Cinéma immobile

Cinéma Immobile est le titre d’un livre inconnu (et que nous n’avons pas lu) écrit par l’historien du cinéma Charles Ford, au sujet d’une série de « photographies rares, pittoresques ou insolites« .
Et au-delà?
A quoi peut-il ressembler aujourd’hui une forme de Cinéma immobile ?

Plusieurs idées nous viennent en tête:

La célèbre série Theaters de Hiroshi Sugimoto, qui immobilise la durée d’un film dans celle d’une longue exposition de la pellicule photographique.

Le cinéma n’était déjà que une série de photogrammes immobiles et tout mouvement le produit d’une illusion. Périot fait dans ce film une brillante exploration de la porosité entre photographie et cinéma. Il s’agit aussi d’une illustration de ce qui Raymond Bellour nome l’ « entreimages « , que nous vous invitons à explorer avec le regard attentif de celui qui veut lire entre les lignes.

NIJUMAN NO BOREI (200000 PHANTOMS / 200000 FANTÔMES) (2007) from Jean-Gabriel Périot on Vimeo.

Cet singulier voyage en train est encore une forme de cinéma immobile

Beatrice Plumet et Fiona Tan ont exploré la troublante limite entre immobilité et mobilité dans le portrait

Dans Temps Mort, Mohamed Bourouissa traduit en film sa conversation avec un homme reclus

Comme nous le dit parfois Smolders, le travail du cinéma, en particulier celui du montage nécessite souvent une certaine forme de confinement. C’est sans doute son gout du montage qui l’a mené à réaliser son Voyage au tour de ma chambre

Olivier Smolders se référè dans son titre à la grande aventure entreprise par Xavier de Maistre en 1794, dont bien d’autres artistes se sont inspirés.

Un exemple singulier d’enfermement spatio-temporel dans la série StripTease et

voici l’ouverture de  l’ouvrage de Maistre:

« Qu’il est glorieux d’ouvrir une nouvelle carrière, et de paraître tout à coup dans le monde savant, un livre de découvertes à la main, comme une comète inattendue étincelle dans l’espace !

Non, je ne tiendrai plus mon livre in petto ; le voilà, messieurs, lisez. J’ai entrepris et exécuté un voyage de quarante-deux jours autour de ma chambre. Les observations intéressantes que j’ai faites, et le plaisir continuel que j’ai éprouvé le long du chemin, me faisaient désirer de le rendre public ; la certitude d’être utile m’y a décidé. Mon cœur éprouve une satisfaction inexprimable lorsque je pense au nombre infini de malheureux auxquels j’offre une ressource assurée contre l’ennui, et un adoucissement aux maux qu’ils endurent. Le plaisir qu’on trouve à voyager dans sa chambre est à l’abri de la jalousie inquiète des hommes ; il est indépendant de la fortune. »

Voici la version intégrale du premier Voyage au tour de ma chambre

Sans doute de quoi nous inspirer aujourd’hui, au 31 mars 2020

Exposition d'art : One: Do Ho Suh - Do Ho Suh

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