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13 janvier 1969 : ouverture du centre universitaire expérimental de Vincennes.
13 janvier 2009 : 40 ans de l’Université Paris 8.


Site du programme : http://www.univ-paris8.fr/40ans/


L’Université de Vincennes au début des années 70 [photos JLB]

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L’Université Paris 8 Vincennes à Saint-Denis célèbre en 2009 son 40e anniversaire. Il faut rappeler que l’une des innovations de ce « centre universitaire expérimental » fut d’introduire l’enseignement des arts (et la recherche en arts) dans l’Université.

Nous publions ici le descriptif d’un projet qui pourrait être réalisé dans le contexte de cet anniversaire.

J.-L.B.

« Ce que je me rappelle bien distinctement dans cette occasion, c’est qu’arrivant à Vincennes, j’étais dans une agitation qui tenait du délire. Diderot l’aperçut ; je lui en dis la cause, et je lui lus la prosopopée de Fabricius, écrite en crayon sous un chêne. Il m’exhorta de donner l’essor à mes idées, et de concourir au prix. Je le fis, et dès cet instant je fus perdu. Tout le reste de ma vie et de mes malheurs fut l’effet inévitable de cet instant d’égarement. Mes sentiments se montèrent, avec la plus inconcevable rapidité, au ton de mes idées. Toutes mes petites passions furent étouffées par l’enthousiasme de la vérité, de la liberté, de la vertu ; et ce qu’il y a de plus étonnant est que cette effervescence se soutint dans mon coeur, durant plus de quatre ou cinq ans, à un aussi haut degré peut-être qu’elle ait jamais été dans le cœur d’aucun autre homme. » (Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, livre huitième)

En octobre 1749, Rousseau rend visite à Diderot enfermé au donjon de Vincennes. Selon la version de Rousseau, c’est Diderot qui l’incite à concourir au prix de morale de l’Académie de Dijon : « Si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou à épurer les mœurs ». Après sa brouille avec Diderot, il sera dit que c’est Diderot qui lui aurait suggéré de prendre le contre-pied des idées reçues, fournissant ainsi le paradoxe sur lequel se fonderait la philosophie de Rousseau.


À l’emplacement approximatif de l’Université Paris 8, route de la Tourelle, bois de Vincennes, Paris 12e, lundi 28 janvier 2008, 13 h. [photo JLB]

Aujourd’hui, des historiens et spécialistes de Rousseau considèrent que « des éléments topographiques et climatiques objectifs contredisent formellement la version des faits présentée par Rousseau. L’avenue de Vincennes était plantée d’ormes et non pas de chênes, et il n’a pas fait chaud dans la région parisienne en octobre 1749. » (R. Galliani, Dictionnaire de Rousseau, Honoré Champion, 1996, p. 435). Il reste que Rousseau considéra que l’« illumination de Vincennes » avait marqué le tournant philosophique de sa vie.

En août 1980, alors que le déménagement de l’Université Paris 8 était décidé par la secrétaire d’État, Mme Saunier-Séité, que les bâtiments se construisaient à Saint-Denis (dans le triangle avenue Lénine, avenue de Stalingrad, rue de la Liberté), un retour dans le bois de Vincennes, route de la Tourelle, donnait à voir les pelleteuses qui détruisaient les bâtiments provisoires construits en 1969. Quelques mois plus tard, il était déjà difficile de repérer où était l’entrée, les bordures en ciment de la route étaient refaites, des alignements de jeunes arbres traversaient de biais l’espace où était le « campus ». Lire la suite »

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« Un rêve, deux facs »
Article paru dans l’édition du Monde du 30 Mai 2008

Mai 68 a donné naissance à deux universités, celle de Vincennes, devenue Saint-Denis, et Dauphine, à Paris. Quarante ans plus tard, l’une est la fac des plus pauvres, l’autre celle des plus riches

Incroyable mais vrai : la fac qui sélectionne ses étudiants, celle dont les diplômés peuplent les entreprises du CAC 40, est née en 1968. Dauphine, qui a accueilli ses premiers étudiants il y a quarante ans dans les quartiers chics du 16e arrondissement de Paris, est bien la sœur jumelle de Vincennes, déplacée en 1980 à Saint-Denis, enfant terrible du mouvement de Mai, dont on sait mieux à quel point elle bouscula les codes universitaires. Lire la suite »

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Pour voir le document de l’Ina, cliquer sur l’image.

L’installation de Masaki Fujihata, Morel’s Panorama, mais aussi nombre d’œuvres qui mettent en perspective la question de la représentation comme simulacre telles que L’Année dernière à Marienbad d’Alain Robbe-Grillet et Alain Resnais (1961), Portrait numéro 1 de Luc Couchesne (1990), La Cinquième Promenade de Victor Burgin (2007), se réfèrent au roman d’Adolfo Bioy Casares, L’Invention de Morel (1940). Voir, sur ce site, l’article sur Masaki Fujihata.

L’Ina donne accès à un film qui en est l’adaptation, diffusé par l’ORTF le 8 décembre 1967.
Présentation sur le site de l’Ina :

L’invention de Morel est à la fois un conte philosophique, un secret fantastique et une aventure de science fiction. Sous forme de monologue nous est contée l’histoire étrange de Luis. Poursuivi par la police, il est venu se réfugier sur une île lointaine, au large de l’Inde. Le monde autour de lui est hostile. Un jour, surgissent de nulle part des visiteurs ; tout revit mais selon un rythme particulier. Chaque semaine, les étrangers reviennent. Luis est invisible pour eux tous. Les mêmes scènes se déroulent avec une précision mécanique. Ils vivent dix ans avant son temps à lui. Peu à peu, Luis s’éprend d’une jeune femme, Faustine, sans pouvoir avoir plus de contact avec elle qu’un humain avec un automate. Luis assiste à une scène explicative : Morel, le maître des lieux annonce à ses invités qu’il a inventé une machine qui enregistre la vie dans toutes ses dimensions. Chacun de leurs gestes, de leurs paroles, de leurs émotions est capté par sa machine, et ce pour l’éternité. Morel avoue qu’il a construit cette machine au prix de la mort, par amour pour Faustine. Les visiteurs qu’a vu Luis sont donc morts et vivants pour l’éternité. Son amour pour Faustine grandissant, Luis découvre le fonctionnement de la machine et décide de se sauver par l’amour et la mort, pour vivre éternellement aux côtés de Faustine.

La version originale, en espagnol, du roman de Bioy Casares, est à télécharger en format rtf, ici.

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Hiroshima-Nagasaki Four Years. Also Atomic Bomb Casualty Commission, October 10, 1949. Photographer: Carl Mydans. Life sous Google
On peut préciser : il y a, dans la collection accessible de Life, 8 clichés du même enfant sur fond de draps blancs. Ils révèlent une mise en scène, au demeurant intéressante, dans la logique de la mission politique et médicale aussi bien que de la mission photographique. Voir : Atomic Bomb Casualty Commission source:life


Gene Tierney. Actress Gene Tierney in sexy gown as she sits on set of her new movie Shanghai Gesture… October 1941. Photographer: Peter Stackpole. Life sous Google
On peut préciser : film de Josef von Sternberg.

Dans Le Monde du 5 décembre 2008, deux articles où il est question d’images : ils semblent contradictoires, mais peut-être pas tant que ça.

Dans sa « carte blanche » en dernière page, Caroline Fourest s’inquiète de « La démocratie des cerveaux disponibles » soit, concrètement, de la place et du rôle des journaux et des journalistes. L’« image » est d’emblée mise du côté des dangers : « Quand l’image, la pipolisation, l’anecdotique et la petite phrase dominent, il reste peu de temps pour aborder le fond. » Elle précise ensuite : « Le triomphe de l’image sur l’écrit favorise le fait-divers, le personnel et l’émotion au détriment de l’analyse, du recul et de la confrontation d’idées. » On comprend ensuite — parce qu’elles se font au stylo ? — que les seules images qui peuvent jouer un rôle éclairant sont les dessins d’humour : « Mais avec un peu de talent, le goût pour l’image peut être mis au service de l’esprit critique grâce à la satire et à l’impertinence. » À condition… — allusion faite à la récente « affaire Siné » à Charlie Hebdo —   « à condition de vouloir effectivement fortifier cet esprit critique et non conforter certaines pulsions infantiles, bêtes et méchantes. D’où la division au sein de la presse satirique, entre, d’un côté, celle qui veut vivifier la démocratie et, de l’autre, celle qui s’en moque, voire celle qui la vomit. »

Que les images, les photographies — ce sont elles qui dominent la presse et l’édition depuis des décennies et le numérique en renforce encore la présence et les effets — puissent être autre chose que l’anecdotique, le facile, le racoleur et l’expéditif, semble échapper à Caroline Fourest, à qui l’on reconnaît pourtant des qualités d’analyse et de clairvoyance militante. Que des photographies apportent des nuances, de la complexité, du contexte, du réel non immédiatement explicable, de l’intuition, semble inconcevable pour qui n’y voit que le subjectif et le factice. Que la photographie soit une construction, au détriment apparent de son objectivité, fait partie de ses facultés à encourager l’interrogation, pour qui veut les faire fonctionner dans une opération sensible et critique. Ainsi, bien des images « pipoles » en disent long sur ce qu’elles impliquent, tant elles donnent à toucher, par leur existence même, aux opérations qui les ont fait naître et diffuser.

Alors, si on retourne à la une, comment prendre l’annonce de la mise en libre consultation sur Internet de dix millions de photos de Life (par Google) ? Il faut rappeler que le magazine illustré américain, « qui fut le plus influent au monde dans les années 1930 à 1960 » avait cessé de paraître comme hebdomadaire en 1972 puis avait fermé définitivement en 2007. L’article du Monde souligne l’absence de légendes, de références d’auteurs, de classements, de sélection, l’impréparation apparente d’une opération de marketing contestée par les agences et les photographes : « Des images célèbres comme le portrait d’une migrante durant la dépression de 1936 aux États-Unis, par Dorothea Lange, ou le Débarquement en Normandie par Robert Capa, voisinent avec des variantes de photos connues et d’innombrables photos qui ont plus ou moins d’intérêt. Les noms célèbres succèdent aux anonymes, sans classement. »

La main mise totalisante de Google, de Getty et d’autres puissances commerciales de l’information peut appeler méfiance et dénonciation. La négation du potentiel informationnel, éducatif, politique, historique — et finalement artistique — des images obtenues par enregistrement et transmission (la photographie autrefois, Internet aujourd’hui), telle qu’elle semble se déduire du premier article, relève de l’aveuglement.

J.-L.B.


Liberation of Gertrude Stein. Author Gertrude Stein (R) walking with Alice B. Toklas (L) and their dog. France, 1944. Photographer: Carl Mydans. Life sous Google
On peut préciser : septembre 1944 à Culoz (Ain).

Liens :

Télécharger l’article sur Life

Télécharger l’article de Caroline Fourest

http://images.google.com/hosted/life

http://carolinefourest.wordpress.com/


Portrait photographique de Caroline Fourest.
[Photo prélevée sur Internet. DR]

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Boris Yankovsky, formes de sons de voix humaines et de différents instruments de musique. Recherches acoustiques sur les spectres et formants. Tracé original du système d’enregistrement de son Kinap de Shorin, 1935.

À voir au Palais de Tokyo (jusqu’au 18 janvier 2009)

Dans la très intéressante exposition « D’une révolution à l’autre. Carte blanche à Jeremy Deller », on peut s’intéresser de près à la section « 1918 – 1939 Son Z /» qui documente un aspect trop mal connu des recherches des domaines croisés des arts et des technologies dans la Russie (l’URSS) des années 1920. On y reconnaitra des préoccupations typiques du Constructivisme : l’alliance, voire la fusion des divers arts entre eux; l’harmonisation des relations entre sciences, arts, économie, politique et société.

Dans le domaine musical, c’est tout un ensemble de découvertes primordiales qui portent sur les ondes électromagnétiques, les sons synthétiques et électroniques. Le cinéma, art de technologies nouvelles à l’époque, est notamment le lieu de diverses tentatives de création optiques de sons.

Ces artistes et scientifiques, qui anticipent de nombreuses innovations des domaines de la communication, de la cybernétique, de la psychologie, la sémiotique, etc. autant que du domaine de l’art et des sciences et technologies attachées à l’art, seront réprimés par le pouvoir, rentreront dans le rang, tenteront d’effacer leur participation aux recherches et expérimentations de l’« avant-garde ».

Lire : André Smirnov & Lubov Pchelkina, « Expérimentations sonores et musique électronique dans la Russie du début du XXe siècle. », Palais/, n° 7, automne 2008, pp. 67-77.

Le variophone d’Evgeny Sholpo, 1934, utilisant des disques découpés.
[Photographies faites dans l’exposition par J.-L.B.]

Ci dessous, un extrait du Dossier pédagogique à télécharger ici dans sa version complète en pdf.

Effervescence

Réalisée par Jeremy Deller en collaboration avec Matt Price, écrivain et éditeur de Birmingham, maintenant installé à Londres pour le compte de la Albion Gallery, et Andrei Smirnov, fondateur et directeur du Centre Theremin à Moscou, cette partie interroge les différentes collaborations qui ont existé dans la Russie des années 20 entre avant-garde, innovation technologique et recherche scientifique, ainsi que leurs conséquences sur les nouvelles modalités de production artistique et industrielle. Cette section comprise en 1918 et 1939 commence avec la fin de la Première Guerre mondiale et se termine au moment où commence la Seconde Guerre mondiale. Lire la suite »

Une nouvelle page sur techniques graphiques et politique.

Matt Mullican, Five Into One, 1991. (©Mullican 1991. Collection iconographique de JLB)

En 1990, l’artiste américain Matt Mullican montre à Imagina (« Festival des nouvelles images » organisé par l’Institut national de l’audiovisuel à Monte-Carlo depuis 1981), une œuvre en images de synthèse, The City Project. Ses images ont été calculées à Hollywood sur une Connection Machine (avec Karl Sims), et il envisage de les croiser avec la « téléprésence » (de Scott Fisher). Matt Mullican est sculpteur, il développe une cosmologie personnelle, dans les médiums les plus divers, du bas relief de béton à la bannière de tissu, du bois laqué au parterre de fleurs, de l’objet archéologique au pictogramme le plus minimal. Son œuvre est faite de signes et de projections mentales, elle relève en définitive de la performance. La même année, on le voit au Magasin, à Grenoble, dans un état proche de l’hypnose, une longue baguette en main, décrire en un flot de paroles un immense frottis mural qui est comme le mandala de son univers. Lire la suite »

Deux textes de Jean-Louis Boissier :

pdfMasaki Fujihata, « Le linéaire actif » (pdf)

pdfMasaki Fujihata, «Un effet d’étrangeté » (pdf)

Ces deux textes (ci-dessus en format pdf) destinés à des catalogues de l’artiste explicitent les recherches artistiques et technologiques de Masaki Fujihata. Avec le couplage de l’enregistrement vidéo et de la captation des coordonnées spatiales et de l’orientation de la caméra, il invente ce qui peut devenir un nouveau standard du cinéma. Mais il découvre d’abord un mode de relation aux gens et à leur espace, poétique et documentaire, à la fois subjectif et objectif. Si l’image est un panorama, le « preneur de vue » se trouve rejeté de sa place privilégiée, « derrière la caméra » pour rejoindre l’espace de ce qui est filmé, avec les autres. C’est ce qui se passe dans Landing Home in Geneva (2005). Mais déjà Morel’s Panorama (2003) opérait cela, inscrivant de façon très surprenante les regardeurs dans un panorama « vu de l’extérieur ». Cette expérience de défamiliarisation du miroir devient l’argument central dans Unreflective Mirror (2005).


Adolfo Bioy Casares, L’Invention de Morel, 10/18, Paris, 1992. Préface de Jorge Luis Borges. Morel’s Panorama de Fujihata se réfère à ce roman (1940), classique de la réflexion sur le pouvoir des représentations (qui a inspiré L’Année dernière à Marienbad de Alain Robbe-Grillet et Alain Resnais, Portrait numéro 1 de Luc Courchesne, etc.) — voir aussi l’article du 9 janvier 2009.

Les documents de Masaki Fujihaha sur la série des Field-Works sont ici : http://www.field-works.net/.


Masaki Fujihata, Field-Work@Alsace, ZKM, Karlsruhe, 2002.


Masaki Fujihata, Morel’s Panorama, ASK? Art Space Kimura, Tokyo, 2003.


Masaki Fujihata, Landing Home in Geneva installation dans l’exposition
« Field-Works », Centre pour l’image contemporaine, Genève, 2005.


Masaki Fujihata, Unreflective Mirror, installation, ASK? Art Space Kimura, Tokyo, 2005 (photo JLB).

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Caroline Du Saint pour i-Télé à La Défense, Paris, 24 janvier 2008.
Photo Vincent Nguyen Riva-Press

« Qu’est ce qu’un dispositif ? ». Cette question a été posée par Deleuze – à partir de Foucault – dans « Qu’est ce qu’un dispositif ? » (Michel Foucault philosophe, rencontre internationale, Paris 9-11 janvier 1988, « Des travaux », Seuil, 1989, p. 185.).

Récemment, Giorgio Agamben, dans Qu’est-ce qu’un dispositif ? (Rivages poche, Traduit de l’italien par Martin Rueff, 54 pp., 5 €.), propose, lui aussi à partir de Foucault, cette définition : « J’appelle dispositif tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler, et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants. » Il y a eu aussi le texte très discuté de Jean-Louis Baudry (« le dispositif : approches méta psychologiques de l’impression de réalité », Communications n°23, Seuil, 1975, p.70.) Sans revenir plus longuement ici sur cette notion qui s’est dépliée depuis les années 70 dans le champ des sciences humaines et des « media studies », on peut en pointer l’un des aspects les plus concrets à partir de l’idée première de disposition.
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