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Wait! Is this art?

Article publié le : Mardi 3 janvier 2012. Rédigé par : martina margini

 

Projet de détournement (artistique) des lieux oubliés de la ville

 

Peut-on croire à ces artistes qui disent qu’ils prennent inspiration de la rue ? Est-ce qu’ils marchent vraiment dans la même rue que celle où nous marchons ?

Je suis convaincue qu’un bon projet d’intervention dans l’espace public provient toujours d’idées très simples, de concepts élémentaires, qui ont un rapport avec notre vie quotidienne et les problématiques ordinaires des hommes.
Il est certain que concevoir quelque chose qui cherche à mettre en valeur et améliorer la qualité de notre espace « commun » doit forcement nous faire réfléchir sur: Quel est cet espace? Quels sont ses habitants? Comment vivent-ils ces lieux?

Je crois que pour entreprendre des démarche si vastes et bigarrées il faut avoir une façon d’opérer très directe et sincère, qui tient compte de la composition des personnes qu’envahissent tous les jours nos rues et ont différentes pensées, émotions, culture et mémoire.
L’idée qui est à la base de mon projet démarre ainsi d’une idée très naïve et ingénue.

 

 

Traces d’œuvres d’art dans la ville de Paris, la proxemique des metropoles (Paulette Phillips “Crosstalk” )

 

Un premier constat : photographier une ville inédite

En marchant dans mon quartier, souvent tournant la tête a droite et à gauche, je vois constamment beaucoup d’images intéressantes que je voudrais photographier et emporter avec moi.

Ces images sont, d’une part, révélatrices, car elles montrent des visions de la ville ignorées, mais surtout, elles me rappellent toujours quelque chose de déjà vu, un sentiment inconscient et instinctif. Elles se fixent dans mes pensées jusqu’à ce que je revienne à l’origine de ce parcours. Finalement je retrouve ainsi les raisons de mes « hallucinations » momentanées: ces images appartiennent à un ensemble d’œuvres étudiés à l’école, à l’université. Je les vois dans les livres et les magazines d’art où sur les affiches d’expositions. Alors, dans ma tête, commence à prendre forme une collection de simulacres d’œuvres, une série d’ « objets trouvés » qui lentement forment des connexions entre histoires, auteurs, rappels visuels.
J’ai commencé récemment à documenter ces scenarios urbains en prenant des photographies des ces phénomènes artistiques involontaires et spontanés qui prennent place dans la ville de Paris.

 

La localisation de mes interventions sur le territoire du 10e arrondissement, Paris

1. Man Ray
2. Daniel Buren
3. Marcel Duchamp
4. Gordon Matta-Clark
5. Mark Rothko
6. Félix González-Torres
7. Christo et Jeanne Claude
8. Mimmo Rotella

 

« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à voir avec de nouveaux yeux. » Marcel Proust

 

Ce que je ferais c’est rendre visible à tout le monde ces images, les visions dont je parlais, les présenter aux gens qui marchent tous les jours à coté et ne s’en sont jamais rendu compte. En faisant ça j’irai démystifier l’excessif élitisme des œuvres d’art contemporain et l’état d’artiste demiurge. Avec l’intention de déraciner les pièces de leur espace type, je les metterai en relation avec des « fausses imitations » repérées dans l’espace public.

 

Ce sont des petits « chef d’œuvres » qui appartiennent à notre quotidien, qui nous entourent.
Avec la double fonction de citer/remettre en question l’œuvre d’art en soi même, je dessinerai un nouveau plan de la ville habitée par des scenarios insolites, qui deviendront les différentes sections de ce musée de rue, ouvert et gratuit 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Mon désir n’est pas d’embellir la ville où de rêver de la transformer en un nouveau paradis de l’art. Mon but est de changer le regard des spectateurs, que sont les gens communs.

Depuis longtemps on a cru qu’il fallait aller visiter des grands monuments historiques où d’excentriques bâtiments des derniers architects pour connaître l’art aujourd’hui, maintenant on sait que ce n’est plus la peine… (Malheureusement ?)

A gauche: la campagne publicitaire Oui FM (Leg Agency, Paris) d’ou j’ai prix inspiration pour entraprendre mon intervention dans la ville.

 

 

« Explore museums from around the world, discover and view hundreds of artworks at incredible zoom levels, and even create and share your own collection of masterpieces. »

Google Art Project homepage

 

 

Un deuxième constat : la substance de l’œuvre d’art, aujourd’hui

Les œuvres d’art contemporain du XX siècle sont nomades et vagabondes.

On les retrouve dans la rue, dans nos maisons, invitées spéciales, dans les ordinateurs, à la télévision où à la radio, dans les transports en commun, dans l’air, fluctuantes… L’immatérialité est devenue une caractéristique clé des nouvelles tendances artistiques, ainsi que sa fluidité des semblances et son état de localisation « diffuse » sur le territoire. Les pièces envahissent le monde de façon atypique. Avec cette perte de consistance de l’œuvre on perd sa caractéristique d’unicité intrinsèque. Mais sa reproductibilité et manipulation est rendue possible par internet : on peut tous savoir sur l’art, s’approprier des œuvres et les conserver chez soi sans nécessairement aller jusqu’à l’autre bout du monde pour visiter la dernière incroyable production de l’artiste « cool ».

 

 

Témoignages du changement des tendences dans l’art contemporain: la repetition en série (Shepard Fairey​ et ses affiches Obey, 2009), la valeur du support physique de l’objet d’art (le Xerox Book, 1968), la parodie d’une icone du monde de l’art (Maurizio Cattelan et son intervention au MoMa, 1998)

 

Quelle est la valeur de l’art aujourd’hui ? N’est-elle pas qu’un fantôme du passé ? N’est-elle pas seulement un ensemble de mots utilisés par les vieux critiques d’art pour décrire l’indéchiffrable aura des grands chef-d’œuvre des maîtres d’antan ? Est-elle définie par le prix auquel le dernier Picasso a été vendu chez Christie’s ? On va lentement perdre la démarche première de l’art, son intégrité et honnêteté. La marchandisation des œuvres, la commercialisation des institutions d’arts, alimentent la naissance d’un fast-food art, un art take-away, que l’on regarde et que l’on jette. On se retrouve à visiter des expositions où les visiteurs ne savent rien sur l’art ou les artistes mais qui y vont car c’est tendance…

 

 

Breath Spray: Understand Modern Art

 

 

 

 

 

L’art, quant on peut encore en discuter, reste quelque chose d’élitiste. Il cherche à parler à tout le monde, être démocratique, mais la seule chose que le monde comprend c’est souvent sa claire incompréhensibilité.
Pourquoi le message de l’art s’est perdu ?

Il n’y a-t-il une barrière entre l’art actuel et les gens communs ? Comment pourraient-ils retrouver cette fascination perdue et recommencer à penser à l’art comme quelque chose qui n’est pas strictement élitiste ?

 

 

 

 

Un exemple d’affiche que j’ai conçue pour mon intervention dans la ville, Mimmo Rotella

 

 

 

 

 

 

Troisième constat : un détournement (artistique) urbain

En tenant compte de la force désormais massive de la publicité et des slogans publicitaires qui envahissent la ville et nous martèlent tous les jours avec leurs conseils d’achat et incroyables occasions à ne pas manquer, j’ai pensé profiter de cette méthode de communication si directe et sans filtres.

J’ai vite compris que pour attirer plus facilement l’attention des gens dans leur cheminement, il fallait inventer des slogans, des phrases avec un impact fort, des épithètes paradoxaux. Il fallait ainsi imprimer ces billets sur un support léger et éphémère, facilement affichable aux murs. C’est pour cette raison que j’ai opté pour des impressions sur simples feuilles A4 horizontales. Je n’utiliserai pas les originales de mes posters mais toujours des photocopies car elles sont symboles de copie, de fake, de falsification, d’exemplaire dupliqué en cohérence avec cette galerie urbaine d’œuvre d’art trouvées : une ressemblance entre « œuvres ».

 

 

 

 

Photos de la mise en oeuvre du projet dans l’espace urbain, Marcel Duchamp

 

 

 

 

 

 

La mise en oeuvre

Chacun de ces posters photocopiés aura sa place spécifique dans la ville : ils se trouveront juxtaposés aux scenarios urbains auxquels ils font référence. Je fixerai les affiches de façon à ce qu’elles puissent entre vue en même temps que leur dupliqué dans la rue, en perspective. Dans la plupart des cas, je chercherai à laisser les posters fixés aux murs, comme si c’était une véritable intervention de street art, et documenterai l’action avec des photos des différentes prises de vue.

 

 

 

 

Conclusions

Je suis de l’opinion que ce sujet de recherche esthétique sur la ville peut être développé de différentes façons. En partant avec ce petit groupe d’images je pourrai élargir ma « galerie » et aller explorer d’autres quartiers, d’autres scenarios de la ville, documenter tout ces images avec des photos et les collecter. J’aime l’idée de transporter et décontextualiser l’idée de musée dans l’espace urbain, créer des situations de dépaysement des spectateurs en plaçant des dispositifs propres aux institutions culturelles dans la rue à côté d’objets (apparemment) sans valeur. On pourrait penser à localiser des adhésifs qui annoncent la présence d’un audio guide, des signaux qui mettent en garde des spectateurs pour ne pas s’approcher trop de l’œuvre, des sons pour décrire l’objet provenant d’une source inconnue. Il y a différentes façons de mettre en pratique ce concept, qui sur le papier pourrait aussi bien devenir le « catalogue d’une exposition qu’on ne verra jamais », « un musée pour les pauvres » (c’était une de mes premières idées…), « un musée illogique/impossible ».

 

 

Pour l’instant je continue toujours à ajouter des pièces à mon répertoire, chaque jour plus riche. Certaines y restent pour longtemps…d’autres sont très passagères…

 

Sources d’inspiration

J’ai toujours été fasciné par le monde de l’art urbain et ses infinies formes d’expression. Je trouve que ces artistes, qui décident d’utiliser la ville comme leur galerie, constituent une mine d’or pour la transmission de nouvelles et fraîches idées, ne manquent pas de courage dans leurs fréquents renvois à la critique sociale, politique et culturelle. Je cite juste quelque projets récents pour, visuellement, rendre compte de cette pratique (tout à fait diffuse dans les villes aujourd’hui) de manipulation et réinterprétation de l’espace public. Il s’agit souvent d’interventions in situ qui visent à matérialiser dans la rue des objets qui ne font pas originairement partie de cet endroit, où qui viennent de notre quotidien mais qu’on n’est pas habitué à voir dans ce contexte. Ils ouvrent une communication et créent des liens entre scenario urbain, objets et subjectivité des spectateurs : à travers de simples associations d’idées et images ils reconstituent des paradoxes visuels.

Avec mon projet, je veux aussi aller explorer ce territoire artistique, mais sans utiliser des objets d’utilisation commune mais des œuvres d’art contemporain.

Projets artistiques dans des lieux publics par OakOak, Spy, La ligne – Parcours de santé sur aménagement urbain (Strasbourg, Citadelle Laiterie)

 

Dans la galerie photographique suivante vous trouverez tous les photos relatives à la conception, élaboration et mise en oeuvre du projet, tout commentaires sont les bienvenus!

 

 

Sources

www.googleartproject.com

www.the-vibe.co.uk/2011/04/03/a-guide-to-understanding-modern-art

www.leg-agency.com

http://detournementurbain.centerblog.net

Exposition vidéo « L’oeil sur les rues » – Art vidéo et fragments de vie urbaine, La Villette (18 Octobre 2011 – 15 Janvier 2012)

La ligne – Parcours de santé sur mobilier urbain – http://www.dailymotion.com/video/xj2a2j_la-ligne-parcours-de-sante-sur-mobilier-urbain_creation