PHOTO-MATÓN

JE TE REGARDE DONC JE SUIS, MaHo

PHOTOMATÓN MARIAN 12195

María Alejandra Holguín (MaHo) – Porteuse du projet         Photo-matón sur la thématique de l’uniformisation de l’identité.

Cabine mobile Photo-matón mobile – Installation Itinérante     Envisagée à Saint-Denis (2016), à la MIE-Bastille (2016), à l’Hôtel de Ville (2016), à la Place de la République et  l’Université de Paris 8 (2017), ainsi que d’autres institutions en France et à l’étranger.

 

SOMMAIRE 

  1. Introduction du projet – Directrice artistique
  2. Objectif du projet
  3. Entretien avec l’artiste MaHo: Faire semblant de se ressembler. 2.1 Genèse  2.2 Définition du terme Photomaton et Photo-matón  2.3 Analyse du titre 2.4 l’importance du mots matón face à la justice
  4. Définition spatiale et relationnelle : Différenciation des espaces du Photomato­­­­­n et du Photo-matón.
  5. Concept scénographique
  6.  Étapes – Construction du projet des photomaton aux photo-matóns
  7.  Étapes – Documentation iconographique
  8.  Appel à Participation – Cabine Photo-matón mobile
  9. Étapes de Documentation – Interviews et Témoignages In Situ
  10.  Calendrier du projet et des expositions 2017
  11. Conclusions

 

INTRODUCTION DU PROJET 

« Loin de cette image qui opposerait une pratique artistique pensée comme transcendante à des démarches administratives relevant d’une pure banalité, la pratique artistique de MaHo attire notre attention dans ce qui a priori semblerait lointain d’une réflexion créative. Quels peuvent être les liens possibles entre l’art contemporain et la bureaucratie? L’intérêt de ce projet réside dans la capacité de cet artiste à guider notre regard vers des directions auxquelles on ne s’y attend forcément pas. Que peut donc en découler, artistiquement parlant, de formalités judiciaires, de files d’attente interminables, de colonnes de dossiers et d’archives, de tampons, de rendez-vous? Photo-matón nous emmène donc à puiser dans un monde dense, répétitif et banal qu’est le processus administratif, pour aboutir à certaines réflexions de caractère politique et social non négligeables.

   Ce projet part d’un vécu personnel, d’une traversée bien plus complexe que celle des océans: celle d’un immigrant, d’un être nomade, et la construction de celui-ci dans un territoire lointain, de même que les obligations qui en découlent afin d’acquérir une légitimité civile dans ce nouveau territoire, impliquant ainsi des expériences quasi atemporelles de cet être dans les confins de la bureaucratie. Cette réflexion part donc de l’expérience d’une perte identitaire au sein du dispositif bureaucratique et judiciaire européen, en partant d’un détail (la photopgraphie d’identité “conforme” et surtout conformiste) pour aboutir à des questionnements importants concernant l’identité et la valeur humaine de chaque être. Le paradoxe ici réside dans le fait trouver de l’art là où il n’y en a pas (a priori). L’installation Photo-Matón, conçue comme un Gesamtkunstwerk (“œuvre d’art totale”), fonctionne comme une fabrique à nouvelles identités invitant à se dépouiller de cette identité imposée pour proposer une réappropriation et un empowerment du sujet. Comment donc jouer avec cette uniformisation imposée par la photographie d’identité? L’artiste non seulement se livre au jeu du « je », au détournement de sa propre identité (par la mise en question de la mise en scène de soi), mais propose au spectateur de se livrer lui même à ce jeu. Il s’agit non seulement d’une œuvre à caractère participatif, d’une invitation à la prise de conscience de ce dispositif de pouvoir aussi puissant qu’invisible. L’automatisation de l’image et de l’être est ici mise à défaut, la question de l’image photographique en tant qu’archive mais aussi en tant que dispositif de surveillance. Dispositif qui nous fait penser au concept de système de vigilance panoptique de Bentham développé par Michel Foucault dans Surveiller et Punir, pour penser les dispositifs de surveillance et de contrôle dans nos sociétés. En s’inspirant de Muntadas, ou de Barbara Kruger, MaHo emmène le spectateur vers une réflexion sur notre société contemporaine et l’un de ses enjeux les plus importants: la surveillance de masse comme mécanisme de pouvoir et comme dispositif de contrôle. La photographie d’identité en apparence “innocente” mais qui se pose en tant que phénomène inconscient de standardisation. La prise de photographie de soi dans le Photomaton semble être donc un acte simple et banal, qui cacherait derrière lui une symbolique violente de répression et de soumission. L’être rentre de façon inconsciente dans une logique de perte de soi, de son image, de ce qui lui est inhérent. L’essence de l’être ne deviendrait ainsi qu’un regard vide.

Le résultat de ce projet culminera avec une série photographique représentant les sujets photographiés en à l’échelle 1:1. Par le biais d’un éclairage qui ferait penser au portrait de Sacre, se déroulera une métamorphose: celle d’un sujet qui fut auparavant contraint de respecter des consignes provenant d’un automate (la voix du Photomaton et les règles imposées par celui-ci) devenant à son tour un être pensant esthétiquement sublimé. Dans une esthétique qui oscille entre les séries photographiques de JR et les portraits de Sacre du Cinquecento, MaHo représente des sujets non pas contrôlés, mais désormais sublimés. L’intérêt de ce projet réside de même dans la manière dont se déroulent les prises de vue. Loin de créer une distance auteur/sujet photographié, MaHo tentera de privilégier un maximum d’interactions possibles avec ses sujets photographiés, en leur donnant eux-mêmes une prise de parole permettant d’ouvrir le débat concernant leur vécu et leur ressenti face à cette expérience, contact direct qui semblerait être essentiel dans cette interaction artiste/spectateur dans une notion proche de l’art relationnel. En effet, l’artiste tente ici d’humaniser le spectateur par le portrait.  Par cette intéraction, le spectateur devient donc à son tour un acteur de réflexion par rapport à ce qui l’entoure. Acteur de réflexions, d’interactions humanisantes qui l’emmèneraient à penser son statut dans la société qui l’entoure. D’autant plus que le dispositif photographique est ici détourné, les mécanismes de contrôle par l’archivage photograpique sont transformés en portraits visuellement poétiques, qui ont pour but de sauver des sujets de l’oubli, en les intégrer dans une mémoire artistique.

Ce projet est par essence itinérant: il tentera de privilégier des interactions dans l’espace public, notamment dans des endroits qui représentent symboliquement des lieux de rassemblement emblématiques, pour considérer une façon alternative de repenser les interactions et le débat social. Ainsi, l’installation est conçue afin d’être mobilisée dans différents endroits; il s’agira ainsi d’une oeuvre en constant mouvement, invitant ainsi le sujet photographié à se mobiliser, et à se déplacer dans divers espaces. Photo-Matón se pose donc comme une invitation au mouvement afin de privilégier la pratique artistique dans son engagement social et politique. La question de l’espace public étant ici essentielle pour penser la pratique artistique contemporaine, dans ce cas mise au service d’une réflexion sociale concernant la standardisation et le régulation de l’Homme. Un art plus humain, réfléchi et ouvert au monde. L’artiste photographe se livre ici à une volonté de sublimation d’un individu considéré comme anonyme, par le biais du dispositif photographique. Il s’agit en effet d’une attaque visuelle contre l’anonymat, l’uniformisation, et les dispositifs de surveillance et de contrôle par des procédés de création de données et d’archives. Penser la photographie et l’art en général comme une alternative essentielle afin de penser le monde qui nous entoure, notre essence, notre corps, notre être, en revenant à une vision artistique ontologique, à l’instar d’artistes tels que Joseph Beuys ou le mouvement Fluxus, ou de poètes tels que Friedrich Von Schiller. Beuys rejoint cette idée de Shiller d’un art qui “s’initie à la morale et à la politique », et cette idée d’« harmonie, liberté politique et paix sociale comme but ultime de la création artistique ». Le beau selon Schiller concilierait la nature et la culture, harmonie qui serait le « prélude éducatif de l’harmonie sociale et politique ». 
                                                                                                                                                Photo-Matón, par ce concept de métamorphose de l’être par le dispositif photographique, pose donc au spectateur des questionnements concernant la notion d’identité, de pouvoir, de contrôle, de contrôle de l’individu et de son identité par des mécanismes de pouvoir, et surveillance et d’archivage. Ce même contrôle qui emmènerait peut être à la perte d’une identité construite par soi même. Un processus d’uniformisation invisible mais très puissant qui nous emmène à penser le dispositif administratif en tant que mécanisme de pouvoir. Quel meilleur moyen que la photographie pour y résister: «L’obscénité est dans l’hypocrisie des lois, l’abrutissement psychologique de la masse soumise, la limitation des mouvements de la chair au sein du champ social, la culture de la peur et de l’insécurité, l’étouffement planifié de l’expérience, l’infinité de technologies qui perpétuent l’autorégulation et la discipline de foules fascinées par le spectacle de leur asservissement et la promesse d’une félicité nouvelle ». (Antoine D’agata, Anti-corps) »  Laura Camargo

2. OBJECTIF DU PROJET

Retracer le cheminement de la représentation de l’identité via le Photomaton dans la perspective de développer ses enjeux.

1 – Susciter et développer la rencontre entre plusieurs cultures pour distancier et élargir le regard porté par le spectateur sur la représentation de son identité.

2 – Elaborer le choix d’une série photographique de portraits représentatifs du public le plus large afin de renforcer un dialogue interculturel (par exemple, les étudiants de Paris 8 viennent des nombreux pays) et interinstitutionnel (ils sont confrontés quotidiennement aux institutions administratives les plus diverses).

3 – Concevoir un espace d’exposition qui permette rencontres et échanges. Développer pendant le temps de l’exposition toutes les initiatives et les actions permettant un dialogue et une réflexion communs entre les publics et les institutions sur l’imaginaire collectif, la création artistique et leur mise en résonance avec le tissu social.

3. Entretien: Faire semblant de se ressembler avec la participation de Marie-Jeanne Péraldi et MaHo.

2.1 MJ – Quelle a été la genèse de ce projet ?

MaHo – Depuis 9 ans (date de mon arrivée en France) à travers les multiples procédures administratives d’obtention de mon titre de séjour annuel, j’ai vécu un processus d’uniformisation identitaire. Pour y faire face, j’ai conçu une stratégie de détournement de la représentation de l’identité.

Photo-matóns MaHo

SÉRIE PHOTO-MATÓNSAUTO-PORTRAITS MaHo, Cabine Photomaton, Paris.

0 PHOTO-MATÓN ORIGINAL

2.2 Genèse et définition du terme Photomaton et Photo-matón 

MJ –  Pourquoi séparer les deux termes?

MaHo – Pour préciser les deux notions (photo /maton) et leurs enjeux ainsi que leurs variations sémantiques en fonction de leurs contextes d’utilisation.

Regardons la définition étymologique et sémantique du Photomaton et du Photo-matón.

Photomaton est le nom d’une marque déposée, plus précisément, d’une société française qui détient le droit d’exploitation automatisé de la photo d’identité depuis 1936. Dissocier le titre de ce nom commercial, en deux notions distinctes  m’a permis de remettre celles-ci en question :

  • Photo : fait appel à la désagrégation de la photographie. L’étymologie de ce concept peut se retranscrire comme : « l’écriture de la lumière » et dans sa signification littérale : « peindre avec la lumière ». Son utilisation comme medium de représentation nous confronte fréquemment et (in)consciemment à un paradoxe : par exemple, celui d’une identité annihilée par le processus même utilisé pour la dévoiler avec la plus grande authenticité.  D’ailleurs, si en photographie la représentation de l’individu doit être fidèle à son image (portrait), avec le  procédé du PHOTOMATON la prise de vue est régis par de règles de mises en CONFORMITÉ et donc d’UNIFORMISATION. Or, mes Photo-matóns sont des autoportraits quelque soit le medium choisi pour les réaliser. Afin de (se) rendre compte de/du détournement de l’acte de représentation de l’identité, je choisis l’écriture automatisée ou pas de la lumière – comme méthode de communication – lors de la fixation photographique des gestes.

Concept photos d'indentité cabine Photomaton

  • Le détournement du terme  MATON  en français (FR) en Matón en espagnol (ES) est un passage obligé pour interpeller le public sur sa polysémie parfois antinomique lors de : son usage dans l’une ou l’autre langue et dans le cas de figure d’une assignation faite à un individu. L’accent tonique espagnol sur le mot matón est ici le trait qui relève la dualité du sens de ce mot. Cette démarche nous rappelle, parallèlement, l’écart  de toute représentation « conforme » d’une identité à ce qu’elle est censée représenter. Plus précisément : elle questionne la normativité de l’identité institutionnelle et sa réception par les agents de l’institution. Dans cette perspective se révèle le caractère subjectif/objectif du jugement et l’assignation identitaire à un groupe, un territoire, etc. Par exemple lorsque la représentation « attribue » et « désigne » une posture « propre à » : un assassin, « un Matón » (en ES)  ou un « Maton », gardien de prison (en FR). Un même individu, deux attributs antagonistes et différents basées sur une hypothèse  à caractère potentiellement stigmatisant pour les individus.

Analyse TITRE PROJET

 2.3 MJ – Pouvez-vous illustrer votre Analyse du Graphisme du Titre du Projet ?

MaHo – Ma démarche artistique a été intimement liée à cette relation entre une recherche d’un point de vue phonétique et  un recherche sur l’identification de la police par logiciel de reconnaissance selon modèle type.

PHOTO-MATÓN => INSTALLATION – CABINE MOBILE

PHOTOMATON => CABINE PUBLIQUE

2.4 MJ –Quelle est l’importance du mots matón face à la justice ?

MaHo – Cette questionne est emblématique des conformismes imposés de la représentation identitaire institutionnelle. Elle est au centre de  l’installation Photo-matón dans la mesure où – c’est une expérience tant de fois vécue – pour être admis dans un cadre d’identification, il faut se mouler dans des consignes, adopter une posture uniforme et porter une identité latente trop souvent réductrice. La prise de contrôle, le façonnement de l’identité sont régis par une Institution qui prétend, certes, accorder des droits et des devoirs, mais au prix d’une normalisation. Quel est le prix à payer pour ce droit d’accès à… l’uniformisation ?

Si les Droits de l’Homme stipulent que nous sommes libres, quelle est donc cette liberté ? Puisque, dans le cadre administratif la liberté de circuler (Article 13[1]) est contrainte par tant des frontières. La définition d’un concept est donc une chose et son exercice, au final, une autre. Ainsi, le détournement du terme mat(ó)n peut-il mettre en lumière des réalités et des vécus antagoniques selon le contexte où il s’inscrit, la personne qui l’incarne et la façon dont celle-ci se perçoit.

 

[1] Déclaration universelle des droits de l’homme, Nations Unies : « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat.  2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays », http://www.un.org/fr/documents/udhr/#a13

 

DÉTOURNEMENT DU LOGO PHOTOMATON

 

3. DÉFINITION SPATIALE ET RELATIONNELLE  

Différenciation des espaces : Du Photomaton au Photo-matón

MJ –Quelle est la difference entre la Cabine Photomaton et Photo-matón?

MaHo – LA CABINE : PHOTOMATO­­­­­N D’IDENTITÉ est d’après moi le design d’un espace de type « sociofuge », voué à une communication minimaliste et froide favorisant l’isolement des individus. Leur implantation est devenue commune et s’est étendue à l’échelle de la ville. Son système d’identification est omniprésent et ses consignes sont tolérées, voire acceptées par tous. Des consignes, à consonance autoritaire, dictées afin de suivre toutes les étapes nécessaires à la production des photographies d’identité mais plus précisément à obtenir des portraits conformes à la loi. Des notions d’oppression, d’uniformisation et dépersonnalisation sont latentes dans ses messages subliminaux.

ARTICLE – NOUVELLE CABINE PHOTOMATON

VOIX OFF CABINES PHOTOMATON PARIS DOCUMENTATION UNIFORMISATION

Au contraire LA CABINE PHOTO-MATÓN est la

Conception d’un espace à caractère « sociopète », favorisant la communication et la participation d’un individu avec une sphère collective, et vice-versa. Le détournement des consignes validant normalement la conformité des portraits permet de mettre en valeur :

1) l’importance de la prise de conscience de cette réalité d’uniformisation

2) la liberté d’expression qui témoigne la non-conformité face à cet ensemble de consignes coercitives.

3) la volonté de refuser les représentations imposées par une Institution, qui effacent les traits de personnalité caractérisant tout individu.

4) la mise en scène de son identité dans la création des (auto) portraits par la déconstruction du contenu et du caractère subliminal des ces messages, le passage d’une posture individualiste/passive à une posture collective/active.

PHOTO-MATÓN MOBILE ARTISTE MAHO 2016-2017

 

MJ – Les Photo-matóns s’inscrivent-t-ils dans le processus de dénonciation du système de représentation de l’identité, de son échec?

MaHo – Oui. Les Photo-matóns évoquent une défaillance d’un système, qui n’a aucun dialogue ni approche humaine lors de la prise de vue et, plus durement encore dans le traitement deshumanisant de celle-ci par l’administration.

MJ – Comment ?

MaHo – Le fait de reprendre en main leurs statuts et leurs droits est une réponse évidente des participants, voire une réponse active, sur le mode contestataire. Peut-on donc considérer que nous sommes une œuvre d’art totale selon les préceptes de Beuys, par exemple, qui exaltait l’existence d’un art pour tous ?

4. CONCEPT SCÉNOGRAPHIQUE

MJ – Quelles sont les principales caractéristiques de la scénographie que vous avez envisagé pour Photo-Matón ? 

MaHo – Avec Anna Sanuy (scénographe du projet) nous avons traité/détourné les notions des temporalités, du conformisme et de l’absence de réflexion des individus.

« La scénographie qui met en espace cette exposition traduit le propre vécu de l’artiste MaHo. En effet la structuration des espaces et le parcours du public sont définis par ses diverses expériences auprès de la Préfecture de police ainsi que par ses réflexions sur l’Identité. Ainsi nous insisterons sur les notions d’attente, de parcours lent… Afin d’atteindre l’installation située au centre de la scénographie, le public est contraint de défiler autour dans une déambulation étriquée et monotone. Cette disposition spatiale permet de transmettre, directement via les visiteurs,  les messages traités par l’artiste : la temporalité, le conformisme et l’absence de réflexion exigés des individus.

Une ambiance sonore ponctue et cadence le parcours imposé au public. Des voix-off enregistrées lors des prises de photomatons sont diffusés à basse tonalité tout au long du parcours. Comme des murmures lourds, elles dictent aux visiteurs différentes règles à suivre, afin d’être considérés comme conformes à une certaine image » Anna Sanuy

SCÉNOGRAPHIE PROJET PHOTO-MATÓN MOBILE MAHO -5

ANALYSE SCÉNOGRAPHIE INSTALLATION PHOTO-MATÓN 1-1 ANALYSE SCÉNOGRAPHIE INSTALLATION PHOTO-MATÓN 2

ANALYSE SCÉNOGRAPHIE INSTALLATION PHOTO-MATÓN 3

ANALYSE SCÉNOGRAPHIE INSTALLATION PHOTO-MATÓN 4

5. ÉTAPES DE LA CONSTRUCTION DU PROJET

  • Conception de la cabine Photo-matón
  • Conception de la cabine Photo-matón mobile   Mobilisez-vous | PHOTO-MATÓN MOBILE
  • Recherches des contributions financières publiques et privées qui permettront de déterminer le nombre de séries photographiques exposées, le choix de la scénographie et la logistique spécifique à chaque lieu.
  • Conception des espaces d’exposition en Île de France et à l’étrager (Colombie).
  • Élaboration conséquente de scénographies spécifiques.
  • Mise au point et finalisation de la logistique générale de l’exposition (dates, itinérance et modalités de présentation).
  • Remaniement du parcours scénographique et du choix des œuvres de l’exposition Photo-matón
  •  Volonté de soumettre également le dossier de candidature au festival Creart’up au mois de novembre 2016. Dans le cas où le jury intègrerait le projet à sa programmation, une série de photographies serait également exposée dans le cadre du festival, au mois de Mars 2017.
  • Appel à participation (Affiches/flyers/réseaux sociaux: Facebook/Twiter/Instagram)

DÉCLINAISON – AFFICHES PHOTO-MATÓN

DÉCLINAISON - AFFICHES PHOTO-MATÓN-1

7. ÉTAPES – DOCUMENTATION ICONOGRAPHIQUE

DEMARCHES DE DOCUMENTATION DES PHOTOMATON AUX PHOTO-MATÓNS

  • Prise de contacts avec un public qui fréquentent régulièrement les Institutions administratives demandant des photos d’identité, ex : La Préfecture de Police.
  • Communiquer avec ce public sur PHOTO-MATÓN et la démarche artistique de MaHo pour l’inviter à participer au projet ainsi qu’à la réalisation d’(auto) portraits.
  • Obtention auprès de chaque participant des autorisations nécessaires[1] à l’exploitation publique de la documentation iconographique réunie (**) :
  • Portrait de type PHOTOMATON conforme aux consignes pour l’établissement et/ou le renouvellement des documents officiels[2]
  • Portrait de type PHOTO-MATÓNS issu du concept du projet PHOTO-MATÓN[3].
  • Tous les documents iconographiques (photos-vidéos) collectés seront intégrés à l’installation PHOTO-MATÓN sur chacun des lieux d’exposition prévus en France et à l’Étranger. À partir du mois de avril-mai 2017. Dates et lieux d’itinérance à définir.

[1] Les participants au projet donne par écrit leur accord de participation et renoncent aux droits à l’image. Pour cela, ils doivent remplir obligatoirement l’autorisation de libre exploitation et diffusion photo/vidéo (**) avant de réaliser la prise de vue de leur (auto) portraits (dans des cabines de type PHOTOMATON ou lors de l’installation de la cabine PHOTO-MATÓN à Paris 8 par exemple).

[2] Dans ce cas, le scan réalisé sur place de chaque photo d’identité Photomaton sera considéré comme une contribution symbolique au projet.

[3] Le cout de réalisation et d’impression de chaque portrait « Photo-matón » sera prise en charge par l’association ARTCHITEK.

8. APPEL À PARTICIPATION

L’artiste MaHo est en contact avec différents services de communication des lieux et organismes éducatifs (lycées, universités, écoles, centres de ressources pédagogiques, etc…, à Paris) et culturels (Archives Nationales) concernant la diffusion des informations liées au projet. Tous les renseignements autour de Photo-matón seront accessibles également sur les réseaux sociaux (Facebook, twitter, Flickr) et divers blogs.

DÉCLINAISON – AFFICHES PHOTO-MATÓN

DÉCLINAISON - AFFICHES PHOTO-MATÓN-1

DEMARCHES DE COMMUNICATION PROJET PHOTO-MATÓN -1 DEMARCHES DE COMMUNICATION PROJET PHOTO-MATÓN -2 DEMARCHES DE COMMUNICATION PROJET PHOTO-MATÓN -3 DEMARCHES DE COMMUNICATION PROJET PHOTO-MATÓN -4 DEMARCHES DE COMMUNICATION PROJET PHOTO-MATÓN -5

9. ÉTAPES DE DOCUMENTATION ET TÉMOIGNAGES IN SITU

Interview SAMIRA Office de tourisme Projet PHOTO-MATÓN Mobile MaHo

Interview Mireille Luc et Evelyne Mazino Photo matón

Lieux d’implantation

LIEUX D'IMPLANTATION PROJET MAHO PHOTO-MATÓN MOBILE -3 LIEUX D'IMPLANTATION PROJET MAHO PHOTO-MATÓN MOBILE -4

PHOTO-MATÓN MOBILE

PHOTO-MATÓN MOBILE 1-1PHOTO-MATÓN MOBILE -2 PHOTO-MATÓN MOBILE -3

Autres démarches de documentation

LIEUX D'IMPLANTATION PROJET MAHO PHOTO-MATÓN MOBILE -2LIEUX D'IMPLANTATION PROJET MAHO PHOTO-MATÓN MOBILE -1

10.CALENDRIER DU PROJET PHOTO-MATÓN

2016

1) RDV : Place de la République (Lieu emblématique de rassemblement)

Uniquement les Week-end

Dimanche 5,12, 19 juin

2) RDV : Place, Musée Pompidou

(*) Tous les Mercredis de 9H à 20H du 1er MAI au 29 juillet

y compris le jeudi 14 juillet (Jours de l’Independence de France)

3) RDV : MIE – BASTILLE

21 juin 2016  à partir de 16h00

INFO PRATIQUES :

Expo dans la galerie, le 21 juin 2016  à partir de 16h00

La MIE est ouverte du lundi au vendredi de 10h à 22h et le samedi de 10h à 19

4) RDV : Forum de rentrée à l’Hôtel de ville (6-7-8 septembre 2016)

CALENDRIER DES EXPOSITIONS 2017

2017

VERNISSAGE ET INSTALLATION PHOTO-MATÓN (Courant Mai 2017)

  • UNIVERSITÉ DE PARIS 8
  • Archives Nationales (Demande en cours)

11. CONCLUSION

De la conception d’une idée à la concrétisation de l’installation artistique, il y a différentes phases (recherches, documentation conception, production, réception)  que l’artiste doit prendre en compte. Toutes ces étapes sont indispensables et chacune est nécessaire à l’avancé du projet et à sa mise en oeuvre.

Matérialiser un concept créatif, quelque soit sa portée, demande une implication relevant de la motivation de l’artiste mais également un travail approfondi sur des questions diverses liées à la production, la sécurité, la technique et surtout les demandes administratives.

La confrontation à ces nombreuses contraintes et leurs résolutions est un apprentissage intense pour une personne souhaitant intervenir dans un espace habituellement neutre et non engagé. Mais il est très intéressant de connaitre ces problématiques car un artiste peut s’en servir pour les utiliser afin d’enrichir le projet.

Parmi ces contraintes, je me suis rendu compte que celle du temps était la plus difficile à tenir. Chaque étape réclame le respect d’un planning précis, dans un temps défini. De plus, l’opportunité de pouvoir présenter le projet à des commissions, lorsque celui-ci sera abouti, m’a demandé une travail plus en profondeur devant témoigner d’une démarche plus exigeante auprès des institutions concernées.

Ma démarche d’aller à l’encontre du public afin de valider tout d’abord leur intérêt face à ce projet faisait partie du processus créatif et était également un choix dans ma méthodologie de travail.

Une intervention artistique n’est pas seulement question de présenter un projet de manière physique/matérielle dans un lieu déterminé, c’est aussi une facon de confronter directement le public au concept créatif et ainsi interpréter ce qu’il ressent pour analyser leurs posture critique. Le témoignage du public est une manière de constater la valeur et l’intêret que peut dégager ce projet à long terme. Cela permet aussi de mettre en valeur le degré d’engagement des personnes interpellées et leur implication active dans la future mise en place de Photo-matón.

Les diverses interprétations, les critiques et les questions soulevées par les passants lors des échanges sur l’oeuvre sont une source supplémentaire de réflexions, afin de perfectionner la mise en oeuvre et enrichir les démarches entreprises.

Ces rencontres permettent également d’élargir un réseau de potentiels acteurs du projet, qui peuvent diffuser l’appel à participation à travers différents supports  et méthodes de communication.

 

 

 

 

« La controverse comme stratégie d’intervention artistique dans l’espace public »

 

  1. Qu´est-ce que ce la controverse ?

La controverse est selon l´une de ses définitions une « discussion suivie sur une question, motivée par des opinions ou des interprétations divergentes ».[1] Un addenda spécifie qu´elle apparaît comme « l´Art de discuter les questions religieuses; traité où est élaboré et enseigné cet art ». De cette façon, la controverse peut aussi opérer comme un événement de débat public, comme l´art de discuter des questions non seulement religieuses mais politiques et sociales y compris des sujets tabous. Dans le champs artistique, il s´agirait donc de dénoncer comment les discours religieux, dogmatiques, éthiques, etc. influencent – avec des injonctions souvent contradictoires – l´inclusion ou l´exclusion, absolvent ou assassinent, valident ou censurent des individus.

Le questionnement du langage repose sur la volonté d´instaurer des ruptures idéologiques, non seulement en tant que geste d´un artiste, mais aussi, en tant qu´acte citoyen. Il s´agit alors de mettre à l´épreuve son besoin de (ré)agir face à une réalité, par une démarche et une stratégie authentique, même si de réception controversée, qui fait parler et réagir les individus qui y sont confrontés. À cet égard l´œuvre comme génératrice d´émotions peut susciter une réponse polémique (refus plus ou mois violent voire rejet comme ce le cas d´Erik Ravelo avec sa production « The Untouchables »), la concertation ou bien l´interaction.

  1. L´artiste peut-il se servir de la controverse comme de n´importe quelle moyen de communication – du type publicité par exemple- pour obtenir statut et reconnaissance?

Pour appréhender la complexité d´une situation, tel Ai Wei Wei, Erik Ravelo et Paul McCarthy, l´artiste recourt à la polysémie dans sa création: tant cognitive que sensorielle c´est-à-dire, qu´à travers sa démarche artistique, il élargit les champs d´exploration et de compréhension de ce qui lui est donné pour réalité et véracité.

L´artiste a le rôle de (re)créer une mise en scène pour véhiculer un message dans un espace public/privé. Utilisant dans sa démarche les jeux de rôles (production d´images, recours au techniques du marketing dans le cas de McCarthy par exemple) il s´autorise à intégrer les institutions pour y parvenir.

Or, Ghislaine Del Rey évoque que les artistes du Fluxus par exemple, « interrogeront le médium qui est le critère de validité et de pertinence du projet artistique, ainsi que la vision linéaire et normative de l´histoire de l’art (…) pour concevoir les choses dans leurs relations et leurs rapports nécessaires, c´est-à-dire restituées dans leur contexte (…)»[2].

III. Comment s´origine alors la controverse et quelles sont les conditions nécessaires de surgissement de celle-ci ? Quelles sont les démarches menées par les artistes et leurs stratégies ?

A). Dans un premier temps la controverse surgit quand les artistes démythifient une information, un événement ou une vérité faisant loi. L´artiste s´efforce ici d´acquérir une expertise dans le champ où il veut intervenir pour démythifier/démystifier ce qui pour sa société est considéré comme une « vérité absolue », incontestable. Il peut alors jouer le rôle de décodeur de l´information pour remettre en question une société subordonnée, notamment à un intégrisme économique dans le cas de l´artiste chinois Ai Wei Wei avec sa démarche contestataire et sa stratégie d´activisme social et politique vis-à-vis le régime chinois – qui lui surveille en permanence, lui a privé de son passeport en 2011, lui interdit d´exposer dans son pays, etc.-.

Son travail sur la réalité témoigne qu´il est en droit de se méfier de ce qui lui est donné comme « réel », d´instiller le doute, le vacillement du regard et de la pensée chez le spectateur, car le vécu in situ, peut déjà être considéré comme une fiction, comme une réalité préfabriquée par les médias. Or, dans l´art contestataire la véracité du message est remise en question, par exemple à travers l´ironie ou la richesse documentaire (séisme meurtrier du Sichuan le 12 mai 2008) révélant que cette fiction, est le résultat d´un décor. D´un décor construit par un « appareil idéologique d´état[3] », qui aboutit à ce qu´une stratégie soit élaborée et mise en œuvre pour être perçue comme « vraie ».

mgb14_plakat_aiweiwei_media_gallery_res« (…) Depuis 2008 je recherche la vérité, par respect pour les victimes du séisme et pour qu´on ne les oublies jamais. J´ai lancé une appelle pour qu´on retrouve les noms des disparus. C´est devenu un acte citoyen. C´est une premier dans l´histoire de la Chine. On a réussi à trouver le nom de plus de 5000 victimes. Les autorités ont en pris prétexte pour fermer mon site d´internet et m´accuser de subversion. C´est une raison de plus pour continuer à relayer ces informations. Ce sont des vérités toutes simples, mais dans une société comme celle-ci, elles sont considérés comme dangereuses. Je ne suis pas un homme politique, juste un artiste qui a envie de dire certaines vérités. C´est essentiel pour moi, entant que personne »[4].

B). Dans un deuxième temps, quand les artistes requalifient l´usage du langage, ses codes et conventions sociales.

L´artiste questionne son statut et donc sa légitimité à travers la mise en place, le mode de réception et de diffusion de son œuvre, en la considérant non comme un objet mais comme une étape d´un processus démocratique à partir duquel remettre en cause l´existence d´un « appareil idéologique » qui conditionne tout accès au savoir ; au mieux il détourne sa signification, au pire il la censure, la restreint ou l´empêche sa diffusion comme dans le cas de l´œuvre d´Erik Ravelo « The untouchables ».

Ravelo est un artiste cubain, directeur de création du magazine COLORS, qui par exemple, dans sa démarche contestataire vis-à-vis d´institutions comme le Vatican, mêle le langage publicitaire et le langage artistique dans ses productions. Pour mettre en œuvre sa stratégie, il utilise les ressources techniques de la communication de masse et inventorie tous les espaces et supports d´interventions possibles (supports papier, informatique, institutionnel, privé, etc).

Erik-Ravelo-Erik Ravelo « The untouchables », 2013

 

 

 

 

 

La polysémie dans la création artistique :

L’icône de la crucifixion comme un symbole du sacrifice de Jésus pour le salut de l´humanité, a toujours été utilisée comme l’image de la douleur. Celle qui plonge dans la tristesse, incite aux larmes, symbolise l’acte ultime d’amour. Cette représentation elle est donc protégée, couverte et soutenue par les États et les institutions qui promulguent des lois et de sanctions, pardonnent ou condamnent à l´instar en quelque sort d´un « jugement dernière ». Icône que l´on retrouve aussi, devant les tribunaux, dans les églises, les prisons, et le couloir de la mort. Or, pour Erik Ravelo dans son oeuvre « The untouchables », cet icône revêt une nouvelle signification : le tourisme sexuel (Thaïlande), la guerre (en Syrie), le trafic des organes, l´obésité (McDonald), les Tueries en milieu scolaires (aux Etats-Unis), Catastrophes nucléaires (Japon) et la Pédophilie (au Vatican). Le Vatican a réagi de manière très intolérante et a voulu censurer l´œuvre ainsi qu´empêcher sa diffusion sur les réseaux sociaux (Facebook). Il n´y est pas parvenu car Ravelo a défendu son droit à la libre expression malgré les menace de mort reçues d´une partie du public.

C). Dans un troisième temps, quand les artistes convoquent les tabous.

Paul McCarthy déploie une démarche conceptuelle et polémique dans ses installations. En utilisant lui aussi toutes les ressources techniques de la communication de masse, stratégie identique à celle de Ravelo, il fait de son œuvre, un spot publicitaire (« Tree »), objet d´interpellation, du désir et de consommation massive.

atlantico.fr_mccarthy_tree_plug_vendome« Tree », Paul McCarthy, Place Vendôme, Paris, 2014.

 

 

L´œuvre « Tree » par son installation Place Vendôme avant l´ouverture de l´exposition à la Monnaie de Paris et en faisant partie de la programmation de la FIAC 2014, à atteint son objectif : assurer la notoriété à son auteur – c´était sa première exposition en France – créer un intérêt consumériste/attirer un public de curieux -, susciter des réactions[5] variées nécessaires pour lancer la controverse (entre opposants et défenseurs de sa démarche avec l´intervention du gouvernement et du président de la république lui même). Grâce à cette hypermédiatisation, il a non seulement assuré la communication de son exposition inaugurale mais s´est acquis « gloire » et célébrité, devenant l´artiste le plus connu et « celui dont tout le monde parle » à la FIAC et dans le monde (Presse française et internationale) grâce à cette polémique savamment, suscitée, et entretenue.

l'oeuvre Tree de Paul McCarthy vandalisee

La nuit du vendredi 17 au samedi 18 octobre 2014 la sculpture « Tree » a été vandalisée avant l´ouverture de la Fiac (du 23 au 26 octobre).

Ainsi que l´affirmait Paul Ardenne, « La civilisation humaine serait-elle « extrême » ou aurait fini par le devenir »[6] ou Barbara Kruger, dans son œuvre Untitled (You destroy what you think is difference) [7] il est curieux de remarquer, à l´occasion de l´installation de cette œuvre, les limites de la tolérance sociale en France, pourtant symbolisée par sa devise « liberté, égalité et fraternité », et la contradiction manifeste de celle-ci avec l´agression –physique et verbale- de l´artiste et le rejet « absolu » de sa création.

Si bien que le public a réagi très vivement à un plug anal qui convoquait (in)directement la sexualité, sujet tabou, sans tenir compte du regard des enfants qui découvraient plutôt un sapin de noël… pourtant si ce « Tree » suscite autant la controverse alors pourquoi pas la colonne Vendôme juste à côté ? Figure phallique s´il en est. Ce qui met en évidence l´intérêt de McCarthy à mettre en parallèle la colonne et le « Tree », induisant la discussion sur la sexualité et ses multiples représentations. De cette façon, à travers sa démarche l´artiste nous invite à critiquer l´architecture monumentale du pouvoir ainsi que son inscription dans la vie collective, si nous considérons que le rapport avec le pouvoir peut aussi s´interpréter sur le mode phallique et donc être lui même sujet à controverse dans les rapports d´égalité entre genres.

 

CONCLUSION

Si dans les dispositifs que nous venons d´analyser le public crée l´œuvre autant que l´artiste, l´espace d´intervention devient donc lieu démocratique de discours et de controverses questionnant le politique au moyen de l´art. Autrement dit, L´intervention dans cet espace prédéfini, conteste et défie son ordre ainsi que ses limites et ses usages. De cette façon, l´œuvre d´art, devient un objet temporel dans un espace public, où elle peut se confronter au pouvoir pendant qu´elle fabrique de l´espace public.

D´ailleurs, les démarches interactives voulues par les artistes ont pour objectif d´établir une coopération, des interactions avec les publics qui en ouvrant l´espace où elles se produisent, impulsent de nouveaux pouvoirs critiques face à des dynamiques économiques et sociales de plus en plus massives et oppressantes. Le stratégie Ai Wei Wei, Revelo et McCarthy ont aussi en commun de susciter l´intérêt et le désir, non seulement à l´échelle réelle (du local au global) et virtuelle. Grâce à cette dernière l´artiste annule les frontières d´un espace monopolisé par une élite. Ainsi peuvent être remis en question les repères d´identification et d´appartenance.

L´artiste devient « porte-parole du peuple »[8], un hacker de l´imaginaire collectif, acteur et metteur en scène d´un débat public et objet de désir et de consommation massive après la controverse. Son œuvre, génératrice d´un espace d’échanges, de débats et de controverses peut devenir un objet d´alerte, de désir, de circulation d´information, de discussion et donc un espace public de concertation. C´est ainsi que l´œuvre d´art devient une mise en abyme avec l´espace public dans lequel elle s´inscrit. Mais quelles sont les limites de l´espace public lors de l´intervention? Et si l´espace public est en effet si complexe à définir et à délimiter -à travers la multiplicité de ses représentations et sa matérialité ou son immatérialité- sa nature ne la prédispose-t-elle pas à être déjà considérée comme un territoire de controverse avec toutes les dynamiques que cela suppose ?

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[1] Dictionnaire Larousse http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/controverse/18941

[2] Ghislaine Del Rey “Fluxus : Un temps pour la politique en art ? », Revue Noesis, Art et politique Nº 11, p.52

[3] Althusser, « Idéologie et appareils idéologiques d’Etat », Positions, Paris: Les Éditions sociales, 1970.

[4] Ai Wei Wei, Extrait du documentaire « Evidence », Réalisateur : Grit Lederer, minute 48´41 au 49´56, Année 2014.

[5] À ce sujet Joëlle Zask dans son article « Pratiques artistiques et conduites démocratiques » évoque que «  (…) l´art fait partie de l´articité d´une chose : ce qu´on appelle art est susceptible d´engendrer une pluralité indéfinie d´expérience, et par suite d´opinions concernant ces expériences » (Revue Noesis, Art et politique Nº 11, p.112)

[6] Paul Ardenne, « Extrême – Esthétiques de la limite dépassée », Éditions Flammarion, Paris, 2006, p.19.

[7] Barbara Kruger, Untitled (You destroy what you think is difference.), 1980
photograph and type on paper, 10 7/8 x 13 1/2 inches (27.6 x 34.3 cm).

[8] Louis Ucciani, « Art et politique », Revue Noesis, Art et politique Nº 11, p.69.