MÉTRONOMES

Métronomes

(métron : mesure  et nomos : loi, règle)

 

« Voyager dans le métro est comme être mis dans une horloge »

Cortázar, El perseguidor

 

La perte de vue de la ville en se déplaçant dans les wagons, le contraste entre les peu de seconds qui passent et le grand longueur des tunnels, l’absence du jour et de la nuit, l’efficace et pratique remplacement de la configuration mentale des chemins pour la carte du métro, l’imposition d’une série homogène des routes, des lumières et des bruits, l’impossibilité de se perdre dans les rues, de s’arrêter dans n’importe quel lieux du chemin, de regarder le paysage. Finalement, la sensation qu’on a de sortir de la réalité après être entré au métro m’a conduit à penser à la particularité de ses voyages.

Le déplacement dans le métro n’implique pas d’effort physique et ne requiert pas d’orientation constante. On distingue les points dans la carte, les stations, mais les routes, les trajets du métro, sont inscrites nulle part, il n’y a pas de références, il n’y a pas d’horizon.  Ce pour cela que semble intéressant et même important de l’associer avec la pensée et la vie intérieure, tout ce monde kaléidoscopique qui doit traverser et interpréter l’individue du métro, comme dit  M. Augé. Dans le métro on oublie l’espace matériel qu’il y a entre le point de départ et le point d’arrivée et on obtient par reflet temps d’attente. Un temps pendant lequel, malgré nos efforts pour l’éviter et pour nous plonger dans notre monde intérieur, il n’y a pas autre chose a faire que se trouver en face à face avec les autres. Une temps qui devient pourtant temps mort, que presque tous essayent de ¨mettre à profit¨, en lissant, en écoutant la musique… et de réduire au maximum pour gagner des minutes dans la vie ¨réelle ¨, sur la surface. Un limbe de temps où restent ceux qui ne peuvent pas trouver une destination et qui restent dans le voyage. Ainsi, on pourrait dire que dans le métro on ne mesure pas la distance, on se battre avec le temps. Même avec la temporalité.

Avec l’idée d’explorer qu’est-ce qu’il se passe avec ce temps et avec l’intention de le confronter à d’autres rythmes et à l’expérience spatial extérieur, on a proposé dans ce projet une série d’interventions de vidéo dans le wagon du métro. Trois vidéos du même trajet (de la ligne 13 du métro de Paris) depuis différents points de vue. Deux d’entre eux ont été faits dans l’extérieur, en marchant et à vélo, et l’autre dans le métro. Ceux-ci ont été projetés sur le plafond du métro pour qu’ils simulassent dans un cas une fenêtre vers la rue ou le ciel, ou dans l’autre cas un miroir. Avec cela on voulait attirer l’attention des passagers bien vers le paysage, la nécessité d’orientation et la vitesse du parcours, ou bien insister sur la réclusion, l’attente, les gestes et les habitudes dans le métro.

On a conçu les projections surtout come dispositifs et non comme spectacle. C’est à dire, qu’ils ne sont pas faits pour les regarder comme on regarde un film, un programme de télévision ou une bande d’annonce. Ils ne devraient pas être faciles a voir, même si on y trouvait quelques images qu’on peut bien aimer ; pour cela Il est importante la position du corps pour regarder le plafond, la regard vers le haut, l’incommodité. Ils ne déviaient pas montrer tout le paysage, mais permettre par fois aux spectateurs trouver une point d’orientation. Ils déviaient être énigmatiques et appeler la curiosité, même s’ils étaient ennuyantes. Les vidéos devaient servir comme métronomes au passager, comme instruments de son œil ethnographique éphémère pour penser à l’expérience même d’être dans le métro. Quelque chose qui peut-être pouvait provoquer un moment, même minime, d’une réflexion et d’une prise de conscience sur la relation inconsciente que nous avons avec le temps, l’espace et les autres quand nous faisons un parcours. Ce pour cela que j’ai proposé dans les différents vidéos un certain jeu d’accélération et ralentie du temps.  Par exemple, j’ai accéléré le trajet de la promenade, et ralentie l’arrivé aux stations de métro, pour qu’il coïncidât avec le voyage du métro ; et aussi, j’ai accéléré et ralentie les échanges entre les passagers ou le temps d’attente.

 

Entre les passagers qui vont et viennent avec le regard vers le vide, il y a eu certains qui les ont découverts. Les uns l’ont vu de loin, peut être sans intérêt, les autres seulement montaient son tête quand ils voyaient que ceux qui regardaient faisaient un geste spécial. Ils n’étaient pas très sûrs de rester à regarder, d’être intéressés, mais il leur provoquait curiosité.  Il y a eu une paire qui ont regardé la lumière du projecteur pendant quelque temps et qui se sont étonnés après avec l’image. Une personne s’est plainte d’être envahi et fatigué de tant d’images, et m’a demandé dont c’était la propagande. Quelques uns ont continué a regarder par des laps du temps et ils me faisaient des gestes, comme attendant des réponses ou des explications… à la fin certains ont osé me questionner ou faire une commentaire.

Même s’ils m’ont dit quelques mots, il n’y a pas une manière de savoir jusqu’à quel point ces métronomes ont pu affecter les passagers. Mais je peux parler, en revanche, des différences que j’ai remarquées dans les réactions qui ont provoqué les vidéos. La projection de la promenade a été la plus attractive ; celui qui maintenait aux spectateurs les plus branchés, plus disposés à attendre l’arrivée de quelque chose de nouveau. Je pense que dans cette vidéo il a bien fonctionné l’idée de filmer depuis le sol vers le haut ce qui a provoqué la sensation de regarder d’un point de vue enterré dans la terre, comparable avec la perspective qu’on aurait si on regardait depuis le métro. Avec les vidéos faites dans l’extérieur il y avait un danger, qu’ils se convertissent simplement dans une remplacement de n’importe quelle autre distraction, cependant, je considère que cela n’a passé pas grâce à la sensation d’être perdu qui a provoqué le fait de ne pas montrer le paysage de la ville depuis une perspective habituelle, ce qui a généré certain bannissement et effort chez le spectateur.

Au contraire, la vidéo du miroir voulait être évitée. Plusieurs fois les passagers ont fait des gestes de ne pas comprendre qui était l’objectif de mettre ce type d’image au-dessus de ceux-ci. En tout cas, même si’ls se montrent indifférents, ils n’ont pas cessé de s’intéresser et de lever les jeux de temps en temps, pour fortifier qu’ils continuaient là, pour vérifier qu’ils continuaient assis, en lisant, en se maquillant, en mangeant ou simplement en regardant.

Avec ce projet on a pu trouver une première forme d’intervenir le métro et d’affecter le trajet des passagers. De projeter quelques jeux avec les parcours et les temps. Mais, dans une étape postérieure il serait intéressant de réussir à faciliter une plus grande interaction avec les passagers, une plus grande compénétration avec l’expérience du métro.

https://vimeo.com/55777960

Paula Maldonado Currea

Bibliographie 

AUGÉ, Marc. Un ethnologue dans le métro. Paris:Hachette, 1986.
AUGÉ, Marc. Metro revisité. Paris: Editions Seuil, 2008.
CORTAZAR, Julio. El perseguidor. Argentina: Alianza Cien, 1992.
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4 réponses à MÉTRONOMES

  1. Alizee dit :

    Je suis dans le métro. A la même place d ou tu « épiais  » les gens. J’ai regardé pour la première fois le toit du wagon! J’avais jamais remarqué qu’il était rose pâle . Je fixe le plafond je crois que les gens ne comprennent pas pourquoi ! Je me rend compte qu’on regarde tous le sol!! Qu’on se cache dans nos écharpes ou sur notre téléphone . Je tenais à te dire ça quand même car c’est la première chose que j ai fait en entrant dans la ligne 13!

  2. daravone dit :

    C’est super quand même ce dispositif de « cinema » dans le métro! une nouvelle façon de passer le temps! La RATP devrait s’en inspirer, on s’ennuierait peut-être moins, ou on râterait notre station!

  3. Marie dit :

    J’ai regardé le plafond dans la rame du métro , sans doute pour la première fois et j’étais étonnée de constater qu’il était si bas ..

  4. Audrey dit :

    Bon, bah j’ai fait un peu la même chose que tout le monde, je me suis mise à regarder le plafond..

    En tout cas, j’adore le fait que la miss regarde la caméra, et qu’une fois que tu projettes les images vidéo, dans le métro, au dessus des gens, on est l’impression qu’elle les regarde, eux.

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