Andrés Ramirez, « To keep the darkness sealed within »

DSC_2220e
Andrés Ramirez, Dissolving as I speak, 2015. Dessin numérique, impression sur plexiglass, peinture spray, peinture carrosserie, peinture base d’alcool, cadre aluminium. 140 × 200 cm.

Cadrer, décadrer, recadrer l’espace de la galerie, mais aussi les œuvres elles-mêmes qu’elles soient impressions, sculptures ou assemblages. Andrés Ramirez tend avec « To keep the darkness sealed within », sa première exposition personnelle à la Galerie See studio, à reprendre à son compte une certaine histoire de la peinture, vue notamment sous l’angle des techniques industrielles. Il transforme notre perception du lieu par l’emploi d’un cadre tant conceptuel que concret. En effet, l’artiste crée une structure en aluminium qui se déploie sur les cimaises, définissant alors de nouvelles perspectives, mais aussi de nouveaux rapports entre fond et figure, surface bidimensionnelle et sculpture réelle. Ce dispositif découpe, coupe et recoupe l’espace et les formes qu’il contient. Il devient une architecture dont l’usage n’est pas déterminé, presque laissée à l’état de potentialité. La structure ne peut alors se définir que par des limites basées sur un degré d’incertitude. Ainsi les barres d’aluminium se transforment de façon duale en cadres disloqués, presque en suspension, mais aussi en frontières, nous mettant volontairement à distance. Ce dispositif architectonique dans un même mouvement rejette et intègre les acteurs, dirait-on les spectres, qui le traversent.

DSC_2295-2
Vue de l’exposition de Andrés Ramirez,  « To keep the darkness sealed within », 19/02 – 11/04/2015 Galerie See studio, Paris.

Les assemblages sculpturaux, les impressions digitales sur plexiglas, les objets en plâtres sont ainsi reliés et distincts par l’installation. Ils semblent être générés eux-mêmes par ce dispositif, mais n’occupent pourtant les cadres que partiellement, laissant apparaitre des vides, des distances. Les œuvres deviennent alors aussi des échos des réverbérations, répliques ou ruines de la structure matricielle. Par fragmentations et découpages successifs, une partie des éléments modulaires constituant les cadres se détachent définitivement du mur. Ils prennent alors place au milieu de l’espace d’exposition, telles des sculptures autonomes, et pourtant conservent un lien avec leur environnement, puisqu’ils participent du même système constructif et des mêmes procédés de fabrication.

DSC_2327-2

VUE DE L’EXPOSITION DE ANDRÉS RAMIREZ,  « TO KEEP THE DARKNESS SEALED WITHIN », 19/02 – 11/04/2015 GALERIE SEE STUDIO, PARIS.

L’exposition se comprend donc comme une installation globale qui investit l’architecture du lieu dans sa totalité, une structure en dialogue avec les images et les volumes. Les œuvres qu’elle propose s’ancrent dans les intervalles, les vides conservés par les cadres. Les impressions semblent flotter entre les murs et les structures métalliques. Les objets eux paraissent à la fois être englobés et extraits du dispositif général. Ils l’altèrent tout en étant fragmentaires. Véritables représentations sans sujet, ils se transforment en surfaces parcellaires et nous invitent à explorer les aspects sombres, mais non moins fascinants contenus potentiellement à l’intérieur de l’ensemble exposé. Les images sont donc occultées « ou occultes, non par obturation, mais par vacillement de leur origine, de leur objectif et de leur portée ». Il s’agit alors de rendre possible un décryptage sans y donner de réponse, car l’exposition reste ici une écriture en négatif, un cadre médiatique paradoxal de mises en relation, d’occultations, de fragmentations.

T.F.

Plus d’information sur le site de la Galerie See studio

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.