Mark Leckey – rétrospective Desiderata (in media res)

Silencieux, affalé au bon milieu du premier espace d’exposition, Félix le Chat nous accueille emmitouflé dans sa fourrure synthétique, gonflée à l’hélium. Il est impassible. Jetant un regard amusé sur l’assistance qui l’observe, il plonge le visiteur dans l’univers de Mark Leckey. L’artiste britannique présente pour la première fois en Italie au musée d’art contemporain de la ville de Naples (MADRE), une rétrospective de son œuvre. Déjà présentée au Wiels en Belgique, Desiderata (in media res) semble aller plus loin qu’une simple mise en lumière du travail des vingt dernières années de l’artiste. Media res, signale qu’il s’agit plutôt d’une installation à conjuguer au présent, dont les pièces ont été réalisées pour cette exposition. Bien que revisitant des œuvres passées, il s’inspire de symboles provenant de la société contemporaine, objets de fétichisme, des icônes de la pop culture, et la musique suburbaine. Ici, ses oeuvres sont exposées dans un espace scénique prenant aussi bien l’aspect des plateaux de cinéma, que celui d’un studio d’enregistrement de musique expérimentale.

 

Mark Leckey, Green Screen, mix media, 2015, © courtesy Madre et Mark Leckey

Mark Leckey, Green Screen, mix media, 2015, © courtesy Madre et Mark Leckey

 

Leckey met en place des scénarios dont les œuvres composées en matériaux pauvres sont autant d’hommages, que de dénonciations, puissamment assemblés. Ainsi, il nous invite dans les coulisses d’un plateau d’effets spéciaux, où un frigo noir luisant trône au milieu du green screen (écran vert pour effets spéciaux).

Mark Leckey, Inflatable Felix, Chat gonflé, 2015 ©courtesy Madre et Mark Leckey

Mark Leckey, Inflatable Felix, Chat gonflé, 2015 ©courtesy Madre et Mark Leckey

Dans les premiers temps de son travail, Leckey s’est intéressé à la question de l’animisme ( principe de personnification des choses) comme « impact inconscient des nouvelles technologies sur les hommes ». Ainsi, l’artiste interroge très tôt la révolution digitale, et revendique une incarnation de celle-ci dans ces œuvres. Mais l’animisme réfléchi par l’artiste se vit moins comme une croyance qu’une expérience vécue. Aussi, nous revenons à notre Inflatable Félix, célèbre personnage créé par Otto Mesmer, expression du personnage de dessin animé, massif, à la mesure de son succès. Plus loin, dans une vidéo, Leckey présente son atelier, mettant cette fois-ci en scène une icône de l’art contemporain : Un Bunny de Jeff Koons. L’artiste filme son atelier dans le miroir du lapin fluorescent, sans nous laisser apercevoir l’ombre d’une caméra. Un procédé quasiment impossible, que l’artiste réalise malgré tout.

Mark Leckey offre la vision d’un bestiaire fantasmagorique : Félix Le Chat, Bunny de Jeff Koons, autant de célébrités animales qui viennent transmettre la fascination de l’artiste pour les icônes de la culture populaire.

Celle-ci est mise en relief et vient s’opposer à la culture musicale suburbaine britannique. La dernière installation est composée de blocs de bois, où se trouve la synthèse des musiques enregistrées par l’artiste. Des sons viennent s’évacuer dans un espace assombri par les lumières jaunes, installées au plafond. Il organise l’espace comme un lieu insolite, en marge, presque alternatif. Dans une pièce qui jouxte cette installation, l’artiste présente sa célèbre vidéo Fiorucci made me hardcore, celle-ci retrace l’histoire de la musique de l’ère disco à l’acid house, portant le nom d’une marque de vêtements des années 1990. Mark Leckey s’amuse avec les symboles de la pop culture oscillant entre passé et présent.

 

Marianne Robin

 

Exposition Desiderata (in media res) du 24 septembre 2015 au 18 janvier 2016.

Curator : Elena Filipovic et Andrea Viliani en collaboration avec le Wiels, Bruxelles et le Haus der Kunst de Munich.

Ouverture du lundi au Samedi (sauf Mardi et Dimanche) de 10h à 19h30.

http://www.madrenapoli.it/

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