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Les lieux touristiques à Paris comme les archives des souvenirs des parisiens

Article publié le : Dimanche 8 janvier 2012. Rédigé par : tatevik nadaryan

 “Rien n’est plus beau que Paris, sinon le souvenir de Paris”

Chris Marker

L’idée du projet

Aujourd’hui le phénomène de tourisme est très répandu dans le monde. Il n’y a pas d’endroits sans touristes, les gens voyagent partout dans le monde. Le tourisme est devenu un signe de prospérité. Dans chaque pays, dans chaque ville il y a des endroits touristiques.

Est-ce que nous pouvons être des touristes dans la ville où nous vivons? C’est la question principal de ce projet qui s’appelle «Les lieux touristiques à Paris comme les archives des souvenirs des parisiens». Dans les lieux touristiques à Paris nous rencontrons très rarement des parisiens. Les parisiens évitent ces endroits pour plusieurs raisons: tout coûte très chère et il est très difficile de s’y déplacer. L’idée principal de ce projet c’est de mettre les parisiens dans les endroits touristiques pour créer un lien entre une idée de la ville et ces habitants. L’autre objectif de mon travail c’est de saisir l’ambiance des lieux touristiques et en même temps de saisir l’instantanéité avec l’appareil photo et montrer comment l’ambiance international se mélange avec l’ambiance de la ville.

Ce projet a été inspiré par le film de Chris Marker   »La Jetée ». Dans ce film il touche la question de la mémoire et des souvenirs de l’enfance.  Je me suis inspirée  de ce concept, j’ai photographié les lieux des souvenirs de quelques  parisiens.  Paris est devenu un musée où il n’y a pas seulement des endroits connus et anciens mais où il y a aussi des souvenirs. Pendant mes promenades avec les parisiens j’ai essayé de faire renaître chez eux les souvenirs de leur première visite.

Pour mon projet j’ai fait une carte de Paris où j’ai marqué les lieux touristiques. Je vais reprendre cette carte pour mon projet, en collant sur chaque lieux touristiques mes photos. Ainsi je vais réunir tout ces lieux avec ces habitants dans le même endroit.

Quand nous habitons dans une belle ville comme Paris souvent nous oublions comment les endroits peuvent être jolies et intéressants. Mes touristes ce sont les parisiens qui découvrent la ville pour eux-même. Ils essaient d’oublier qu’ils habitent dans cette ville et ils deviennent les touristes pour découvrir de nouveau l’endroit où ils habitent ou ils passent tous les jours .

Le processus du projet

Première étape du projet:

J’ai choisi dix endroits qui sont à mon avis les plus visitées à Paris et qui traversent toute la ville:

1. La Statue de la Liberté, métro Charles-Micheles

2. Trocadero, métro Trocadero

3. L’Arche de la Défense, métro Esplanade de la Défense

4. L’Arche de Triomphe, métro Charles-de-Gaulle-Etoile

5. La Concorde, métro Concorde

6. Montmartre, métro Anvers

7. Le Louvre, métro Louvre -Rivoli

8. Centre George Pompidou, métro Rambuteau

9. Notre Dame de Paris, métro Cité

10.La Fontaine Saint-Michel, métro Cluny la Sorbonne

Deuxième étape du projet:

J’ai fait des promenades avec les parisiens dans les lieux touristiques pour prendre les photos d’eux. Ces parisiens sont les gens que je connais: mes amis, mes collègues. J’ai créé une liste des endroits touristiques et chaque parisien choisissait son lieu préféré.  Je demandais à mes modèles de ne pas poser, je cherchais le moment où ils étaient le plus détendus pour prendre les photos. En prenant les images j’ai voulu garder le style des photos touristiques, la compositions, le cadrage, les images contre-jour. Pendant les promenades, les parisiens me racontaient leurs souvenirs sur ces lieux.

Les souvenirs des parisiens:

Eric:

«Je me souviens pas la première fois quand j’ai vu la Statue de la Liberté à Paris. Mais chaque fois quand je viens ici j’ai la nostalgie de New York».

Nadya:

«C’était il y a quatre ans que j’ai vu la première fois la Tour Eiffel. Pour moi c’est un vrai symbole de Paris. Je la vois tous les jours parce que j’habite à coté mais chaque fois je redécouvre cet endroit».

Hiba:

«J’ai toujours connu le quartier de la Défense depuis toute petite mais ce qui me fascine toujours, ce sont les grands building. De plus, j’ai découvert pendant notre promenade ce qui se trouve de l’autre côté de la Grande Arche: on ne se crois plus à Paris! Une merveilleuse promenade peut être agréable surtout en présence du soleil. J’ai beau habiter la capitale, mais il y a énormément d’autres endroits à découvrir».

Marine

«J’étais petite quand j’ai vu l’arche de triomphe la première fois. J’ai eu l’impression qu’il y avait du brouillard, on ne voyait pas grand chose..»

Eloise:

«Cela fait trois an que j’habite à Paris et la première fois que j’ai vu la Concorde, c’était avec mes amis parisiens qui avaient organisé une promenade à Paris pour moi. Maintenant quand j’ai ma famille ou mes amis de ma ville natale qui viennent à Paris, je deviens leurs guide».

Merwan:

«La première fois que je suis allé à Montmartre je devais avoir quatre ou cinq ans et j’étais avec mon père».

Elena:

«Le Louvre m’a beaucoup impressionné la première fois. C’était un soir d’été, la lumière autour du Louvre créait une ambiance magique avec le son d’un saxophone qui venait du passage du Louvre. La musique était profonde, elle enveloppait tout le Louvre».

Irina:

«C’était avec ma famille que j’ai vu le Centre Pompidou la première fois. J’étais petite et je ne comprenais pas pourquoi on doit regarder toutes ces œuvres».

Lucie:

«Je suis tombé amoureuse avec Notre Dame du premier regard quand j’étais petite. Mais avec le temps je me suis habituée à sa beauté. Parfois on se balade avec mon père à coté de Notre Dame et cela me rappelle mon enfance».

Magali:

«Je n’aime pas aller dans ce quartier autour de la Fontaine Saint-Michel, il y a beaucoup de touristes la-bas. Mais quand je vais à mon travail le matin, il y a personne et j’aime beaucoup passer à cet endroit».

Troisième étape du projet:

L’étape suivante c’est la retouche des images. D’abord j’ai choisi les images avec qui je vais travailler, deux images avec chaque modèle. Les photos originales sont en couleur. En faisant la retouche j’ai transmis les images en noir et blanc. Puis j’ai réunis les photos par deux. L’idée était de montrer l’humeur différente de mes modèle.

Quatrième étape du projet:

J’ai acheté une carte de Paris et j’ai fait le tirage des images. Puis je vais mettre les photos sur la carte, pour chaque lieu connu, je vais coller l’image correspondante.

Cinquième étape du projet:

 Comme lieu d’exposition,  j’ai choisi Pantin qui se trouve sur la ligne onze. Cet endroit  se trouve en banlieue, je voulais réunir les lieux de Paris  dans un endroits qui est  en  dehors de la ville. Dans ce projet j’étais une touriste, je voyageais à travers les souvenirs des parisiens .  Mon idée c’est de faire voyager les spectateurs dans  les souvenirs  des parisiens et de ressentir l’excitation du voyage. 

Conclusion

La question que nous avons posé au début de notre projet était «est-ce que nous pouvons être les touristes dans la ville où nous vivons?» La réponse est «oui», nous pouvons être des touristes dans la ville où nous habitons quand nous sortons de notre vie quotidienne, de notre travail, de nos études. Nous faisons cela parfois pendant les promenades les week-end, ou quand nous avons des amis qui viennent à Paris. Nous devenons leurs guide et nous découvrons la ville de nouveau. La plupart des parisiens évitent les endroits touristiques. Pendant ce projet on était baigné dans une ambiance de fête infini, d’atmosphère international car nous avons rencontré les cultures et les langues différentes.  

Dans le projet nous parlions de la question des souvenirs. La première fois qu’on voit la tour Eiffel procure une sensation inoubliable dont on se souvient toute ça vie. Quand nous voyons ces endroits chaque jour nous perdons cette sensation de la première fois. Chaque parisien a ces souvenirs particuliers de Paris: la première connaissance avec la ville, les promenades, le retour dans le passé, dans l’enfance, quand tout paraissait plus grand et plus impressionnant. Nous oublions beaucoup, les sensations ne se répètent jamais, elles sont toujours différentes. Les promenades avec les parisiens font renaître leurs souvenirs de la première rencontre et elles changent la perception du présent.

Projet Regard De Travers

Article publié le : Mardi 3 janvier 2012. Rédigé par : daravonesourinthone

LE PROCESSUS

Comment créer un espace privé dans un lieu public, c’est la question que je me suis posée tout au long de cette expérience. Le métro m’est apparu intéressant pour ce projet, dans ce qu’il est un lieu de passage, de grande fréquentation et aussi dans son côté oppressant et quasi-obligatoire. Tout est relié : le passage, la fréquentation, cet étouffement ressenti (en tout cas par moi) lorsque la fréquentation est à son extrème.

Enregistré sur la ligne 2, un après-midi en semaine, jeune femme d’environ 25-27 ans.

Pour le projet, j’ai imaginé enregistrer un texte, qui a une impression de dialogue, et de l’écouter avec mes écouteurs pour le diffuser, lorsque je me trouverais dans une situation d’extrême proximité dans le métro. La durée de cet enregistrement ne doit pas excéder le temps d’une station de métro. L’intimité serait alors créée  par le toucher dû à la proximité, et par la tentative de création de dialogue. J’ai donc enregistré deux textes, qui sont différents seulement dans l’apostrophe, l’un dit « madame » l’autre « monsieur ».

Le texte est le suivant :
« Bonjour Madame/Monsieur,
Bonjour,
Oui Bonjour,
On ne se connaît pas,
mais on est très proche,
du moins physiquement,
Merci, Bonne journée. ».

 

Enregistré sur la ligne 13, un soir pendant le weekend, couple d’environ 28-30 ans.

Dans la situation que je souhaite créer, il me semble important de regarder la personne dans les yeux, lui faire remarquer que je ne fais pas semblant de ne pas la voir, et que je l’ai donc remarquée.

J’ai d’abord fait quelques essais en situation, et j’ai dû rapidement modifier quelques éléments : j’ai finalement diffusé mes enregistrements directement avec mon téléphone, avec les bruits du métro, personne n’entendait ma voix. De plus, le texte ci-dessus est la version finale, mais à l’origine il n’y avait ni « Madame », ni « Monsieur », j’ai pu remarquer qu’interpeler, avec ces nominations, permettait une meilleure connexion avec les personnes.

Le dispositif final de l’expérience est donc le suivant : diffuser mon texte, dans un moment de grande affluence dans le métro, éventuellement, soutenir un regard et filmer les réactions à l’aide d’une caméra dissimulée dans une poche.

J’ai réalisé l’expérience sur huit personnes différentes, pour le moment.

 

LE CONCEPT

Lors de mes recherches pour le projet, je me suis penchée sur les écrits des théoriciens de la proxémie, en particulier les ouvrages La Dimension Cachée d’Edward T. Hall et Psychosociologie De l’Espace d’Abraham Moles.
Après lecture, j’en ai conclus plusieurs choses au sujet de la proxémie en particulier et au sujet de la perception au sens plus large. Ces deux notions sont en grande partie les résultats de la culture, de la société à laquelle nous appartenons. J’ai été particulièrement intéressée par la théorie de Hall selon laquelle l’homme est senible à la chaleur dégagée par le corps d’autrui, et, selon la culture à laquelle il se rattache et réagit de manière très différente à la chaleur d’un corps étranger (qui ne lui est donc ni intime ni même familier). Cela serait peut-être dû au fait qu’il est très sensible aux variations (même faible) de température. Toujours est-il qu’il réagirait différemment selon qu’il serait Japonais ou Européen. Selon Hall, les Japonais et les Arabes auraient une tolérance beaucoup plus importante à l’entassement dans les lieux publics (par exemple le métro) tandis que les
Européens et Américains y seraient bien moins tolérants. En ce qui concerne les Européens, il paraît difficile de faire une généralité, car peut être les Français sont plus tolérants au contact étranger que les Scandinaves ou même les voisins Allemands.

Enregistré sur la ligne 2, un soir en semaine, femme d’environ 35 ans.

Par ailleurs, Hall décrit aussi les différentes sphères pour les cultures latines (intime de 0 à 45cm, personnelle de 45 à 125cm, sociale d’1m20 à 3,60m, et publique à partir de 3,60m) des distances entre les individus. Dans le cas du métro bondé la distance serait celle de la sphère intime (sphère pour embrasser, chuchoter), ce qui n’est manifestement pas le cas ici. Toujours selon Hall, le toucher serait le sens le plus personnel que nous possédions, et lors d’un contact non désiré, la peau se raidirait comme une armure. Pour mon cas personnel, je ne peux que valider cette théorie, emprunter les transports en commun (surtout pendant les heures de pointe et sur les lignes les plus fréquentées) m’apparaît souvent comme un moment des plus désagréables. L’idée d’être physiquement rapprochée d’une ou plusieurs personnes inconnues me dérange au plus haut point.

Enregistré sur la ligne 11, un soir en semaine, femme d’environ 45 ans.

En plus de ma peau comme armure, j’utilise aussi mes écouteurs, je pensais à la musique,  mais en réalité même lorsque je n’en écoute pas, je garde mes écouteurs comme armure, on ne peut pas m’atteindre, je suis ailleurs. Cependant, il arrive parfois (souvent) que dans la proximité causée par les transports, il soit possible à autrui d’entendre (écouter je ne pense pas) ce que moi j’écoute. Le langage corporel est aussi un élément important ; pour se distancier dans ce peu de d’espace, on regarde au loin. Tout le monde est conscient de la présence de l’autre, mais on s’efforce de faire semblant de ne pas remarquer sa présence, bien qu’on ne puisse nier sa présence physique.

LE RÉSULTAT

Les constats varient : majoritairement les gens entendent, écoutent plus ou moins, mais ne me répondent pas. Par exemple, une des personnes se retournait vers moi, puis détournait son regard, puis me regardait à nouveau, et ce jusqu’à la fin de l’enregistrement. Une autre de ces personnes cherchait d’où venait le son, mais évitait clairement mon regard. Une autre encore me lançait des regards furtifs, du coin de l’œil, mais semblait irritée par l’enregistrement audio. Sur les huit personnes filmées, seules trois ont eu une réponse assez positive et me souriaient.

Enregistré sur la ligne 2, un soir en semaine, homme d’environ 35 ans.

J’ai aussi pu constater que selon le moment de la journée où j’ai réalisé l’expérience, les réactions sont différentes. Il m’a semblé que les gens étaient plus froids lors de l’heure de pointe du soir. Après visionnage des vidéos enregistrées, je me suis rendue compte que j’avais des difficultés à viser avec la camera vue sa position, alors sur certaines on ne distingue pas vraiment le visage des gens, situation qui est rendue encore plus délicate avec la proximité.

Au travers de ce projet, ce n’est pas simplement la proximité et la relation avec autrui qui a été mise en valeur, mais aussi la relation que j’ai avec moi-même. Non seulement la perspective de filmer chaque video m’était pénible, ce sont aussi les réactions et le regard des gens qui m’ont mise terriblement mal à l’aise. A la fin de chaque expérience, je me depechais de fuir le wagon et d’en changer. En exposant ma voix, par le biais de l’enregistrement, mon regard, je devenais un peu aussi le sujet du projet. Il m’était souvent difficile de soutenir le regard des autres, et d’entendre le son de ma voix, qui est bien sûr différent de celui que j’entends. Cette experience a souligné ce côté très timide de ma personalité. Finalement en essayant d’exposer la relation de proxemie, j’ai dû m’exposer moi-même, certes de façon un peu détournée, vu que ce n’etait qu’un enregistrement que je diffusais et non ma voix directement.

Enregistré sur la ligne 2, un soir pendant le weekend, jeune homme d’environ 27-29 ans.

Au départ, la communication que je souhaitais créer avec les gens était la parole, je pensais qu’ils m’interrogeraient sur l’expérience et sa signification. Finalement l’outil de communication a été le regard. Je les regardais, le plus souvent avec bienveillance, et ils me regardaient eux aussi. Certains me signifiaient leur gêne, leur questionnement ou leur agacement simplement par le regard, ce qui me mettait peut-être plus mal à l’aise que s’ils m’avaient parlé. L’expression française « regarder de travers » correspond parfaitement à mon projet, certains ne se donnaient pas la peine de me regarder complètement, mais se contentaient de me lancer des regards du coin de l’oeil, synonyme de leur agacement.

Par ailleurs, à cause du fait que le texte est diffusé plus fort, le sentiment d’intimité que je souhaitais créer au départ ne me semble pas  ou véritablement retranscris en situation.
Dans un autre temps, il me semble qu’il serait intéressant d’effectuer une expérience similaire dans d’autres pays, en Amérique du Nord ou dans un pays scandinave par exemple.
Finalement, même si je me doutais que peu de gens interagiraient avec moi, je ne pensais pas que ce serait si peu.

 

Passant, souvient toi !

Article publié le : Lundi 2 janvier 2012. Rédigé par : eucharis


La mémoire collective est construite par un groupe, une société, c’est une mémoire partagée. A l’inverse la mémoire individuelle est propre à chaque individu.  L’État se doit d’entretenir le souvenir des souffrances subit par la population dans le passé: le devoir de mémoire. Par quelques des recherches j’ai pu soulever des problèmes concernant de devoir de mémoire, qui n’échappe pas à la bienséance politique…

Pour cela j’ai choisi de travail sur deux événements tragiques survenu à Paris, par la police française. La rafle du vélodrome d’hiver et la répression du 17 octobre 1961.

Vous trouverez ICI un rappel des faits.

Malgré une volonté de rendre hommage aux victimes, ses actions politiques posent problèmes. L’installation de plaques commémoratives placées « stratégiquement », des monuments aux morts déplacés des faits. Cela met en place une distance entre les faits commémoratifs et les faits historiques. Mais les faits commémoratifs (places, monuments …) sont là pour rendre hommage et garder en mémoire, mais celle-ci sont, dans leurs géolocalisations, déplacé.

En effet on peut facilement trouver des documents écrits ou photographiques montrant l’entrée du vélodrome rue Nélaton et non boulevard de Grenelle. Ainsi l’inscription « dans le vélodrome d’hiver qui s’élevait ici ». Si l’on compare les photos d’archives et l’actuelle architecture, on remarque que l’entrée du Vélodrome se situe quasi au même endroit que l’entrée du ministère de l’intérieur rue Nélaton. Ainsi certes le vélodrome s’élevait ici mais il aurait été plus juste et exact de disposer la plaque à l’entrée principale



La rafle du Vél ‘ d’hiv’ reste pour les parisiens et les français le souvenir de l’occupation Nazis et du régime de Vichy. Un symbole qui doit rester en mémoire.

De même pour l’évènement du 17 octobre 1961. En effet la plaque commémorative est certes sur l’un des ponts où s’est produit les événements mais cette plaque est mal située.

L’image la plus connue reste la photographie du graffiti « ici on noie les Algériens ». Ici c’est en face de l’institut de France, haut lieux de connaissance. Ainsi dans l’esprit populaire c’est cette image qui symbolise l’événement. Sans rien montrer du massacre, cette photographie témoigne avant tout d’une réaction politique. «  Déroulé sur une dizaine de mètres de quai, comme sur une banderole, le slogan « ici on noie les algériens » ne désigne pas seulement un acte de répression mais bien une politique de disparition systématique. Les noyades y sont dénoncées à la fois comme instrument de terreur et comme stratégie de dissimulation de la terreur. Toute la puissance d’évocation et de dénonciation du document repose donc sur la formulation et la syntaxe même du slogan, inscrit in situ, « en présence du lieu même » ; l’article défini révèle la signification masquée du massacre : ce sont bien « les » Algériens, c’est-à-dire l’idée d’une nation algérienne indépendante, que la répression entendait supprimer. »(1)

Dans mon projet j’ai tenu à remettre à sa place ses différents éléments. Ainsi le lieu retrouve une mémoire, visible de tous.

Mais je ne voulais pas passer que par l’image de la plaque commémorative, ainsi j’ai voulu ajouter une installation sonore afin d’attirer l’attention du spectateur, et redonner une voix à ces faits.

Un dispositif de projection de la plaque commémorative sur la façade du bâtiment remettrait le lieu avec les faits.

Pour la rue Nélaton, une projection sur la façade de l’annexe du ministère de l’intérieur permet de replacer la plaque sur l’entrée d’origine du vélodrome d’hiver, et faire écho avec la responsabilité de l’Etat français.

 

 

 

 

 

 

La projection n’étant efficace que la nuit, un dispositif de haut parleur disposé sur le parvis diffuserait durant la journée des pistes audio attirant l’attention. J’ai choisi comme piste un extrait du film d ‘Alain Guesnier d’après la pièce de Philippe Ogouz basée sur les récits de Maurice Rajsfus. Le spectateur est obligé de rester prés des enceintes pour écouter tout le texte.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour l’institut de France, un projecteur placé en haut de la coupole permettra de projeter la plaque commémorative sur la seine.Dans ce cas c’est donc une institution d’État qui reconnait les faits et donne à voir la reconnaissance de ces tors. Le fait de le projeté sur l’eau fait écho au graffiti « ici on noie les Algérien ».

Pour le son j’ai choisi un extrait sonore issu d’une vidéo sur le site : http://www.politis.fr/17octobre1961.com . Comme pour le précédant d’idée est d’attirer l’attention du spectateur et de le rendre attentif.

 

 

 

(1) http://www.cairn.info/revue-geneses-2002-4-page-140.htm, consulté le 25 décembre 2011.

 ANNEXES

Rappel des faits : 17 octobre 1961 et la rafle du vélodrome d’hiver.

La rafle du Vél’ d’Hiv’ – Vent printanier.

En juillet 1942, l’opération « Vent printanier » est orchestrée et effectuée par la police française alors sous le régime de Vichy. Des rafles furent organisées dans trois lieux français: Paris, Nancy, et la Marne, respectivement le 16, 19 et 20 juillet 1942. Ces rafles visaient les juifs étrangers de France. Ces rafles furent considérées comme un échec par le régime Nazi qui demandais le double d’arrestation.

Le 16 juillet 1942, 13 152 juifs étrangers dont 4 000 enfant et environ 6000 femmes, furent arrêtes et conduits au vélodrome d’hiver, rue Nélaton. Après 4 jours sans eau ni nourriture, ils sont conduits dans un camp de transit dans la Loiret. Après quelques semaines les adultes sont déportés, les enfants les rejoindront en aout. Toutes les personnes furent déportées vers les camps de concentration à l’est, majoritairement à Auschwitz.

Seul 52 rentreront vivants des camps.

En 1959 le vélodrome d’hiver de Paris fut détruit. Un immeuble d’habitation et une annexe du ministère de l’intérieur furent construits sur le même emplacement. En 1994 fut construit un lieux commémoratif nommée square de la place des Martyrs-Juifs-du-Vélodrome-d’Hiver, situé sur le quai Grenelle ainsi qu’une plaque boulevard de Grenelle ou l’on peut lire :

« Les 16 et 17 juillet 1942,

13 151 juifs furent arrêtés dans paris et sa banlieue.

Déportes et assassinés à Auschwitz.

Dans le vélodrome d’hiver qui s’élevait ici.

4 115 enfants.

2 916 Femmes.

1 129 Hommes.

Furent parqués dans des conditions inhumaines

Par la police du gouvernement de Vichy,

Sur ordre des occupants Nazis.

Que ceux qui ont tente de leur venir en aide

Soient remerciés.

Passant, souvient-toi ! »

17 octobre 1961 – Ici on noie les Algériens.

En pleine guerre d’Algérie, et sous un climat tendu en métropole le préfet de police Maurice Papon lance un communiqué le 5 octobre 1961 en ces termes :

« Dans le but de mettre un terme sans délai aux agissements criminels des terroristes, des mesures nouvelles viennent d’être décidées par la préfecture de police. En vue d’en faciliter l’exécution, il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s’abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement de 20h30 à 5h30 du matin. (…)
D’autre part, il a été constaté que les attentats sont la plupart du temps le fait de groupes de trois ou quatre hommes. En conséquence, il est très vivement recommandé aux Français musulmans de circuler isolément, les petits groupes risquant de paraître suspects aux rondes et patrouilles de police. Enfin, le préfet de police a décidé que les débits de boissons tenus et fréquentés par les Français musulmans d’Algérie doivent fermer chaque jour à 19 heures . »

Ce couvre-feu est fortement critiqué  par les syndicats, les partis de gauche, et le FLN directement visé.

Sous un appel du FLN, une manifestation pacifique est organisée le 17 octobre 1961. Environ 25 000 algérien se dirige vers les point de rassemblement (place de l’Etoile, boulevard saint Michel et les grand boulevard) vêtu de leurs habits du dimanche. Il vont devoir faire face à une répression violente et meurtrière des agents de police, obligeant certains à ce jeter dans la seine, poussés, tombés, ou fuyants; l’estimation du nombre de morts allant de 35 à 200.

La photographie « ici on noie les Algériens », prise en novembre 1961 fut publiée tardivement, au milieu des années 80, à la une du journal « L’Humanité ». Elle deviendras dans les années 1990 l’emblème des associations qui lutte contre l’oubli de ce 17 octobre et plus globalement de la guerre en Algérie.

En 2001 la maire de Paris, Bertrand Delanoë, inaugure une plaque en mémoire des Algériens tués durant la manifestation, pont Saint-Michel, au croisement du quai du Marché-Neuf, côté Seine, avec comme inscription :

« A la mémoire

des nombreux algériens

tués lors de la sanglante

répression

de la manifestation pacifique

du 17 octobre 1961. »