A contre temps

DSC_0037 10.02.48DSC_0079 10.02.48présentation

  • Comment agit sur le temps, le toucher au plus près pour tenter de la suspendre?

La question du temps est une quête, insaisissable, à laquelle l’homme essaye de se rapprocher. Celui-ci peut tenter d’exprimer ce temps qui passe, mais sera éternellement dans l’impossibilité de le représenter en soi, ou de le contrôler, ce qui fait de lui une véritable fascination. L’homme aimerait qu’il soit matériel, palpable ET contrôlable :“Perdre du  temps”; “Le temps, c’est de l’argent”. On essaie d’ordonner nos journées en fonction de celui ci, avec une volonté de synchronisation : « être a l’heure ». Représenter le temps soulève une question essentielle: Qu’est ce qui fait que l’être humain a connaissance de ce temps ?  Celui-ci passe, et nous en prenons conscience en observant notre environnement s’altérer, en voyant notre reflet vieillir : le temps existe.

3

Dans Still life, court

Dans  Still life, court, métrage, réalisé par Sam Taylor, la vidéo est accélérée, de manière à ce que nous puissions prendre conscience de l’altération des aliments qui se décomposent sous nos yeux. Celle ci ne fait que accélérer le processus qui, reste cependant bien réel.   Le reflet exprime pour moi au mieux ce concept, puisque l’homme se retrouve non seulement face au temps qui passe, mais aussi, face à sa propre altération, ce qui lui fait prendre conscience de la durée, lui fait ressentir au mieux la fascination, l’angoisse, la crainte. Roman Opalaka en prenant chaque jour, un portrait de lui, voit sur son visage le temps qui passe et montre l’Homme dénué face à ce temps et à la mort. Le miroir, aimé, ou maudit nous ramène constamment à notre propre espace temps. Il est amnésique, dans l’instant, ne peut garder de trace, mais les superstitions restent si fortes, qu’on ne peut dire que le miroir est vide. C’est l’image passé, le fantôme, image qu’on ne voit pas, mais dont on sent la présence.

rene-magritte-la-clef-de-champs

La clef des champs, Magritte

Magritte, dans La clé des champs  peint des brisures de verre qui gardent une emprunte du paysage. Réflexion sur le concept de l’image fantôme, qui garde en elle les fragments, les images captés auparavant et recherche du mystère, de la part invisible qui nous est dérobée.

 

 

 

 

Alain-Fleischer-L’âme-du-couteau-1982-422x640

L’âme de couteau, Alain Fleischer

Part de mystère que nous retrouvons de même dans L’âme du couteau d’Alain fleischer. Image faisant référence à la fente, la serrure. Comme si nous regardions, à travers le miroir, quelque chose de secret, comme si nous avions accès à un autre monde, où le temps et l’espace n’est pas le notre.         Le temps fascine de même, puisqu’il il prend en compte un concept particulier qui est la mort. L’homme angoisse, la peur de vieillir viendrait de cette peur de l’inconnu, le mystère de la mort. Dans la culture occidental, pour que les choses soit réel, il faut les fixer, les figer dans le temps : nous réalisons des sculpture de marbre, de cuivre…La chose remplace le vide qui effraie. Nous retrouvons l’étymologie du mot «chose »qui vient de la racine latine « reste » signifiant « rien ». Dans la culture chinoise, le mot « chose » au contraire, signifie le mouvement. Ainsi, en Orient, on  accepte le temps. La mort n’est pas un arrêt, une fin, mais un passage pour le cycle de la vie. Le mouvement, est donc, lié au temps.

muybridge

Horse in Motion, Muybridge

Muybridge, dans The Horse un motion , fait l’expérience du découpage chronophotographique, en décomposant le mouvement. Mouvement et temps sont ainsi les deux concepts  fondamentaux de cette technique.   Le principe de ce projet est donc de proposer à un sujet de faire l’expérience d’un temps suspendu. Par les fragments de miroirs, lui enlever tout ces repères spacio-temporel, l’éloigner du réel pour le plonger dans un vertige où le temps n’est plus. Roger Caillois définit le jeux comme une activité libre par excellence qui se définit dans un temps et un espace. Il nous parle alors de L’Ilinx qui est un jeux portant sur l’attrait du vertige. A travers les jeux de vitesse, de tournis, nous perdons la maitrise du corps et des sensations, la perte de soi est ce« lâcher prise », qui vise à rompre avec la réalité.

Concept que nous retrouvons dans l’ouvrage de Christine Buci-Gluksmann, Spirales du temps . Le passage faisant référence à Pascal Dombis, avec les abstracts nous parle de cette perte de contrôle, de cette sensation étrange et vertigineuse :

med_C5594589-C620-5D97-8279655369C893B3

Abstract, Pascal Dombis

Spirale de spirales, cercles de cercles, décentrement du tout : Au début, des lignes verticales comme un rideau, et puis lentement, ou très vite si vous actionnez le dispositif interactif de la vidéo (une corde), un monde de courbes noires ou multicolores défilent, se nouent et envahissent les écrans .Tantôt droites, tantôt ailes de papillons, les lignes prolifèrent dans une asymétrie voulue, légèrement vertigineuse. Et c’est bien ce sentiment de vertige et de démesure qui vous saisit le long de l’immense mur (30 mètres) de lignes du premier étage.”

 

carsten-holler-at-the-new-museum-10-26-11-5

Carousel mirror, Carsten Höller

Carsten Höller dans Carousel mirror  réalise un carrousel, fait entièrement de miroir. C’est le lieu d’une expérience renversante. Il brouille les frontières entre réalité et fiction, trouble nos sens : le miroir redouble le vertige.

Y-960-Lightbulb-Installation-by-Carsten-Holler-3

Y, Carsten Höller

 

 

Il réalise de même, une installation : Y , fait d’une succession d’arceaux, munis d’ampoules de lumière. Nous retrouvons la mise en abime, présente dans notre structure, par les miroirs se reflétant les uns aux autres. L’espace se prolonge et la déperdition des sensations opère, le spectateur est désorienté.