Photographie

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L’appareil Lytro, version 16 GB.

Nous avons à plusieurs reprises insisté ici sur la nuance de taille à apporter à l’idée d’une « révolution » que peut apporter le numérique au photographique. Pour bien mesurer l’ampleur des mutations, il faut savoir décrire aussi ce qui ne change pas : ainsi, un appareil photo numérique reste un appareil photographique, c’est-à-dire une chambre noire avec une optique et une surface sensible. L’exemple du scanner et d’autres types de balayage par un laser étaient déjà des techniques qui voyaient le photographique s’émanciper de la pyramide optique formée dans la chambre noire. Il en va autrement aussi quand l’optique est modifiée au point de ne plus donner lieu à une image réelle « simplement » captée puis traitée mais qui est couplée à des algorithmes, à une computation, qui fait de l’image une base de données dont il s’agira d’extraire la, ou plutôt les multiples images de type photographique. Il est vrai que la capture numérique, comme d’ailleurs la capture argentique, n’est pas une image « achevée ».  Cependant, ici, le principe prend une toute autre ampleur car il repousse à « après la prise de vue » un paramètre qui semblait inhérent à l’instant de la saisie optique, mécanique et électro-chimique, la mise au point, le placement du plan de capture en un plan de netteté optimum. Notons qu’une telle mise au point « après » est elle-même éventuelle puisqu’elle suppose une variation qui peut rester ouverte dans de nouvelles formes de diffusion et d’usage de ces « blocs photographiques », comme par exemple pour des images 3D, stéréoscopiques et interactives.

Il y a maintenant quatre ans (nous y faisions écho, voir : http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=256), Adobe présentait un dispositif multi-objectifs qui permettait un enregistrement visuel où la mise au point « restait à faire », autrement dit, qui fournissait une image d’apparence floue mais contenant les informations de sa propre mise au point dans tel ou tel plan de sa profondeur. Mettant en œuvre un principe comparable, le Lytro, annoncé fin 2011, est un appareil-logiciel qui saisit en la traitant non plus l’image réelle formée dans un plan où elle est principalement nette, mais le champ de rayons omnidirectionnels émis par l’objet, une globalité lumineuse chargée du potentiel d’informations apte à restituer l’image volumique que l’optique classique échoue à percevoir. Pour le dire simplement, l’appareil capture à la fois l’intensité et la direction de la lumière — et pour cela opère dans une quatrième dimension. L’appareil diffère d’un appareil photo digital ordinaire par la présence d’une grille de micro-lentilles devant son capteur. La notion de Digital Light Field Photography emprunte celle de light field à l’image de synthèse et en particulier au ray-tracing.

Une série de photographies « à mettre au point » est visible sur le site : http://www.lytro.com/living-pictures/292.

Citation du site Lytro, 26 décembre 2011 : Les tout premiers champs de lumière ont été capturés à l’Université de Stanford il y a maintenant 15 ans. La recherche la plus avancée sur le champ de lumière demandait une pièce remplie de caméras reliées à un superordinateur. Aujourd’hui, Lytro achève le travail de sortir les champs de lumière hors du laboratoire de recherche et de les rendre disponibles pour tous, sous la forme de la première Lytro Light Field Camera.

Pour plus d’informations techniques sur la Digital Light Field Photography, consulter :
https://www.lytro.com/science_inside
http://www.lytro.com/renng-thesis.pdf



Exemples de l’effet Lytro : photo par Mugur Marculescu et portrait du directeur de la photographie Stephen Goldblatt © Lytro.

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Hiroshima-Nagasaki Four Years. Also Atomic Bomb Casualty Commission, October 10, 1949. Photographer: Carl Mydans. Life sous Google
On peut préciser : il y a, dans la collection accessible de Life, 8 clichés du même enfant sur fond de draps blancs. Ils révèlent une mise en scène, au demeurant intéressante, dans la logique de la mission politique et médicale aussi bien que de la mission photographique. Voir : Atomic Bomb Casualty Commission source:life


Gene Tierney. Actress Gene Tierney in sexy gown as she sits on set of her new movie Shanghai Gesture… October 1941. Photographer: Peter Stackpole. Life sous Google
On peut préciser : film de Josef von Sternberg.

Dans Le Monde du 5 décembre 2008, deux articles où il est question d’images : ils semblent contradictoires, mais peut-être pas tant que ça.

Dans sa « carte blanche » en dernière page, Caroline Fourest s’inquiète de « La démocratie des cerveaux disponibles » soit, concrètement, de la place et du rôle des journaux et des journalistes. L’« image » est d’emblée mise du côté des dangers : « Quand l’image, la pipolisation, l’anecdotique et la petite phrase dominent, il reste peu de temps pour aborder le fond. » Elle précise ensuite : « Le triomphe de l’image sur l’écrit favorise le fait-divers, le personnel et l’émotion au détriment de l’analyse, du recul et de la confrontation d’idées. » On comprend ensuite — parce qu’elles se font au stylo ? — que les seules images qui peuvent jouer un rôle éclairant sont les dessins d’humour : « Mais avec un peu de talent, le goût pour l’image peut être mis au service de l’esprit critique grâce à la satire et à l’impertinence. » À condition… — allusion faite à la récente « affaire Siné » à Charlie Hebdo —   « à condition de vouloir effectivement fortifier cet esprit critique et non conforter certaines pulsions infantiles, bêtes et méchantes. D’où la division au sein de la presse satirique, entre, d’un côté, celle qui veut vivifier la démocratie et, de l’autre, celle qui s’en moque, voire celle qui la vomit. »

Que les images, les photographies — ce sont elles qui dominent la presse et l’édition depuis des décennies et le numérique en renforce encore la présence et les effets — puissent être autre chose que l’anecdotique, le facile, le racoleur et l’expéditif, semble échapper à Caroline Fourest, à qui l’on reconnaît pourtant des qualités d’analyse et de clairvoyance militante. Que des photographies apportent des nuances, de la complexité, du contexte, du réel non immédiatement explicable, de l’intuition, semble inconcevable pour qui n’y voit que le subjectif et le factice. Que la photographie soit une construction, au détriment apparent de son objectivité, fait partie de ses facultés à encourager l’interrogation, pour qui veut les faire fonctionner dans une opération sensible et critique. Ainsi, bien des images « pipoles » en disent long sur ce qu’elles impliquent, tant elles donnent à toucher, par leur existence même, aux opérations qui les ont fait naître et diffuser.

Alors, si on retourne à la une, comment prendre l’annonce de la mise en libre consultation sur Internet de dix millions de photos de Life (par Google) ? Il faut rappeler que le magazine illustré américain, « qui fut le plus influent au monde dans les années 1930 à 1960 » avait cessé de paraître comme hebdomadaire en 1972 puis avait fermé définitivement en 2007. L’article du Monde souligne l’absence de légendes, de références d’auteurs, de classements, de sélection, l’impréparation apparente d’une opération de marketing contestée par les agences et les photographes : « Des images célèbres comme le portrait d’une migrante durant la dépression de 1936 aux États-Unis, par Dorothea Lange, ou le Débarquement en Normandie par Robert Capa, voisinent avec des variantes de photos connues et d’innombrables photos qui ont plus ou moins d’intérêt. Les noms célèbres succèdent aux anonymes, sans classement. »

La main mise totalisante de Google, de Getty et d’autres puissances commerciales de l’information peut appeler méfiance et dénonciation. La négation du potentiel informationnel, éducatif, politique, historique — et finalement artistique — des images obtenues par enregistrement et transmission (la photographie autrefois, Internet aujourd’hui), telle qu’elle semble se déduire du premier article, relève de l’aveuglement.

J.-L.B.


Liberation of Gertrude Stein. Author Gertrude Stein (R) walking with Alice B. Toklas (L) and their dog. France, 1944. Photographer: Carl Mydans. Life sous Google
On peut préciser : septembre 1944 à Culoz (Ain).

Liens :

Télécharger l’article sur Life

Télécharger l’article de Caroline Fourest

http://images.google.com/hosted/life

http://carolinefourest.wordpress.com/


Portrait photographique de Caroline Fourest.
[Photo prélevée sur Internet. DR]

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Il y a longtemps que se dénonce, par des études théoriques comme par des propositions artistiques, scientifiques et expérimentales, que la photographie n’est pas attachée à la vue. Ce n’est pas la photographie faite par les aveugles qui est la plus éclairante sur cette question, au contraire peut-être, puisqu’il y est question d’image mentale, d’imagination ou de désir de voir.



Sascha Pohflepp, Buttons, 2006.

Au dossier pour l’instant, Buttons, une proposition de Sascha Pohflepp. Cet artiste et designer (Cologne, 1978), aujourd’hui basé à Londres pour le Design Interactions Programm du Royal College of Art, avait conduit cette expérience à la Universität der Künste de Berlin en 206, dans le cadre d’un mémoire intitulé « Between Blinks and Buttons ». Dans le contexte de tout un ensemble de recherches liées aux réseaux et au banques d’images indexées telles que Flickr, Buttons met en évidence poétiquement et concrètement la saisie photographique comme point de la flèche du temps, comme événement simultané à une infinité d’autres moments, y compris ceux d’autres prises de vues synchrones, indépendamment de leur lieu. L’appareil photo est devenu un objet appartenant aux réseaux. L’appareil de Buttons ne comporte aucun élément optique. En ce sens, il est ironiquement l’appareil numérique « émancipé de l’optique » que croyaient révéler les théoriciens trop pressés de la photographie numérique (cf. l’expression « de l’optique au numérique ») — alors que dans la photo numérique, beaucoup de  choses changent, sauf la formation d’une image lumino-optique (jusqu’à nouvel ordre).

« Il vous permet de saisir votre moment, mais, ce faisant, il le détache du sujet. Quand vous voulez mémoriser un moment, l’appareil mémorise seulement la temps (la date) et commence à chercher sur le Net d’autres photos qui ont été prises exactement au même instant »

« Après qelquex minutes ou quelques heures, une image apparaitra sur l’écran de l’appareil. »

À consulter, le site de Sascha Pohflepp et « A blind camera », la page consacrée à Buttons.

Buttons, vidéo de documentation [cc] 2006

Sascha Pohflepp est contributeur du site We make money not art, sous la signature de Plugimi.

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http://www.recreating-movement.com/index.html

Avez-vous déjà imaginé que notre perception du temps ne soit plus une tête d’épingle ? Qu’elle devienne plus large ? Je m’explique : la perception intuitive que l’on a du temps ressemble à celle que donne la tête de lecture d’un magnétoscope, à celle d’un point T qui évolue à une vitesse constante dans un espace linéaire. On ne voit jamais qu’une image, celle de l’instant et du point où l’on est, celle qui est en face de la tête de lecture. Que percevrait-on si cet instant était un peu plus long, juste un peu plus long ? Si la tête de lecture ne lisait pas une image mais dix, cinquante, cent ? La question n’est pas un simple jeu graphique, elle pose une problème bien plus complexe qui mettrait probablement en opposition Einstein et Bergson.
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Aux procédés de réorganisation automatique des pages, de recadrage et d’anamorphose des images, s’adjoint ou se substitue un redimensionnement « conscient du contenu ». Le programme distingue les zones « faibles en contenu », aptes à être réduites, et les zones qu’il convient, au contraire, de maintenir.

Vidéo de démonstration de Shai Avidan et Ariel Shamir, chercheurs de l’Efi Arazi School of Computer Science, The Interdisciplinary Center, Herzliya (Israël), « Seam Carving for Content-Aware Image Resizing » cf. ACM Transactions on Graphics, Volume 26, Number 3, Siggraph 2007:

http://www.faculty.idc.ac.il/arik/imret.pdf
http://www.faculty.idc.ac.il/arik/

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