Alors que le lancement de la COP 21 est sur toutes les lèvres et tous les écrans, la Fondation EDF organise « Climats Artificiels ». Camille Morineau, commissaire de l’exposition, réunit une vingtaine d’artistes internationaux pour donner une vision quelque peu dérangeante du climat actuel.
Chaque étage portant sur un sujet particulier, la fondation s’ouvre par une étape transitoire avec « Équilibre Précaire ». Dans cet entredeux, les œuvres exposées étudient l’aspect changeant des phénomènes climatiques, comme un témoignage du moment où l’humain créateur, scientifique et artiste tâtonne et découvre son pouvoir sur la nature. À cet instant, il se détache de son statut d’humain pour se voir dieu : de ses mains peut naître un climat artificiel. Majestueux et pourtant d’une fragilité déconcertante, le nuage artificiel de Tetsuo Kondo en est le parfait exemple. Comme un lion en cage, il est enfermé dans une prison de Plexiglas et sa poétique solitude le condamne à une existence dénaturée.
Le premier étage d’exposition est lui-même une étape intermédiaire : après avoir présenté ce que nous, humains, savons créer, il faut se demander : qu’en faire maintenant ? Le choix se pose : monter ou descendre ?
Celui qui prend parti de descendre s’expose à la vision noire de ce que pourrait être le monde de demain avec « Catastrophes ordinaires ». Visions apocalyptiques, transpositions dans un paysage infernal, sous un grondement sourd précédant le danger imminent du tremblement de terre capté par Cécile Beau et Nicolas Montgermont ou la porte des enfers d’Adrien Missika, nous baignons en plein cauchemar. L’humanité ne fait pas partie de cet avenir où la Terre sera vengée de nos affronts mégalomaniaques. A la vision pessimiste de ce que nos connaissances techniques peuvent engendrer, nous remontons alors découvrir une alternative meilleure.
Le visiteur peut gravir les escaliers pour faire face au nuage artificiel et se retrouver à marcher au milieu de « L’État du ciel ». S’ouvrent les portes paradisiaques d’un Paris en apparence verdoyant. Mais face à des fenêtres sur une nature qui s’avère n’être composée que d’écrans, devant des nuages faits de plastiques ou des serres individuelles qui emprisonnent nos têtes, l’aspect factice est omniprésent et la question reste posée : pouvons-nous réellement aller vers une alternative optimiste ? Est-il vraiment encore temps d’échapper à la catastrophe ?
Anaëlle Villard
Informations :
Espace de la Fondation EDF, du 4 octobre 2015 au 28 février 2016
Du mardi au dimanche de 12h à 19h (sauf jours fériés).
Entrée libre