Nomadismes

En fin de sa communication, mercredi 3 décembre, dans le cadre de la session Paysages technologiques, Esther Polak présente un petit gadget, hybride de voiture télécommandée et un sablier d’un temps que l’on ne peut pas retourner. L’objet dessine un parcours. Le sable qui coule ne revient pas. Le dessin qu’il construit est unique. Ainsi comme le présent et tout qui se passe dans le temps. La machine a été conçue pour remplacer un manque d’électricité, des moyens d’avoir un écran ou de voir les images, les dessins. C’est une adaptation technologique, une tentative de trouver une forme de faire rentrer la technologie dans ce contexte du nomadisme. Les Fulanis, famille nigérienne,  ont des vaches nomades. Et que se passe-t-il quand les nomades rencontrent les technologies qui permettent elle de fournir une autonomie nomade aux gens fixés dans la ville? Une image de quelque chose «invisible»: les traces de la condition d’être nomade conjugué avec la qualité d’un temps qui a été. D’un autre côté, les déplacements du corps dans la ville ont beaucoup changé après le développement des équipements qui permettent la mobilité. C’est un changement par rapport à la façon d’habiter l’espace urbain.
La ville devient horizontale, dit Thierry Davila. L’artiste qui marche la dessine autrement, amplifie les gestes, retrace les endroits selon la mémoire et le déplacement dans cet espace. Un corps se déplace autrement dans le travail de Sergio Prego. Il ne marche pas, il se glisse par un endroit peu  utilisé, un lieu presque inexistant, l’endroit où coule l’eau, entre le trottoir et  la rue. À quoi sert cet endroit? Il est une limite entre deux forme d’occupation des espaces, d’une côté les voiture et de l’autre, les piétons. Un corps qui se déplace horizontalement, mouvements fragmentés, sans donner l’impression de continuité. Ce corps bouge dans un mouvement discontinu. Il bouge dans les fragments de deux villes différentes (New York et San Sebastian),  cousus dans la vidéo de Sergio Prego,  présentée à travers un rythme cassé.
Un mouvement désorienté, fragmenté, qui  ne flue pas. Une espèce de flânerie où la relation avec le temps-espace n’est plus la même. La déambulation devient une forme de nomadisme urbain, habitée par les outils technologiques. Ainsi, nouveaux gestes, perceptions et formes apparaissent et mettent en relation, par exemple, deux réalités nomades différentes: les nomades nigérians (famille Fulani) et le flâneur urbain.

Adriana Pessolato