«Temps japonais» de Jean Charles Fitoussi
Jean Charles Fitoussi est un cinéaste français qui a filmé sa série Temps japonais avec un téléphone portable. Il a regroupé plusieurs dizaines de petits films qui sont plus proches du documentaire. Il n’y a pas vraiment d’événements mis en place ou de scénario mais on peut avoir des moments, des situations à l’aide de sons spontanés, accidentels, de pensées de la vie quotidienne. Malheureusement, ses œuvres ne me sont apparues au départ que comme de simples vidéos. En effet, elles n’avaient ni un sujet spécial ni une nouvelle technique et ne m’évoquaient rien de particulier. Ça ne répondait pas à mes attentes par rapport aux autres conférences intéressantes auxquelles j’ai pu assister et où on pouvait trouver une bonne «exploitation» des nouveaux médias.
Aujourd’hui, les appareils numériques ou les portables avec caméra intégrés sont rendus assez accessibles à tous. C’est la raison pour laquelle, nous pouvons réaliser une vidéo n’importe où et n’importe quand. Auparavant, on avait besoin du caméscope pour filmer, mais maintenant on est arrivés à une époque où tous les gens peuvent filmer facilement. Autrement dit, n’importe qui peut produire un petit film de sa propre histoire et le diffuser sur leur blog ou sur Youtube. Nous disons que c’est de l’UCC (User Created Contents). Ces vidéos peuvent être assez bien. Ainsi, le film n’est pas la possession exclusive des cinéastes ou des artistes. Il devient même nécessaire pour les gens ordinaires.
De nos jours, à notre époque, qu’est-ce-que la série de Fitoussi a de spécial? Est-ce sa capacité technique à trouver un bon angle de vue, un bon cadre, une bonne mise au point? Est-ce le sentiment de satisfaction d’avoir capturé des images dans un pays exotique comme le Japon? A l’époque de la mondialisation, beaucoup de touristes peuvent prendre des films partout dans le monde assez rapidement et parcourir beaucoup d’espace en une journée, sans doute avec moins de talent et de précision;
Alors, que peut-on peut trouver de spécifique dans ses œuvres? Pour trouver une réponse, j’ai regardé posément tous les films sur internet chez moi. Je les ai observés en mettant un casque pour concentrer mon attention. Finalement, j’ai trouvé une chose comme «le son de la vie». C’était le son qu’on peut entendre n’importe où mais qui passe sans qu’on y prête attention: le son de la conversation de tous les gens, du train, du vent et du bruitage, de la machine, du jeu etc. On peut entendre de très nombreux sons pendant la journée même sans le vouloir. On entend quelques sons quand on bouge ou bien on peut entendre des sons divers même si l’on reste silencieux. Combien parmi nous s’intéressent au son? Est-ce que nous ne sommes pas indifférents au son, en entendant seulement ce que nous voulons entendre?
Avec les vidéos de Fitoussi, je pensais encore à l’existence du son. Ainsi, si quelqu’un me demande «qu’est-ce-que tu voudrais avoir avec toi du berceau à la tombe? », je voudrais répondre le Son du monde. Aussi on peut ressentir dans ces œuvres, dans les conversations, la relation du voyage, de l’ici et de l’ailleurs, du maintenant et de l’avant qui semblent se confondre. Des dialogues artificiels transmettent des sentiments réels et confus. Fitoussi propose ainsi une réflexion sur ce son de la vie et du monde que tout le monde porte avec soi et qui peut laisser une certaine amertume sur les choses passées, perdues. De plus, il invite à prendre le temps, à se poser encore plus pour écouter et s’arrêter pour savourer ces moments qui disparaîtront.
Dong Eun, MA
N° 228972