Archive for mai, 2008

Carte sensitive, carte des souvenirs

Mardi, mai 20th, 2008

Voici quelques images de l’atelier animé par Christian Nold à la galerie Ars Longa pour le Festival Mal au pixel qui a lieu du 16 au 25 mai. www.malaupixel.org

Les participants de l’atelier ont été invité à collecter des informations pour constituer une carte émotionnelle du 11e arrondissement parisien. Un détecteur de mensonge au bout des doigts et un gps leur ont été confié pendant une heure, le temps d’une promenade de leur choix. Les appareils étant censé détecter et localiser les émotions ressenties lors d’une trajectoire. A leur retour, Christian Nold invita chaque participant à relater son expérience en sollicitant les souvenirs. Chaque retranscription d’émotion visible sur la carte suscitant alors la question : “Alors que s’est-il passé ?”, ainsi confrontés à sa mémoire, les spectateurs de ce dispositif transforment en langage une expérience passée, réalisant littéralement, une sorte d’analyse par la géographie.

La carte des émotions (qui pourrait être aussi nommée la carte des souvenirs), un documentaire et d’autres informations sont présentés lors de l’exposition «Sensitive Map», de Christian Nold, du 17 mai au 28 juin, à la galerie Ars Longa, 67, avenue Parmentier, 75011.

www.biomapping.net

Des Films vus du ciel

Lundi, mai 12th, 2008

filmsvusduciel

Dans Google Earth, en cherchant les vidéos localisées de la ville de Wigan, on trouve les vidéos d’un morceau de guitare, des films de famille, des danseurs amateurs, des chanteurs euphoriques, des clients ivres en fin de soirées et une série de vidéos burlesques, dont « You Know Who You Are », « The Funiest Vidéo Ever 2 », « Scary Movie », « Guy Gets Killed by Gorilla ». Ces vidéos sont toutes réalisées par un seul adolescent de 14 ans nommé Peter aka Deniably Correct. Il s’enregistre et diffuse toutes ses mises en scènes dans sa maison de banlieue. Peter recouvre les quartiers de Wigan de ces élucubrations qui jaillissent de toute la ville. Il dépose les films tournés chez lui dans sa ville et sur sa ville. Les films localisés sur la carte satellite soulignerait le : « Je suis ici » ou «J’étais là », comme une marque posée sur le monde. L’atlas devient un immense espace de projection où de nombreux utilisateurs diffusent leurs films et transforment la Terre en une salle de cinéma mondiale où l’on peut voir une quantité exponentielle de vidéos suivant leurs coordonnées géographiques.

filmsvusduciel_wigan
Le classement par localité permet de repérer et d’apporter une certaine logique. En agençant ainsi les films on leur donne une échelle de lisibilité et de points de vues. Cette échelle de la vision permet aussi de rendre compte de deux modes de représentation du réel opposés. L’un est une représentation du réel du territoire prise par un satellite (la carte satellite) et l’autre est une représentation du réel filmée par et avec ses habitants (les terriens). L’un, figé, sert de support aux images en mouvement.
Si le fond de la carte satellite utilisée par Google Earth pourrait être une réponse à la question : « A quoi ressemblerait la terre en notre absence ? »* Les vidéos localisées et ajoutées à cette carte semblent répondre à cette autre question : « A quoi ressemblerait la terre en notre présence ? »
A moins que nous partions tous précipitement sur une autre planète et que nous laissions le message « Voici quelques images vidéos de nos activités sur cette Terre ».
filmsvusduciel

* Jean Baudrillard écrit un monde en l’absence de l’homme dans Pourquoi tout n’a-t-il pas déjà disparu ?, Editions de L’Herne, Paris, 2007.