In the corner of my mind: Confinement par Beatriz Arana

MÀJ //// PROJET FINAL

 

IN THE CORNER OF MY MIND

(Dans les recoins de ma pensée)

Dans la même ligne directrice, en mode participatif comme dans le projet collectif « letters to homeland »  (qui peut être consulté tout en bas de ce projet), un appel a projet a été lance autour des membres de la résidence universitaire dans laquelle je suis hébergée en ce moment.
Il s’agit d’une résidence universitaire CROUS à BOBIGNY. Moi-même je suis logée dans la Résidence CROUS de Saint Denis appelée « L’Hermitage », mais nous avons décidé avec mon amie de rester ensemble pendant le confinement en ayant toutes les deux de difficultés à rentrer.
Les étudiants demeurant dans dites résidences ont été conseillés par la suite de nombreux mails de quitter les chambres pour rejoindre leur domicile familiale lors de la période du confinement sauf qu’il y en a pas mal qui ont du rester pour des raisons diverses.

Je crois qu’il est essentiel même en période de distanciation, de continuer à créer de liens et communiquer aux autres son ressenti, surtout en étant dans une situation précaire, j’ai invité les étudiants restés dans la résidence pour qu’ils témoignent sur leur expérience de confinement dans ce contexte.
Un mot a été déposé dans les deux ascenseurs de la résidence universitaire, un appel à projet est lancé en invitant les résidents à s’exprimer vis-à-vis de leur vécu, leur quotidien en confinement, tout cela envoyé à l’adresse mail indiquée sur le papier.
Cette idée n’a pas trop marché, alors avec le temps j’ai pu faire des connaissances et parler directement aux personnes sur le projet, en les invitant à partir d’une série de questions, de répondre à leur manière sur la situation.

Voici l’extrait :
Il s’agit d,’un travail de recherche sur les conditions de vie des etudiants en résidence universitaire pendant le confinement.
Est-ce que tu pourrais m’envoyer par voice note sur whatsapp en réponse aux questions suivantes:

-Quels sont les effets négatifs que tu as pu ressentir pendant le confinement? Qu’est ce qui te manque le plus, qu’est ce qui a changé? As tu des réflexions concernant le confinement dans un petit espace, ton rapport avec ta chambre étudiant, la résidence universitaire? Comment penses tu que les autres le vivent?
-Quels sont les effet positifs? Il y a sûrement des choses bien pendant cette période.

– Quelles sont les habitudes que tu voudrais changer ou adopter à ton mode de vie une fois que le confinement prendra fin, penses tu que ca changera quelque chose le confinement de manière globale?

Si tu peux ajouter des réflexions personnelles / collectives sur la situation ça serait cool, même si c’est court. Merci

Comme de LATOUR parlait dans son texte »Imaginer les gestes barrières contre le retour à la production avant crise », le confinement peut servir à la réflexion sur la manière dans laquelle nous habitons la terre et peut nous aider à penser un retour au réel en changeant nos habitudes par rapport au modèle économique actuel basé sur la production. Des projections sur le futur d’après crise sont importantes à envisager, car il y aura des questionnements à échelle mondiale qui seront posées, il faudra éviter le retour vers une reprise économique d’un régime climatique ancien contre lequel nous avons essayé toujours de lutter, celui que nous croyions inarretable, désormais mis en cause. LATOUR parle aussi des nouvelles formes de production où nous pouvons re penser le tournant écologique est l’une des propositions, en étant ce dernier mis de côté par un système capitaliste que ne cesse de s’enrichir, quand les ressources sont limités.
Selon LATOUR le confinement dû au COVID19 est clé dans cette période particulière, car nous pouvons devenir des efficaces « interrupteurs de globalisation » par l’introspection et réflexion de nos modes de vie avant, durant et après le confinement : Par la réflexion de la situation individuelle en confinement, puis de façon collective, parler des vraies besoins qu’au long terme peuvent modifier la façon dont nous allons vivre ce retour à la réalité.

Ceci résonne à mon appel à projet collectif et je souhaiterais une fois assez de témoignages récoltés, les projeter de la même façon que le projet initial : En utilisant la notion du « coin » comme un espace de réflexion où les idées s’échappent , enfermés en pensant à notre condition actuelle, les mots, phrases, témoignages de participant échapperont, ils disparaîtrons entre les interstices des murs, les recoins et portes de la résidence universitaire, car cet endroit a une grande charge émotionnelle, c’est une façon de faire habiter les mots, libérer une parole dans un espace qui ne semble pas parler.

L’idée c’est de filmer les murs de la résidence universitaire et de faire « projeter » avec un logiciel d’édition vidéo les témoignages (en texte) des étudiants interviewés.
En prenant en compte le principe du début du projet, le »coin » comme endroit de réflexion, d’où les pensées semblent émaner. Je veux montrer les mots habiter l’espace, de les rendre évidents par cette parole, la charge energetique et de faire vivre les lieux qui semblent vides.
Un test en vidéo a été réalisé, avec quelques extraits des témoignages et du repérage des possibles prises de vue pour la « projection ».

Quelques extraits retranscrits des entretiens audios :
« on se réveille assez tard le temps passe vite »
« Les journées passent très très vite »
« On est enfermés dans une routine, où on fait la même chose »
« une routine où on voit tout le temps les mêmes choses où les jours se ressemblent »
« le fait d’avoir l’impression de perdre su temps, de perdre quelque chose, d’etre enfermée »
« j’aime vraiment sortir pour voir le soleil »
« c’est assez dur psychologiquement »
« on perd la patience, on se donne des objectifs, on se donne du temps… »
« pour respirer, on a vraiment l’impression d’étouffer par tout ce stress »
« cest vraiment beaucoup pour une année »
« ma famille, voir des gens, avoir des conversations différentes, voir des choses différentes »
« simplement le contact avec l’autrui, »
« ce qui me manque c’est le soleil encore une fois »
« je suis dans le 93, pas forcement des espaces verts »
« juste voir la nature et tout, regarder le ciel »
« à la recherche de quelque chose de plus calme »
Rien que de sentir le vent, de sentir la nature ca me fait juste du bien »
« on a une nouvelle vision des autres »
« le rapport des hommes dans la nature juste en existant »
« la distance ça déprime aussi »
« pouvoir sortir de chez moi sans me poser des questions, sans crainte »
« ca me manquait trop, ca me rendait triste, ça rendait triste mes parents »
« Les bars et.les restos ça me manque grave »
« j’ai un peu perdu la main »
« on a pu faire des connaissance avec nos voisins »
« etre moins stressée par le travail »
« continuer à essayer de prendre soin de moi »
« j’ai ressenti de la solitude »
« ce qui me manque plus c’est de voir mon copain »
« tout à changé »
« on se concentre plus pour ses envies quotidiennes »
« il n’y a plus vraiment de rythme imposé »
« ça m’a saoulé un peu de voir certaines personnes ne pas pouvoir gérer leur solitude »
« la pression des autres qui sont trop en demande d’attention et de communication »
« c’est ça ce qui m’effraie un peu, en fait, le retour à la réalité »
« ce qui me manque le plus ca serait de plutôt laisser de la place à l’imprévu »
« ca c’est peut être pas un truc que beaucoup de gens s’avoueront, c’est pas non plus désagréable à avoir à courir de droite à gauche »
« ce qui ne me convient pas du confinement c’est d’être loin de mes proches »
« j’ai commencé à limiter tout ce qui n’est pas bon »

 

Ce projet est toujours en cours et il y a d’autres adaptations de témoignages de confinement / isolation qui ne se résument pas à l’espace de résidence universitaire.

B.
Un journal photographique de la vie quotidienne en confinement est fait.
En ayant d’habitude de prendre tout en photo, « de tout et n’importe quoi » en me déplaçant,  le confinement a chamboulé ma façon de produire des clichés, des « attestations de sortie autorisé» ont été faites pour parcourir le quartier, le jour a jour sous confinement est palpable et la documentation en images m’a semblé nécessaire pour ma part. Je ne pense pas aboutir à un projet concret de projection / diffusion comme avec le tout premier mais cela me permettra revivre et cela reste aussi une façon de raconter le vécu d’une pJriode assez restrictive.

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Projet II  In the corner of my mind : Love letters to homeland

« Vous vous souvenez de comment avez-vous vécu le premier instant où vous avez posé pied sur une terre inconnue, quitter votre maison, vos proches pour entreprendre le déplacement vers la terre qui vous accueille ? Votre déplacement est-il un voyage sans retour? Rencontrez-vous des difficultés liées à votre assimilation de la culture de votre nouvelle terre d’accueil ? Lesquelles ? Que pensez-vous de cette nouvelle culture qui vous appartient désormais, avec votre ancien bagage culturel et le tout nouveau : Donc hybride et double ? Que pensez-vous de l’apprentissage d’une ou plusieurs langues à la suite des déplacements entre territoires ? Quelles étaient (et sont aujourd’hui) vos désirs, espoirs et regrets dus à votre départ ? Quels ont été vos moments de solitude ou de bonheur? Quel est votre point de vue concernant la liberté retrouvée ou le douloureux déracinement physique, psychique que vous traversez grâce ou à cause de votre décision de rester hors de vos frontières natales ?

Si vous devriez décrire en une phrase ce qui vous manque le plus de votre terre natale, si vous devriez lui écrire une lettre, lui faire passer un message : pour la remercier, vous libérer ou faire la paix, quels seraient vos mots ? Que préservez-vous avec nostalgie dans les recoins de vos pensées ? Quel est ce petit souvenir qui vous lie à jamais à cette Terre qui vous a vu naître, mais que vous avez dû quitter ?

Dès sa naissance, ce projet avait pour finalité de recueillir vos témoignages afin de créer une constellation de récits, l’histoire d’une mémoire collective, celle des nomades contemporains, ces récits qui s’échappent à l’infini, dans les recoins de nos pensées et qui forgent notre identité vis-à-vis d’autrui. Un appel’ à témoignages est envisagé à partir des plusieurs moyens : Listes de diffusion à l’université pour faire participer les étudiants de tous les départements, entretiens avec des amis proches , des gens externes à l’université, entre autres. Plusieurs projections à l’université dans les « coins » / « confins » / « recoins » de l’université seront faites, en faisant défiler les mots sur des murs, le sol, les toits, pour qu’en suite les phrases / témoignages donnés par les personnes qui veulent bien participer à raconter leur récit en terre d’accueil, ceux-ci, disparaissent entre les coins, comme une métaphore du souvenir, de la réflexion et symboliquement les phrases vont fondre dans ces interstices qui donne une énorme charge historique au lieux où les projections ont lieu.

Ci-dessous les deux projets de base qui inspirent ce projet actuel :

A. LOVE LETTERS TO HOMELAND

« Bienheureux celui qui connait les lieux de sa durée
Même s’il est pour toujours déplacé à l’étranger,
Sans perspectives de retour,
Il n’est plus jamais expulsé, banni.

Et aussi les lieux de sa durée sont sans éclat,
Il ne sont marqués sur aucune carte
ou bien ils n’ont pas de noms »
Extrait du « Poème de la durée »
par Peter HANDKE.

Amazon.fr - Poème à la durée - Handke, Peter, Goldschmidt, Georges ...

Cet extrait s’inscrit dans les questionnements d’Eric Bonnet sur les allers-retours dans le chapitre 5 «Partir, revenir. Cuba terre natale » à propos des artistes Wilfredo Lam et Ana Mendieta de l’ouvrage « Frontières et migrations » Sous la direction de François Soulages.
Ce que « l’ailleurs » signifie, se projeter vers l’inconnu, faire face à une autre culture, une autre langue, des psychiques liées à la migration, des allers sans retours, la peur ou l’impossibilité de revenir à sa terre d’origine et une fois le deuil fait, suite à ce déracinement comment nous habitons les lieux du passé par la mémoire et renouons avec ceux du présent…

Il s’agit d’un projet de participation collective, les personnes sont invitées à
synthétiser en une phrase des souvenirs, des pensées récurentes, entre autre, après avoir quitté leur pays natal, les écrire sur papier et les projeter dans un espace.

B. IN THE CORNER OF MY MIND

Références:

  • « As I Was Moving Ahead Occasionally I Saw Brief Glimpses of Beauty »
    Jonas MEKAS – 2000 – Cinéma expérimental/Documentaire ‧ 4h 48m

Extraits en images

Image associée

As I Was Moving Ahead Occasionally I Saw Brief Glimpses of Beauty ...

Lost In Film on Twitter: "'As I Was Moving Ahead Occasionally I ...

As I was moving ahead occasionally I saw brief glimpses of beauty

En vidéo:

  • « Le coin sert de métaphore à mon désir permanent d’évasion. »
    Sepand Danesh. Entretien avec Sépànd Danesh réalisé par Valérie Toubas et Daniel Guionnet initialement paru dans la revue Point contemporain #7 © Point contemporain 2018. lien: http://pointcontemporain.com/sepand-danesh-entretien/
À retrouver dans l’émission

LES CARNETS DE LA CRÉATION par Aude Lavigne
« La promesse d’un espace avec Sepand Danesh »

Lien vers l’entretien: https://www.franceculture.fr/emissions/les-carnets-de-la-creation/peindre-dans-les-coins-avec-sepand-danesh

hub – Sepand Danesh

« Le voyageur contemplant le coin »
Sepand DANESH
2016 / Acrylique en canvas
120 cm x 90 cm

Pour ce projet je récolte des images, vidéos , des réminiscences du passé, il s’agit d’un projet de participation collective où les éléments récoltés seront présentés en forme d’installation, en petit format, dans un coin. Cette forme de documentation des souvenirs intimes, créent une constellation qui peut (ou pas) construire une mémoire collective.

 

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