Crash en fusion – Seize nuances de grès

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ROBERTO PEZET, TERRAIN VAGUE / IDÉES CLAIRES, FAÏENCE ÉMAILLÉE ET PORCELAINE

Sur une initiative de Boris Achour, les étudiants des Beaux-arts de Cergy ont pu s’initier aux techniques non enseignées dans leur école. Suite à un séjour dans la villa Arson et au travail mené avec Frédéric Bauchet, responsable de l’atelier céramique, le résultat de cette expérience prend des formes inattendues dans la galerie Ygrec à Paris.

Attendait-on des prouesses techniques, une matière sublimée, des chefs d’œuvres d’artisanat ? Là n’est pas le propos. Inachevés, abîmés, instables, les dispositifs de présentation des œuvres : tables, présentoirs, prises électriques participent avec les œuvres à une esthétique de la maladresse. Le temps nous amène à porter notre attention sur la manière dont chaque artiste en devenir s’est approprié cette nouvelle technique. La difficulté est très souvent visible et son résultat jamais lisse. Traces, stigmates, défauts, l’œuvre souvent sculpturale laisse apparaître le temps de sa fabrication.

L’erreur n’est pas jetée. Dans une perspective d’expérimentation, elle est utilisée dans la production des œuvres. Accidentés, l’un sans aile, un autre en feu, tous cabossés et difformes : les avions de Roberto Pezet montrent son expérience vécue comme un crash sur un terrain vague. Pour d’autres, les procédés techniques quasi scientifiques de la céramique sont comparés aux domaines médical ou industriel. Dans la vidéo de Jérémy Piette, la parade amoureuse d’un jeune homme pour sa chaussure questionne l’opinion et les tabous sur les amours hors frontière. La bave du jeune homme, liquide corporel déversé dans la chaussure portée à son visage se solidifie en céramique. La succession de plans rapprochés sur cette intimité plonge le regardeur dans un malaise indéniable. Recroquevillé sur un bloc de parpaing posé au sol, Le dormeur en grés de Raphaël Schwarz figure un mouvement plus qu’un corps et trouve son accomplissement dans son inachèvement.

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VUE DE L’EXPOSITION

La maladresse ouvre les portes de terrains inexplorés. « 16 nuances de grés » donne à voir des cheminements à l’issue desquels les résultats sont montrés dans leur état intermédiaire et flottant.

 

Sarah Boubé

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