En décembre 2001, Catherine Francblin avait invité Philippe Rahm (architecte de “l’espace digestible, infrafonctionnaliste” >http://www.low-architecture.com/) et Dominique Gonzalez-Foerster à converser sur le thème art/architecture et espace social, dans le cadre de son programme d’Entretiens sur l’art (Espace Paul Ricard) qui aborde le thème de la mondialisation de la scène artistique contemporaine et de ses conséquences.
[ce sont des notes brutes prises à la volée dans le temps de la conférence, non relues par Dominique Gonzalez-Foerster. L.T.]

C.B.: Avec son travail dans la
Station de métro Bonne Nouvelle, Dominique Gonzalez-Foerster envisage la question de l’espace social, de la ville projetée d’un point du futur dans notre réalité d’aujourd’hui.

D. G.-F.: Le point de départ du projet se situe en été 1998. Avec Caroline Bourgeois et Purple, nous répondons à un concours à propos de la Station Bonne Nouvelle, fait en direction des graphistes, designers, pas forcément des artistes.
L’environnement de Bonne Nouvelle, c’est le cinéma_le Grand Rex, la Cinémathèque_ le croisement entre l’architecture et le cinéma. Il y a peu de correspondance entre un espace en 2D et en 3D, leur combinaison est une question. Ce n’est pas l’image en mouvement qui amène cette question. Croiser l’architecture et le cinéma, mais aussi le cinéma et l’idée de transport, de déplacement. On a évacué l’illustration (Marylin, Charlot, etc...)

1. Va-et-vient image/espace
Il fallait trouver un rapport entre l’image et l’espace, un va-et-vient, une sensation de cinéma dans la station de métro. La caméra de surveillance, c’était “trop”, on a choisi de faire un film autonome avec des parties filmées dans la station, avec un montage aléatoire. Parfois, ça tombe bien: c’est le bonheur de l’aléatoire.
Sensation de cinéma, va-et-vient image/espace, et surtout pas faire une oeuvre dans l’espace.
Quelque chose qui jouerait du format cinéma en 52 mn. Une station de métro, c’est un format, un langage: les panneaux d’affichage, l’éclairage, la manière dont le nom de la station est affiché, les escaliers, ... tout fait langage. On a essayé de rentrer dans toutes ces dimensions. Il n’y a pas d’art au sens qu’il y aurait un objet extérieur, image/espace, écran/espace.

2. Lumière
Le plus important pour transformer l’ambiance, c’est la lumière. Le concours gagné, on a fait appel à un éclairagiste. La lumière, c’est la colonne vertébrale du projet. On a travaillé la nuit entre 1h et 5h du matin, pendant six mois. Des globes de lumière colorée le long du quai jouent avec l’idée de guirlande. Dans la guirlande se mélangent des écrans, points lumineux entre les globes: un bandeau de cinéma tient les globes de lumière. Des douches de lumière (effet de gag) projetées sur la surface réfléchissante de papier argenté recouvrant des panneaux publicitaires sur le mur de la station donnent la dimension abstraite et potentielle du cinéma.

3. Espace potentiel, espace expérimental
Utopie, c’est un mot que je n’utilise pas, je parle d’espace potentiel, d’espace expérimental. Pour moi, c’est très réel, l’idée de changer l’éclairage. J’essaie de faire avec ce qui est là, d’utiliser ce qui est latent dans un environnement. Je parle d’espace potentiel, on entre dans le langage d’un terrain, de l’acquisition du vocabulaire d’un lieu. A utopie, je préfère espace potentiel, (>Winnicott Jeu et réalité), espace de jeu qui permet d’articuler quelque chose, espace de projet. Il y a un rapport à l’espace très ludique dans la station. Les cadres pour les publicités deviennent des écrans de projection avec du son, la guirlande, le point lumineux-image devient un miroir inscrit dans un cadre de publicité du quai. Au blanc hygiéniste des carreaux, on a couplé le noir des plinthes, des cadres des panneaux publicitaires, des sièges, tout est noir et blanc. On réalise petit à petit, ça se joue dans toutes les couches, ça s’appréhende en plusieurs fois, c’est une espèce d’infusion. Dans les bouches d’aération, on a installé un énorme projecteur éclairé en permanence, qui diffuse une lumière du jour artificielle au sol. On peut l’appeler art, mais tout seul, c’est un élément de vocabulaire, parmi les autres: les écrans dans le bandeau lumineux, le panneau d’affichage transformé en écran, les petits écrans... Ce sont des petites failles qui impliquent d’autres positions _on regarde en l’air_, une autre façon de bouger dans le grand escalier. On essaie d’amener une autre posture, un autre déplacement dans un espace architectural donné. Philippe Rham s’intéresse à ces données invisibles de l’espace, la lumière, la création de champs électromagnétiques qui transforme la physiologie, les comportements.....

NDBP/ [Référence décalée: Douglas Gordon_
Between Darkness & Light (after William Blake); video installation
Location: Pedestrian tunnel under the Hindenburgplatz; Status: Temporary installation as of June, 1997.
A room will be constructed in the pedestrian tunnel under the Hindenburgplatz; for the duration of the exhibition, the room will serve as a cinema. A wall is constructed in the middle, on both sides of which the films "The Exorcist" (1973), by William Friedkin, and "The Song of Bernadette" (1943), by Henry King, will be simultaneously projected on both sides of the screen. The films, which tell of religious and devilish obsession, run in endless loops. According to Gordon, the tunnel becomes a metaphorical place of transition, in which the dichotomies of good and evil, bright and dark, are confronted with each other.
lien >>> http://www.museennrw.de/skulptur/97/gordon/]