Interieur double par Anne Rigollet

 

 

 

 

https://vimeo.com/412625627

Interieur double. Partie 2 : Sitcom par Anne Rigollet

Ce projet a valeur de maquette. Dans le futur j’aimerais pouvoir greffer par le biais d’un trucage d’autres éléments en mouvement dans ces images de salons.

Aussi j’ai songé à différentes scénographie pour le présenter sous sa forme actuelle et il me semble que je pourrais expérimenter des variantes : diffuser sur un téléviseur, (si possible dans un magasin de matelas ou de canapé). Ou bien une projection en espace public, urbain, sur un immeuble.

Je n’ai rien de réellement théorique à dire sur ce projet, pas de propos, ni de sens à donner à ce montage. C’était d’avantage une idée, une envie purement visuelle, d’assemblage, de sons et images fixes que j’avais depuis longtemps, et puis je procrastine beaucoup et culpabilise de ne jamais concrétiser mes idées.

J’ai jamais vraiment saisi le dispositif de la sitcom ou plutôt j’ai toujours trouvé ça un peu troublant. Les personnages semblent d’ailleurs vivre eux même un genre de confinement, les scènes d’extérieurs sont assez rares, ou consistent en de simples vues aériennes, ou de trafic, faisant office de transitions, rappelant ou aidant les spectateurs à intégrer que ce salon se trouve actuellement « quelquepart », dans une ville, souvent New York.

J’ai un certain intérêt pour les lieux artificiels, ou il s’agit de reproduire ou reconstituer, un environnement existant« réel » (et ainsi le falsifier). Déambuler dans Ikea pour moi est une expérience qui relève un peu de la science fiction.

Ces salons dans lequel le mobilier fait plus ou moins face à la caméra, révèle le dispositif : de toute évidence il manque un mur ! A l’aspect artificiel du décor s’ajoute ces rires qui indiquent les moments humoristiques et de gags, la lumière et la qualité de l’image. Tous ces éléments en font un matériel séduisant pour le détournement. J’avais envie de voir ce que pouvait donner une sitcom sans protagonistes sans narration mais en conservant le dispositif, ou la mécanique du rire.

De ce «chez soi » comme lieu de fiction, ce qu’il en résulte, c’est juste du vide. Ce qui m’amène a réfléchir à ce que pourrait être une esthétique du désoeuvrement, du rien.

La mécanique du rire provoque l’ennui. Les rires ne me satisfont pas vraiment dans le film. Dans l’idéal j’aimerais réunir un groupe de gens pour les orchestrer moi même. Le stratagème pour mettre en place des salons artificiels me semble plus intéressant que le résultat, notamment par l’aspect participatif du public, dans l’enregistrement des séries. Ce mur manquant, fonctionne un peu comme une vitrine. Ce qui rapproche la sitcom du principe de l’exposition.

Ces salons vides, sans interventions, pourraient constituer un genre de biosphère ou un genre de muséum d’histoire naturelle de ce qu’a pu être un salon cosy de classe moyenne, aux USA.

Aussi ce début de projet m’amène à m’intéresser à une forme d’art domestique, ou le chez soi, les objets du foyer et du quotidien révèlent une dimension critique ou poétique. Cela m’a dirigé vers les références et les lectures suivantes : Jean Baudrillard, dans « Le Système des objets » se focalise sur l’ameublement des classes moyenne, « Amérique » et « la société de consommation » complètent l’ouvrage précédent. Je pense aussi à l’artiste Shana Moulton qui réinvente des intérieurs via la vidéo et s’y mets en scène.

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