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Archives janvier, 2012

(je)u dans la ville, l’anti-monument mobile

Article publié le : Lundi 9 janvier 2012. Rédigé par : patricia xavier

Tags PRO immigration

Article publié le : Dimanche 8 janvier 2012. Rédigé par : bulicic

Graffiti Pro immigration

Le projet vise à intervenir de façon éphémère trois points différents de la ville dans laquelle il ya un afflux important de personnes. Les techniques utilises sont spray sur le mur et carton dans deux endroits différents dans la ville. La première c’était dans la rue de 3tréres dans le 18 eme arrondissement. Est un quartier avec beaucoup de gens parce que c’est touristique et résidentiel. Là, j’ai écrit la phrase « Immigrant c’est pas mal ». La réaction de la population fut d’abord assez acide. D’abord une personne d’un adulte, alors j’essaie une autre bête et ignorant et qui disait « Je n’aime pas les immigrés. » Plus tard, certains touristes prennent des photos et d’autres ont dit qu’ils aimaient. Le fait que c’était un message à la population réagit de différentes manières. .

Malheureusement, la murale n’a pas pu être terminée comme je le voulais parce que la police est intervenue à deux fois parce que le première j’ai resté) donc j’ai laissé un bon moment à regarder les gens passer et ils ont réagi positivement et négativement. Un passant dit «nous sommes tous des immigrants» et un autre le prendre comme un simple « tag ». Il y a  des différentes réflexions à partir de l’écrit de la rue.

NO PAPER NO PEACE

La deuxième intervention a été à la sortie métro Place de Clichy. Cette fois, un petit panneau a été laissé à cote de l’endroit où les gens voient la carte du métro. Les gens  n’ont pas touche le cartel. Ils le voient comme un simple truc de Street art. Pendant mon temps à écouter les gens disent « c’est vrai pour les sans papier», tandis que d’autres ne sont pas vraiment intéressés.

 

 

Conclusions

Les deux interventions ont eu des réactions variées des passants. Alors que le premier était plus «populaire» est également due à leur taille était plus grande et la place était occupée et plus étroit. Le second n’a pas eu beaucoup de pertinence que les gens ne touchent pas le moins du monde.

Métro d’arabesques

Article publié le : Dimanche 8 janvier 2012. Rédigé par : jacquotcatherine

Ce qui m’a intéressé dans ce projet c’est de refaire le trajet quotidien entre mon chez-moi et la bouche du métro, avec l’idée de mettre en valeur cet espace où interagissent des dizaines de personnes. Je voulais voir si, en changeant leur perception d’un espace commun elles pouvaient reconsidérer ce qui d’ordinaire elles croyaient sans importance. Dans un premier temps, mon choix s’est porté sur un lieu de passage assez fréquenté dans une rue marchande près de mon appartement, qui s’appelle le Passage des Abbesses, situé dans le 18e arrondissement de Paris. Cependant, après avoir essayé de penser à un projet réalisable autour de ce lieu, j’ai constaté la difficulté du projet, et ai donc choisi de me concentrer sur un autre lieu de passage, un couloir de sortie de l’arrêt de métro Abbesses.

La fonction d’un lieu de passage étant d’ouvrir un accès entre deux directions, bloquer ou modifier cet accès revient donc à changer la perception de cet espace de transition. Dans le cas du Passage des Abbesses, il aurait été question de bloquer ce passage au sens propre du terme, tandis que pour le projet du métro Abbesses, il s’agit de changer l’espace sans modifier son architecture, car c’est la perception de cet espace par les usagers qui m’intéresse ici. En effet, en travaillant les lumières, il est possible de susciter la curiosité des passants, puisqu’on modifie une partie de son trajet. Par exemple, l’artiste espagnol José Manuel Ballester se plaît à travailler avec ce genre d’espaces en faisant ressortir les effets lumineux. De cette manière, il cherche à déshumaniser des non-lieux et des lieux de passages pour provoquer un certain étonnement de la part des spectateurs, étant donné qu’il porte son intérêt sur l’absence de vie que dégagent ces espaces.


Cet intérêt pour ces lieux sans histoires, et donc impersonnels, peut s’expliquer en partie grâce à l’explication que nous donne Marc Augé dans son livre Non lieux. Introduction à une anthropologie de la sur modernité[1], où il écrit que c’est notre société moderne qui est « productrice de non-lieux ». J’ai donc cherché à saisir le sens de cette définition pour mener mon projet à bien et ai compris que la société actuelle nous pousse toujours à aller plus vite, à toucher un but précis, sans se préoccuper de nous inciter à regarder d’une autre façon l’espace qui nous entoure. Et c’est justement cette vision unique que j’ai tenté de détourner en montrant aux passants que si on les force à s’attarder sur un peu plus sur ce qui les entoure, peut-être que ça leur donnerait une autre approche de l’espace qu’ils partagent avec d’autres individus. Ce qui rejoint l’idée que les non-lieux ou lieux de passages sont impersonnels, puisqu’ils n’appartiennent à personne et à tout le monde à la fois.

Pour résumer, ma démarche dans ce projet consiste à essayer de surprendre les utilisateurs de l’arrêt de métro Abbesses, afin qu’ils puissent s’attarder un peu plus sur un espace qu’ils ont l’habitude de fréquenter, et par lequel ils sont obligés de passer pour se rendre à leur point d’arrivée. Je veux tenter de leur faire prendre conscience que même des endroits aussi banals et ordinaires qu’un couloir de métro peuvent acquérir une autre fonction que celle de servir à ouvrir un passage entre un point de départ et un point d’arrivée.

Pour parvenir à mettre en pratique cette idée d’embellir un espace qui a la caractéristique d’être fonctionnel, j’ai découpé dans du papier noir épais des arabesques qui ont la dimension des lumières rectangulaires du couloir. Je voulais rompre avec la linéarité et la régularité des carreaux blancs des murs pour mieux faire ressortir ce qui m’a attiré dans ce lieu : les rectangles lumineux.

Dans un premier temps, j’ai d’abord essayé de les mettre dans le couloir arrondi, mais la lumière ne se modifiait pas vraiment, même si mes arabesques étaient bien mises en évidence. Puis je les ai disposé au niveau des marches puisque les ombres des gens arrivaient à se projeter de façon plus ostentatoire, de plus ici aussi, mes arabesques se voyaient très bien, car elles se trouvaient dans la ligne de mire des passants, puisque les lumières sur lesquelles elles étaient collées se trouvent au pied des escaliers.

Evidemment, auparavant j’ai fait du repérage sur le lieu afin de savoir comment modifier la perception de l’espace par les passants. J’aurai pu choisir des lumières plus vives, mais elles étaient difficiles d’accès, car trop hautes ou trop proches des surveillants de la RATP qui se trouvaient dans la station. En effet, un des avantages de ce couloir et de cette station, réside dans le fait qu’il est à l’abri des regards des travailleurs de la RATP. A part une caméra suspendue à l’entrée des escaliers, le couloir empêche un accès direct au « hall d’entrée ». Et c’est aussi cela qui m’a attiré puisque j’ai pu agir à ma guise sans être dérangée par un représentant du métro parisien. Néanmoins, lorsque je suis descendue dans ce hall pour voir comment rendaient mes arabesques lorsqu’on montait les premiers escaliers, quatre hommes de la RATP nous regardaient (une amie qui m’aidait et moi) de façon assez insistante, comme s’ils se demandaient ce que nous avions l’intention de faire avec mon appareil photo et mes arabesques collées au mur. Heureusement, il s’avère qu’au final, ils nous ont laissé agir comme nous le voulions.

 

Mis à part cela, je n’ai pas rencontré de problème de la part des passants, personne ne s’est amusé à décrocher mes arabesques, ou à en arracher une partie. Au contraire, la majorité des passants regardaient ce que j’étais en train de faire. Personne ne m’a posé de question non plus, mais je sentais qu’ils étaient intrigués pendant que je posais mes arabesques. Un homme s’est même arrêté à la descente des escaliers pour observer durant quelques secondes comment je m’y prenais.

Par contre, une fois que j’ai eu fini de les poser, les gens faisaient moins attention, ils continuaient leur chemin sans vraiment prêter attention à la modification que j’avais apporté, ou alors ils faisaient des petits commentaires lorsqu’ils étaient accompagnés. Cependant, jamais ils ne m’ont adressé la parole pour savoir en quoi consistait mon intervention, alors que je me tenais debout avec mon appareil photo, proche des lumières afin d’observer leurs réactions.

 Au final, les personnes qui se sont attardés sur mes arabesques m’ont paru aimé ce petit changement car je les entendais dire qu’ils trouvaient ça « mignon » ou « joli » ou « sympa ». J’ai pu toucher toutes les catégories d’âges car ces remarques venaient de la part de personnes âgées comme de jeunes adolescents. De plus, de temps en temps, lorsque les gens voyaient que j’attendais avec mon appareil photo, ils devaient se douter que j’étais l’auteure du projet car ils me souriaient, mais comme je l’ai précisé précédemment, personne n’a essayé de me parler.

Pour conclure, je suis assez contente que les gens aient remarqué mes arabesques, et qu’en général il y ait eu des retours, et plutôt de bons retours au vu des remarques et de la variété de gens qui les ont prononcé. Néanmoins, je trouve dommage que les arabesques n’ait pas vraiment modifié les lumières, car l’intensité lumineuse ne devaient pas être assez forte, et les lumières ne devaient pas être dirigées dans la bonne direction pour projeter les ombres créer par les arabesques. Prenant en compte cette constatation, il serait peut-être intéressant de remplacer les arabesques par des rectangles de papiers transparents et colorés pour ainsi modifier la perception de l’espace. Peut-être qu’avec le mélange des couleurs projetées, mon intervention serait plus ostentatoire, et susciterait d’autres réactions chez les passants.


[1] Non lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Marc Augé, 1992, SEUIL

Les lieux touristiques à Paris comme les archives des souvenirs des parisiens

Article publié le : Dimanche 8 janvier 2012. Rédigé par : tatevik nadaryan

 “Rien n’est plus beau que Paris, sinon le souvenir de Paris”

Chris Marker

L’idée du projet

Aujourd’hui le phénomène de tourisme est très répandu dans le monde. Il n’y a pas d’endroits sans touristes, les gens voyagent partout dans le monde. Le tourisme est devenu un signe de prospérité. Dans chaque pays, dans chaque ville il y a des endroits touristiques.

Est-ce que nous pouvons être des touristes dans la ville où nous vivons? C’est la question principal de ce projet qui s’appelle «Les lieux touristiques à Paris comme les archives des souvenirs des parisiens». Dans les lieux touristiques à Paris nous rencontrons très rarement des parisiens. Les parisiens évitent ces endroits pour plusieurs raisons: tout coûte très chère et il est très difficile de s’y déplacer. L’idée principal de ce projet c’est de mettre les parisiens dans les endroits touristiques pour créer un lien entre une idée de la ville et ces habitants. L’autre objectif de mon travail c’est de saisir l’ambiance des lieux touristiques et en même temps de saisir l’instantanéité avec l’appareil photo et montrer comment l’ambiance international se mélange avec l’ambiance de la ville.

Ce projet a été inspiré par le film de Chris Marker   »La Jetée ». Dans ce film il touche la question de la mémoire et des souvenirs de l’enfance.  Je me suis inspirée  de ce concept, j’ai photographié les lieux des souvenirs de quelques  parisiens.  Paris est devenu un musée où il n’y a pas seulement des endroits connus et anciens mais où il y a aussi des souvenirs. Pendant mes promenades avec les parisiens j’ai essayé de faire renaître chez eux les souvenirs de leur première visite.

Pour mon projet j’ai fait une carte de Paris où j’ai marqué les lieux touristiques. Je vais reprendre cette carte pour mon projet, en collant sur chaque lieux touristiques mes photos. Ainsi je vais réunir tout ces lieux avec ces habitants dans le même endroit.

Quand nous habitons dans une belle ville comme Paris souvent nous oublions comment les endroits peuvent être jolies et intéressants. Mes touristes ce sont les parisiens qui découvrent la ville pour eux-même. Ils essaient d’oublier qu’ils habitent dans cette ville et ils deviennent les touristes pour découvrir de nouveau l’endroit où ils habitent ou ils passent tous les jours .

Le processus du projet

Première étape du projet:

J’ai choisi dix endroits qui sont à mon avis les plus visitées à Paris et qui traversent toute la ville:

1. La Statue de la Liberté, métro Charles-Micheles

2. Trocadero, métro Trocadero

3. L’Arche de la Défense, métro Esplanade de la Défense

4. L’Arche de Triomphe, métro Charles-de-Gaulle-Etoile

5. La Concorde, métro Concorde

6. Montmartre, métro Anvers

7. Le Louvre, métro Louvre -Rivoli

8. Centre George Pompidou, métro Rambuteau

9. Notre Dame de Paris, métro Cité

10.La Fontaine Saint-Michel, métro Cluny la Sorbonne

Deuxième étape du projet:

J’ai fait des promenades avec les parisiens dans les lieux touristiques pour prendre les photos d’eux. Ces parisiens sont les gens que je connais: mes amis, mes collègues. J’ai créé une liste des endroits touristiques et chaque parisien choisissait son lieu préféré.  Je demandais à mes modèles de ne pas poser, je cherchais le moment où ils étaient le plus détendus pour prendre les photos. En prenant les images j’ai voulu garder le style des photos touristiques, la compositions, le cadrage, les images contre-jour. Pendant les promenades, les parisiens me racontaient leurs souvenirs sur ces lieux.

Les souvenirs des parisiens:

Eric:

«Je me souviens pas la première fois quand j’ai vu la Statue de la Liberté à Paris. Mais chaque fois quand je viens ici j’ai la nostalgie de New York».

Nadya:

«C’était il y a quatre ans que j’ai vu la première fois la Tour Eiffel. Pour moi c’est un vrai symbole de Paris. Je la vois tous les jours parce que j’habite à coté mais chaque fois je redécouvre cet endroit».

Hiba:

«J’ai toujours connu le quartier de la Défense depuis toute petite mais ce qui me fascine toujours, ce sont les grands building. De plus, j’ai découvert pendant notre promenade ce qui se trouve de l’autre côté de la Grande Arche: on ne se crois plus à Paris! Une merveilleuse promenade peut être agréable surtout en présence du soleil. J’ai beau habiter la capitale, mais il y a énormément d’autres endroits à découvrir».

Marine

«J’étais petite quand j’ai vu l’arche de triomphe la première fois. J’ai eu l’impression qu’il y avait du brouillard, on ne voyait pas grand chose..»

Eloise:

«Cela fait trois an que j’habite à Paris et la première fois que j’ai vu la Concorde, c’était avec mes amis parisiens qui avaient organisé une promenade à Paris pour moi. Maintenant quand j’ai ma famille ou mes amis de ma ville natale qui viennent à Paris, je deviens leurs guide».

Merwan:

«La première fois que je suis allé à Montmartre je devais avoir quatre ou cinq ans et j’étais avec mon père».

Elena:

«Le Louvre m’a beaucoup impressionné la première fois. C’était un soir d’été, la lumière autour du Louvre créait une ambiance magique avec le son d’un saxophone qui venait du passage du Louvre. La musique était profonde, elle enveloppait tout le Louvre».

Irina:

«C’était avec ma famille que j’ai vu le Centre Pompidou la première fois. J’étais petite et je ne comprenais pas pourquoi on doit regarder toutes ces œuvres».

Lucie:

«Je suis tombé amoureuse avec Notre Dame du premier regard quand j’étais petite. Mais avec le temps je me suis habituée à sa beauté. Parfois on se balade avec mon père à coté de Notre Dame et cela me rappelle mon enfance».

Magali:

«Je n’aime pas aller dans ce quartier autour de la Fontaine Saint-Michel, il y a beaucoup de touristes la-bas. Mais quand je vais à mon travail le matin, il y a personne et j’aime beaucoup passer à cet endroit».

Troisième étape du projet:

L’étape suivante c’est la retouche des images. D’abord j’ai choisi les images avec qui je vais travailler, deux images avec chaque modèle. Les photos originales sont en couleur. En faisant la retouche j’ai transmis les images en noir et blanc. Puis j’ai réunis les photos par deux. L’idée était de montrer l’humeur différente de mes modèle.

Quatrième étape du projet:

J’ai acheté une carte de Paris et j’ai fait le tirage des images. Puis je vais mettre les photos sur la carte, pour chaque lieu connu, je vais coller l’image correspondante.

Cinquième étape du projet:

 Comme lieu d’exposition,  j’ai choisi Pantin qui se trouve sur la ligne onze. Cet endroit  se trouve en banlieue, je voulais réunir les lieux de Paris  dans un endroits qui est  en  dehors de la ville. Dans ce projet j’étais une touriste, je voyageais à travers les souvenirs des parisiens .  Mon idée c’est de faire voyager les spectateurs dans  les souvenirs  des parisiens et de ressentir l’excitation du voyage. 

Conclusion

La question que nous avons posé au début de notre projet était «est-ce que nous pouvons être les touristes dans la ville où nous vivons?» La réponse est «oui», nous pouvons être des touristes dans la ville où nous habitons quand nous sortons de notre vie quotidienne, de notre travail, de nos études. Nous faisons cela parfois pendant les promenades les week-end, ou quand nous avons des amis qui viennent à Paris. Nous devenons leurs guide et nous découvrons la ville de nouveau. La plupart des parisiens évitent les endroits touristiques. Pendant ce projet on était baigné dans une ambiance de fête infini, d’atmosphère international car nous avons rencontré les cultures et les langues différentes.  

Dans le projet nous parlions de la question des souvenirs. La première fois qu’on voit la tour Eiffel procure une sensation inoubliable dont on se souvient toute ça vie. Quand nous voyons ces endroits chaque jour nous perdons cette sensation de la première fois. Chaque parisien a ces souvenirs particuliers de Paris: la première connaissance avec la ville, les promenades, le retour dans le passé, dans l’enfance, quand tout paraissait plus grand et plus impressionnant. Nous oublions beaucoup, les sensations ne se répètent jamais, elles sont toujours différentes. Les promenades avec les parisiens font renaître leurs souvenirs de la première rencontre et elles changent la perception du présent.

Les Murs ont des Oreilles

Article publié le : Samedi 7 janvier 2012. Rédigé par : claireernewein
  1. LE CONCEPT

Bien souvent je trouve mes référence dans les livres, que je lis et cette fois ci, l’idée m’est venue en lisant Les Métamorphoses d’Ovide, livre XII « La Renommée ». Ce texte est l’allégorie de « la Renommée », que l’on peut traduire par « rumeur ». Il s’agit d’un texte décrivant une ville déserte, qui est paradoxalement, extrêmement bruyante.

Le concept initial de mon projet se présentait sous cette forme ;

«  »Les murs ont des oreilles »
Université, facebook, nouvelles technologies, ragots, art, surveillance, liberté, etc sont des mots ou des moyens qui reviennent souvent dans mon quotidien. Aujourd’hui nous vivons dans un monde de libertés factices, avec les avancées technologiques que nous connaissons. Nous voyons de nouveaux moyens d’expression apparaître, tous comme des moyens de nous surveiller. Certaines personnes préfèrent l’ignorer, pendant que d’autres tombent dans la paranoïa.
Moi j’ai envie de traiter de ce sujet en utilisant une vieille expression française, « les murs ont des oreilles » et de la mettre en pratique. Pour ce faire il me suffit de mouler ou de sculpter des oreilles et de les accrocher sur les parois d’un ou plusieurs murs. La pluralité des échelles appuierait mon propos et amènerai une certaine connivence avec le spectateur (taille minimum = 2cm, taille maximum = 25 cm) »

Mais le temps passant je me suis rendue compte de mes limites en matière de sculpture d’oreilles (je n’ai jamais été particulièrement douée dans ce domaine, malgré pas mal d’essais peu concluants…) et mon petit budget, je me suis recentrée sur une seule « oreille parlante ».

  1. LE PROCESSUS

Le Processus est simple, il s’agit de trouver un système pouvant enregistrer et lire un message, sur lequel une oreille -plus ou moins réaliste- est accrochée.

  1. Le système enregistreur :

J’ai rapidement trouvé ce système sur le site internet « Pearl » (http://www.pearl.fr), il s’agit d’un boîtier enregistreur à capteur de mouvement, de couleur noir et aux dimensions suivantes : 60x95x25mm. Ce boîtier est alimenté par 3 piles (et non 2 comme dit sur le site internet) et est capable d’enregistrer un message de 6 secondes et de le lire dès qu’une personne passe à moins de 2m de lui grâce à un capteur infrarouge.

Exemple de messages pré-enregistrés :

« Bonjour mon amour », « Espèce de connard, tu vas voir ! », « Bonjour que puis-je pour vous ? », « Non mais je te jure, c’est fou ! », mais aussi des bruits ; une perceuse, un rire, un chant d’oiseau etc…

 

  1. L’oreille :

Ici réside toute la difficulté du projet. J’ai fait plusieurs tests avec différentes matières telles que ; le plâtre, l’argile et le latex. Sauf qu’avec chacune de ces techniques j’ai rencontré une difficulté différente. Tout d’abord le plâtre, la façon la plus commune et réaliste de recréer une oreille, mais cette technique est lourde, fragile et difficilement stable sur le boîtier. Ensuite l’argile, ce sont les mêmes difficultés que pour le plâtre, sauf qu’en plus le résultat est beaucoup moins précis et réaliste. Enfin le latex, là le problème aurait dû être résolu car il s’agit d’une matière souple et légère facilement utilisable, sauf qu’il s’est révélé durant l’expérience que j’y suis allergique… Donc impossible de la toucher sans qu’il n’y ai une réaction cutanée plus ou moins spectaculaire et douloureuse. Dernière solution, en trouver dans un magasin…

 

  1. LE RESULTAT

    Impossible pour moi de trouver des oreilles en latex, autre que des oreilles d’elfes… Donc je me suis rabattue sur ma précédente expérience : l’oreille en argile. En fin de compte ce n’est pas si mal, elle est lourde certes, mais au moins elle tient toute seule (avec l’aide d’un peu de colle tout de même) sans compromettre l’utilisation du boîtier, que ce soit du point de vue de l’enregistrement ou du faisceau infrarouge voire du haut-parleur. Il me reste à mettre un petit coup de peinture et ce sera fin prêt !

Piscine Guyne-mer

Article publié le : Vendredi 6 janvier 2012. Rédigé par : Sandramarcuss

NOTE D’INTENTION
Nous logeons actuellement à la résidence guynemer du Crous de Saint Denis. La résidence contient plus de 5 centaines de chambres simples et doubles pour étudiants et un jardin central pauvre en végétation. Il y a au milieu de ce jardin une surface creuse d’environ 18 mètres de long pour 12 mètres de large et allant jusqu’à 1 mètre 50 de profondeur. l’existence de cette forme mais aussi son emplacement et sa possible contenance attirèrent notre curiosité. D’autre part, la résidence ne présente à ce jour aucun lieu en commun ou espace de rencontre. Beigeâtre et Massive vue de l’exterieur ,elle présente en son coeur une quantité remarquable de couloirs aux tons gris et bleu pâle. Notre intention fut de modifier le parcours des gens au coeur de ces couloirs dans le but de provoquer le dialogue, l’observation et la rencontre. Proposer une vision de l’espace collectif comme champ de réinterprétation de notre réalité.

LA FAILLE
Ce que nous appelons une faille en architecture est comparable au Bugs ou «espaces perdus» des jeux vidéos. Ce que nous appellerons La faille est un grand creux, Il ne présente aucune justesse géométrique car ses angles ne sont pas égaux et sa structure, proche de ressembler à un rectangle aux angles arrondis est imparfaite: un type de construction qui n’a jamais aboutie. Probablement une fosse sceptique. Elle est située au beau milieu du jardin central. Lors de notre passage vers la seconde partie du bâtiment, nous pouvons avoir pleine vue sur cet immense trou. Compte tenu de sa position architecturale et de sa forme on pourrait bien imaginer une piscine. D’autant plus qu’il s’agit du seul espace vert que comprend la résidence: physiquement et littéralement axial. Chaque jour plus de 500 étudiants passent a côte de ce jardin sans se donner le temps de le parcourir. Il devient ainsi un endroit non habité et quasiment stérile. Nous déciderons d’habiter ce trou monumental d’une projection vidéo lumineuse de la mer. Clé de voute entre les continents, la mer désigne la circulation libre et naturelle des eaux sur l’ensemble du globe. Aussi n’a t on pas dit pendant plus d’un siècle «peuples d’outre mer» en parlant des étrangers? La mer se pose ici comme étrangère à toute chose et à tout individu quelque soit sa provenance: Une confrontation qui pourrait amener les habitants du lieu à partager, comme au cinéma, l’espace d’un instant.


REPERAGE
Avant de nous lancer dans l’élaboration complète du projet, nous avons procéder à un repérage multiple. Recherches Internet sur les lieux; leur signification et leurs auteurs. Nous avons ensuite photographier le terrain de multiples points de vue. Afin de calculer la faisabilité de la projection, nous avons pris les mesures des lieux avec un mètre et l’intensité lumineuse présente de nuit à l’aide d’un Luxmètre. Nous avons élaborer l’un l’autre croquis et petites esquissesa1 afin de réfléchir esthétiquement le cadre de la projection et par conséquent de mieux se le figurer et l’intégrer. Enfin, nous avons aborder de nombreux habitants ou employés de la maison en leur demandant leur avis sur le jardin de la résidence et leur appréhension du trou vert. La plus part, pour rigoler, disaient y voire la possibilité d’ une piscine. Grâce à ces démarches qui contribuent dés le départ à créer un certain type de dialogue avec l’autre, nous avons pu définir notre dispositif et établir son système de fonctionnement, les matériaux à utiliser ainsi que le coût approximatif de l’opération.

     

INTERACTIVITE

L’apparition d’un eau lumineuse et mouvementée au sein du jardin central s’active au passage de l’individu dans le couloir vitré reliant deux compartiments de la résidence l’un à l’autre. Expliquons le simple principe d’interactivité dont il est question: – Pour passer du bâtiment 1 au bâtiment 2 il faut emprunter une première porte A dans le couloir . – On se retrouve alors dans le couloir vitré en zone T ou l’on peut voire le centre du jardin, – On pousse alors la porte B pour traverser ce couloir. Dés lors, il n’est plus possible de voire quoi que ce soit: le mur de béton nous entraîne vers la suite du bâtiment 2 d’ou on prend l’ascenseur pour accéder aux 5 étages. Lorsque nous poussons la porte A, un capteur de présence placé au plafond transmet le signal au vidéo projecteur placé au 5ème étage et alimenté depuis notre chambre L’image est alors projetée en plein centre du jardin et le son de la mer est déclenché sur la longueur de la zone T grâce à 2 petites baffles discrètes et murales.

MAQUETTE
Afin de mieux rendre compte du rendu de l’oeuvre et afin de solliciter les moyens nécessaires à sa réalisation, nous nous sommes attelés à la conception et construction d’une maquette interactive en papier et carton . La maquette est à une échelle d’1/200 . le revêtement des bâtiments est fait des photographies que nous avons pris de ces mêmes bâtiments. Le gazon et sa faille sont reproduits en carton vert. Les vitres des bâtiments sont partiellement faites de papier calque semi-opaque ou jaunie. Le surface de la faille est en acétate: une surface transparente pour la réflexion lors de la projection, une deuxième bleue pour simuler la couleur de la projection. A la facon des boîtes d’optiques «mégaléthoscopes », la maquette repose dans une boîte noire qui nous permet d’y controler la lumière ambiante2. La lumière émanante des bâtiments est fournie par une lampe électrique blanche. La lumière du jour et la projection sont deux lampes à Led alimentées par des piles. Lors du visionnage de la maquette, toutes les lampes sont activées. En désactivant la lumière Led du jour, nous voilà en pleine nuit. Il ne nous reste plus qu’à tirer une languette pour voirre apparaître la projection. Nous avons également commencer à créer un parcours virtuel en trois dimensions de l’oeuvre et de son fonctionnement sur google sketchup.


 
 

L’INQUIETANT FAMILIER
C’est en 1919 que Freud introduit la notion d’inquiétant familier(1), pour designer dit-il, «une chose à laquelle la vie de l’âme est accoutumée depuis toujours et que seul le processus du refoulement a éloigné d’elle». Cette impression, ce sentiment, cet événement de choc pour l’esprit, est très généralement provoqué par un grand nombre d’oeuvres contemporaines qu’elles soient plastiques, cinématographiques, musicales ou littéraires. Simone Korff-Sausse explique ceci par le fait que les nouvelles technologies «provoquent de véritables mutations et produit des situations inédites». Sans s’éloigner de ces technologies mais sans pour autant rentrer en relation avec la recherche scientifique, l’apparition de l’élément mer que nous voulons transposer en ces lieux aurait tendance à provoquer l’inquiétude pour ce qu’il active dans notre mémoire : un passé, une sensation de liberté qui n’existe que dans les souvenirs et qui ne pourrait donc, par définition, ne plus jamais exister. Néanmoins, le contraste entre l’image mer et son environnement urbain pourrait symboliser l’espoir, la promesse d’un projet futur ou provoquer le sourire de l’étonnement. Cependant, deux choses bien définies viennent préciser notre objectif: la première est le fait que l’image est projetée dans un cadre précis : celui du trou. On pourrait aussi bien dire que l’oeuvre est hors

 

cadre mais la mer qui est représentée dans l’image projetée est clairement délimitée; rectangulairement parlant. En effet, nous ne tenons pas à faire croire que la
mer est là mais plutôt que l’apparition de son image en suggère la possibilité. La seconde idée est celle d’apparition-disparition, et qui inclut en sois une dimension temporelle propre à l’oeuvre. D’ailleurs, l’image n’apparaît que lors du passage d’une vie humaine. Elle apparaît pour freiner l’individu dans son élan de rapidité mais aussi pour provoquer sa contemplation puis, disparaît aussitôt. Dans ce cas, mirage et miracle peuvent coexister. C’est par son apparition au sein d’une erreur architecturale que La Piscine Guynemer, a la fois étrangère et familière à quiconque, monumentalise son contenant et s’impose comme un message de masse volontairement pacifique.
S+M
                                                                                                                                                                                      
1- L’hypothèse que veut prouver Freud est que le retour du refoulé suscite une inquiétante étrangeté, mais qu’en réalité il s’agit de quelque chose de familier. L’inquiétant familier(suivi de Le marchand de sable, E.T.A Hoffmann), S.Freud, preface par Simone Korff-Sausse, 2011, Édition Payot et Rivages, tr. de l’allemand par Olivier Mannoni.

(Dés)encadrement

Article publié le : Jeudi 5 janvier 2012. Rédigé par : sandypellegrini

C’est aux suites d’une étude de la Monumenta 2011 d’Anish Kapoor, réalisée pour mon projet de fin de licence, que m’est venu l’intérêt d’orienter mes études vers le domaine de la sculpture de grande taille, et, plus particulièrement, vers les œuvres aux dimensions les plus démesurées et les plus hors normes. En effet, la démesure révélait permettre différentes interprétations visuelles, toutes engendrées par notre confrontation aux oeuvres et notre inaptitude à saisir l’ensemble de ce qu’elles sont. Plusieurs types d’oeuvres se différencient alors, toutes comportant divers niveaux de lecture. Seul celles qui incorporent une segmentation dans leurs matérialités feront l’objet de mon attention.

L’idée originelle de ce projet plastique se devait de répondre à deux critères bien précis : la monumentalité et la déstructuration. Ces deux notions associées m’ont amené à la comparaison des vestiges de l’antiquité grecque et des grandes architectures à moitié détruites d’aujourd’hui. Les immenses colonnes au sol, seules dans un espace dévasté, forcent le regardeur à reconstituer un ensemble à partir des restes qu’il a sous les yeux ainsi que de ses connaissances, de ce qu’il a pu apprendre ou lire jusqu’ici. C’est ainsi que l’idée de cadre s’initie. Le cadre est un objet confectionné par des artisans dans un but décoratif. Mais ce métier, tout comme l’objet, tendent à disparaitre avec l’avènement du numérique. Qu’il s’agisse des vestiges antiques ou bien du cadre, ma volonté visait à réutiliser ces deux objets dont la disparition, ou tout du moins la rareté toujours croissante était accentuée par l’époque contemporaine qui en amoindrissait le nombre autant que l’utilisation. D’autant plus que, d’un point de vue esthétique, la sculpture d’un cadre démembré parmi ces vestiges aurait créé un effet de confusion entre les deux objets dans la mesure où la sculpture adopterait un style classique ayant de trop fortes ressemblances avec l’ornementation de la ruine elle-même. Cette idée ne répond en effet pas à l’un de mes critères imposés pour ce projet visant à inclure le spectateur dans une déstructuration.

L’idée suivante était de recréer un tableau célèbre ou une image connue tels les représentations par les impressionnistes de paysages de l’Oise. Afin d’inclure ma sculpture de cadre défragmenté, les différentes pièces devaient être construites et disposées de manière à former un cadre qui paraitrait entier en un seul point de vue : celui du peintre présent à cet endroit auparavant. Le cadre, depuis son point de vue le rendant complet, reformerait un tableau dans lequel chacun serait laissé libre de déambuler comme s’il en était un protagoniste. Malheureusement la picturalité particulière de ces peintures ainsi que les variations météorologiques ne tendaient pas à comprendre clairement la démarche d’un hommage à une oeuvre célèbre, la ressemblance étant dans certaines conditions trop infime.

De ces deux premières réflexions, seule fut retenue l’idée de cadre pour ce qu’il a été et ce qu’il est aujourd’hui. Mais cela d’une manière plus abstraite, dans le sens où il n’existe plus matériellement mais est cependant toujours présent car continuant de délimiter toutes nos créations. A également été gardé l’aspect disséminé du cadre qui correspond parfaitement à l’idée précédente d’objet existant mais pas toujours visible. A tout cela a été rajouté la comparaison du cadre, physique et abstrait, avec celui de la photographie. C’est ainsi que le choix du lieu et de la scène s’est tourné vers un endroit très touristique, ou en tout cas sujet à être souvent photographié : la place du Trocadéro et sa vue sur la Tour Eiffel. Le lieu permettait en effet d’imaginer une installation de grande dimension et d’encadrer l’un des monuments les plus photographié au monde en y incluant toutes celles et ceux qui se photographient à ses côtés. La sculpture serait telle une vue privilégiée à adopter pour se prendre en photos avec la Tour Eiffel. Ainsi serait-il possible d’obtenir des retours sur les clichés fait avec l’encadrement qu’offre la sculpture.

L’insistance mise sur le fait que la sculpture soit de grandes dimensions provient de deux raisons particulières. La première s’explique par le fait que plus l’objet soit grand, plus une idée abstraite de lui se fera au détriment de la perception globale (aucune image complète ne pouvant se construire). La seconde raison est de permettre au spectateur de déambuler à travers l’oeuvre sans pour autant avoir conscience de sa participation et de son rôle d’acteur, pour de tierces personnes spectatrices, dans la structure même. Une mise en abime des observateurs s’effectue ainsi dans un jeu d’observateur observé, tout comme du photographiant photographié. Chaque corps devient acteur passif ou actif sans forcément choisir son statut. Ce tableau devient une scène. A l’image de Bill Viola qui rend la peinture vivante en la mettant en action, ici chaque image photographique comprise dans le cadre sera différente de la précédente, renouvelant ainsi l’aspect figé de ce que comporte par nature un cadre.

De ce point de vue privilégié chacun pourra ainsi immortaliser cette expérience par une photographie ou une vidéo. La question reste de savoir si les personnes voudront immortaliser ce moment avec la sculpture ou non, et si tel était le cas, de manière fragmentaire ou bien depuis l’unique point de vue reconstituant le cadre. Nombreux sont les manuscrits reportant des œuvres sans leurs cadres alors qu’elles n’ont jamais été vues sans. Mais à l’inverse il existe aussi de nombreux logiciels qui ajoutent un cadre d’ornementation afin de rendre un cliché plus esthétique. C’est pourquoi, si un tel projet se réalisait de manière concrète, celui-ci serait accompagné d’un site sur lequel chaque participant pourrait poster ses photos ou vidéos faisant apparaître la structure. Il serait également intéressant de voir de quel point de vue ces participants choisiront, ou non, de voir la sculpture. Car en effet, bien qu’un point de vue soit privilégié en reconstituant l’ensemble du cadre, tous les autres points de vues sont tout aussi important.

L’aspect de la sculpture vue frontalement sera représenté à la manière d’une ornementation de cadre classique. Les deux côtés constituant chacune des parties du cadre seront transparentes afin de permettre à la lumière de se propager naturellement tout en limitant l’impacte inesthétique sur le paysage (du fait du grand volume des pièces, leurs côtés, dont l’intérêt esthétique serait moindre, seraient ainsi moins choquants et imposants sur une place aussi touristique que celle du Trocadéro, qui se verrait autrement assez assombrie). Il n’y a de toute façon pas réellement d’utilité à les ornementer, leurs côtés ne représentant que le cadre dans son abstraction. Bien que présent, celui-ci n’a aucun intérêt à se voir. L’envers de la sculpture, vu depuis la Tour Eiffel, sera constitué de photographies. Celles-ci représenteront les parties cachées des sculptures, visible d’une manière globale aussi dans un unique point de vue : celui où le cadre sera également reconstitué. Constituer un cadre par la photographie est un moyen de nous rappeler que l’acte photographique est déjà dans un processus de cadrage, qu’il soit intensifier de par une matière ou non. La photo ainsi présenté efface la sculpture en la fondant dans son paysage, tout en notant que les variations de temps la distinguerons tout de même mais de manière subtile, comme si elle ne voulait pas s’imposer.

Pour ce qui est de la mise en place de ce projet, de manière plastique, la première chose fut d’aller sur le terrain et d’en faire quelques photographies qui permettront de se rendre compte des proportions et de choisir le point de vue privilégié. Afin d’avoir une vue d’ensemble à l’échelle, le point de départ de la maquette fut une vue par satellite prise sur le site de google maps.

La première maquette comprend cette photographie ainsi que la tentative de mettre à niveau les différentes strates et la confection d’une mini sculpture permettant de se faire une idée d’ensemble du rendu final. Les premières observations face à cette installation furent les proportions gigantesques que pouvaient prendre la sculpture si les pièces étaient trop éloignées entre elles. Je me suis ainsi contraintes à n’occuper que l’espace de la place.

                                                            

 

A la suite de cette première maquette, je fis un agrandissement d’une partie de la place du Trocadero qui me servira à composer l’ensemble de mon travail. L’agencement des différentes parties se sont faits de manière à ce qu’elles posent le moins de problèmes possible au déambulement des nombreux touristes. La partie gauche du cadre serait le prolongement d’une des colonnes composant l’avancer de la place.

Pas tout à fait droite, elle pencherait légèrement vers la Tour Eiffel, comme si la colonne allait s’écrouler. La section inférieur serait la continuité du dernier escalier composant la place (celui se trouva le plus bas). Il représenterait le dossier d’un banc créer en association avec les marches déjà présentent. Le composant de gauche est plus complexe. Vue de profil il sera de forme triangulaire, très peu épais et donc poser légèrement en diagonale afin que de face une épaisseur se créer par illusion d’optique. La partie supérieur du cadre a posé beaucoup de contrainte également du fait qu’elle ne puisse être indépendante. Elle est donc raccordée à la section gauche. De forme classique (rectangulaire pour respecté la forme du cadre), elle n’est pas à angle droit mais tends à se diriger vers nous. Cette disposition, dont les photographie ci-dessous tenteront d’illustrez mes propos, tente de reconstitué un « P’ » vu du ciel. Point de vue bis ou/et privilégié pour observer la signature.

Wait! Is this art?

Article publié le : Mardi 3 janvier 2012. Rédigé par : martina margini

 

Projet de détournement (artistique) des lieux oubliés de la ville

 

Peut-on croire à ces artistes qui disent qu’ils prennent inspiration de la rue ? Est-ce qu’ils marchent vraiment dans la même rue que celle où nous marchons ?

Je suis convaincue qu’un bon projet d’intervention dans l’espace public provient toujours d’idées très simples, de concepts élémentaires, qui ont un rapport avec notre vie quotidienne et les problématiques ordinaires des hommes.
Il est certain que concevoir quelque chose qui cherche à mettre en valeur et améliorer la qualité de notre espace « commun » doit forcement nous faire réfléchir sur: Quel est cet espace? Quels sont ses habitants? Comment vivent-ils ces lieux?

Je crois que pour entreprendre des démarche si vastes et bigarrées il faut avoir une façon d’opérer très directe et sincère, qui tient compte de la composition des personnes qu’envahissent tous les jours nos rues et ont différentes pensées, émotions, culture et mémoire.
L’idée qui est à la base de mon projet démarre ainsi d’une idée très naïve et ingénue.

 

 

Traces d’œuvres d’art dans la ville de Paris, la proxemique des metropoles (Paulette Phillips “Crosstalk” )

 

Un premier constat : photographier une ville inédite

En marchant dans mon quartier, souvent tournant la tête a droite et à gauche, je vois constamment beaucoup d’images intéressantes que je voudrais photographier et emporter avec moi.

Ces images sont, d’une part, révélatrices, car elles montrent des visions de la ville ignorées, mais surtout, elles me rappellent toujours quelque chose de déjà vu, un sentiment inconscient et instinctif. Elles se fixent dans mes pensées jusqu’à ce que je revienne à l’origine de ce parcours. Finalement je retrouve ainsi les raisons de mes « hallucinations » momentanées: ces images appartiennent à un ensemble d’œuvres étudiés à l’école, à l’université. Je les vois dans les livres et les magazines d’art où sur les affiches d’expositions. Alors, dans ma tête, commence à prendre forme une collection de simulacres d’œuvres, une série d’ « objets trouvés » qui lentement forment des connexions entre histoires, auteurs, rappels visuels.
J’ai commencé récemment à documenter ces scenarios urbains en prenant des photographies des ces phénomènes artistiques involontaires et spontanés qui prennent place dans la ville de Paris.

 

La localisation de mes interventions sur le territoire du 10e arrondissement, Paris

1. Man Ray
2. Daniel Buren
3. Marcel Duchamp
4. Gordon Matta-Clark
5. Mark Rothko
6. Félix González-Torres
7. Christo et Jeanne Claude
8. Mimmo Rotella

 

« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à voir avec de nouveaux yeux. » Marcel Proust

 

Ce que je ferais c’est rendre visible à tout le monde ces images, les visions dont je parlais, les présenter aux gens qui marchent tous les jours à coté et ne s’en sont jamais rendu compte. En faisant ça j’irai démystifier l’excessif élitisme des œuvres d’art contemporain et l’état d’artiste demiurge. Avec l’intention de déraciner les pièces de leur espace type, je les metterai en relation avec des « fausses imitations » repérées dans l’espace public.

 

Ce sont des petits « chef d’œuvres » qui appartiennent à notre quotidien, qui nous entourent.
Avec la double fonction de citer/remettre en question l’œuvre d’art en soi même, je dessinerai un nouveau plan de la ville habitée par des scenarios insolites, qui deviendront les différentes sections de ce musée de rue, ouvert et gratuit 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Mon désir n’est pas d’embellir la ville où de rêver de la transformer en un nouveau paradis de l’art. Mon but est de changer le regard des spectateurs, que sont les gens communs.

Depuis longtemps on a cru qu’il fallait aller visiter des grands monuments historiques où d’excentriques bâtiments des derniers architects pour connaître l’art aujourd’hui, maintenant on sait que ce n’est plus la peine… (Malheureusement ?)

A gauche: la campagne publicitaire Oui FM (Leg Agency, Paris) d’ou j’ai prix inspiration pour entraprendre mon intervention dans la ville.

 

 

« Explore museums from around the world, discover and view hundreds of artworks at incredible zoom levels, and even create and share your own collection of masterpieces. »

Google Art Project homepage

 

 

Un deuxième constat : la substance de l’œuvre d’art, aujourd’hui

Les œuvres d’art contemporain du XX siècle sont nomades et vagabondes.

On les retrouve dans la rue, dans nos maisons, invitées spéciales, dans les ordinateurs, à la télévision où à la radio, dans les transports en commun, dans l’air, fluctuantes… L’immatérialité est devenue une caractéristique clé des nouvelles tendances artistiques, ainsi que sa fluidité des semblances et son état de localisation « diffuse » sur le territoire. Les pièces envahissent le monde de façon atypique. Avec cette perte de consistance de l’œuvre on perd sa caractéristique d’unicité intrinsèque. Mais sa reproductibilité et manipulation est rendue possible par internet : on peut tous savoir sur l’art, s’approprier des œuvres et les conserver chez soi sans nécessairement aller jusqu’à l’autre bout du monde pour visiter la dernière incroyable production de l’artiste « cool ».

 

 

Témoignages du changement des tendences dans l’art contemporain: la repetition en série (Shepard Fairey​ et ses affiches Obey, 2009), la valeur du support physique de l’objet d’art (le Xerox Book, 1968), la parodie d’une icone du monde de l’art (Maurizio Cattelan et son intervention au MoMa, 1998)

 

Quelle est la valeur de l’art aujourd’hui ? N’est-elle pas qu’un fantôme du passé ? N’est-elle pas seulement un ensemble de mots utilisés par les vieux critiques d’art pour décrire l’indéchiffrable aura des grands chef-d’œuvre des maîtres d’antan ? Est-elle définie par le prix auquel le dernier Picasso a été vendu chez Christie’s ? On va lentement perdre la démarche première de l’art, son intégrité et honnêteté. La marchandisation des œuvres, la commercialisation des institutions d’arts, alimentent la naissance d’un fast-food art, un art take-away, que l’on regarde et que l’on jette. On se retrouve à visiter des expositions où les visiteurs ne savent rien sur l’art ou les artistes mais qui y vont car c’est tendance…

 

 

Breath Spray: Understand Modern Art

 

 

 

 

 

L’art, quant on peut encore en discuter, reste quelque chose d’élitiste. Il cherche à parler à tout le monde, être démocratique, mais la seule chose que le monde comprend c’est souvent sa claire incompréhensibilité.
Pourquoi le message de l’art s’est perdu ?

Il n’y a-t-il une barrière entre l’art actuel et les gens communs ? Comment pourraient-ils retrouver cette fascination perdue et recommencer à penser à l’art comme quelque chose qui n’est pas strictement élitiste ?

 

 

 

 

Un exemple d’affiche que j’ai conçue pour mon intervention dans la ville, Mimmo Rotella

 

 

 

 

 

 

Troisième constat : un détournement (artistique) urbain

En tenant compte de la force désormais massive de la publicité et des slogans publicitaires qui envahissent la ville et nous martèlent tous les jours avec leurs conseils d’achat et incroyables occasions à ne pas manquer, j’ai pensé profiter de cette méthode de communication si directe et sans filtres.

J’ai vite compris que pour attirer plus facilement l’attention des gens dans leur cheminement, il fallait inventer des slogans, des phrases avec un impact fort, des épithètes paradoxaux. Il fallait ainsi imprimer ces billets sur un support léger et éphémère, facilement affichable aux murs. C’est pour cette raison que j’ai opté pour des impressions sur simples feuilles A4 horizontales. Je n’utiliserai pas les originales de mes posters mais toujours des photocopies car elles sont symboles de copie, de fake, de falsification, d’exemplaire dupliqué en cohérence avec cette galerie urbaine d’œuvre d’art trouvées : une ressemblance entre « œuvres ».

 

 

 

 

Photos de la mise en oeuvre du projet dans l’espace urbain, Marcel Duchamp

 

 

 

 

 

 

La mise en oeuvre

Chacun de ces posters photocopiés aura sa place spécifique dans la ville : ils se trouveront juxtaposés aux scenarios urbains auxquels ils font référence. Je fixerai les affiches de façon à ce qu’elles puissent entre vue en même temps que leur dupliqué dans la rue, en perspective. Dans la plupart des cas, je chercherai à laisser les posters fixés aux murs, comme si c’était une véritable intervention de street art, et documenterai l’action avec des photos des différentes prises de vue.

 

 

 

 

Conclusions

Je suis de l’opinion que ce sujet de recherche esthétique sur la ville peut être développé de différentes façons. En partant avec ce petit groupe d’images je pourrai élargir ma « galerie » et aller explorer d’autres quartiers, d’autres scenarios de la ville, documenter tout ces images avec des photos et les collecter. J’aime l’idée de transporter et décontextualiser l’idée de musée dans l’espace urbain, créer des situations de dépaysement des spectateurs en plaçant des dispositifs propres aux institutions culturelles dans la rue à côté d’objets (apparemment) sans valeur. On pourrait penser à localiser des adhésifs qui annoncent la présence d’un audio guide, des signaux qui mettent en garde des spectateurs pour ne pas s’approcher trop de l’œuvre, des sons pour décrire l’objet provenant d’une source inconnue. Il y a différentes façons de mettre en pratique ce concept, qui sur le papier pourrait aussi bien devenir le « catalogue d’une exposition qu’on ne verra jamais », « un musée pour les pauvres » (c’était une de mes premières idées…), « un musée illogique/impossible ».

 

 

Pour l’instant je continue toujours à ajouter des pièces à mon répertoire, chaque jour plus riche. Certaines y restent pour longtemps…d’autres sont très passagères…

 

Sources d’inspiration

J’ai toujours été fasciné par le monde de l’art urbain et ses infinies formes d’expression. Je trouve que ces artistes, qui décident d’utiliser la ville comme leur galerie, constituent une mine d’or pour la transmission de nouvelles et fraîches idées, ne manquent pas de courage dans leurs fréquents renvois à la critique sociale, politique et culturelle. Je cite juste quelque projets récents pour, visuellement, rendre compte de cette pratique (tout à fait diffuse dans les villes aujourd’hui) de manipulation et réinterprétation de l’espace public. Il s’agit souvent d’interventions in situ qui visent à matérialiser dans la rue des objets qui ne font pas originairement partie de cet endroit, où qui viennent de notre quotidien mais qu’on n’est pas habitué à voir dans ce contexte. Ils ouvrent une communication et créent des liens entre scenario urbain, objets et subjectivité des spectateurs : à travers de simples associations d’idées et images ils reconstituent des paradoxes visuels.

Avec mon projet, je veux aussi aller explorer ce territoire artistique, mais sans utiliser des objets d’utilisation commune mais des œuvres d’art contemporain.

Projets artistiques dans des lieux publics par OakOak, Spy, La ligne – Parcours de santé sur aménagement urbain (Strasbourg, Citadelle Laiterie)

 

Dans la galerie photographique suivante vous trouverez tous les photos relatives à la conception, élaboration et mise en oeuvre du projet, tout commentaires sont les bienvenus!

 

 

Sources

www.googleartproject.com

www.the-vibe.co.uk/2011/04/03/a-guide-to-understanding-modern-art

www.leg-agency.com

http://detournementurbain.centerblog.net

Exposition vidéo « L’oeil sur les rues » – Art vidéo et fragments de vie urbaine, La Villette (18 Octobre 2011 – 15 Janvier 2012)

La ligne – Parcours de santé sur mobilier urbain – http://www.dailymotion.com/video/xj2a2j_la-ligne-parcours-de-sante-sur-mobilier-urbain_creation

Projet « Insolitus nidus : vis fragilis » ou Insolite nid : force fragile

Article publié le : Mardi 3 janvier 2012. Rédigé par : TostaCintia

Le projet

Le projet  « Insolitus nidus : vis fragilis » est une série d’installations éphémères placée dans les espaces publics. Ces espaces publics synonymes de  « espaces libres », « lieux publics » ou encore  « lieux urbains » sont , selon Thierry Paquot, des espaces vus comme lieux, pratiques et endroits accessibles aux publics. Ces espaces facilitent la communication, le partage, les échanges et la circulation de signes au quotidien.

Le titre du projet fait allusion au latin, langue « morte » mais source pour plusieurs langues vivantes dans le monde. Le nid d’oiseau en tant que construction naturelle au sein d’une grande ville avec de grands édifices historiques et de grands immeubles peut être considéré comme le latin, une langue dite « morte ». Sémantiquement, le terme « nid » porte en lui une simplicité structurelle concise. Un tout significatif est transmis en trois lettres : « n » , « i », « d ». La matérialisation de ce mot de trois lettres est faite à partir d’une base des matériaux naturels ( boue, branche d’arbres, feuilles, poils, etc). Après sa fabrication soigneuse, le nid se transforme en habitat naturel. Ce lieu qui perpétue les espèces d’oiseaux cohabite, dans les zones urbaines, avec les constructions faites par les êtres humains.

 

Le concept

L’idée du projet est celle de donner visibilité à la fragilité de la vie représentée naturelle dans les grands centres urbains. Le nid d’oiseau symbolisant premièrement, la fragilité d’une construction naturelle faite à petite échelle en comparaison aux immeubles et constructions urbaines et citadines. Il symbolise ensuite la résistance fragile, persévérante des oiseaux, de la Nature. Enfin, le nid symbolise dans ce projet la vie humaine dans son état fragilisé par divers types des pollutions invisibles dans la Ville (sonore, olfactive, visuelle, relationnelle). Dans la Nature et dans les grandes villes , le nid est un habitat qui permet le projet de futures vies d’oiseaux. Enfin, ce projet cherche à mettre en lumière deux qualités de cette construction.
D’un côté, la représentation visuelle d’une fragilité apparente à travers des matériaux employés : boue, paille, feuilles, brindilles, etc. De l’autre, la représentation de la force, c’est-à-dire, de la résistance et de la continuité de la vie au fil des temps.

Pour l’artiste Nils-Udo qui travaille depuis 1972 sur cette thématique dans le  paysage urbain, mais surtout dans les espaces naturels, le nid «  est à la fois une représentation anthropologique, un modèle biologique, un habitat, un symbole psychique et une allégorie sociale. ». Il signale , lors du montage de son œuvre  » Le Nid » (1978), ses sensations par le contact direct avec les matériaux naturels :  l’odeur de la terre, les pierres, les bois abattu, la tombée de la journée, le froid de la nuit, le chant des oiseaux, le souffle du vent…

L’objectif

L’objectif du projet est de sensibiliser les passants pressés et oppressés vivant dans les grandes villes à la question de la Nature. Pour cette expérience artistique, une installation composée par un nid d’oiseau est placée dans un lieu public urbain : sur le boulevard Saint Marcel dans le 13ème arrondissement de Paris. Les lieux publics sont aménagés pour un « confort collectif » et répondent  à un projet politique d’urbanisme établi par la municipalité. L’urbanisme selon Thierry Paquot contribue  à favoriser le bien-être et l’épanouissement public au quotidien pour les habitants des centres urbains. Pour cela, des éléments sont introduits dans le paysage urbain, tels que : arrêts de bus, éclairages publiques, cabines de téléphone, adressage, panneaux de signalisation routière, bancs publics,  jardinets, grille de protection de pour les jeunes arbres, etc, et plus récemment, les bornes de velib et autolib. La municipalité parisienne règlemente le fonctionnement de ces voies publiques, trottoirs et chaussées, sont la cible des travaux récurrents. La ville devient donc un chantier ouvert et la place à la Nature est réduite aux « espaces verts ».

Dans sa définition de « Ville générique », Rem Koolhaas parle d’un réel contrôle de la propreté de la ville et de la politique moralisante de bonnes intentions  pour intensifier cette propreté. Dans le cas de Paris, c’est intéressant de lire le message des « bonnes intentions » adressé aux Parisiens sur le site officiel de la Ville « Les Parisiens, on les comprend, tiennent fort à leurs jardins. Oasis de nature à portée de la main ou square pour promenade ou gym douce, à portée de poumons, clairières pour les enfants, […], la capitale pour offrir du week-end « au vert » à leur souverain : le citoyen urbain. »

Ainsi, les « espaces verts » (jardins, squares, jardinets, arbres) dévoilent en réalité l’intérêt très réduit de la politique environnementale locale concernant la Nature. La Nature est réduite aux arbres. Dans la Ville, ils sont arrachés, placés, classés, numérotés, coupés, encerclés, girlandisés (les arbres deviennent support pour la décoration publique lors des fêtes de fin d’année), arrosés, chosifiés ( l’arbre est manipulé par les machines de la même façon que  les bacs à poubelles ou les containers à recycler le verre). Pour autant, dans ces conditions, les arbres sont encore des abris pour certains oiseaux tout au long de l’année. Cette action de résistance redonne le statut naturel propre à l’arbre.  

C’est dans ce contexte que l’installation d’un nid d’oiseau au long d’un boulevard devient le moyen le plus marquant pour éveiller les parisiennes et parisiens à la question de la Nature et à symboliser son  évidente absence dans la capitale française. Dans le contexte urbain, le nid d’oiseau devient une construction naturelle invisible, fragile. Par cette fragilité, il devient insolite lorsque placé dans l’espace public fabriqué et aménagé par des matériaux non-organique (bitume, plaques d’aluminium peintes, fer, verre, plastique, etc).

Le nid d’oiseau ainsi installé gagne en force symbolique. En faisant confiance à son interpellation discrète et à son impacte visuel concis auprès des passants du boulevard Saint Marcel (Paris 13ème) la fragilité devient une force. Il donne place à une projection de l’intime de l’être humain dans une vision ou rêverie plus universelle, comme le rappelle Gaston Bachelard « Si l’on approfondit un peu les rêveries où nous sommes devant un nid, on ne tarde pas à se heurter à une sorte de paradoxe de la sensibilité. Le nid – nous le comprenons tout de suite – est précaire et cependant il déclenche en nous une rêverie de la sécurité ».

Dans cette optique, le projet « Insolitus nidus : vis fragilis » cherche des regards curieux et ravis de s’émerveiller par les signes de la Nature dans la ville, ces traits éphémères qui nous traduisent l’universel de la vie. Une toute simple contemplation peut transporter les passants d’un boulevard parisien d’une sphère intime à une sphère cosmique, idée soutenue par les pensées de Gaston Bachelard : « Ainsi en  contemplant le nid, nous sommes à l’origine d’une confiance au monde, nous recevons une amorce de confiance, un appel à la confiance cosmique … ».

L’expérience et ses trois phases
(terrain , création et mise en place)

Au tout début, je me suis promenée dans les rues, boulevards, parcs à Paris et dans ses alentours  à la recherche des nids d’oiseau sur les arbres et des lieux publics. Cette recherche a été accompagné par des esquisses, notes, prises de vues numériques.  J’ai discuté avec des agents municipaux dans les parcs concernant la migration des oiseaux et les différents types nids.

J’ai collecté des matériaux naturels dans l’idée de fabriquer un nid (feuilles, brindilles, …). Ensuite, j’ai trouvé deux nids : un petit composé de différents matériaux et le second, plus grand, fait seulement des brindilles sèches et de taille régulières, un nid de corneille noire. J’ai restauré le petit nid (collé et cousu ) et le deuxième a été ficelé avec des fils de nylon – restauration faite en écoutant les 80 titres du cd « Oiseaux de Paris ».
J’ai écrit aussi le « Manifeste du nid en ville » (à déclamer avec une émotion de nid neuf et triomphant !
Et à écouter les yeux fermés !).

Sur le boulevard Saint Marcel, j’ai repéré des endroits propices à l’installation du nid de corneille noire : jardinets, grille protectrices des jeunes arbres, poubelles, murs, velib, arrêt de bus, cabine de téléphone public, la signalisation routière – panneaux, marquage au sol et des feux, panneaux publicitaires, etc. J’ai choisi le plus grand nid par sa plasticité et impact visuel. 

Pour l’étape de mise en place du projet, je me suis déplacée avec le nid d’oiseau et je l’ai placé sur  les éléments d’aménagement d’urbanisme du boulevard Saint Marcel pendant trois heures et demie. Les éléments de base pour l’installation du nid d’oiseau sont : panier d’un velib placé dans une borne, banc public proche d’un arrêt de bus,  plan des bus de la RATP d’un arrêt de bus, cabine téléphonique, feux de circulation, container à verre, panneaux de signalisation de la circulation sur le boulevard, boîte aux lettres, poubelle, cendrier.

 

 

Conclusion

C’était une belle expérience artistique ! Placer un nid et voir ou écouter les réactions de passants. L’indifférence aussi a fait partie des réactions. Placé sur le panier du velib ou la cabine téléphonique, le nid n’était pas trop remarqué. Placé sur le plan des bus d’un arrêt, il était étonnement ignoré par des adolescent qui discutaient et écrivent des sms. Placé sur un banc public, le nid a été visité et vu par des passants curieux, par un couple de gens âgés qui attendait le bus, par une dame qui m’a parlé lors du déplacement du nid « Qu’est-ce que c’est ? … c’est insolite … ». D’autres regards curieux ont conduits des passants à remarquer le nid placé entre les quatre voies du boulevard Saint Marcel : des passants se sont retournés, des sourires des conducteurs de voiture, des enfants qui ont fait retraverser la rue à leurs parents et s’exclamer « C’est un nid ? Oui, c’est un nid d’oiseau parce qu’il y a des plumes … ». D’autres passants ont dit : « Il est où, l’oiseau , » ; « le nid, c’est trop bas … » ; « Qu’est-ce que c’est ce nid ? » «  C’est un nid ? »

Pour moi, cette expérience artistique ponctuelle de 3 h 30 dans un lieu public est révélatrice d’une possible sensibilisation des habitants d’une ville à la question de la place de la Nature, mais à long terme et avec la répétition des interventions. L’interactivité minimaliste avec les passants, curieux ou indifférents, est une satisfaction. La question centrale de trouver la qualité « force » dans un élément « fragile » a été en premier temps pour moi, une source d’hésitation. Cette hésitation a été doucement enlevée par mes promenades et l’observation philosophique des nids qui disparaissent et d’autres qui commencent à se former avec l’arrivée de l’hiver. Ma confiance a retrouvé sa voix et le projet a gagné du sens avec mes lectures autour de Gaston Bachelard et du travail de Nils-Udo. L’écriture d ’un manifeste était inspiré par mes lectures et visites à des expositions : le manifeste « Haut Rio Negro » (1978) de Pierre Restany , le travail du sculpteur Frans Kracjcberg, l’engagement  écologique de l’artiste Hundertwasser, le travail artistico-philosophique de Giuseppe Penone et les réflexions de Rem Koolhaas dans son livre Junkspace – Repenser radicalement l’espace urbain, principalement le chapitre consacré à son concept de « Ville générique ». Dans ce chapitre, Rem Koolhaas analyse les actuelles modifications des grandes villes l’ère de la mondialisation : vont-elles vers un vrai chaos urbain ?

 
Repères bibliographiques et sonores … et autres images du projet

-livres :
G. BACHELARD, La poétique de l’espace, coll. Quadrige, PUF, 1998, Paris (p. 92 -  104)
D. BURNIE, Le nid, l’œuf, l’oiseau,  Gallimard , 1999, Paris
J. KASTNER , B . WALLIS, Land art et art environnemental, Phaidon, 2004 , Paris
E. KAUFHOLZ-MESSMER, W. SCMIED, Hundertwasser – Pour une architecture plus
proche de la nature et de l’homme
 ,  Taschen, 1997, Paris
R. KOOLHAAS, Junkspace – Repenser radicalement l’espace urbain, Payot et Rivages, 2001, Paris (p. 31 – 77)
S. LEMOINE, S. OUARDI, Artivisme : Art, action politique et résistance culturelle, Alternatives, 2010, Paris
T. PAQUOT, L’espace public, coll. Repères, La Découverte, 2009, Paris (p.3 – 17 ; 68 – 111)
G. PENONE, Respirer l’ombre, ENSBA, 2004, Paris
G. PEREC, Espèces d’espaces, Galilée, 2000, Paris
- catalogues :
KRAJCBERG , Index e Libris, 1992, Rio de Janeiro
NILS UDO, Le Cercle d’Art, 2003, Paris
- cds  :
P. LAMBRET, Trois atmosphères australes : oiseaux et mammifères de Kerguelen, 2007, Institut Paul Émile Victor
J. C. ROCHE, J. CHEVEREAU, Oiseaux de Paris, Nocturne, 2008 

 

         Images de l’installation
(
nid in sittu … in banc public … in cabine téléphonique … in plan de bus … )

                                                                                                Installation in banc public                                                              
                                                                 
    

                                                                   Installation in cabine téléphonique                         Installation in plan de bus
                                                           

                                                                                       Installation in signalétique pour piétons

                                                                                             

                                                         Installation in container à verre           Installation in feux de circulation

                                                            

                                                                                            Installation in panneaux de signalisation

                                                          
Installation in poubelle

                                                                               
Installation in boîte aux lettres

                                                                                

Installation in cendrier

                                                                                

 

 

Projet Regard De Travers

Article publié le : Mardi 3 janvier 2012. Rédigé par : daravonesourinthone

LE PROCESSUS

Comment créer un espace privé dans un lieu public, c’est la question que je me suis posée tout au long de cette expérience. Le métro m’est apparu intéressant pour ce projet, dans ce qu’il est un lieu de passage, de grande fréquentation et aussi dans son côté oppressant et quasi-obligatoire. Tout est relié : le passage, la fréquentation, cet étouffement ressenti (en tout cas par moi) lorsque la fréquentation est à son extrème.

Enregistré sur la ligne 2, un après-midi en semaine, jeune femme d’environ 25-27 ans.

Pour le projet, j’ai imaginé enregistrer un texte, qui a une impression de dialogue, et de l’écouter avec mes écouteurs pour le diffuser, lorsque je me trouverais dans une situation d’extrême proximité dans le métro. La durée de cet enregistrement ne doit pas excéder le temps d’une station de métro. L’intimité serait alors créée  par le toucher dû à la proximité, et par la tentative de création de dialogue. J’ai donc enregistré deux textes, qui sont différents seulement dans l’apostrophe, l’un dit « madame » l’autre « monsieur ».

Le texte est le suivant :
« Bonjour Madame/Monsieur,
Bonjour,
Oui Bonjour,
On ne se connaît pas,
mais on est très proche,
du moins physiquement,
Merci, Bonne journée. ».

 

Enregistré sur la ligne 13, un soir pendant le weekend, couple d’environ 28-30 ans.

Dans la situation que je souhaite créer, il me semble important de regarder la personne dans les yeux, lui faire remarquer que je ne fais pas semblant de ne pas la voir, et que je l’ai donc remarquée.

J’ai d’abord fait quelques essais en situation, et j’ai dû rapidement modifier quelques éléments : j’ai finalement diffusé mes enregistrements directement avec mon téléphone, avec les bruits du métro, personne n’entendait ma voix. De plus, le texte ci-dessus est la version finale, mais à l’origine il n’y avait ni « Madame », ni « Monsieur », j’ai pu remarquer qu’interpeler, avec ces nominations, permettait une meilleure connexion avec les personnes.

Le dispositif final de l’expérience est donc le suivant : diffuser mon texte, dans un moment de grande affluence dans le métro, éventuellement, soutenir un regard et filmer les réactions à l’aide d’une caméra dissimulée dans une poche.

J’ai réalisé l’expérience sur huit personnes différentes, pour le moment.

 

LE CONCEPT

Lors de mes recherches pour le projet, je me suis penchée sur les écrits des théoriciens de la proxémie, en particulier les ouvrages La Dimension Cachée d’Edward T. Hall et Psychosociologie De l’Espace d’Abraham Moles.
Après lecture, j’en ai conclus plusieurs choses au sujet de la proxémie en particulier et au sujet de la perception au sens plus large. Ces deux notions sont en grande partie les résultats de la culture, de la société à laquelle nous appartenons. J’ai été particulièrement intéressée par la théorie de Hall selon laquelle l’homme est senible à la chaleur dégagée par le corps d’autrui, et, selon la culture à laquelle il se rattache et réagit de manière très différente à la chaleur d’un corps étranger (qui ne lui est donc ni intime ni même familier). Cela serait peut-être dû au fait qu’il est très sensible aux variations (même faible) de température. Toujours est-il qu’il réagirait différemment selon qu’il serait Japonais ou Européen. Selon Hall, les Japonais et les Arabes auraient une tolérance beaucoup plus importante à l’entassement dans les lieux publics (par exemple le métro) tandis que les
Européens et Américains y seraient bien moins tolérants. En ce qui concerne les Européens, il paraît difficile de faire une généralité, car peut être les Français sont plus tolérants au contact étranger que les Scandinaves ou même les voisins Allemands.

Enregistré sur la ligne 2, un soir en semaine, femme d’environ 35 ans.

Par ailleurs, Hall décrit aussi les différentes sphères pour les cultures latines (intime de 0 à 45cm, personnelle de 45 à 125cm, sociale d’1m20 à 3,60m, et publique à partir de 3,60m) des distances entre les individus. Dans le cas du métro bondé la distance serait celle de la sphère intime (sphère pour embrasser, chuchoter), ce qui n’est manifestement pas le cas ici. Toujours selon Hall, le toucher serait le sens le plus personnel que nous possédions, et lors d’un contact non désiré, la peau se raidirait comme une armure. Pour mon cas personnel, je ne peux que valider cette théorie, emprunter les transports en commun (surtout pendant les heures de pointe et sur les lignes les plus fréquentées) m’apparaît souvent comme un moment des plus désagréables. L’idée d’être physiquement rapprochée d’une ou plusieurs personnes inconnues me dérange au plus haut point.

Enregistré sur la ligne 11, un soir en semaine, femme d’environ 45 ans.

En plus de ma peau comme armure, j’utilise aussi mes écouteurs, je pensais à la musique,  mais en réalité même lorsque je n’en écoute pas, je garde mes écouteurs comme armure, on ne peut pas m’atteindre, je suis ailleurs. Cependant, il arrive parfois (souvent) que dans la proximité causée par les transports, il soit possible à autrui d’entendre (écouter je ne pense pas) ce que moi j’écoute. Le langage corporel est aussi un élément important ; pour se distancier dans ce peu de d’espace, on regarde au loin. Tout le monde est conscient de la présence de l’autre, mais on s’efforce de faire semblant de ne pas remarquer sa présence, bien qu’on ne puisse nier sa présence physique.

LE RÉSULTAT

Les constats varient : majoritairement les gens entendent, écoutent plus ou moins, mais ne me répondent pas. Par exemple, une des personnes se retournait vers moi, puis détournait son regard, puis me regardait à nouveau, et ce jusqu’à la fin de l’enregistrement. Une autre de ces personnes cherchait d’où venait le son, mais évitait clairement mon regard. Une autre encore me lançait des regards furtifs, du coin de l’œil, mais semblait irritée par l’enregistrement audio. Sur les huit personnes filmées, seules trois ont eu une réponse assez positive et me souriaient.

Enregistré sur la ligne 2, un soir en semaine, homme d’environ 35 ans.

J’ai aussi pu constater que selon le moment de la journée où j’ai réalisé l’expérience, les réactions sont différentes. Il m’a semblé que les gens étaient plus froids lors de l’heure de pointe du soir. Après visionnage des vidéos enregistrées, je me suis rendue compte que j’avais des difficultés à viser avec la camera vue sa position, alors sur certaines on ne distingue pas vraiment le visage des gens, situation qui est rendue encore plus délicate avec la proximité.

Au travers de ce projet, ce n’est pas simplement la proximité et la relation avec autrui qui a été mise en valeur, mais aussi la relation que j’ai avec moi-même. Non seulement la perspective de filmer chaque video m’était pénible, ce sont aussi les réactions et le regard des gens qui m’ont mise terriblement mal à l’aise. A la fin de chaque expérience, je me depechais de fuir le wagon et d’en changer. En exposant ma voix, par le biais de l’enregistrement, mon regard, je devenais un peu aussi le sujet du projet. Il m’était souvent difficile de soutenir le regard des autres, et d’entendre le son de ma voix, qui est bien sûr différent de celui que j’entends. Cette experience a souligné ce côté très timide de ma personalité. Finalement en essayant d’exposer la relation de proxemie, j’ai dû m’exposer moi-même, certes de façon un peu détournée, vu que ce n’etait qu’un enregistrement que je diffusais et non ma voix directement.

Enregistré sur la ligne 2, un soir pendant le weekend, jeune homme d’environ 27-29 ans.

Au départ, la communication que je souhaitais créer avec les gens était la parole, je pensais qu’ils m’interrogeraient sur l’expérience et sa signification. Finalement l’outil de communication a été le regard. Je les regardais, le plus souvent avec bienveillance, et ils me regardaient eux aussi. Certains me signifiaient leur gêne, leur questionnement ou leur agacement simplement par le regard, ce qui me mettait peut-être plus mal à l’aise que s’ils m’avaient parlé. L’expression française « regarder de travers » correspond parfaitement à mon projet, certains ne se donnaient pas la peine de me regarder complètement, mais se contentaient de me lancer des regards du coin de l’oeil, synonyme de leur agacement.

Par ailleurs, à cause du fait que le texte est diffusé plus fort, le sentiment d’intimité que je souhaitais créer au départ ne me semble pas  ou véritablement retranscris en situation.
Dans un autre temps, il me semble qu’il serait intéressant d’effectuer une expérience similaire dans d’autres pays, en Amérique du Nord ou dans un pays scandinave par exemple.
Finalement, même si je me doutais que peu de gens interagiraient avec moi, je ne pensais pas que ce serait si peu.