«Ah, oui, “Superdome”…»

Après avoir visité Traces du sacré à Beaubourg, une exposition thématique intense, documentée et conçue sur une enquête du sacré qui traverse les catégories et l’histoire de l’art, on a flâné dans le  Superdome  au Palais de Tokyo. La comparaison entre les deux expositions de même qu’une discussion sur le «style» d’exposition temporaire que les deux institutions organisent, sont inévitables.

 Le thème —la logique

A la sortie de l’exposition de Beaubourg, j’ai rencontré un groupe de visiteurs qui est accompagné par une médiatrice en train de donner son discours sur ce sujet ultime en essayant de capter quelque chose d’invisible dans l’air avec un geste des mains, «Qu’est-ce que c’est le sacré? Disons, il n’a pas d’une forme…». Evidemment, à la suite d’un trajet épuisant pendant lequel on s’est «heurté» aux esprits du temps, aux interprétations protéiformes de 200 artistes dont leurs 350 œuvres majeures composent un hymne sacré polyphonique, l’expérience de l’exposition n’arrive pas à nous aider de clarifier nos points du vue sur la connotation et la signification du sacré , mais au contraire, elle suscite en nous ultérieurement un questionnement profond à partir de l’exposition. En fait, les artistes qui ont atteint ce sujet, les commissaires qui ont conçu l’exposition avec une large sélection des œuvres et les visiteurs qui en ont poursuivi le chemin jusqu’au bout, paticipent ensemble à un culte collectif en traitant le thème: le sacré.

Par rapport à Traces du Sacré, l’exposition au Palais de Tokyo me semble assez spectaculaire, on prend bien la conscience de la dimension de l’espace et de celle de l’œuvre qui y correspond… Superdome ne traite pas un thème, mais nous donne une logique pour ne pas comprendre forcément le sens initial de l’œuvre mais le sens in situ que l’exposition lui confère. Pour Marc-Olivier Wahler, le directeur de Palais de Tokyo et le commissaire de l’exposition qui met en avant «l’autonomie de l’exposition», ses idées de concevoir une exposition en s’appropriant les œuvres pour «tester la notion d’élasticité de l’œuvre d’art» dans un contexte imposé paraissent omniprésentes à travers le programme du Palais de Tokyo. Si Traces du sacré construit une trame solide de la recherche du sujet, Superdome procède au cadrage des scènes dans le monde de la création artistique contemporaine. Si la première, plus ou moins théorique, touche la religion, la philosophie et l’histoire de l’art, la dernière est plus photogénique et s’intéresse à l’extrême et à «la comédie» dans le contexte de l’art contemporain.

Le curateur — l’artiste

Dans la dernière session du Palais de Tokyo, une grande exposition collective intitulée The Third Mind  a provoqué un débat sur le conflit entre l’autonomie de l’œuvre et l’autonomie de l’exposition. Un exemple: les clips d’Andy Warhol qui a filmé les portraits de ses amis comme des icônes médiatisées. Dans l’exposition, on a vu finalement une installation des télés disposées par terre avec chaque petit écran un film projeté. Peu importe que ce soit une bonne interprétation ou non, mais qui est l’auteur de cette œuvre? Est-ce que la carte blanche du curateur est plus puissante que le droit d’auteur au Palais de Tokyo? De plus, lorsqu’une exposition collective devient un médium qui transmet le message (ou la logique) du curateur plus que ceux des artistes, lorsque le curateur cherche les significations des œuvres au sein de la sphère d’associations qu’il construit, est-ce que c’est une manipulation ambitieuse des œuvres d’art et même des spectateurs?

La scénographie et la médiation

Quant à la scénographie des deux expositions, il semble qu’on ne pourrait pas les comparer en raison du nombre des œuvres qui y participent. Mais on constate que l’exposition à Beaubourg est souvent compacte et que l’espace est bien réparti conformément à chaque partie. Avant la visite, on a même discuté du parcours indiqué pour ne manquer aucune œuvre dans le labyrinthe de l’exposition. En revanche, la scénographie du Superdome est plus théâtralisée et institutionnelle, c’est-à-dire le cube blanc et quelques œuvres qu’il met en valeur. De The Third Mind, de Cellar Door à Superdome, on a toujours aperçu des effets de mise en scène et le côté spectaculaire des expositions.

Il faut parler aussi de la médiation dans ces deux institutions artistiques. En fait, je continue de collecter les documents de médiation de Beaubourg comme des souvenirs de chaque exposition. La présentation de l’artiste, de l’œuvre d’art , de l’arrière-plan de la création et des autres informations pratiques se trouvent bien sur ce document. Au Palais de Tokyo, il faut acheter la revue Palais,  soit la consulter dans le centre de médiation, soit chercher les informations sur Internet. Pour consulter les documents d’archives, il faut s’inscrire à l’espace presse en ligne pour obtenir une permission. Accéder au monde de l’art contemporain au Palais de Tokyo,  ce n’est pas facile…

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