Puisque tout reste à faire – Biennale de la Jeune Création Européenne

Quelques mois après le célèbre Salon de Montrouge, c’est au tour de la Jeune Création Européenne de s’installer au Beffroi de Montrouge, lieu de prestige pour exposer les nouveaux de l’art contemporain. Cette 17e édition de la Biennale présente 7 pays d’Europe, avec des commissaires attitrés pour chacun et un commissariat général réalisé par Andrea Ponsini.

Vue de l'exposition Jeune création européenne, au Beffroi de Montrouge du 15 octobre au 3 novembre ©Mona Prudhomme

Vue de l’exposition Jeune création européenne, au Beffroi de Montrouge du 15 octobre au 3 novembre ©Mona Prudhomme

Malgré la profusion des oeuvres, la visite semble légère, avec des temps de réflexion accordés entre chaque espace. Les cimaises sont ouvertes, permettant aux visiteurs d’errer à sa guise d’un univers à un autre. La scénographie nous autorise à apprécier une œuvre sans que notre regard soit trop rapidement appelé par les nombreuses propositions alentours. On perçoit une circulation entre les œuvres, un dialogue d’une culture à une autre où les artistes échangent entre eux et invitent le visiteur dans la discussion.
Comme annoncé par le ton déjanté de la bande-annonce de l’exposition, diffusée au milieu des oeuvres, certains artistes surprennent et cherchent à provoquer une perte de repères chez le visiteur. Leurs propositions sont parfois si personnelles qu’elles préservent une grande part de mystère, éludé par chacun à sa façon.

C’est la Pologne et la Lettonie qui accueillent le visiteur et nous surprennent par leur riche inventivité. Si l’on devait ne retenir que deux œuvres ? Elles seraient toutes les deux polonaises.

Kornel Janczy, Landscape, 2014 ©Mona Prudhomme

Kornel Janczy, Landscape, 2014 ©Mona Prudhomme

Dès l’entrée, l’oeuvre Landscape de Kornel Janczy attire notre attention puisqu’elle se compose en deux parties, l’une au mur et l’autre au sol. Ce qui semble être un territoire est reproduit deux fois à l’identique, mais à l’aide de deux matériaux distincts : une peinture acrylique bleue au mur et de la terre sur du carton au sol. Ce paysage sur Terre et dans le ciel n’est pas nommé, il pourrait être n’importe quel endroit du Monde ou d’ailleurs. Le travail de l’artiste porte une réflexion sur les tensions sous-jacentes liées à la géographie. Elle joue avec les repères, frontières et symboles et s’amuse toujours à maintenir floue la limite entre réalité et fiction.

Vue de l'exposition, Milosz Flis, Capsules, 2014-2015 ©Mona Prudhomme

Vue de l’exposition, Milosz Flis, Capsules, 2014-2015 ©Mona Prudhomme

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Vue de l’exposition, Milosz Flis, Capsules, 2014-2015 ©Mona Prudhomme

Un peu plus loin, un mur est couvert des drôles de Capsules de Milosz Flis. Ouverture vers une autre réalité, il faut s’approcher pour observer ce qu’elles protègent. Semblables à des reproductions miniatures de scènes de science-fiction, chacune raconte une histoire et plonge le visiteur dans une fascination silencieuse, comme face à un aquarium.

Pied de nez aux détracteurs de l’art contemporain, ces artistes émergents nous rappellent avec brio que tout reste à faire, à penser et à créer. Nombre de ceux qui foulent l’entrée du Beffroi de Montrouge sont voués à une belle carrière.

Mona Prudhomme

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