La projection en relief: de nouveaux enjeux dans l’approche des publics.
L’intervention d’Anthony Huerta, à propos du cinéma en relief, a permis de tirer une piste de réflexion sur les enjeux liés à la projection de films en relief dans le rapport qu’entretiennent les publics avec l’industrie qui exploite la diffusion des images en mouvement ( cinémas, parcs d’attractions, matériel hi-fi etc.). Si des procédés qui permettent la vision d’images en 3D existent déjà depuis près d’un siècle, les dispositifs mis à la portée des publics ne cessent de s’améliorer en vue de les attirer toujours davantage. Si certains parcs d’attractions comme le Futuroscope par exemple, et des structures culturelles comme La Villette avec la Géode (en ce qui concerne la France), ont déjà exploité ces dispositifs, on peut constater que ces moyens de projections vont être encore plus développés en vue d’inciter les publics à se rendre dans les salles de projections et donc remettre en marche l’industrie du cinéma. Le but n’est donc plus de donner à voir des images, mais de donner l’illusion au spectateur de les intégrer, les «donner à vivr ». Pour ce faire, certains parcs d’attractions n’ont pas hésité à faire construire des dispositifs complexes en vue de se renouveler, et de profiter des effets spectaculaires de tels procédés.
C’est ainsi que certaines projections sont diffusés dans des salles équipées de fauteuils de cinéma agrémentés de dispositifs qui participent à cette notion de «donner à vivre» les images. Car comme nous l’expliquait Anthony Huerta, certains sièges peuvent produire des vapeur d’eau, des souffles d’air ou encore provoquer, par des système de machines internes, des sensations de mouvements qui font bouger d’avant en arrière, de gauche à droite ; ou provoquent effets de glissements, de tremblements etc. Ou par exemple, dans cette projection qui montrait une grande quantité de petites souris, le spectateur pouvait sentir sous ses cuisses une intense sensation de fourmillement comme si elles passaient sous son siège, on parle alors de projection en «4D» pour évoquer ces effets. Ce mode de projection, qui exige une synchronisation de l’image et des mouvements de machines, donne un effet spectaculaire qui incite le spectateur à se rendre sur les lieux de projection contrairement au cinéma traditionnel dont l’industrie connaît une crise majeure depuis l’avènement du numérique. Le téléchargement de films est devenu plus facile, et le matériel de projection qui permet de recréer l’univers d’une salle de cinéma est devenu plus accessible financièrement.
Bien que le développement des technologies permettant aux particuliers d’avoir accès au visionnage d’image en relief est déjà en expansion, l’avantage du cinéma en relief est qu’il est beaucoup plus spectaculaire s’il est projeté sur grand écran ou encore sur des structures spécialement élaborées pour. Ainsi peut-on parler des attractions Pandadroom , Charlie et la chocolaterie ou encore Journey dont les dispositifs ont été conçus par le studio d’animation nWave à la tête duquel se trouve Anthony Huerta. Panda droom qui a d’ailleurs été un projet mis en place pour fêter les cinquante ans d’un parc d’attraction hollandais; ce qui montre bien que certains ont déjà compris à quel point ces dispositifs peuvent constituer un pôle d’attraction pour renouveler la population des visiteurs du parcs ou en inciter d’anciens à découvrir cette nouveauté. Toutefois la réalisation de film de cinéma en relief comporte quelques difficultés à surmonter pour que sa projection vise les effets escomptés. En effet, si les effets du relief rendent le cinéma en relief plus ludique, Anthony Huerta nous met en garde: certes ces procédés devraient permettre de remettre en route l’industrie du cinéma; néanmoins cela engendrera des coûts bien plus élevés car la réalisation des effets spéciaux s’avère bien plus complexe, ainsi il prend l’exemple des images de synthèses réalisées sur le film Le Seigneur des Anneaux. Pour obtenir l’image en 3D de tels paysages cela nécessiterait au moins trois fois plus de temps ce qui triplerait aussi les coûts. Alors certes, le cinéma en relief devrait davantage inciter les publics à se rendre sur les lieux de projections. Toutefois, si les coûts engendrés par de tels moyens de diffusion se répercutent dans le prix d’accès des publics, alors peut-être peut-on imaginer que ces dispositifs n’attireront que le temps de satisfaire la curiosité des spectateurs. Ils ne sont donc peut-être pas une solution viable à long terme pour combattre la crise que traverse le cinéma, d’autant plus si des dispositifs sont élaborés en vue de les rendre plus accessible.