Projection dans le temps de la conférence de >>>>>Still Life, des extraits de >>>>>des Rives as a performance et de >>>>>Tu, Sempre. | Biographie | Le site de Yann | La Ménagerie de verre | un lien inattendu | |
Yann BEAUVAIS_Décadrer le cinéma_La conférence_4e partie>> vers Tu, Sempre ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| ____Le passage du cinématographique à lordinateur. Travailler avec un musicien,avec quelquun qui ne vient pas de votre domaine, vous permet de remettre en question un certain nombre da priori que vous avez vis à vis du support privilégié que vous utilisez. Ce qui permet denvisager par exemple la musique comme un cinéaste ou denvisager le cinéma comme nétant que du traitement dinformation, et dans ce cas-là le passage du cinématographique à lordinateur (58:22) se fait sans aucune difficulté. Cela permet denvisager que lavantage du numérique est quil y a quelque chose qui sappelle le montage virtuel et quil est possible enfin de faire quelque chose qui est cinématographique (58:39). On na plus besoin de passer par cet outil préhistorique quétait la vidéo. On peut utiliser la vidéo pour la projection: la vidéo_cest la projection. Dans ce cas-là, on a quelque chose qui est assez passionnant, parce que soudain, on saute une étape et on retrouve dans ces petits appareils numériques quelque chose qui est de lordre du cinématographique. Je ny mets pas tout à fait les mains, mais presque. ____...accéder à de linformation et la répartir Avec le numérique, on retrouve quelque chose qui est de lordre du cinématographique. Mais cest un peu ce que lon retrouve lorsquon surfe sur le net: cest à dire des moyens daccéder à de linformation et de la répartir dune certaine manière (59:35). Lorsque je fais une performance avec plusieurs écrans, cest finalement léclatement de ça dans lespace et dans le volume (59:52). Au lieu dêtre juste sur un écran, ça se passe dans lespace. Et cest ça qui me semble passionnant à faire, mais je ne sais pas si pour les spectateurs, cest passionnant! Fort de ces deux exemples, si vous avez le courage de me suivre, je vous propose un troisième exemple qui sera la rencontre des deux précédents. ____...lambient cinema La rencontre entre les deux précédents travaux va donner le travail dont je vais vous montrer la spatialité (1:01:37). La question de la spatialisation avec des Rives: avec le musicien Thomas K. nous avions essayé de trouver le moyen denvisager ce quon pourrait appeler lambient cinema (1:02:02): essayer dimaginer que le cinéma, ce soit à la fois quelque chose que vous regardez très attentivement mais aussi pas tout à fait attentivement., cest à dire que si cest dans un lieu dart, vous pouvez passer dans des Rives, deux ou trois secondes. Vous faites ce qui est programmé dans un lieu dart, vous zappez dune installation à lautre. Mais si vous voulez prendre le temps de regarder, cest tout à fait possible. des Rives nest pas construit en séance cependant. Certains artistes proposent toutes les cinq ou dix minutes, une séance, ce sont des films narratifs, des micro-séances. ____...la disponibilité de votre temps Là, ce qui était proposé, cétait la disponibilité de votre temps. Cette disponibilité de temps, cest essayer quà la fois tout vous soit donné au premier coup doeil, mais en même temps pas tout à fait parce quil faut en faire lexpérience: cest un élément très important dans lappréhension de limage en mouvement, quand elle est spatialisée. Entre des Rives et cette installation Tu, Sempre, jai fait une petite étude avec des étudiants de lENSCII sur la possibilité de fabriquer des écrans rotatifs, voir comment on pouvait résoudre les problèmes de la capture dimage et le renvoi de ces images sur des écrans implantés dans la ville de Bologne, pour une manifestation dart. Mais entre le moment où la commande a été passée et le moment où elle a été livrée, la mairie avait changé et toute manifestation à lextérieur a été supprimée. Les écrans rotatifs se sont retrouvés à lintérieur et il a fallu changer de projet. (1:04:11) Ce qui a eu pour effet de me faire cogiter sur un autre fantasme denfant_faire tourner quelque chose_un miroir: je voulais voir ce que donnerait un miroir qui tourne dans un espace, lorsquil y a un ensemble de choses qui lui sont balancées dessus. ____Tu, Sempre Je vais vous montrer un court moment dun document filmé de linstallation, pour vous indiquer comment se résout le problème de la spatialisation dune image. Cette installation avait à la fois un écran rotatif, des projections de diapositives au sol, 15 mètres de petites photos sur les murs, des piles de posters, lun qui présentait le virus du SIDA, lautre une fleur un peu particulière qui a le nom du SIDA occidentalis, découverte au XIXe siècle dans une campagne de colonisation dans le Pacifique. Les visiteurs se servaient et au fur et à mesure que les piles diminuaient, disparaissait la fleur et apparaissait limage du virus du SIDA. Il y avait aussi un son environnemental et 4 CD que vous pouviez écouter individuellement. Voici le document sur lobjet qui tourne [Projection 1:07:30>>1:11:14 très bon son, déroulant de texte>>1:45:50>>1:16:58 voix off de Yann BEAUVAIS>>1:20:30] (1:21:39) Dans lespace de linstallation, deux projecteurs synchronisés associés au miroir tournant créent la marée dinformation dans laquelle le visiteur est immergé. Ces modes associés de projection induisent un ensemble de permutations dans lespace et vont créer des distorsions et aussi une segmentation de toutes les informations (1:22:55). Vous allez essayer de vous situer par rapport à ces sources dinformation et de savoir où et comment les lire. Elles ne commencent à être lisibles que dans le miroir et par leur reflet. Nous avons prévu, avec le musicien, en 2001, dès la tenue de la première exposition, que cette installation_quand bien même le SIDA nest plus à la mode et que la pièce a été refusée par différents lieux dart_prendrait un minimum de 10 ans, de 2001 à 2011: tous les six mois et en fonction des expositions, on proposerait des ajouts. La version présentée au Centre Pompidou, en novembre 2002 est différente, en fonction des informations nouvellement trouvées. On va proposer des transformations constantes, cest un travail numérique. On met au point des algorithmes afin de pouvoir spatialiser dans limage initiale dautres textes qui vont permuter avec les premiers, leur répondre. Il ny a pas de version définitive. On fait donc des performances, à partir déléments donnés, par fichiers actualisés. ____Question du public (1:26:20) à propos de la présence pléthorique du texte? ____Yann: Il y a deux niveaux: vis à vis du SIDA, si je vous demande, est-ce que vous êtes au courant? oui, sans doute.. On a un accord tacite de compréhension et de connaissance puis quand vous allez attraper trois phrases au passage, ça va vous renvoyer à des choses que vous croyiez connaître. Ce qui induit le travail, cest plutôt de faire une résonance, vous renvoyer à vous-même, à vos pratiques. Est-ce que vous avez besoin de toutes ces informations? pas nécessairement. Limportant, cest dinduire quelque chose, je ne souhaite pas que vous repreniez en charge tout ce que jai repris en charge et tout ce que jai recyclé, trié. Ce que je veux, cest vous mettre dans un état, une disposition dans laquelle vous ne pouvez pas échapper à cette information, cest différent de croire savoir. Ne pas échapper: le dispositif fait que vous ne pouvez pas y échapper. Vous vous voyez dans le miroir et ensuite vous allez attraper des bribes de phrases selon vos intérêts (situation des femmes, du Brésil...). Il y a un ensemble de domaines, de langues. Aux écouteurs, vous pouvez entendre des textes très personnels. ____La pratique artistique ou/et la pratique activiste. Ce que je veux, ce nest pas noyer le visiteur mais lui donner la possibilité de prélever (1:30:04) et lui laisser la place davoir un raisonnement, une idée lui-même à partir de là, cest à dire ne pas inclure nécessairement un diktat mais lui laisser la place de prendre. La pratique artistique ou/et la pratique activiste (en loccurence là) (1:30:46), cest laisser la place à, ce nest pas se substituer à. Laisser la place à, si je peux arriver à cela, cest ce que je souhaite. Pourquoi cet activisme? (1:31:06) Je ne peux pas renier ce que je suis. je fais de lactivisme avec le cinéma expérimental. Jen fais avec ma sexualité. Tant de gens, des amis, des amants sont morts. Mais, cest mon petit cercle. Quand je sors de Paris, quand je vais à quelques villes plus loin, dans dautres pays, le SIDA, cest catastrophique, ça na rien à voir avec ce que lon a ici. Soit je décide que ça ne mintéresse pas, que ce nest pas ma préoccupation, soit jai envie de nourrir ce que je suis dans ma pratique et dessayer de trouver une sorte dadéquation étrange entre art et politique, étrange parce que ce nest pas évident à faire. ____Question (1:32:20) les réseaux dexposition ____Yann: Cette installation est déjà programmée au Japon et en Chine. Still Life a été diffusé par marcel Odenbach en Afrique. Les réseaux existent. Je ne suis pas très intéressé par les réseaux spectaculaires ou par les réseaux du spectacle. Ce sont parfois dautres réseaux. Si ça ne peut pas être une installation, je la fais circuler autrement... Lorsque je gagne de largent avec, une fois remboursés les frais techniques, je reverse le reste à Act Up. Cest une chose qui me regarde personnellement. ____Question sur la quasi-absence dimage dans Tu, Sempre (1:34:00) ____Yann: La question de la représentation des personnes ayant le SIDA ou étant malades est importante. Il y a eu différentes phases avec les médias. La première phase a été de montrer vraiment ces corps afin de déclencher une forme de terreur. Ensuite quelques années plus tard, il y a eu le travail sur la compassion, la représentation denfants malades, de femmes mourantes, mais avec des images policées, hygiénisées. Jai renoncé en 1992 au projet de filmer un ami en train de mourir. Lui-même la refusé. Ce que jai envie, cest de faire surgir chez vous des images de personnes et dans ce cas-là, cétait de ne pas vous proposer des images afin que vous puissiez mettre des personnes, si vous avez besoin de personnes. La question du SIDA, cest avant tout la question des représentations. Les représentations du SIDA sont aussi bien avec les mots quavec les visages ou les corps. Montrer des personnes malades, ce nest pas vraiment du voyeurisme, mais je ne me voyais pas rejoindre cette question de la représentation du SIDA de cette manière. Jai commencé à mettre des peaux (corps masculins, féminins) comme un processus didentification quon peut faire glisser ou éviter... ____Question: le cinéma expérimental entre pellicule filmique et numérique ____Yann: Le digital permet la diffusion élargie des bandes. jai fait 80 copies digitales de Still Life: il y avait adéquation entre le projet et loutil. Tu, Sempre naurait pas pu être fait en digital, si je navais pas fait auparavant de film expérimental. Jaime la pellicule filmique, mais jaime aussi travailler des choses qui remettent en question ce en quoi je crois, doù le numérique, afin de ne pas me laisser enfermer dans une pratique et éviter davoir des limites. Il me semble bizarre de vouloir fossoyer la pratique artistique que lon a. On ne peut pas décider de faire une pratique vivante au moment où lon énonce quon doit la sauvegarder ou en faire un musée. On ne peut pas préserver un certain type dattitude sans sapercevoir que les choses se sont peut-être transformées. Pour le dire autrement, beaucoup de productions expérimentales contemporaines sont des redites des années 60 et 70. Il y a peu de films qui apportent quelque chose. Cest un peu la même chose en vidéo. ......fin de la transcription..... >>>>>>>>>>>>un lien inattendu ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| |