Projet d’arrêt cardiaque

Dans cette œuvre je m’intéresse a la définition individuelle qu’on a du temps, sans mettre de coté complètement le fait que le temps soit continu,  les deux historiens d’art Deleuze et Merleau Ponty conçoivent eux le temps comme quelque chose d’extérieur et disent qu’il est  « le médium d’une extériorité qui articule une intériorité » de mon côté je perçois la temporalité comme un ensemble de perceptions individuelles, des couches de temps s’imbriquant les unes sur les autres ou encore de strates temporelles pour reprendre Michel François. On considérera ici le temps comme une entité crée par l’homme,  car elle est en lui, en effet nous avions la notion du temps qui passe bien avant l’apparition de l’horloge, la société l’a ensuite intégrée dans nos mœurs et dans notre quotidien selon un besoin de quantifier et de « régler » les choses. Le temps a maintenant pris une grande importance dans nos vies et est devenu un facteur de stress qui régule notre vie, en effet nous avons de plus en plus peur d’arriver à nos fins, et nous essayons de plus en plus de vivre dans l’instant présent, ce qui nous donne une vision plus arrêtée du temps Pamela M.lee parle de chrono phobie. Nous en arrivons au sujet traité dans ma pratique, c’est-à-dire la mort c’est donc comme vous le comprenez  la finalité de cette temporalité sur laquelle je me suis penché, une œuvre présentée lors d’une conférence a l’inha en est un bon exemple, c’est une horloge basique dans sa forme qui compte les heures en fonction de la destruction de la terre et prend donc le temps comme l’attente d’un événement particulier et non pas un écoulement infini de matière, il s’agit pour moi du même phénomène face a la mort. Roman Signer voit en effet cette finalité comme événement par excellence, notons que Cronos dieux du temps dans la mythologie est souvent accompagné d’une faucille.

Cet arrêt total du système nerveux qui commande une grande partie de notre vivant désactive tous nos cens sans exception, nous en avons une peur grandiose et inavouée, c’est la plus grande que l’on ait. C’est cette sensation que je voudrais traiter dans cette vidéo, une sensation de stress continu qui s’étend jusqu’à la déconnexion du cerveau même si d’un coté ce « stress » de vie n’est pas un facteur précis, la matière qu’est le temps dépend du rapport qu’on a face a la mort, comme l’affirme Christine Macel dans le Temps pris, le temps de l’œuvre, le temps à l’oeuvre la perception du temps est propre a chacun on conçoit très bien cette pensée dans l’installation interactive d’Olga Kisseleva et de Sylvain Rénal : « le temps à l’œuvre », une horloge numérique est disposée devant un panneau de verre, le spectateur est invité a placer ces mains sur un capteur sensitifs qui augmentera la vitesse du temps si cette personne est stressé et inversement, cette œuvre témoigne de la perception moderne du temps.

Dans ma vidéo nous suivons la journée d’une personne non déterminé qui suit son cours jusqu’à que ce dernier subisse un arrêt cardiaque, j’ai beaucoup travaillé l’aspect sonore de la vidéo qui ici est aussi important que le visuel, pendant la mort physique ouïe, odorat, toucher, le gout et la vue s’estompent jusqu’au néant total, j’aurais aimé pouvoir tous les représenter mais le médium vidéo m’y empêche. J’ai donc incrusté le battement du cœur dans la bande son que j’ai extraite de la vidéo  ce qui crée un stress continu, on verra qu’à la fin on se sent comme soulagé, comme si une pression était supprimée. Nous suivons la vie du personnage principal de ces propres yeux, le point de vue interne de la vidéo permet de se mettre à la place du personnage afin de mieux le comprendre, voir s’y identifier.

Quelques modifications ont étés mises en place dans la bande sonore au niveau du rythme cardiaque ainsi que sur le support vidéo sur lequel des effets de flous et de déformations ont étés incrustés. J’ai fait en sorte que ces déformations se complètent et que le spectateur fasse un lien entre elles, ainsi nous pouvons aisément comprendre l’importance de cette temporalité intérieure régulée par le cœur.

Pour conclure même si je me penche vers la conception personnelle qu’on a du temps, cette dernière est assez minime et ne rend pas suffisamment compte de la perception générale, après la mort d’une personne lambda il est clair que le temps s’arrête en elle, mais ce n’est pas pour autant qu’il se fige totalement, et ne bouscule en aucun cas la temporalité collective.  En effet si on considère l’homme comme un tout et que l’on parle d’humanité alors cette définition qu’on a de cette matière se voit renouvelé car le temps est alors définit par une multitude de vies.

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