Spleen collectif.

La galerie parisienne Balice Hertling propose une exposition placée sous le signe de la dépression collective. Très justement intitulée “The Great Depresssion” elle présente les oeuvres de douze artistes contemporains. Formant un ensemble au sein d’une scénographie intimiste, les oeuvres chantent en coeur une ode au spleen contemporain.

Vue de l’exposition "The Great Depression” Galerie Balice Hertling. Courtesy Balice Hertling. Photo: Claire Dorn

Vue de l’exposition « The Great Depression” Galerie Balice Hertling. Courtesy Balice Hertling. Photo: Claire Dorn

 

En psychiatrie, la dépression désigne un état mental qui occasionne une perte d’appétit pour la vie laissant des pensées noires et des angoisses régir le cerveau humain. Historiquement, les premiers à parler de cet état sont les philosophes grecs qui appellent cela mélancolie, il va falloir attendre le 19e siècle et l’invention de la psychanalyse par Freud pour que soit employé le terme “dépression”.

Le monde a connu une première Great Depression en 1929 initiée lors du crash boursier et qui dura jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale ; en 2001 le rappeur DMX sort un album aux paroles extrêmement violentes également intitulé “The Great Depression” qui se révèle avoir été très mal reçu par la critique.

Ce titre est une référence directe à l’histoire du monde moderne, il annonce par sa charge, le paradigme de la dépression : un problème à la fois personnel et universel.

Cette “esthétique de la dépression” est affirmée par son curator Romain Dauriac au gré d’oeuvres qui ont été, pour la plus part, conçues pour l’occasion. Agencées autour du squelette ferreux d’un lit, les oeuvres se répondent dans un assemblage qui réfère à une chambre d’adolescent ou à une cellule. Un “bad-moodboard” générant un malaise, détournant l’espace de la galerie qui – pour une fois – est presque trop grand et affranchit la sphère intime initiale.

Robert MALAVAL, Petite pustule amovible, 1964, papier-mâché, résine et Plexiglas

Robert MALAVAL,
                           Petite pustule amovible, 1964,
                           papier mâché, résine et Plexiglas

Un mauvais présage ou bien le manifeste d’une réalité sociale, le commissaire engage des artistes qui refusent par le geste de création l’affaiblissement moral. Une exposition discursive au sein de laquelle cohabitent Robert Malaval et sa Petite pustule amovible (1964) avec les Menottes (2013) de Sylvie Auvray en forme de vélo. Des oeuvres qui dénotent une double position : comme la dépression, un élément peut-être gênant, mais attachant à la fois. Cette exposition ne chérirait-elle pas finalement cette condition ? Dans l’intimité de ces quatre murs, nous assistons alors à l’avènement du vague à l’âme.

 

 

 

Queenie Tassell


Balice Hertling, 47 rue Ramponneau, 75020 Paris
—> Prolongée jusqu’au 6 février

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.