Des dons.

Posted: November 19th, 2010 | Author: admin | Filed under: Art, Lire | Comments Off

Et si être doué, c’était donner ? Avoir des dons, donner en retour.

À lire (téléchargez les fichiers, université du Québec) :

Mauss rappelle comment, avec l’aide d’un charpentier de Cornouailles, le roi Arthur inventa la « table ronde miraculeuse », qui mit fin aux duels, aux meurtres qui ensanglantaient les festins royaux.

Le charpentier dit à Arthur : « Je te ferai une table très belle, où les chevaliers pourront s’asseoir, seize cent et plus. Et tourner autour, et dont personne ne sera exclu. Aucun chevalier ne pourra livrer combat. Car le plus haut placé sera sur le même pied que le plus bas placé (..) Il n’y eut plus de « haut bout de la table » et partant, plus de querelles. Partout où Arthur transporta sa table joyeuse et invincible resta sa noble compagnie. »

Et Marcel Mauss conclut : « C’est ainsi qu’aujourd’hui encore se font les nations, fortes et riches ; Les peuples, les familles, les individus (…)ne seront heureux que quand ils sauront s’asseoir, tels des chevaliers autour de la richesse commune (…) Les sociétés ont progressé dans la mesure où elles-mêmes, leurs sous-groupes et enfin leurs individus ont su stabiliser leurs rapports. Donner, recevoir et enfin rendre ».

La citation (Marcel Mauss, Essais sur la don) :

Les sociétés ont progressé dans la mesure où elles-mêmes, leurs sous-groupes et enfin leurs individus, ont su stabiliser leurs rapports, donner, recevoir, et enfin, rendre. Pour commercer, il fallut d’abord savoir poser les lances. C’est alors qu’on a réussi à échanger les biens et les personnes, non plus seulement de clans à clans, mais de tribus à tribus et de nations à nations et – surtout – d’individus à individus. C’est seulement ensuite que les gens ont su se créer, se satisfaire mutuellement des intérêts, et enfin, les défendre sans avoir à recourir aux armes. C’est ainsi que le clan, la tribu, les peuples ont su – et c’est ainsi que demain, dans notre monde dit civilisé, les classes et les nations et aussi les individus, doivent savoir – s’opposer sans se massacrer et se donner sans se sacrifier les uns aux autres. C’est là un des secrets permanents de leur sagesse et de leur solidarité.

Il n’y a pas d’autre morale, ni d’autre économie, ni d’autres pratiques sociales que celles- là. Les Bretons, les Chroniques d’Arthur, racontent comment le roi Arthur, avec l’aide d’un charpentier de Cornouailles inventa cette merveille de sa cour : la « Table Ronde » miracu- leuse autour de laquelle les chevaliers ne se battirent plus. Auparavant, « par sordide envie », dans des échauffourées stupides, des duels et des meurtres ensanglantaient les plus beaux festins. Le charpentier dit à Arthur : « Je te ferai une table très belle, où ils pourront s’asseoir seize cents et plus, et tourner autour, et dont personne ne sera exclu… Aucun chevalier ne pourra livrer combat, car là, le haut placé sera sur le même pied que le bas placé. » Il n’y eut plus de « haut bout » et partant, plus de querelles. Partout où Arthur transporta sa Table, joyeuse et invincible resta sa noble compagnie. C’est ainsi qu’aujourd’hui encore se font les nations, fortes et riches, heureuses et bonnes. Les peuples, les classes, les familles, les individus, pourront s’enrichir, ils ne seront heureux que quand ils sauront s’asseoir, tels des chevaliers, autour de la richesse commune. Il est inutile d’aller chercher bien loin quel est le bien et le bonheur. Il est là, dans la paix imposée, dans le travail bien rythmé, en commun et solitaire alternativement, dans la richesse amassée puis redistribuée dans le respect mutuel et la générosité réciproque que l’éducation enseigne.


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