La cartographie relationnelle

26 novembre 2008, deuxième session du colloque Mobilisable :  Cartographie Relationnelle avec Boris Beaude, Philippe Vasset et Bureau d’études.

Boris Beaude est géographe et chercheur. Il s’intéresse aux déplacements des individus. Sur une carte classique nous pouvons évaluer le temps de déplacement grâce à un calcul prenant en compte la distance d’un point à un autre. La distance est représentée dans l’espace: un réseau routier par exemple nous indique un kilométrage. Ce que Boris Beaude a voulu définir c’est le temps lors de nos déplacements et la position de l’individu, le temps passé dans un endroit lors de nos déplacements quotidiens. La carte routière étant utilisée en général lors de trajets exceptionnels. Pour cela le chercheur a créé une carte à partir de données précises propres à chaque personne. Une sorte d’enquête socio-géographique a été effectué à Toulouse, à Tours et à Paris. Sur cette carte on peut  observer les déplacements au sein de l’environnement et le temps passé dans chaque lieu de vie d’une personne. Elle évolue entre son lieu résidentiel, son lieu de travail et des lieux de convivialité, de loisir (amis, sport,…) ; les trajets hors de son quotidien sont aussi représentés (week-end, vacances). La mobilité est ici recensée mais aussi l’immobilité.

Suite à ce travail Boris Beaude a présenté cette carte aux personnes ayant bien voulu se prêter à l’exercice et certaines d’entre elles furent surprises par les résultats. Quelqu’un ne pensait pas passer autant de temps au travail ! Les résultats peuvent être très différents selon chaque personne, son activité, le temps de trajet maison-travail, si elle habite dans une grande ville ou plus excentrée. Ce travail permet d’appréhender des gestes quotidiens auxquels nous ne faisons parfois plus attention. La deuxième étape de ce projet a été de superposer les différentes enquêtes et de relier la carte aux individus. Chacun a la possibilité de participer, d’enrichir la carte de données personnelles (messages, photographies,…) et le mode de vie et de déplacement est ainsi lié à des données plus intimes. Sur cette ouverture aux réseaux sociaux et à partir de l’exemple des réseaux de déplacements locaux, Boris Beaude s’interroge sur les relations de ces réseaux d’un point de vue mondial. C’est ainsi que grâce à la fusion d’une telle carte et des réseaux de communication (téléphonie, internet, Facebook,…) nous pouvons observer les relations internationales : les Etats-Unis ont par exemple des relations privilégiées avec certains pays d’Europe ou d’Asie (Japon, Inde).  L’outil internet est donc utilisé par les géographes pour mettre en exergue des problématiques politiques, économiques et sociales et permet d’inventer des cartes sous de nouvelles formes prenant en compte l’individu et les relations qu’il entretient à un niveau local et international.

Le réseau Internet abolit-il la géographie? Invités: Boris Beaude et Olivier Vilaça
http://www.cafe-geo.net/article_imp.php3?id_article=715


Philippe Vasset

Jalons pour un imprécis de géographie.

Philippe Vasset, écrivain, nous présente le travail effectué en amont de l’écriture de son roman Un livre blanc. L’auteur répertorie les espaces blancs sur les cartes très sérieuses de l’IGN (institut géographique national). Ces cartes pourtant  très précises, dotées d’une légende méticuleuse font apparaître des espaces géographiques non répertoriés. Ce mystère attire l’attention de Philippe Vasset qui tel un détective se rend sur ces lieux sans noms, sans utilités, sans végétations, sans propriétaires ? L’idée première de l’auteur est de décrire ce qu’il trouvera sur les lieux, d’effectuer une typologie écrite tel un géographe qui identifierait et classerait les espaces préalablement blancs. Mais lors de ces pérégrinations en ces lieux de la banlieue parisienne principalement, ce qu’il découvre est tellement étrange que ce premier exercice perd de son intérêt. Successivement il se trouve sur un terrain GDF en activité, peut observer des renards et découvrir de nombreuses habitations précaires. Ce dernier point sera décisif dans la forme que prendra son travail final. L’écrivain ne se voit pas enquêter sur des phénomènes humains et sociologiques qui pourraient déranger les habitants de ces logements de fortune. S’attendant dans un premier temps à rencontrer essentiellement des friches industrielles. Un livre blanc devient un récit romancé de ses expériences et de ses impressions personnelles ressenties à l’intérieur des espaces. L’imagination prend le dessus sur le descriptif pointu et c’est ainsi que le romancier se raconte des histoires et invente des réponses aux situations incompréhensibles qu’il vit. L’auteur suite à sa pratique textuelle s’intéresse à une pratique plastique qui pourrait illustrer son expérience. Il fait appelle à Xavier Courteix photographe et vidéaste qui mettra en images ces lieux, et à Xavier Bismuth qui a enregistré grâce à un GPS son déplacement au sein des zones blanches ce qui dessine une trajectoire-trait noir sur fond blanc. Avec ces deux artistes Philippe Vasset a fondé l’atelier de Géographie Parallèle et monté le site web http://www.unsiteblanc.com/. Les espaces blancs ont été depuis répertoriés et normés par l’IGN.