Philippe Parreno

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Philippe Parreno occupe le Palais de Tokyo jusque dans ses profondeurs : une jolie petite salle de cinéma Arts déco laissée tel quel par l’exposition internationale de 1937, où se projette un film avec le personnage de manga Ann Lee — acquis en 1999 avec Pierre Huyghe et employé par une vingtaine d’artistes —, et où se produit parfois une petite fille dans ce rôle (une performance signée Tino Sehgal). Le titre du show, Anywhere, Anywhere Out of the World, est a priori prétentieux. Mais on se prend au jeu d’une ambiance faite de lumières palpitantes et de musiques — émises par des pianos électriques — la version pour piano de Petrouchka (une marionnette) de Stravinsky par Mikhaïl Rudy. L’espace est gigantesque et difficile. Il est résolu par un effet d’archéologie monumentale et par une programmation cybernétique attractive : une trame de diodes, à voir à 30 mètres de distance, alors que de près c’est une machine techno-cinétique inédite; une grande étagère de livres (Dominique Gonzalez Foester) qui s’entrouvre comme une porte secrète; une cimaise en arc de cercle qui circule lentement autour d’une scène ronde, blanche et vide; des portes de verre automatiques qui appellent, en s’ouvrant, les bruits de la rue; le film Zidane, 2005 (avec Douglas Gordon), déployé sur 17 écrans pour les prises de vues de 17 caméras.
Factories in the Snow, 2007 (empruntée à Liam Gillick) est une « neige » de paillettes noires qui tombe épisodiquement sur un piano à queue : elle révèle comment le puissant programme cybernétique qui gouverne toute l’exposition se laisse déborder par l’aléatoire.
Le robot qui écrit, fabriqué pour le film Marilyn, 2012, fait écho à l’automate filmé par Parreno, The Writer, 2007. À la fin des années 80, nous étions allé spécialement au Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel pour voir les trois célèbres automates : Le Dessinateur, la Musicienne et l’Écrivain, construits par les horlogers Jacquet-Droz entre 1768 et 1774. Il s’agissait de constater comment ils usaient véritablement de leurs instruments et d’étudier en quoi ils préfiguraient les systèmes de simulation numérique qui apparaissaient alors. Voir : http://www.mahn.ch/collections-arts-appliques-automates.

Sur la problématique du déclenchement, voir :

Autre déclencheur, celui que Philippe Parreno a proposé dans son exposition du Musée d’art moderne de la ville de Paris en 2002. Œuvre « interrupteur », le film Alien Season, 2002, était le « déclencheur on/off » de l’éclairage d’une autre salle où étaient exposées des sérigraphies phosphorescentes qui avaient besoin de se « recharger » pour être provisoirement visibles. Plus globalement, il faudrait s’intéresser à l’histoire des expositions sous l’angle des éléments déclencheurs qu’elles mettent en jeu. Et voir que l’appareil technique interrupteur n’est que l’une des modalités du déclencheur, facteur commun à toutes les dramaturgies, romanesques, théâtrales, cinématographiques, architecturales, paysagères, etc.
Extrait de : Jean-Louis Boissier, « Les arts interactifs s’exposent-ils ? », La Relation comme forme, Mamco, 2009, p. 318.

Site de l’exposition : http://palaisdetokyo.com/fr/exposition/philippe-parreno

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