Hraïr Hratchian — Esquisses 2020

Suite à un repérage d’images de lieux cachés et vacants de notre université, j’ai décidé de continuer un travail de tournage que j’avais commencé l’année dernière. Cette première esquisse tournée sur pellicule noir et blanc est la recréation libre de la dernière scène du film Deux hommes dans la ville de José Giovanni dans lequel on est témoin des derniers instants d’un condamné à la peine capitale par guillotine, mais contrairement au film, dans mon esquisse, c’est une femme qui subit « ce jeu violent [qui] n’est que le reflet de notre civilisation[1]. »

Hraïr Hratchian, cliché de l’esquisse de Ciseaux, 2019. (http://www.hrairhratchian.com/ciseaux.mp4)

Par l’exploration de deux formes de créations artistiques, le film et l’action corporelle, j’aimerais arriver à montrer la vacuité du temps carcéral et l’effet exutoire de celle-ci par le biais de la réinterprétation de l’événement, une métaphore de la temporalité du vécu d’une personne qui est assujettie, ou avoir été assujetti à une agression.

L’esquisse est un travail de recherche plastique qui constitue une préparation ou une ébauche à autre esquisse plus importante.

Concertation et « one shot deal »

Par une procédure empirique  et d’un ici et maintenant de l’action corporelle, autrement dit un « one shot deal », une interprète est placé dans deux espaces différents et d’une durée de deux minutes et demie chaque (durée typique d’une bobine de super 8 tourné en 24 images seconde). Un seul plan moyen fixe tout au long des deux séquences.

Le réalisateur choisit les lieux (préférablement un  couloir ou une salle, voir repérage des lieux choisis de l’université et  esquisses), place la caméra, les lumières, les microphones et discute les règles du jeu avec l’interprète.

L’immobilité et le micromouvement, la méditation sonore et les micro-sons, des somatisations jusqu’à l’autohypnose sont les outils de l’artiste.

Esquisses probables du tournage d’après les lieux vacants de l’Université Paris 8 :

Esquisse 1, Université Paris 8, 2020.

Esquisse 2, Université Paris 8, 2020.

Esquisse 3, Université Paris 8, 2020.

Après à un moment d’immobilité, le micromouvement pourrait être la manifestation sur le corps d’une émotion. L’interprète est invité à se concentrer sur les « microgestes sans causalité ». Le  corps comme lieu fondamental d’interprétation et de production de sens donné à travers les subtilités d’un langage corporel.

Microsons et méditation sonore

Ecoutez tout,  tous microsons des gestes corporel de l’interprète. « Un mode d’écoute le plus ouvert possible, une approche pour écouter tout, de toutes les façons et dans toutes les situations[2] ».

Autohypnose

L’effet exutoire de l’autohypnose est suite à la production de micro gestes corporel. Il est noté l’importance de prendre une position bien molle et lourde sur le sol en « Reclining Figure ».

Cycle heuristique  et transformation

Une fois que les deux tournages sont complétés et les films sont développés, le réalisateur mobilise les outils qu’il voit efficaces selon son intention initiale et le tout est à recommencer, cette fois-ci, si nécessaire, une interprétation plus longue, sur plusieurs bobines. L’unique interruption est le changement des cartouches super 8.

[1] Rouch, Jean, Les Maîtres fous [archive] – Natalie Mildbrodt, University of KwaZulu-Natal, 1998

[2] Pauline Oliveros, Deep Listening: A Composer’s Sound Practice, iUniverse, 2005

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.