juillet 2008

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J’ai rencontré André Iten à la fin du mois de mai 1988. C’était à Rennes, au Festival des arts électroniques. Christine van Assche, Raymond Bellour, me l’ont présenté, en soulignant d’emblée les qualités et l’originalité de la biennale qu’il avait fondée à Genève au Centre Saint-Gervais, Les Semaines internationales de vidéo. Ce centre avait pour vocation aussi de produire des travaux artistiques et expérimentaux dans les nouveaux médias. Nous nous sommes tout de suite entendus, y compris dans les critiques exprimées à l’égard de la fascination technologique. J’avais un projet concernant Jean-Jacques Rousseau — « enfant de Saint-Gervais » —, il trouva son plus fidèle défenseur en André Iten. La première biennale Version, en 1994, exposa mon installation interactive Flora Petrinsularis. C’est là que Jean Starobinski prit connaissance du projet de CD-Rom Moments de Jean-Jacques Rousseau. Quand, en 1996, Éric Vigne, aux éditions Gallimard, nous proposa de l’éditer, André se plaça résolument en producteur et fit des miracles pour pousser ce travail jusqu’à sa parution en 2000. Le Centre pour l’image contemporaine exposa l’installation La Deuxième Promenade en 1999, il fut l’intermédiaire pour la commande, par Pro Helvetia, d’une exposition documentaire sur Rousseau, il produisit aussi l’installation La Morale sensitive pour le Musée d’Annecy comme pour le ZKM et l’exposition Future Cinema en 2002. Le voyage vers Genève, durant 20 ans, conduisait toujours vers André. C’est lui qui m’a introduit à l’École des arts décoratifs (aujourd’hui Haute école d’art et de design) pour y faire séminaires, workshops et recherches. Et quand, en 2002, 2003, 2004, le projet se forma du cycle d’expositions Jouable, c’est encore le Centre pour l’image contemporaine qui accueillit le colloque Art, jeu et interactivité, comme il organisa en 2005 l’exposition de Masaki Fujihata, autour de la pièce Landing Home in Geneva dont nous avions eu l’initiative. J’ai voyagé plusieurs fois avec André, il est venu avec moi en 2000 au Japon pour mon exposition au Kyoto Art Center, nous étions, il y a peu, ensemble à Séoul. Les temps ayant changé à Genève, l’avenir de son centre s’est assombri. J’ai fait à sa demande un scénario pour l’édition de 2008 de Version : Version bêta. Nous en étions là. Grâce à André, esprit ouvert, militant et fidèle, j’ai commencé à me sentir chez moi à Genève. De la sorte, je pourrai y être encore, sans m’habituer pourtant à sa disparition. J.-L.B.


André Iten à Séoul, 26 janvier 2007 (photo J.-L.B.)

Radio Suisse Romande. Émission « Dare-Dare – L’actualité culturelle » Production d’Alexandre Barrelet et de Martine Béguin

Hommage à André Iten, le directeur du Centre pour l’image contemporaine de Genève, qui s’est éteint mercredi 23 juillet 2008 à l’âge de 56 ans.

Martine Béguin nous retrace son parcours, et c’est le critique littéraire et essayiste Raymond Bellour, cofondateur et responsable de la revue de cinéma Trafic, fidèle ami et partenaire d’André Iten, qui évoque l’importance et l’intelligence du regard que celui-ci a porté sur les images en mouvement, de l’art vidéo du début des années 80 aux images numériques d’aujourd’hui tant dans le cadre du Centre que de sa renommée BIM (Biennale de l’image en mouvement).

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