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Francesco Jodice, le potentiel d’Internet dans les recherches multidisciplinaires

Article publié le : jeudi 16 juin 2011. Rédigé par : Hui Li

En mettant en avant le sujet de l’art politique, Francesco Jodice nous démontre la problématique essentielle dans ses recherches artistiques lors de sa conférence à l’Ensad. À travers de projets collectifs et de recherches multidisciplinaires, tels que Solid Sea 04, l’artiste procure finalement le collectif artistique international Multiplicity, en association avec des artistes, des architectes et des urbanistes. Il crée également le collectif Zapruder pour élargir le champ d’expérimentation artistique. Son travail se présente des aspects interdisciplinaires, non seulement dans le domaine de l’urbanisation et de l’architecture, mais aussi dans le champ du cinéma, du journalisme, et de la géopolitique.

Avec le développement des technologies, l’artiste démontre le potentiel du Net Art dans les créations artistiques d’aujourd’hui. Bien évidemment, la création du site permet de mettre en valeur aux œuvres sur Internet et les promouvoir dans un sens plus large.

Francesco Jodice n’est pas le seul à découvrir la puissance du terrain virtuel pour s’exposer. Pour Lust, le studio de graphisme et de design interactifs, l’ordinateur et Internet constituent une évidence en termes de création. En tant qu’outil permettant d’obtenir et de compléter des idées graphiques, l’ordinateur et Internet lui offre des possibilités de coder et de composer leurs propres programmes en fonction du processus des projets étudiés. Ces propriétés dévoilent le large potentiel de création des bases de données consacrées aux recherches d’un design graphique.

Lust, "World/Spectrum/Archive", captures d’écran du site Web Lust © Lust

Lust, "Urban Nebula", captures d’écran du site Web Lust © Lust

Le site de Lust peut être considéré, à notre sens, comme une plateforme de visualisation expérimentale, proposant non seulement showroom, une vitrine, mais aussi une présentation des processus d’analyse des projets, qui encouragent à la fois l’exploration de nouvelles voies pour le design, à la croisée de différentes disciplines, où se rejoignent les nouveaux médias et les technologies de l’information, l’architecture et les systèmes urbains, ainsi que le graphisme.

Hui Li

Etienne Mineur, dans une vaste station d’essais

Article publié le : jeudi 16 décembre 2010. Rédigé par : Giulia Repetto

L’art fabrique quelque chose, un objet durable ou éphémère, mais ce processus de fabrication n’est pas guidé par un but et un plan préétablis, même s’il s’agit quelque part d’une fabrication «artisanale» ou «industrielle». Il s’en va fabriquer dans des zones inconnues, ne sachant pas quand ni avec quoi il reviendra. Sa finalité est de repenser, de refabriquer, de dynamiser et reconstruire ce qui dans l’expérience habituelle  a constamment tendance à se figer (un iphone est un iphone, un livre est un livre). Sa finalité n’est donc pas d’atteindre un but déjà connu par avance, mais de découvrir des voies inédites. Il s’agit d’un laboratoire (1), où l’on découvre grâce à une méthode d’observation, d’expérimentation et de raisonnement. S’il y a en art invention ou découverte de nouveaux agencements, de nouvelles visions du monde, de nouveaux modes d’être et de penser notre environnement, cette capacité d’expérimentation peut être effectivement rapprochée des processus d’invention tels qu’ils se pratiquent en philosophie ou en sciences.

Etienne Mineur part de l’observation de la réalité: la multitude d’e-mails dont on reporte la lecture au lendemain et que l’on n’aura jamais lu, un enfant qui joue à l’avion avec un téléphone portable de dernière génération, l’attachement que nos amis ont pour certains objets, livres ou les disques accumulés dans les années, attachement que, à vrai dire, nous partageons tous. C’est dans cette observation sensible de la réalité et des gestes les plus quotidiens, immergés, les deux, imbriqués, dans la rapidité des mutations technologique et sociales que nous connaissons, que se situent les racines de ses créations.
Création de design interactif, puisque c’est d’interaction qu’il s’agit ici, entre nous, «les consommateurs  », qui voulons de plus en plus devenir acteurs et protagonistes de nos achats ultra-technologiques, et nos objets, dont la consistance physique semble de plus en plus se raréfier. Etienne Mineur est partisan d’une prise de distance de ce processus de «disparition de l’objet» et d’univers d’écrans transparents à la Minority Report, pour tenter au contraire une réconciliation entre le numérique et le tangible, où l’objet serait au centre des préoccupations théoriques et pratiques de la fabrication du produit.

Plusieurs dimensions «analogiques» rentrent dans son travail, comme celle du temps et de la disparition, de la transformation d’un état visible à un autre: l’un de ses «livres magiques», le Livre qui disparaît, devient illisible vingt minutes après son ouverture, rendant la lecture peu à peu impossible. Cette «valeur de la disparition», qui semble antithétique par rapport aux principes fondateurs du web, on la retrouve aussi dans ses premiers travaux pour le site du couturier Issey Miyake, site qui pouvait être visité par l’internaute qu’une seule fois.Il y a une certaine poétique en tout cela, une poétique du faire, quelque part enfantine, qui invente des applications possibles pour des technologies préexistantes, dans un processus proche du bricolage et de l’amusement, qui semble faire table rase des conventions pour sonder les infinies facultés latentes dans ces formes d’hybridation de tangible et de virtuel.

(1) «La comparaison du monde avec un laboratoire lui avait rappelé une de ses vieilles idées. La vie qui lui aurait plu, il se l’était imaginée naguère comme une vaste station d’essais où l’on examinerait les meilleures façons d’être un homme et en découvrirait de nouvelles». Robert Musil, L’homme sans qualités.

Giulia Repetto