Marcher

Thierry Davila, dans son intervention au colloque Mobilisable le 3 décembre a parlé de l’art actuel qui accorde au déplacement un rôle majeur dans l’invention des œuvres. Il s’agit des nouveaux rapports entre le corps de l’artiste et la mégapole contemporaine. Dans nombre de pratiques artistiques, les artistes prennent le corps comme outil privilégié et la ville comme lieu d’expression. Contrairement à la mobilité virtuelle, les artistes montrent les déplacements physiques en utilisant les manières différentes. Francis Alÿs, qui vit actuellement à Mexico, travaille sur ce qu’il a rencontré au hasard de ses promenades dans les rues. Pour lui, la marche est l’occasion d’observer le contexte urbain. Dans Paradox of praxis, 1997, une performance dans la rue, Francis Alÿs pousse un bloc de glace jusqu’à ce qu’il n’en reste plus ; dans une autre œuvre, il a filmé l’ombre étroite du poteau du drapeau sur la place centrale de Mexico City qui agit comme un aimant et qui organise les déplacements des passants qui se réfugient dans son ombre pour se protéger du soleil aux heures chaudes de la journée; avec  Ambulantes (Pushing and Pulling), il s’agit d’un document de la réalité sociale urbaine mexicaine. Un autre artiste espagnol Sergio Prego rampe sur le mur de la ville dans Cowboy. Mona Hatoum, l’artiste libanaise,  a marché, déchaussée dans les rues de Londres, en attachant ses boots à ses chevilles par les seuls lacets… A travers ces œuvres, la marche joue un rôle important. Marcher est un acte unissant le corps et l’esprit et aussi un moyen artistique. Par sa lenteur, la marche nous permet de percevoir différemment le quotidien. Ces artistes insistent sur les processus de la dérive ou de la flânerie qui permettent de voir la ville d’un œil nouveau.