on/off » de l’éclairage d’une autre salle où étaient exposées des sérigraphies phosphorescentes qui avaient besoin de se « recharger » pour être provisoirement visibles. Plus globalement, il faudrait s’intéresser à l’histoire des expositions sous l’angle des éléments déclencheurs qu’elles mettent en jeu. Et voir que l’appareil technique interrupteur n’est que l’une des modalités du déclencheur, facteur commun à toutes les dramaturgies, romanesques, théâtrales, cinématographiques, architecturales, paysagères, etc.
Extrait de : Jean-Louis Boissier, « Les arts interactifs s’exposent-ils ? », La Relation comme forme, Mamco, 2009, p. 318.

Site de l’exposition : http://palaisdetokyo.com/fr/exposition/philippe-parreno

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Trois articles de Rue89 sur les makers et contributeurs :

Entretien 25/12/2012 à 12h27
Chris Anderson : « L’imprimante 3D aura plus d’impact que le Web »
Patrick Vallelian | L’Hebdo
http://www.rue89.com/2012/12/25/chris-anderson-limprimante-3d-aura-plus-dimpact-que-le-web-238098

Paroles de crise 27/01/2013 à 16h01
Chômeuse, Rafaela apprend et bricole hi tech dans un fablab
Thomas Paga | Ecole de journalisme de Sciences Po
Jacob Cigainero | Ecole de journalisme de Sciences Po
http://www.rue89.com/2013/01/16/avec-rafaela-bricoleuse-high-tech-visite-guidee-du-fablab-de-gennevilliers-238685

Le grand entretien 02/02/2013 à 13h44
Bernard Stiegler : « Nous entrons dans l’ère du travail contributif »
Elsa Fayner | Journaliste
http://www.rue89.com/2013/02/02/bernard-stiegler-nous-entrons-dans-lere-du-travail-contributif-238900

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Bernard Stiegler à Paris en janvier 2013 [Audrey Cerdan/Rue89]

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Trois entretiens sur le livre numérique :

Entretien de ABM sur Poptronics :
www.poptronics.fr/Art-Book-Magazine-invente-le-livre

François Bon, sur l’impression à la demande (ou l’autre forme du livre numérique) :
http://blogs.mediapart.fr/blog/emmanuel-tugny/230113/francois-bon-ultra-moderne-editeur-un-entretien
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2810

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Distribution du livre [dr]

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Mercredi 15 août 2012, 14h. Kassel, bâtiment de l’assurance santé AOK, à l’angle sud-est de la place Friedrichsplatz, Three to One, installation sonore pour la Documenta IX, 1992 de Max Neuhaus, devenue permanente. Ce vingtième anniversaire coïncide avec celui de notre première visite de la Documenta. Cet exemple a été cité récemment à propos des propriétés des escaliers : http://jlggb.net/blog3/?p=3284. Le texte ci-dessous est adapté de la notice multilingue qui figure à l’entrée :

L’escalier relie trois grand espaces vitrés. Chacun a sa propre tonalité sonore. Ces trois ambiances sonores se mêlent à leur manière au sons venant de l’extérieur. Quand on monte pour la première fois l’escalier, on perçoit leurs spécificités subtiles. Lorsque l’on redescend, la mémoire auditive tend à confondre cette distinction.

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Samedi 23 juin 2012, 14h-15h30, La Martinière, estuaire de la Loire. Les cyclistes volontaires empruntent un circuit spécialement aménagé. Leur image et leur voix (ils sont invités à crier leur nom codé en morse) sont enregistrés pour constitué le « monument » virtuel conçu par Masaki Fujihata et nommé Voices of aliveness. [Photos JLB]
Voir : http://www.fujihata.jp/et : http://voicesofaliveness.net/

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iPhone-Tracker-jlb-2011
Google maps sur iPhone et données mémorisées du déplacement de ce téléphone.

Lors d’un récent voyage en TGV de Paris vers le Sud-Est, ayant placé mon téléphone sur la tablette, je me plaisais à surveiller la bille bleue transparente qui marque notre position sur la carte Google Maps. Par le jeu de la combinaison du repérage GPS et d’autres indications de position liées aux réseau téléphonique et aux antennes Wifi, le repère est assez précis pour circuler sur la ligne qui figure la voie. Voyant simultanément le paysage et le petit écran, j’ai une intuition : le paysage lit la carte, lit ma carte. C’est lui l’élément actif puisque le territoire est constitué désormais de balises émettrices et réceptrices, de satellites, de réseaux. La superposition de la carte et du territoire n’est pas nouvelle. Si la topographie et la toponymie visent une restitution du réel, la cartographie s’est déployée en bornes, en pancartes, en lignes peintes sur les routes. La notion même de paysage ne renvoie-t-elle pas à une hybridation du réel et de ses représentations ? Cependant, la période récente a vu une construction virtuelle s’hybrider à l’espace-temps du réel, lui ajoutant une série de strates interconnectées, dotées de mémoire, douées de capacités de simulation, de comportement et d’innovation, qui interagissent avec une infinité de dispositifs électroniques et mécaniques aussi bien qu’avec les vivants. Nous vivons dans des mondes de cartes-bases de données qui tendent à nous lire et à s’enrichir elles-mêmes de cette lecture.

En avril 2011, des chercheurs américains, Alasdair Allan et Pete Warden, ont mis au point le logiciel iPhone Tracker qui révèlait la mise en mémoire, par les téléphones iPhone et les tablettes iPad, de toutes les informations de localisation de ces appareils. La preuve n’était pas faite du transfert et du stockage centralisés de ces données. L’affaire provoqua un certain bruit mais s’estompa vite. Peu de temps auparavant, en Allemagne, Malte Spitz, un jeune responsable politique écologiste, avait obtenu, par un procès fait à la compagnie Deutsche Telekom, le détail des données qu’elle conservait sur ses déplacements. Dans une période de six mois, du 31 août 2009 au 28 février 2010, il avait été localisé 35 831 fois à partir de son téléphone portable. Une fois cartographiées et mises en scène dans leur chronologie, ces données feront figure d’œuvre d’art. Il y a en effet des précédents qui croisent une approche d’observation positiviste de l’espace urbain et l’ambition de s’inscrire dans la tradition des représentations artistiques et cartographiques. Ainsi, le projet Real Time Rome, conçu au sein du Sensible City Lab du MIT, qui s’attachait à rendre visible, en temps réel, les flux de déplacement de tous les téléphones portables de la ville de Rome, fut exposé à la Biennale de Venise de 2006. Depuis le GPS et les appareils portables géolocalisés, nombre d’artistes ont travaillé un certain rapport de la carte au territoire devenu technologique, une cartographie dite subjective, dans l’optique de récits autobiographiques et d’explorations participatives et poétiques. Je fais allusion par exemple à Masaki Fujihata, à Janett Cardiff, à Esther Polack, à Christian Nold, à Gwenola Wagon et Stéphane Degoutin.

Jean-Louis Boissier, extrait du texte « les immobiles », à paraître dans Habiter les aéroports – Paradoxes d’une nouvelle urbanité
(ci-dessous)
vde_habiter_les_aeroports
Andrea Urlberger (sous la direction de)
Habiter les aéroports – Paradoxes d’une nouvelle urbanité
MētisPresses, Genève, 2012
17 x 24 cm, 128 pages, 150 images, graphiques, plans, en couleurs
ISBN: 978-2-94-0406-49-4. Prix: 32 € / 42 CHF

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