Artistes

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Exemple fondateur présenté en marge du cocktail d’inauguration de l’exposition Playtime — Videogame mythologies, à la Maison d’ailleurs, Yverdon (Suisse) — au demeurant fort originale et intéressante —, l’ensemble d’installations Game Arcade par Mobiles Kino, collectif de Bâle. Exemplaires et fondateurs parce que ces jeux vidéo n’emploient ni vidéo, ni informatique, et même pas d’interactivité. Alors même qu’ils semblent n’être que ça, dans leurs apparences comme dans leurs effets. Il y a des boutons, des gâchettes de pistolets, des images sur des écrans et les sons qui vont avec et surtout des points à gagner. Il s’agit de composer des séries de symboles (comme dans les machines à sous), de piloter une voiture sur une trajectoire pleine d’obstacles et de surprises, de lâcher des bombes, de détruire les méchants qui se sont infiltrés dans un film. Les installations, qui sont ouvertement bricolées et parodiques ressemblent bel et bien à des jeux d’arcades. Mais leurs projections sont des diapositives ou des films super 8 — des films en boucles contenus dans des cartouches en matière plastique qui évoquent les cartouches de jeux numériques, « antiquités » venues de l’ex Europe de l’Est. Exemple : quand un monstre surgit sur l’écran, je vise, je tire et je le détruis, je le vois fondre et brûler. Je gagne presque à tous les coups : c’est que mon pistolet provoque l’arrêt sur image du projecteur super 8 et que la pellicule grille véritablement. Le public est désormais formé aux jeux vidéo et à l’interactivité des ordinateurs et de leurs interfaces. On l’avait constaté dès les premiers temps de l’interactivité numérique — dans les années 80 et 90 —, mais nous sommes désormais au delà : on ne peut plus faire l’impasse sur cette culture et l’on peut compter sur une interactivité en adéquation avec le projet de toute esthétique ludique : l’interactivité subjective. J’imagine qu’il en est de même dans d’autres domaines, par exemple en politique.




Mobileskino, Bâle, éléments de l’installation Game Arcade, exposition Play Time, 10 mars 2012.

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L’œuvre de Fabien Giraud Le La Mort est coproduite par Rosascape (Paris, square de Maubeuge, Paris 9e) et Forde (Genève). Elle est composée de quinze livres imprimés en linotypie. « Chaque ouvrage est coupé en son milieu par un second livre contenant le script d’une conversation entre Fabien Giraud et Vincent Normand. À la fois commentaire et origine des œuvres, ce dialogue, intitulé Metaxu, est le point central de l’exposition ». Voir les livres ici. Si le long texte original (la conversation sous forme de vidéo dure 107 mn) est la matière de la proposition, cette matière est présente aussi dans des caractères en plomb, et dans les barres de plomb fondu de certains paragraphes, dans les rubans de papier, chutes des rognures des aplats de couleurs du livre imprimés par un procédé numérique. (Photos JLB, 3 déc. 2011)

Texte de la page photographiée :
Très vite, la courbure du verre s’accentue, et toute une série de foyers optiques se développe entre l’œil et l’objet de son regard. Le microscope, comme il s’invente au milieu du XVIIe siècle avec le savant hollandais Antoni van Leeuwenhoek, est doté d’un dispositif à vis pour la mise au point. Le microscope révèle alors que la surface d’un objet n’est pas sa correspondance à l’échelle de sa forme globale, mais qu’il abrite en lui-même, dans l’ombre de sa matière, une infinité de mondes et de vies insoupçonnées jusqu’alors. La chair du monde se fendille et se creuse. Tout un univers profond, dans les crevasses et les pores, remonte à la surface des formes. Et seules la limite de la courbure des lentilles, la netteté de son grain de verre et la précision d’un pas de vis semblent pouvoir arrêter cette avancée dans les strates infimes du monde. C’est alors, pour l’homme étourdi du XVIIe siècle commençant, l’ouverture à deux démesures de la vision. L’une amenée par le télescope et le décentrement du monde, l’autre, par le microscope et la profondeur infinie de la matière. Une sphère éclate au contact du sol quand une boule de verre tombe de toute la hauteur d’une table. Une sphère éclate également quand, avec un petit objet dur et pointu, on applique sur elle une force qui, par pression concentrée en un point unique, vient à en éventrer la membrane. Il faut voir le double geste de Galilée et de Leeuwenhoek comme une équivalente brisure. Ils ouvrent le savoir à la dé-mesure, au sens véritable et complet d’une défaite de la mesure.

Le texte intégral du livre est disponible en pdf ici. C’est une Histoire, fort intéressante, attachée aux inventions techniques.

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Jordan Crandall, filmé dans son installation Suspension (vidéo de 5mn 35s par Jean-Louis Boissier).

Pour la Documenta X, en 1997, Jordan Crandall crée Suspension, une installation multimédia dans laquelle le visiteur est incité à trouver son propre rythme au sein d’un certain nombre de protocoles et de règles. Cette articulation entre participation et contrôle deviendra un des concepts clés des productions postérieures de Crandall.

Il est souvent dit que nous sommes actuellement en cours de la deuxième révolution technologique majeure. La première nous a apporté l’accélération de la circulation, le système ferroviaire, l’automobile et, enfin, l’aviation. La révolution actuelle surfe sur les ondes électromagnétiques et a conduit à une telle accélération des communications que l’information est maintenant disponible en temps réel – ce qui signifie immédiatement, peu importe d’où elle vient. Avec l’aide de matériel comme des ordinateurs, téléphones portables, scanners, etc, les gens peuvent accéder à cette information en tout temps et être présent partout, tant qu’ils sont en mesure d’utiliser les médias et d’analyser l’information. Cela signifie que les modes de réception ont été plus ou moins retravaillés, afin de les adapter aux modèles prescrits par la technologie. Comme la proximité électronique ne nécessite pas de contact physique, une nouvelle sphère est apparue qui ne distingue plus entre le privé et le public. L’installation multimédia Suspension de Jordan Crandall observe cet espace créé par la médiation d’une variété de réseaux techniques comme «une combinaison dynamique de la réalité et de la virtualité» enquêtant sur les « modes alternatifs d’accès, de navigation, et d’habitation » de l’espace électronique.
Suspension explore les façons dont les organismes de visualisation, des corps et des espaces habités sont mobilisés et reformatés à travers divers « protocoles » et « véhicules ». Le système interactif de caméras vidéo, lecteurs vidéo, projecteurs, ordinateurs, processeurs d’image numérique, convertisseurs de balayage, animations et divers dispositifs d’ajustement catapultent automatiquement le visiteur dans un de ces nouveaux espaces hybrides de présence (distribuée) à la fois réelle et virtuelle. Volontairement ou non, le visiteur commence à exercer une influence.  L’installation est traversée par des réseaux de projections et de multiples actions locales (au sein de l’espace d’exposition de Kassel) et à distance (via Internet). Les habitants simultanément génèrent et interrompent le flux de projection. Le lieu de visualisation est multiplié et mobile, dispersé et dérouté. Les modèles d’interférence génèrent des champs d’orientations concurrentes, dont les étalonnages rapides ne se mesurent plus en termes de distance et de grandeur.  Rythme et vitesse des événements déterminent les changements dans le système de suspension dans lequel la matière et l’énergie (dans le sens de la puissance électro-optique ou électromagnétique) s’influencent réciproquement et obligent l’utilisateur/spectateur à une réorientation constante entre les protocoles et les changements de points de vue. En 1990, sous le nom de Blast, Jordan Crandall a lancé un projet portant sur la transformation des modes conventionnels de perception et de réception dans la lecture et la vision. Sur cette base, l’évolution des formes de production dans le domaine de la publication et des diverses techniques de systématisation et de régulation ont été étudiés.

Suzanne Prinz et Paul Sztulman in http://jordancrandall.com/main/views/shortguide.html
Traduction : L.T.

Documents complémentaires :

http://jordancrandall.com/suspension/suspension.html
 http://www.virtualart.at/database/general/work/suspension.html
Article de Jordon Crandall en français : «Vision armée», 3 juin 2004, Multitudes n°15, p. 63. http://multitudes.samizdat.net/Vision-armee
Autre œuvre en ligne: Hotel, fiction expérimentale, dv, couleur, USA, 2009. http://www.art-action.org/proposition/catalogue/detail_prog10.php?lang=en&qui=reali&oeuvre=H30274&codeoeuvre=H30274

Ainsi que l’annonce de la conférence de l’OdNM du 23 novembre 2011 à l’EnsAD :
http://www.arpla.fr/odnm/

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问个好吧。On peut traduire : Demandez un droit. Ceci est le contenu du premier tweet que l’on reçoit (depuis 13 heures maintenant) de @aiww (艾未未  Ai Weiwei) après son interruption il y a 125 jours, au moment où il annonçait l’investissement de son atelier par la police et son arrestation à l’aéroport.

https://twitter.com/aiww/status/99520065950597120
https://twitter.com/#!/aiww

Ai Weiwei a 94 435 abonnés qui le suivent sur Twitter.

Le 7 août, Ai Weiwei a posté ces deux photos :

On sait maintenant que sa détention a été une torture morale très grave.

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Julien Prévieux, What Shall We Do Next ?, vidéo avec rétroprojecteur. (Photo JLB)
L’exposition de Julien Prévieux, Dimensions in Modern Management, à la Galerie Jousse Entreprise (http://www.jousse-entreprise.com/julien-previeux), 28 mai 2011-28 juillet 2011, montre aussi Anomalies construites, un film où il est question du travail non rémunéré qu’organise le Web : « On ne savait même plus qu’on travaillait quand on travaillait. »
http://www.previeux.net/


Ai Weiwei ©AFP

Extraits d’une dépêche de l’AFP, 22 juin 2011, 18h heure de paris.

PEKIN — La Chine a créé la surprise en annonçant tard mercredi la libération sous caution de l’artiste dissident chinois Ai Weiwei, assurant toutefois qu’il avait « confessé » s’être rendu coupable d’une fraude fiscale massive et était souffrant.
« Je vais bien. Je suis de retour à la maison. Et je suis libre. Mais je ne peux pas parler. S’il vous plaît comprenez-le », a, de son côté, déclaré Ai Weiwei au site en ligne du quotidien populaire allemand Bild.

Les autorités chinoises avaient récemment laissé entendre qu’Ai Weiwei était coupable d’une évasion fiscale d’ampleur, ce qui laissait présager une lourde peine de prison.
Mais, selon des sources informées, la Chine ne savait pas comment régler le cas Ai Weiwei, en raison de la notoriété mondiale de l’artiste et de l’ampleur des protestations – qui l’avait surprise – après son arrestation.
L’annonce faite mercredi permet donc à Pékin de trouver une issue, mais était inattendue, même si des rumeurs de libération imminente avaient circulé sur l’internet chinois, avant d’être promptement effacées par les censeurs.
« La police de Pékin a dit mercredi qu’Ai Weiwei avait été libéré sous caution en raison de sa bonne attitude (car) il a confessé ses crimes et également en raison d’une maladie chronique dont il souffre », a écrit l’agence officielle.

Amnesty International a de son côté souhaité qu’Ai « jouisse désormais d’une liberté entière, et ne soit pas en résidence surveillée comme cela a été le cas pour tant d’autres (dissidents) récemment libérés après des détentions arbitraires ».
L’organisation relève que sa libération intervient à quelques jours d’une visite du Premier ministre Wen Jiabao en Grande-Bretagne et en Allemagne où Ai a « des liens professionnels et un soutien du public forts ».

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Samedi 18 juin 2011, dans l’après-midi, des centaines de papillons portant la question « Où est Ai Weiwei ? », en français et en chinois, ont été lancés à l’intérieur de la sculpture d’Anish Kapoor au Grand Palais, pleine de monde. Action très douce qui a provoqué quelques remarques et explications favorables.



Actualité : Le 14 juin, Anish Kapoor a annoncé sa décision d’annuler une exposition de ses œuvres programmée en 2012 au Musée national de Chine à Pékin, pour protester contre la détention de l’artiste Ai Weiwei par les autorités chinoises. Le 17 juin, Daniel Buren a annulé à son tour une exposition personnelle « par solidarité » avec Ai Weiwei. Il devait exposer à l’UCCA (Ullens Center for Contemporary Art) de Pékin à partir du 15 juillet.


Ai Weiwei, Study in Perspective (Place Tiananmen), 1995-2003. (dr)

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Le gouvernement français, comme l’Union européenne, comme la plupart des directeurs des grands musées internationaux, ont dénoncé l’arrestation arbitraire de Ai Weiwei le 4 avril 2011.
Anish Kapoor lui a dédié Leviatan son œuvre monumentale au Grand Palais, demandant une protestation radicale : http://next.liberation.fr/culture/01012336615-il-faut-une-greve-des-musees-pour-ai-weiwei
Cependant, on ne trouve aucune mention de cette dédicace au Grand Palais. Si l’on pose la question aux animateurs, ils disent : « On a déjà eu des annulations de Chinois… » et « Le Ministre n’a pas souhaité… »
Aujourd’hui, samedi 4 juin 2011 , 2 mois  jour pour jour après la disparition de Ai Weiwei, 22 ans jour pour jour après Tiananmen, on est en droit de poser la question, au sein même de l’œuvre de Anish Kapoor :

艾未未在哪里?Où est Ai Weiwei ?

Où est-il retenu ? Où est son nom au Grand Palais ?

Ci-dessous, de quoi imprimer des papillons Ai Weiwei :
http://www.arpla.fr/canal20/adnm/wp-pdf/aiweiwei-billets.pdf

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Exemple à suivre. Utilisant un vidéoprojecteur portable, le photographe Cpak Ming fait apparaître le visage de Ai Weiwei — détenu pour raisons politiques en Chine depuis le 3 avril 2011 —, avec la phrase Who’s afraid of Ai Weiwei, dans des lieux les plus divers à Hong Kong. Si cette inscription dans le paysage urbain est éphémère, elle se photographie et se diffuse dans cet autre espace public, autrement structuré et connecté, qu’est le Web. Et en particulier sur FaceBook :
http://www.facebook.com/photo.php?fbid=10150163936576850&set=a.10150160387736850.298065.528556849&type=1&theater

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Chris Marker, Passengers, 2008-2010, courtesy the artist and Peter Blum Gallery, New York.

And after seeing this exhibition, I can confess to having photographed—with my cell phone—a couple women standing in a crowd and waiting for the train. Some might dismiss such images as purely voyeuristic, and there is an undeniable boldness in what Marker has done: taking photographs of women on the train, who often are not even aware that they are being photographed, and displaying those images in a New York art gallery and accompanying book. The sleeping woman on the Métro, perhaps coming back from a long day at the office, may have never noticed Marker at all sitting across from her.
John Fitzgerald, sur le site : http://www.chrismarker.org/2011/04/passengers/


Chris Marker, Coréennes, Paris, Seuil, 1955.

À propos de l’exposition à New York, Peter Blum Gallery, de photographies de Chris Marker rassemblées sous le titre de Passengers (http://peterblumgallery.com/exhibitions/2011/passengers) : On sait à quel point, depuis son livre Coréennes en 1955, Marker s’attache aux visages (de femmes), dans sa photographie comme dans son cinéma.  Sa poétique relationnelle s’inscrit désormais dans un dispositif qui devient le vrai sujet : saisir, mettre en mémoire une beauté fugitive, l’émotion qui émane de la fabrication technico-scopique. On avait noté, il y a maintenant deux ans, les photographies prises dans la manifestation du 1er mai à Paris, publiées par Poptronics : http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=1371. Depuis, j’ai croisé deux fois C.M. dans Paris. Une fois, dans la librairie Fnac des Halles, en septembre 2009, il achetait un livre de Nicolas Bouvier et portait — cela ne pouvait pas passer inaperçu – des lunettes noires-caméra comme ça :

Puis, le 5 octobre 2010 à 10h, dans le RER ligne B, depuis Chatelet-Les Halles, où nous sommes montés, jusqu’à Luxembourg, où nous sommes descendus. Le train était bondé et je me trouvais collé à lui, avec mon iPhone en position vidéo. Je ne publie pas cette vidéo, seulement un photogramme, comme preuve des regards échangés (et enregistrés). Ici encore, il était équipé de ces lunettes et je me suis dit qu’il captait des images de gens. L’exposition de New-York provient probablement de ce dispositif par lequel, comme le 1er mai 2009, le maître extrait des photographies de prises de vues vidéo. En couleurs désormais. JLB


Vidéo-photo par JLB, 5 octobre 2010, 10h, RER B entre Les Halles et Luxembourg.

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