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Intervention urbaine éphémère

Article publié le : Dimanche 3 juin 2012. Rédigé par : virginia

Depuis l´Antiquité, l’être humain a observé des formes géométriques dans son environnement naturel et les a utilisées dans ses représentations artistiques, à tel point que nous pouvons observer des éléments géométriques dans le processus de création de multiples formes : les décorations de vases, les frises, des constructions architectoniques etc Pour toutes ces raisons,  j´ai voulu aborder la thématique de la Défense à partir de ses formes géométriques.

Du point de vue des espaces, je vois la Défense comme une superposition de couches / niveaux. On en perd ainsi la notion de rez-de-chaussée. Il est difficile de percevoir le niveau dans lequel on se trouve. Dans le cadre de la morphologie urbaine, ces constructions semblent être une limite « en tension », c’est-à-dire un point frontalier qui ne réussit pas à contenir la prolongation / projection de l’axe parisien.

Les arêtes et les formes présentes me ramènent à l´idée de géométrie. Finalement, l’arc consiste en un ensemble d´arêtes qui sont la délimitation d’un énorme volume d’air. Mon travail naît de cette idée.

 

Processus photographique.

En principe, après avoir fait le parcours de la Défense, j’ai placé les figures dans différents coins et angles, dans la rue, différents types de supports ont été installés. Ainsi dans un cadre de recherche géométrique et de relation avec des constructions solides du lieu, ces figures de papier se sont appropriées de ce quartier d’affaires.

 

    L’idée de cette performance était d’attirer  d’attention des passants avec de petites figures et des couleurs en contraste avec les constructions du lieu. Ainsi avec ces figures fragiles, le public sera plus rapidement conquit. L’installation était jolie à voir, c’était l’idée, les gens s’approchaient quelques fois et aussi prenaient des photos. Dans cette installation j’ai voulu travailler à partir de la beauté, de cette façon la réception par public est meilleure. Ils ont pu voir quelque chose qui leur plaisait. Je crois que l’impact est meilleur de ce fait. De plus l’idée que j’avais en tête était le faible sentiment d’appartenance que les gens avaient pour leur ville. Les personnes ont l’habitude de se réunir chez eux et non d’utiliser les espaces de la ville qui leur appartiennent.

 

         Pour la réalisation de cette performance j’ai toujours essayé de chercher et de voir ce qu’il se faisait dans le domaine d’interventions urbaines; des vidéos, installations, performances etc. Je crois que la meilleure inspiration est ce qui passe dans la rue. Marcher, se promener aide beaucoup à cela, à regarder TOUT.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

           Finalement ma proposition est appuyée par deux images du même espace qui se   situe exactement dans l’Arc de la Défense. La première photographie est prise de jour et  la seconde de nuit. Il s´agit de deux photographies prises dans le même lieu, qui présentent des caractéristiques communes : dynamisme, et direction. Le positionnement de l’Arc crée une tension dans l´espace graphique ainsi que la répétition de lignes qui génèrent des plans et des textures. Cependant, des éléments s’opposent et par là-même des concepts naissent.

 

        La position que j’occupe face à cette architecture est importante pour le résultat final que nous aurons de la    performance. Les deux  photographie ont  été pris à partir d’un point fixe, qui permet d´obtenir une perception tridimensionnelle des plans. Grâce à l´appui de ces photographies, je pourrai percevoir les formes de combinaisons et de contrapositions potentielles.

Photographie N ° 1

            Cette photographie a été prise depuis un angle duquel nous pouvons observer trois perspectives : horizontale,   verticale et oblique. Cette image de jour peut être définie de la manière suivante : l’image est divisée en trois plans. Dans la partie supérieure gauche,  nous pouvons voir un mur composé de nombreuses lignes parallèles et horizontales qui forment des carrés multiples. Dans la partie droite de l’image nous pouvons observer  un mur avec une importante quantité de lignes verticales et horizontales. Les deux parties de la photographie ont une perspective oblique c’est-à-dire qu´elles possèdent deux points de fuite, où le cube est partiellement de côté, et où seul un axe spatial est parallèle au plan de projection.

Dans la partie inférieure de la photographie nous pouvons voir un escalier qui est caractérisé de quelques points de fuite et une perspective oblique qui nous aide à déterminer la profondeur et la situation d’objets aux distances distinctes.

Entre ces trois plans nous trouvons un point d’intérêt formé par la superposition de figures, petites et fragiles, de différentes couleurs, chaudes et froides, placées dans le désordre. Cette intervention de figures de papier crée du contraste et une contraposition géométrique avec la construction grise, ordonnée et solide de l’édifice.

 

 

 

Photographie N°2

La seconde image est une photographie prise de nuit dans le même lieu et avec le même angle, sur laquelle nous pouvons observer des perspectives horizontales, verticales et obliques.

Etant donné que c’est une photographie prise de nuit, l’échelle de gris se présente avec des tons obscurs, provoquant un plus grand contraste.

Les figures superposées sont faites de papier de différentes couleurs : rouge, un bleu vert et blanc; leur fragilité s’oppose avec le solide des édifices du secteur.

 

Temporalité

Les deux images prises dans le même lieu possèdent des caractéristiques géométriques communes. Cependant, vu l´opposition de leur temporalité (jour/nuit), les figures géométriques qui ont été superposées aboutissent à des concepts différents.

La temporalité a un rapport avec la superposition des figures géométriques. L’image du jour et la présence de lumière mêlées aux figures géométriques de papier superposées, d’une manière désordonnée, représentent la présence et le mouvement des personnes, en désordre, dans la diversité et dans le bruit, la force de travail, le développement, la technologie. Le progrès d’une force incontrôlée qui est auto engendrée, le fruit de la capacité innovatrice des êtres humains ou de l’action délibérée de la société qui là est générée.

L’image de la nuit et la superposition des figures aliénées de forme verticale représentent le calme, l’absence de bruit, de personnes et un certain vide nocturne. La nuit est un moment pour réfléchir, pour lire, pour penser, où se réveillent des enchantements et connotations diverses; le magique, le paisible. On peut entendre tout un monde qui se cache du jour, au terme d’un jour, pour en commencer un autre; une renaissance et un principe des choses.

En conclusion : le jour les figures géométriques sont irrégulières et la nuit des figures géométriques ordonnées créent une contraposition des concepts suivants : plein / vide et chaos / calme.

 

Virginia Paz.

 

 

Esperance de vie?

Article publié le : Dimanche 3 juin 2012. Rédigé par : Daravone


 Intervention n°1 sur le parvis

Pour ce projet ayant pour contrainte d’être réalisé dans le quartier, plutôt même ville, de la Défense, j’ai décidé de me pencher sur la question de la végétation. J’ai choisi de travailler sur ce thème suite à mes visites sur le terrain, j’ai pu remarquer qu’il avait beaucoup été traité dans les œuvres présentes sur le lieu (notamment la Cheminée Végétale de François, Volutes En Gerbes de Matthieu-Bachelot ou encore Les Trois Arbres de Grataloup, ou encore le fameux mur végétal de Michel Blanc) mais aussi dans les installations de coins de verdure que l’on retrouve tout au long du parvis. J’ai été quelque peu déçue de la façon dont avait été traité ce thème par les différents artistes, qui était souvent devenu prétexte à la décoration plutôt qu’une réelle prise de position de leur part. Je peux tout de même comprendre que les contraintes de la commande publique puissent être limitatives.


 Post-Intervention n°1 sur le parvis

Partant de ce constat, j’ai commencé à m’intéresser à la place de la nature dans la ville finalement. Est-ce que le fait que la nature ait été choisie (plantée en tel ou tel lieu) par l’homme la rend artificielle, j’entends par là moins naturelle. Elle ne pousse pas de son plein gré parce que les conditions pour sa pousse étaient réunies, mais plutôt parce que l’homme la force en quelques sortes à pousser en ce lieu. Est-ce finalement une revanche de la nature lorsque celle-ci ne pousse pas malgré les efforts de l’homme à lui maintenir une place au sein de nos villes?


 Intervention n°2 au pied de l’oeuvre de Calder

Ce qui est paradoxal, me semble-t-il, c’est le fait que l’homme fasse pousser de la nature dans la ville pour garder un semblant d’humanité, rendre les villes moins étouffantes, déclarer « malgré notre rythme de vie rapide et étouffant, la végétation pousse au milieu de nous » tout en plantant des arbres, jardins, de manières très contrôlées en définitive. Les bouts de « vert » dans Paris ont tous été créés par l’homme, les arbres sur les trottoirs, les jardins publics, rien ne pousse de soi-même en fait. Bien sûr ce constat ne concerne que Paris, où j’ai grandi et toujours vécu. La ville a été construite par-dessus la nature, ce qui n’est pas du tout le cas pour d’autres villes européennes. Il semble qu’en Scandinavie par exemple les villes aient été construites autour de la nature. A Paris, même les étendues d’eau ont été savamment construites par les mains de l’homme.


 Intervention n°2 au pied de l’oeuvre de Calder

Malgré ce terrible bilan, il n’est pas impossible de trouver des petites parcelles de nature rebelle, poussant entre des craqûres de ciment, entre un immeuble et le trottoir, ou encore entre deux dalles au sol. L’action de l’homme sur la nature peut être dévastatrice, mais elle est si infime dans le même temps.

Exemple de pousse improptue de végétation dans les failles du béton

Il n’est pas possible de contrôler la météo et ses effets sur la pousse, et finalement cette nature nous échappe, parce que l’on ne peut contrôler le vivant, la nature est en perpétuel mouvement. Dans l’autre sens, même lorsque l’on croit la contrôler la nature, elle se rebelle. J’ai longtemps tourné autour de l’œuvre de Michel Blanc, avec son mur végétal, jamais pleinement luxuriant. Elle nous est vendue comme une « tapisserie naturelle », mais était loin de l’être lorsque je l’ai visité les premières fois.


 Intervention n°3 derrière l’arche de la Défense

L’emplacement semblait mal choisi, car le mur n’était jamais exposé à la lumière du soleil, de plus les vitrines adjacentes empêchaient les passants de profiter pleinement de l’œuvre en plus d’en bloquer l’exposition au soleil. Il est vrai que l’artiste a dû se soumettre aux conditions fixées par la commande, à savoir le lieu (collé à l’une des entrées au centre commercial Les Quatre Temps), la direction donc l’exposition. Finalement la solution semblait être une nouvelle source de lumière pour permettre aux végétaux la photosynthèse tant essentielle à leur floraison tout en conservant l’emplacement de la pièce. Toutefois, je n’ai pas trouvé ce projet si pertinent, même s’il était très intéressant.


 Intervention n°4 au pied l’arche de la Défense

Parallèlement à cette recherche, j’ai décidé d’entreprendre une action performative qui consistait en la plantation de végétaux à même le parvis de la Défense. Dans le même temps, j’ai appris qu’au Parc des Buttes Chaumont les jardiniers changeaient complètement la végétation donc se débarrassaient de grandes quantités de plantes et de fleurs avec leurs racines et la terre et qu’il était possible de les récupérer. J’ai donc mis la main sur quelques-unes de ces plantes rejetées par les jardiniers des Buttes Chaumont et voulu leur donner une deuxième vie dans le quartier de la Défense.


 Post-intervention n°4 au pied l’arche de la Défense

Je me suis rendue sur le parvis, avec mes plantes récupérées, de la terre, et de l’eau afin de les arroser. L’expérience performative fut encore une fois très intéressante d’un point de vue sociologique.
La première plante que j’ai implantée dans le parvis était au centre des deux centres commerciaux. Elle a été détruite à peine quelques minutes après par un groupe de jeunes gens qui se sont acharnés dessus à coups de pieds. Puis elle a été récupérée par un couple de vieilles personnes. Le temps de vie de mes plantations m’est arrivé en plein visage, elles ne survivraient jamais plus de quelques minutes dans ce milieu hostile. J’ai tout de même continué ma plantation à trois autres endroits du Parvis, à savoir près de l’œuvre de Calder, derrière l’Arche et enfin au pied de l’Arche. Personne n’a réellement fait attention à ce que je faisais, ni ne s’est arrêté pour me poser des questions (je commence à me demander ce qu’il faut faire pour avoir des réactions), ni ne m’a arrêtée. J’ai pu constater quelques regards lorsque je l’ai fait au pied de l’Arche, c’est l’endroit le plus fréquenté du quartier, mais encore une fois rien de bien significatif. J’ai filmé mes actions, mais au vue des réactions si peu nombreuses, elles n’ont peut-être pas lieu d’être montrées. Peut-être n’ai-je pas choisi les bons créneaux horaires pour réaliser mes plantations, mais je dois avouer être quelque peu déçue du manque de répondant des passants.


Post-intervention n°4 au pied l’arche de la Défense

Par extension, mon travail s’est en réalité tourné vers la question de la culture, comment faire pousser, comment cultiver dans des conditions pas nécessairement favorables. Que peut-on faire pour qu’elles le deviennent. Mais surtout, peut-on véritablement les rendre favorables?
Pour ce qu’il en est de la nature dans la ville, et plus particulièrement à Paris, il me semble que le bilan que je tire de mes recherches est mitigé. Une chose me paraît certaine, nous sommes très peu sensibilisés à la question de la nature. J’ai été très choquée de la réaction du groupe de jeunes à peine avais-je fini de planter mes fleurs, même s’il est vrai qu’en discutant avec des jardiniers de mon quartier, j’ai appris qu’il leur arrivait la même chose lorsqu’ils essayaient de planter des fleurs dans les parcs, dès le lendemain, leurs efforts étaient détruits. Je n’avais pas de réelle prétention en réalisant cette action performative, je pensais seulement au geste, et aux réactions que je pensais recevoir. Peut-être l’humour était ma seule prétention. Toujours est-il que je n’avais pas pour but une sensibilisation des gens à la nature, à la culture, à la végétation qui nous entoure, ce qui serait sûrement naïf de ma part. Mon but était peut être véritablement que l’on fasse attention à moi.

Exemple d’une oeuvre  traitant de la végétation: Point Growth, Lim Dong-lak