Portrait – Jessica Lajard

Jessica Lajard est une jeune artiste française née en 1985, qui vit et travaille en banlieue parisienne. Diplômée des Beaux-arts de Paris, elle poursuit aujourd’hui sa pratique au sein de l’atelier Entre/deux.

Le travail de Jessica Lajard s’articule autour d’une pratique de la céramique dont elle se sert pour créer des formes et des situations hybrides. Parmi ses récentes réalisations, ce qu’elle nomme pet-plant sont des objets qui mêlent l’aspect d’une plante et les traits d’un animal. Quand elle en parle, on ressent l’affection toute particulière qu’elle attribue à ses sculptures qui reprennent un langage domestique, et mettent en place un univers familier et rassurant.

Voila

Voilà, 2012, painted polystyrene and expansive foam, variable dimensions

Puis, l’artiste insère à son processus de création la question du jeu. Entre jeu de mots et jeu de représentations, Jessica Lajard donne les clefs de compréhension de son œuvre. L’humour révélé par le jeu engage un regard sur le grotesque, sans franchir la limite du mauvais goût.

Parmi ses pièces exposées pour le prix Emerige, on retrouve le pet-penis, qui se veut être la combinaison d’un chien et d’un pénis. La grande qualité de la réalisation en céramique émaillée attire le regard. La lecture de cette pièce s’effectue en deux temps ; en premier lieu, un animal de compagnie qui reprend les codes Pop, puis la forme du pénis qui vient conclure la lecture. Un double effet est attendu, l’amusement et la gêne, voir parfois le dégoût.

Pet Penis (2015). Porcelaine émaillée. 40 x 34 x 11 cm Réalisé dans le cadre du Post-diplôme Kaolin, École Nationale Supérieure d’art de Limoges.

Pet Penis (2015). Porcelaine émaillée. 40 x 34 x 11 cm
Réalisé dans le cadre du Post-diplôme Kaolin, École Nationale Supérieure d’art de Limoges.

Le travail de Jessica Lajard s’éloigne de considérations autobiographiques, mais reprend des éléments multiculturels et des symboles générationnels. Le toast par exemple, motif simple, ancré dans la vie quotidienne, renvoie à la persistance des objets dans la mémoire, leur simplicité déconcertante est ici mise à l’épreuve dans une superposition d’informations qui donne a l’objet un sens inédit. Love birds, présentée au 59e salon de Montrouge, fonctionne sur ce principe. Une apparente carte postale déconstruite en trois dimensions révèle un ensemble d’expressions connotées. Les doigts croisés, signe de chance dans notre quotidien, se dressent de manière phallique devant le patchwork d’un coucher de soleil. Le coquillage en marbre blanc accompagnant l’installation prend quant à lui la forme d’un monticule de crème, alléchant, il reprend lui aussi cette même forme érectile.

Love Birds, 2014, glazed and unglazed ceramics, velvet and wool, variable dimensions.

Love Birds, 2014, glazed and unglazed ceramics, velvet and wool, variable dimensions.

L’artiste entend par son travail ne pas donner de lecture univoque. Ses pièces mêlent avec habileté la banalité des objets et des formes ainsi qu’un étrange malaise, fruit d’un assemblage d’idées loin d’être innocent.

Marie Bonhomme

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