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Rapprocher

La RATP, définit son métier avec un verbe : Rapprocher.
Soit, placer quelque chose ou quelqu’un plus près de quelque chose ou de quelqu’un, rendre voisin. Il y a ainsi dans ce mot l’idée de lier, de réunir, d’effacer les distances. Neuf manières de « rapprocher » sont alors mis en avant, au travers desquelles l’entreprise de service public, se positionne comme innovante et fédératrice :
 » Rapprocher les lieux et les personnes ; Rapprocher aujourd’hui et demain ; Rapprocher la maison mère et les filiales . Rapprocher l’urbain et l’humain ; Rapprocher le local et l’international ; Rapprocher culture ingénieur et culture client ; Rapprocher tous les citoyens de la société ; Rapprocher les expertises ; Rapprocher la profitabilité et l’humain. »

De telle sorte que Rapprocher culture ingénieur et culture client, se présente comme :
« Mettre l’excellence et l’expertise au service de la satisfaction de tous nos clients, et combiner l’exigence de la sécurité absolue et l’audace de réinventer l’expérience voyageur. »

Rapprocher tous les citoyens de la société, comme :
« Favoriser l’intégration sociale en rapprochant les zones désenclavées du centre et les personnes en difficulté, de l’emploi. « 

Et Rapprocher la profitabilité et l’humain, comme :
 » Démontrer chaque jour qu’investir dans les talents et la créativité permet d’apporter des solutions durables et performantes. « 

Il est intéressant de noter que l’entreprise doit ici véhiculer une image « d’acteur urbain« , souhaitant mettre à disposition de l’usager des éléments qui lui permettront de construire sa propre ville. L’usager devient donc un usager actif et exigeant, que la RATP doit satisfaire. Cela passe alors par la réduction des distances, réduction du temps d’attente, mais aussi par la l’identité de l’espace public, dont le mobilier urbain est un des éléments.

La conception du mobilier met alors en rapport plusieurs acteurs, qui envisagent ensemble les différentes représentations de l’usage de ce mobilier par l’usager, sont ainsi mis en lien, l’Unité Design, l’Unité de Marketing, mais aussi les agents de l’exploitation ( directeurs de ligne et cadres techniques, personnel de nettoiement, personnel de maintenance et agents d’interventions… ) ou encore les unités Environnement, Propreté et Sécurité du département SEC qui édifient des normes concernant ces trois axes (Environnement, Propreté et Sécurité) compte tenu du caractère public du lieu.

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Le mobilier doit alors être pérenne, résister aux « usages nauséabonds », mais aussi valoriser et véhiculer l’image de l’entreprise.
En 1973, une campagne de requalification des quais du métro est lancée afin de traiter un tiers des volumes quais qui apparaissent comme vétustes. Le style Andreu-Motte, est alors adopté sur une centaine de station entre 1974 et 1984 et de nouveaux sièges apparaissent, les sièges « coque »,  remplaçant les traditionnels bancs en bois, et considéré pendant longtemps comme le siège phare de la RATP.

Changement radical que Joseph-André Motte considérait comme un changement culturel profond.

« J’ai tenu un discours qui consistait à dire : l’homme d’aujourd’hui n’est plus une poussière humaine dans une multitude informe, racontera-t-il plus tard. C’est un individu. Il a sa richesse : il lui faut un siège à lui tout seul. Que cet individu soit cultivé ou qu’il ne sache ni lire ni écrire, c’est un personnage. Les chrétiens diront que c’est l’enfant de Dieu. Les autres diront : c’est un esprit original, il est unique. Deux hommes ne se ressemblent pas. Donc, le siège unique. On ne peut plus faire asseoir les gens sur des banquettes de bois. De plus, il fallait répondre au problème des clochards dans le métro. Les bancs en bois leur suffisaient, les malheureux. Restaient les banquettes en ciment sur toute la longueur du quai. »

 

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Triomphe de l’individualisme

Force est de constater que la RATP, dans un soucis d’épuration stylistique des stations de métro, retire les coffrages en ciment sur lesquels étaient installés les sièges « coque », pour les remplacer par des systèmes d’appliques murales, offrant des sièges en lévitation et excluant toute appropriation par des « indésirables ».
Dans le même temps, l’entreprise supprime une partie de ces fameux sièges, afin de les remplacer par des appuis ischiatiques (sièges assis-debout), qui par ailleurs avaient été conçu à l’origine pour proposer une alternative et non une substitution au siège classique.
En 1997, le projet Renouveau du métro, on vit la réapparition de bancs en bois, avec la volonté de réaffirmer la volonté de rappel patrimonial, avec un rajout post facto, des accoudoirs. Traduction manifeste de la volonté d’exclure les sans domiciles.
Nous assistons depuis 2006, à un renouvellement du métro, et l’Atelier à Kiko, a emporté le le marché de l’équipement en nouveaux sièges, des quais du métropolitain parisien. En hommage aux sièges « coque », le siège « sourire » apparaît au fur et à mesure dans les stations. Conçu pou répondre aux attentes de la RATP, les sièges sont faciles à nettoyer par leur forme courbe, tout en empêchant les « indésirables » – pas seulement les sans domiciles – d’occuper abusivement l’espace public.

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Le mobilier doit donc « interdire toute position allongée ». afin d’éviter toute « occupation abusive du domaine public ». Oisifs et sans domiciles sont ainsi implicitement / explicitement exclus des stations de métro, car considérés comme « indésirables », ils perturbent et gênent les usagers.

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Dans la nécessité de concevoir des sièges qui puissent remplacer partiellement ou totalement ceux devenus trop problématique, la RATP a rédigé un cahier des charges précis dans lequel il est question d’une gamme standard, définissant les usages recherchés : s’asseoir confortablement, ceux que l’objet doit interdire – s’allonger, graver, tagger, sauter, démonter, arracher… – ainsi que les actions pour le préserver – entretenir, maintenir…
Les nouveaux sièges « sourire » réalisés par l’Atelier à Kiko, répondent alors parfaitement aux comportement dictés par le cahier des charges, solide et résistant aux brûlures, rayures ou aux tags, le remplacement d’un siège abîmé peut se faire rapidement par un simple mécanisme mais aussi à la demande spécifique de la RATP, qui veut créer des assises pour attentes courtes sur les quais.
 Le siège de l’Atelier à Kiko, empêche donc la posture allongée, par ses courbes faisant aussi office d’accoudoirs, mais est aussi parfaitement conçu pour une attente courte, car empêche aussi, de rester trop de temps assis.

Phénomène social et politique que les designers complètent et assistent : nécessité d’assurer la sécurité dans les espaces publics en limitant les risques de mécontentement des usagers et des dégradations potentielles. Le mobilier qui en découle est violent, même lorsqu’il a des courbes et une allure sympathique,car conçu pour n’être confortable que pour une durée limitée, il ne fait qu’accentuer l’exclusion.

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Première tentative

Ma démarche se propose alors d’afficher cette violence en installant sur différentes assises du métro des collages représentant des sans domiciles. Marque de leur présence que l’on voudrait effacer.

Les collages sont alors à échelle humaine, et disposés allongés ou assis sur les sièges. Pour les sièges « sourire »,  l’intérêt était de montrer comment ces sièges impose une posture inconfortable et oppressive.
Pour les sièges « coque », ainsi que pour les bancs, il me semblait pertinent d’installer les collages découpés aux endroits séparant les sièges et aux accoudoirs des bancs. Les collages montrent les sans domiciles allongés sur les sièges, tout en effaçant une partie de leur corps, disséqués par la séparation. Présentés en morceaux, ils accentuent les séparations qui sont faites en chaque assises, mettant en avant la violence du mobilier, conçu pour épurer l’espace public des « indésirables ».

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Réalisé comme un travail didactique, l’action utilise des codes clairs. L’installation se suffit alors à elle même pour en comprendre les enjeux, sans démonstration explicative supplémentaire.La volonté étant ici de montrer comment le mobilier de la RATP est conçu pour accentuer l’exclusion.

Références et objet d’étude:

– Site de la RATP

– Survival Group : Anti-Sites

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– Konstantinos Chatzis, Hommes, objets, organisations : 1900 – 1990, un siècle de régulation dans le métropolitain parisien, In: Flux n°20, 1995. pp. 13-26.

– Stéphanie Bouché, Concevoir l’assise implantée sur les quais de métro, Les annales de la recherche urbaine n°88.

– Peny A, «Axes pour une stratégie esthétique », Réseau 2000, n°60, 1991.

– Jürgen Habermas, L’espace public, Editions Payot, Paris, 2011.

 

 

Trompe-l’œil

La problématique qui accompagne la réalisation de l’œuvre proposée pour ce cours
répond aux questions suivantes :

‐ Le choix de la vidéo et pour quelles raisons cette vidéo précise.
‐ Le choix du quartier et de la rue.

La  possibilité  m’a  été  donnée  d’abord  par  le  prêt  d’un  projecteur  mobile  par
l’Université. Cela était une bonne occasion pour rendre publique mon travail de
vidéaste.  La vidéo réalisée devient ainsi un spectacle éphémère pour les gens qui
empruntent cette ruelle.

Selon moi, cette installation a eu l’effet d’une petite surprise  et au même temps
elle  a    donné  l’opportunité  à  tous  ces  passants  de  faire  une  pause  dans  leur
quotidien.

Il s’agit, en effet, d’un mélange de stop motion animation  et de vidéo   qui raconte
une petite histoire de quelques secondes. Quelqu’un marche, arrive devant une
fenêtre, l’ouvre et touche la neige qui tombe.  Par cette réalisation j’ai essayé de
capter un sentiment de bonheur et d’espoir.
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Quant  au  quartier  choisi,  c’est  un  de  mes  préférés  de  Paris,  un  faubourg  populaire  qui  montre  bien  une  certaine  mixité  d’origine  sociale  et  ethnique.  Il  se  différencie  par  l’absence  d’un  air  « bourgeois »  si  fréquent  dans  d’autres  quartiers.  Je  n’ai  pas  choisi  un  autre  quartier    qui  pourrait  paraître  plus  original  mais  avec  lequel  je  n’aurais aucune affinité.

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Cette  rue  précise    m’avait  beaucoup  impressionné    pendant  mes  promenades
l’année  dernière  car  j’y  avais  trouvé  un  immeuble  avec  des  fenêtres  peintes  en
trompe  l’œil.      Cela  s’inclut  bien  dans  le  paysage  urbain  dans  une  perspective
d’amélioration  de  l’environnement  visuel    dans  l’objectif  de  rendre  plus  agréable
la  vie  du  quartier.  Mes  references,      pour  ce  projet  dépassent  le « Street  Art ».
Même  si  une  vidéo  est  plus  éphémère  qu’  un  graffiti,  nous  partageons  la  même
mentalité  et  le  même  objectif.  C’est  de  publier  et  d’exprimer  notre  idée  et
finalement  va  naitre  ainsi  une  conversation  créative  entre  l’  artiste  et  le  public.
Mais  il  ya  aussi  un  autre  cote  relatif  a  ce  choix,  des  références,  dont  je  voudrais
aussi  parler.  Je  viens  de  Grèce  et  a  mon  pays    nous  avons  relation  particulière  avec  les  murs.  Pendant  la  dictature  en  Grec  les  gens  utilisaient  les  murs  pour  écrire illégalement de « slogans » pour la liberté contre le fascisme et les dictateurs.
Ce chanson dit :  « Le rue avait son histoire quelqu’un l’a écrite au mur avec de la
peinture. C’était seulement la mot « LIBERTE » et âpres, ils ont dit qu’il a été écrit
seulement par les enfants. On peut donc voir un usage polyvalent du mur. C’est très
intéressant et aussi charmant a mon avis. C’est un support pour parler, déclarer,
rigoler, améliorer mais aussi toujours communiquer.

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Simulation from anastasia mikrou on Vimeo.

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Sequence 04 from anastasia mikrou on Vimeo.

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Les images de père : image « punctum » 

En 2011, j’ai découvert par hasard un album militaire chez mes parents. Il était rempli des photos des militaires sans ordre, sans précision. Sur la couverture rouge en plastique noircie par les traces du temps, je trouve le titre « M. C. Album », écrit en jaune. Les photos avec un bord jaunâtre, au format carré ou rectangulaire, en noir et blanc, datées des années 70 s faisaient une masse. Seules quelques inscriptions calligraphiées donnent des indices partielles, une date ou un nom d’événement.

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Parmi ces photos, je trouve un visage familier, mais en même temps inconnu. Parce que je n’ai jamais connu ce visage de mon père. Je n’ai jamais connu mon père de cet âge et cette époque. Il avait à peine vingt ans avec un képi à l’inverse. Il exprimait certaine fierté, légère et fraiche que je n’ai jamais lu sur son visage. C’est un garçon, un adolescent, un individu aussi éloigné de mon père. Mais en même temps c’est mon père. Ce visage d’un être « aimé », mais pas vraiment le visage aimé, cette grande distance entre la représentation de mon père et mon père me laisse une sensation troublante que je ne peux expliquer en aucun mot.

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Adolescent, que imaginerait – il pour son avenir ? Saurait – il ce qui va se passer ? Aurait – il prévenu mon arrivée ? Devant sa photo d’adolescent, je me dis : il sera mon père. Il survivra les différentes époques, des différents événements. Il aura des traces de temps sur son visage aujourd’hui. Le temps se décompose sur ce visage innocent. Il redevient inconnu pour moi.

Mon père, comme tous les pères coréens de certaine génération, c’est un homme qui ne parle pas beaucoup et qui s’exprime très rarement ces sentiments. Petite, je suis déjà habituée à lire la légère expression de ce visage, par le mouvement de sourcils, de lèvres ou légers sourires sur ses yeux. Ce visage tant observé pendant toute ma vie, devant cette photo, devient « inconnu » et distant, crée une nostalgie en me laissant une question fondamentale : qui est mon père ? Qui sont -ils tous ces gens sur les photos ? Qui sommes – nous les coréens ?

 

Photos militaires : Corée du Sud

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Les personnages sur ces photos, tous jeunes et enthousiastes, leurs visages exprimaient l’espoir de vie. Sans identité reconnue, chaque jeune visage coréen devient également celui de mon père. Intriguée par ces visages, je me suis mise en recherche de leurs traces. Par mon père et ses amis de cette époque, je trouve petit à petit des identités de ces photos. Certains sont déjà décédés, quelques-uns sont partis s’installer à l’étranger, beaucoup d’entre eux étaient introuvables. Parmi les gens retrouvés, j’ai rencontré ceux qui vivaient en Corée. J’ai enfin attribué une identité à chaque photo d’inconnu. L’inconnu redevient mes connaissances. Ces jeunes visages coréens deviennent les visages d’êtres aimés pour les autres.

La Corée est l’un des pays où les citoyens sont obligés de faire de service militaire. Tous les jeunes entres vingt et trente ans en font depuis la cession de la guerre coréenne en 1953. La situation politique contre la Corée du Nord et les intérêts internationaux font ce pays divisé en deux même soixante ans après la guerre. Le service militaire est un symbole de l’état politique et social de ce pays.

L’armée coréenne constituée en deux groupes distingués – les militaires professionnels et les jeunes en effectuant leurs services militaires -, représente un groupe social étalé à travers toutes les classes sociales. Elle reflète la société elle-même, offrant une occasion de rencontrer des diverses catégories des gens sans tenir compte de leurs différences. Sous l’uniforme, les traits de chacun s’effacent. Les jeunes prennent tous une seule identité : « coréen »

L’histoire de la Corée est celle de la croissance. Cette société capitaliste concentrant tout pour la progression, dissimule les autres facettes sociales. Les militaires sur ces photos, donc les enfants de l’après-guerre, traversant la misère de l’après-guerre, la dictature de Park, la dictature militaire et la crise économique asiatique en 1997, témoignent cette ascension économique. Ils transforment leur pays en symbole de technologie, le pays de Samsung, ou de Hyundai. Mais leur vie s’efface pour l’objectif collectif dans ces processus de croissance, dans la masse et dans l’histoire. L’identité d’un individu perd la visibilité et l’existence dans cette société. L’individu n’est qu’un élément de croissance économique et de masse.

 

Photo anonyme, son histoire et son identité

Coréenne à Paris, en travaillant sur le projet en espace public, je décide de rendre visible à nouveau ces photos militaires : les photos anonymes coréennes. Les identités supprimées dans la société coréenne reprennent leur visibilité dans la rue de Paris, loin de son pays d’origine. Elles revivent à Paris leur vie perdue dans l’histoire. Ainsi elles crée une nouvelle identité. Le jeune coréen, notre frère, notre père, notre voisin, devient finalement notre identité à Paris : individu ordinaire.

 

Comment les rendre visibles

Pour rendre visible ce visage invisible, plusieurs questions sont posées : de quelle manière, de quelle forme ? Quel est l’enjeu de mon travail, mémorial ou monumental ? Comment rentre visible cette complexité sociale et la place d’un individu dans ce contexte.

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La ville

La ville est un élément fondamental pour ce travail. Le visage de jeune coréen, effacé dans la société ressemble au notre visage dans cette ville immense. Nous rencontrons les milliers de gens tous les jours dans le métro, dans le bus, dans la rue… Mais aucun visage est finalement reconnaissable dans le sens où nous ne nous en souvenons pas. Nous vivons sous l’anonymat. Ainsi l’identité de l’individu est invisible dans cette ville comme dans toutes les grandes villes. Faire apparaitre ces visages, est un acte idéaliste et naïf. Mais si une personne en sortant de son immeuble regardant ce visage, pose une question un jour, mon opération aurait un sens.

Les rues parisiennes ont un aspect spécial : la dimension à l’échelle humaine, la distance entre mur et les passagers est proche. Cette proximité, empêchant de voir ces visages en recul, accentue ce jeu de visible-invisible. Devant le visage en proche, nous ne voyons rien qu’une masse de gris. Le visage se décompose encore une fois dans notre espace quotidien, renvoie la question sur notre identité de l’habitant anonyme.

 

L’éphémère

Le choix du support « papier » vient pour son aspect éphémère et léger. Une identité, représente une personne, ses vécus, son histoire. L’identité a un lourdeur sentimentale et historique. La légèreté de papier apporte un équilibre, ôtant cette lourdeur de sujet.

Le papier apporte également un paradoxe plastique. Comme un individu disparait avec le temps, ce papier s’abîme et disparait par le temps et par l’environnement. Le visage apparait et disparait devant nos yeux comme si nous passons les êtres autour de nous sans prêter d’attention.

 

La dimension

La photo militaire 1x1cm prend une dimension monumentale. Le visage petit et son invisibilité me donnait une envie de les agrandir pour mieux voir. Mais contrairement à mon attente, ce visage agrandi devient de plus en plus invisible comme l’individu invisible dans la société. Plus nous tentons les voir, les individus disparaissent dans la société. Il devient inconnu. Par ce processus de agrandissement, je tente de démontrer ce jeu visible-invisible. Plus on s’approche à l’image pour mieux voir, l’image disparait.

Le collage de plusieurs imprimés partiellement a un sens important dans ce travail. Les pixellisation des images traitées sont à la fois une représentation de la décomposition d’un individu et de la suppression de son identité. Le découpage de ces images laisse les traces lors d’assemblage. Chaque papier devient une fenêtre qui nous empêche une fois encore notre regard.

 

Simulation 

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Projection 

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Intervention au Palais de Tokyo

Pourquoi le Palais de Tokyo :  Pour le premier d’endroit de l’intervention, j’ai choisi le Palais de Tokyo. Le lieu est complexe, rempli de plusieurs monuments superposés. Le bâtiment, le relief, le statut forment une immense façade parisienne. La lecture de chaque monument est perturbée par le reste. Installer un visage anonyme a un sens d’opposition de premier degré. Entre le monument à la mémoire des combattants de la France libre et le relief de nymphes, le visage d’un soldat anonyme essaie de trouver sa place.

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Suite à cette baptême de l’installation dans l’espace public, je constate encore une fois l’importance de la dimension des ruelles pour ce projet. Dans l’espace mémorial et monumental du Palais de Tokyo, Le visage de soldat perd sa mystère et sa propre dimension. Cette perte perturbe la lecture du jeu de visible-invisible. L’endroit est trop bavard, s’étouffe la dialecte.

 

Suite…

Lors de mon prochain passage à Séoul, je pense à y intervenir avec ces visages de soldats coréens.

 

Objets concrets d’études 

Oeuvres

  • Pignon-Ernest, Ernest, le parcours Maurice Audin, 2003, Alger
  • Boltanski, Christian, Monuments ; les enfants de Dijon, Consortium de Dijon, 1985
  • Richter, Gerhard, Confrontation, 1988
  • JR, Favela « Morro da Providencia », Rio de Janiero. 28 millimètres projet : Women, 2008

Écrits

  • Arendt, Hannah, Condition de l’homme moderne, Paris, Calmann-Lévy, 1961
  • Barthes, Roland, La chambre claire : note sur la photographie, Paris, Gallimard, 1980
  • Blanchot, Maurice, l’entretien infini, Paris, Gallimard, 1969
  • Boltanski, Christian, Grenier, Catherine, La vie possible de Christian Boltanski, Paris, Seuil, 2010
  • Didi-Huberman, Georges, Peuples exposés, peuples figurants, Paris, Les édition de Minuit, 2012
  • Ernest Pignon-Ernest, Face aux murs, Galerie Lelong, Paris, 2010
  • Paquot, Thierry, L’espace public, Paris, La Découverte, 2010

Régiment 73-2 ©Juae EUM – 2013

Défilé au champs-élysées.

Introduction:

Mon projet initial était de faire une performance dans la rue des champs- élysées. Où j’ai déroulé un tapis de papier blanc, et j’ai demandé à des passants volontaires de tremper leurs pieds dans de la peinture et de défiler sur le tapis en papier, comme s’ils étaient dans un défilé de mode. J’ai choisis les champs-élysées car c’est un lieu de passage public et très fréquenté et  parce qu’au lieu de regarder les vitrines les autres passants auraient regarder le défilé dans la rue.
Lorsque les passants volontaires auraient défilé sur le papier les pieds tremper de peinture, ils auraient laissé des traces derrière leurs passages. Habituellement lorsque les mannequins défilent , ils ne restent pas de traces de leurs passages; en utilisant la peinture je veux monter la trace de leurs passages ainsi que l’importance de leurs passages dans la rue, car c’est grâce à eux que cette rue est animée. Ils auraient été les vedettes des champs-élysées.
Et j’ai filmé la performance avec l’aide d’Anastasia pour garder une autre trace de l’événement, en plus de la peinture finale des empreintes de pieds.
Cependant, aucuns des passants n’ont voulu participer à la performance donc je l’ai fait moi même. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo
Champ élysée:
Pourquoi j’ai choisi les champs-élysées et pourquoi est-ce un lieu public?
Tout d’abord, j’ai choisi les champs-élysées car c’ast un lieu de passage très animé et car c’est un  » Axe majeur de Paris, de son passé et de son avenir, les Champs-Elysées incarnent la grande aventure du peuple français. » Ensuite,divers évêmnements ont eu lieu sur les champs-élysées tels que des marathons, la célébration de la révolution française, le défilé des champion de la coupe du monde de 1998 avec le visage de Zidane projeté sur l’Arc de Trionphe c’est aussi un lieu culturel ou des sculptures sont exposées, avec les oeuvres de différents artistes par exemple Picasso , donc cela en fait un lieu public.
Réalisation:
J’ai utilisé de la peinture rouge et bleu, trois rouleaux de papier peint. Une caméra et j’ai réalisé la performance avec l’aide de Yianna et d’Anastasia.
Défilé en peinture:
– Défilé:  Action, pour des personnes, de passer en file ou en rang les unes derrière les autres, dans un but de démonstration, de manifestation, etc. ; cortège : Défilé de mode.
– La peinture: j’ai utilisé la peinture car elle laisse une trace qui dure longtemps.
Bibliographie:
– L’espace public de Thierry Paquot
Liens internet:

Bonne nuit

Le quartier de la Chapelle entre les stations de métro La Chapelle et Marx Dormoy dans le 18ème arrondissement est souvent considéré comme un quartier défavorisé.  Etant donné  que j’y habite et travaille depuis quelques années, j’ai pu constater qu’il s’agit d’un quartier en pleine mutation et j’ai voulu travailler autour de ces transformations.

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La population du quartier est très diverse par rapport à ses caractéristiques socioculturelles et socioéconomiques.  Ce qui fait du quartier un lieu très riche et très intéressant pour placer mon intervention.

Métamorphose: Entre mixité sociale et gentrification*

Depuis quelques années a été rénové et habilité le marché couvert de la Chapelle (rue de l’olive) et beaucoup de commerces aux alentours ont vu le jour, des cafés, des bars et des restaurantes. De même, depuis quelques années et jusqu’au présent on peut constater une forte réhabilitation de bâtiments détériorés et l’aménagement des logements sociaux (HLM).

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Depuis quelques mois a été finalisé la construction d’un complexe architecturale de bâtiments inscrits dans la logique du développement durable. Au sein de ce bâtiment, plus connue dans les médias comme la « Halle Pajol » on trouve une bibliothèque, une auberge de jeunesse (Hosteling International), une salle de spectacles entre autres commerces.

L’ouverture de l’auberge de jeunesse est la transformation la plus significative du quartier parce que avec  l’auberge arrive aussi le touriste, une figure qui était très loin de participer au paysage quotidien du quartier.

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Alors pour mon projet d’intervention dans l’espace public je voulais mettre en évidence cette nouvelle figure et la faire dialoguer avec d’autres déjà existantes dans le quartier.

Remontant par la rue Pajol, juste de l’autre côté de la rue Riquet,  seulement à quelques mètres de l’auberge de jeunesse se tient discrètement depuis plusieurs années le « Sleep in » de la rue Pajol, un auberge d’urgence destinée à accueillir et héberger des usagers de drogues actifs en situation de rue. Ce bâtiment très hermétique n’affiche aucune information de sa fonction vers l’extérieur.

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Comment mettre en dialogue ces deux bâtiments  si proches et si éloignés au même temps?

Ces deux bâtiments m’ont servi comme point de départ pour mon intervention. J’ai réfléchi à la figure de ceux qui utilisent ces lieux et à la façon dont ils doivent porter ses affaires pour se déplacer, que ce soit pour voyager ou pour « traîner » dans la ville. Souvent équipés de sacs en plastiques et de charriots pour transporter ses affaires, la figure du SDF se voit confrontée à celle du touriste lorsqu’il se déplace avec sa valise à roulettes. Peu importe les motivations de leur déplacement, tous les deux doivent transporter ses affaires pour passer la nuit quelque part.

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Pour l’image finale j’ai choisi représenter seulement l’image d’un charriot accompagné de la phrase « bonne nuit », pour faire référence à la figure du SDF et souligner sa situation  permanente de sans abri vis-à-vis des passants (touristes et habitants confondus).

J’ai voulu présenter cette image sous forme de carte postale pour qu’elle puise aller à la rencontre des gens et qu’elle puisse  être manipulé et éventuellement emporté par les passants . Aussi parce que la carte postale est un support qu’on utilise aujourd’hui pour la publicité et parce qu’ elle fait référence au voyage et au « merchandising » turistique.

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Il m’a semblé plus intéressant de mettre en évidence la situation sans abri du SDF au-delà de la confronter uniquement avec la figure du touriste.

Pour placer la carte postale dans l’espace publique j’ai fabriqué un support en carton pour disposer les cartes. Ce support peut ensuite être attaché aux poteaux de la ville. Les cartes sont donc disposées aux passants, l’image peut, éventuellement, circuler.

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J’ai choisi d’installer ce support avec les cartes dans l’intersection de la rue de Torcy et de la rue de l’Olive, justement où se trouve le marché et nombreux commerces, cafés, bars et restaurantes. De plus, juste en face de cette intersection il y a une place qui sert de point de réunion à beaucoup de SDF du quartier, lesquels circulent souvent  aux alentours du marché pour « faire la manche ».

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Lors de la mise en place, les gens ont réagi de différentes manières face à cette intervention. Trop discrète elle a pas été aperçue ou simplement n’a pas attiré l’attention des passants. D’autres plus attentifs ou curieux ont été attirés et ont pris une ou plusieurs cartes.

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Si bien cette intervention a été réalisée dans un point spécifique du quartier, j’ai pensé à la possibilité de créer un parcours en plaçant plusieurs dispositifs dans divers endroits du quartier.

Ainsi par exemple créer un parcours entre les deux auberges, ou éventuellement créer des nouveaux parcours au sein desquels on puisse rencontrer différentes images, pour donner forme à une narration ou simplement pour décliner une thématique….

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Notes.

* Mixité sociale. (Définition du dictionnaire on line La Toupie. http://www.toupie.org/Dictionnaire/Mixite_sociale.htm)

La mixité sociale désigne la présence simultanée ou la cohabitation, en un même lieu, de personnes appartenant à des catégories socioprofessionnelles, à des cultures, à des nationalités, à des tranches d’âge différentes.

En matière d’habitat, la mixité sociale se traduit par des quartiers hétérogènes où vivent des personnes de niveau de vie, de cultures, d’origines variées. Ce mélange peut s’apprécier à différentes échelles, au niveau de l’immeuble, d’un ensemble d’habitations, d’un quartier…

La notion de mixité sociale, qui est de plus en plus utilisée dans les politiques du logement, a été élaborée en réaction à la concentration de populations défavorisées dans les zones périurbaines, notamment dans des quartiers d’habitat social. Elle a été introduite dans le droit par la « Loi d’Orientation pour la Ville » du 13 juillet 1991.

*Gentrification. (Définition du dictionnaire Larousse on line http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/gentrification/10910405 )

Tendance à l’embourgeoisement d’un quartier populaire.

En savoir plus sur:

La Halle Pajol

http://www.paris.fr/accueil/urbanisme/la-halle-pajol-prend-vie/rub_9650_actu_137189_port_23751

Sleep In rue Pajol

http://www.groupe-sos.org/structures/56/Sleep_In_Paris

La limite symbolique de la porte

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Athènes, Paris, Berlin 2013
Ioanna Neofytou, Elena Socratous, Marios Patsalis

Sujet : Invitation à une personne inconnue.
Actions menées par 3 personnes dans 3 villes différentes.
Thème : Organisation d’une soirée.
Logistique : Une caméra vidéo, un enregistreur audio et un ou deux assistants.
Lieux : La rue et l’appartement.

Description de la procédure :
A l’intérieur de l’appartement se tient réuni un petit groupe de 2 à 5 personnes. Tandis que l’artiste performeur est dans la rue, devant l’entrée de son immeuble où il reste pour aborder des passants. Il se présente à eux : donne son prénom ; dit d’où il vient ; et essaye d’engager une conversation. Il les invite à se joindre à une soirée qu’il a organisée chez lui. Les passants acceptent ou rejettent la proposition. Celui qui accepte, suit l’artiste chez lui, reste dans son appartement, discute et partage un moment de convivialité avec l’ensemble des invités. La même procédure sera suivie dans les différents appartements de chaque ville.

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Déroulement de la performance :
Un cameraman suit discrètement l’artiste performeur et filme de loin les différentes scènes : les discussions avec les passants ; l’entrée de l’inconnu dans l’appartement de l’artiste et le déroulement de la soirée. Il filme les dialogues et les interactions qui ont lieu, et se focalise essentiellement sur les réactions des personnes abordées.
Le cameraman suivra l’artiste performeur dans toutes ses actions et tous ses déplacements, de la rue à la soirée dans l’appartement. Il filmera également les réactions des invités qui attendent dans l’appartement. D’autres plans seront ajoutés : scènes autour de la maison ; la vie du quartier ; les badauds et les invités déjà présents dans l’appartement.

Plan de mise en œuvre:
Paris: action, le 23 Novembre 2013 à 15h00 au 164 rue de Fbg Poissonnière, 75010.
Athènes: action, le 15-17 Novembre 2013.
Berlin: action, du 29 Novembre au 1er Décembre 2013.
Montage Final des 3 performances en décembre.
Les vidéos de ces 3 actions seront présentées parallèlement sur un seul et même écran.

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Problématique :
L’objectif de cette performance est d’explorer, dans notre société actuelle, le champ de la « tolérance » dans une situation inhabituelle – ici le fait d’inviter un inconnu chez soi – et de questionner le « faire confiance à» et « avoir confiance en » un individu pris au hasard dans l’espace public de la rue.
Jusqu’à quel point sommes-nous ouverts ou fermés aux autres, aux étrangers, ou à un inconnu? Quelles limites sociales donnons-nous à nos relations dans l’espace public ? Quels sont, lorsque l’espace public interfère avec celui du privé et de l’intime, les comportements et les manières de faire ? De quelle façon et jusqu’où sommes-nous prêt à « faire confiance à » autrui ? Dans une société basée sur une économie marchande, quel est notre rapport au don et au fait de recevoir sans contre-don ? Et enfin, quelles sont les frontières et les limites entre espace intime, privé et public ?

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pour voir la performance clicque ici:

performance 23.11.2013

enregistrement sonore

Contexte général :

« Qui leur faisaient obstacles… »

« Le plus grands nombre de ceux qui passaient avait un maintien convaincu et propre aux affaires et ne semblaient occupés qu’à se frayer un chemin à travers la foule. Ils fronçaient les sourcils et roulaient les yeux vivement ; quand ils étaient bousculés par quelques passants voisins, ils ne montraient aucun symptôme d’impatience, mais rajustaient leurs vêtements et se dépêchaient. D’autres, une classe fort nombreuses encore, étaient inquiets dans leur mouvement, avaient le sang à la figure, se parlaient à eux-mêmes et gesticulaient, comme si ils se sentaient seuls par le fait de la multitude innombrable qui les entouraient. Quand ils étaient arrêtés dans leur marche, ces gens-là cessaient tout à coup de marmonner, mais redoublaient leurs gesticulations et attendaient, avec un sourire distrait et exagéré, le passage de personnes qui leur faisaient obstacles. »
« L’homme des foules », Edgar Alan Poe

De manière général, une telle action représente une réelle nuisance car elle gêne les passants, surtout ceux qui n’ont pas la volonté de s’arrêter sur leur chemin et leur trajectoire. Nous pourrions regrouper ces situations dans une sorte de « collection de refus » : une collection de réponses négatives et de prétextes. Refuser de suivre un inconnu jusqu’à son domicile pour entrer chez lui semble constituer un comportement social établi et généralisé.

En dépit du fait que dans la performance qui prend place à Paris, une personne accepte l’invitation, l’étanchéité des sphères du privé et public reste intact. La crainte de suivre un inconnu pour pénétrer dans son espace intime – celui de l’appartement – reste un comportement profondément ancré dans nos mœurs et les lois et les usages qui s’opèrent dans nos relations sociales. Le refus ne serait pas uniquement motivé par l’appréhension d’un potentiel danger physique, mais aussi fondé sur des lacunes sociales et relationnelles, celles d’une société qui privilégierait l’individualisme.

Il faut distinguer, l’espaces publiques – ici l’espace de la rue – dans laquelle nous échangeons et partageons volontiers une conversation avec des inconnus, et la sphère privée – le foyer – où nous sommes réticent à l’idée d’inviter un inconnu. A l’opposé, un inconnu sera aussi gêné de rentrer chez quelqu’un qu’il ne connaît pas.

Le franchissement de la barrière symbolique de la porte exige une transformation des codes et mœurs qui s’établissent dans nos interactions sociales, et une manière différente de construire la relation avec l’autre. Le domaine de la maison, qui est une représentation physique et symbolique de notre espace privé, se confond avec l’espace intime pour former un seul ensemble et un même « corps ». La « maison » est le cadre et le lieu privé et intime d’un individu, ou d’un groupe d’individus comme la famille ou un groupe de personnes (l’espace de la collocation par exemple). Dans le langage : « chez moi », la « maison » se confond avec le sujet lui-même et se substitue à son intimité. Le rapport que nous établissons à notre lieu de domicile correspond, en quelque sorte, à un type d’esthétique et une symbolique de la propriété. De même,  il correspond à l’espace privatisé, celui de son propriétaire qui possède ce bien immobilier sur les plans juridiques et économiques.

Selon Richart Sannet, la société est construite suivant une distribution de « rôles ». Ces rôles se réfèrent et se jouent de manières spécifiques qu’ils se tiennent dans la sphère du privé ou du public. Les comportements qui lui sont liés varient selon le degré d’intimité développé dans la relation entre les individus, et sont également en rapport avec les lieux et les espaces dans lesquels ils prennent forme.

J’observe que le contact qui s’établit avec un inconnu est toléré dans l’espace public, mais il est soumis à des barrières et des frontières qui délimitent notre intimité et notre espace privé. Il n’y a pas de foyer sans propriétaire. De même, les objets qui s’inscrivent dans un foyer sont du domaine du privé. Aussi, l’espace du foyer n’est ni ouvert ni accessible à un inconnu. Pour conclure, je dirais que la notion de propriété est fondamentalement liée à la vie privée, elle lui est même indispensable et déterminante. L’exemple du sans-abri est prégnant : il n’a pas de vie privée car il ne possède pas de domicile et n’a pas accès à la propriété.

 

Les espaces publics

“En second lieu, le mot publique désigne le monde lui-même en ce qu’il nous en commun à tous et se distingue de la place que nous y possédons individuellement. Cependant ce monde n’est pas identique à la Terre ou la nature, en tant que cadre du mouvement des hommes et condition générale de la vie. Il est lié aux productions humaines, aux objets fabriqués de main d’homme, ainsi qu’aux relations qui existent entre les habitants de ce monde fait par l’homme. Vivre ensemble dans le monde : c’est dire essentiellement qu’un monde d’objets se tient entre ceux que l’ont en commun, comme une table est située entre ceux qui s’assoient autour d’elle ; le monde, comme tout entre-deux, relie et sépare en même temps les hommes. Le domaine public, monde commun, nous rassemble mais aussi nous empêche, pour ainsi dire, de tomber les uns sur les autres. ”

Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Calmann-Lévy, 1961,1983

Dans les sociétés modernes, la majorité des espaces publiques est un ensemble de bâtiments, qui ne nous appartiennent pas, où se déplacent gens que nous ne connaissons pas. Les trottoirs, les rues, le métro, les bus, etc., ils ne sont pas construits comme lieux de sociabilité et ils n’ont pas cette fonction. Même si on consacre une grande partie de notre temps aux moyens de transport et aux espaces urbains, il est rare de communiquer avec les autres passants. Il s’agit des espaces de transition, qu’ils regroupent des grandes masses, mais ils ne parviennent pas à créer les conditions pour une vraie communication. Comme H.Arendt prétend, bien que ces espaces nous ressemblent, ils nous empêchent de se rencontrer.

Même les zones qu’on prétend être des lieux de socialisation comme les cafés, les bars, les restaurants, les centres commerciaux, etc., ils ont en réalité d’abord une fonction économique et commerciale. Cela signifie que ces espaces semi-publics visent une clientèle spécifique, qui répond au besoin de consommation. L’exemple de David Harvey dans l’ouvrage «  L’économie politique à l΄espace public» décrit le fonctionnement de ces espaces semi-publics comme suit:

« Le café n’est pas exactement un espace privé soit, c’est un espace dans lequel une population sélective est autorisée à des fins commerciales et de consommation. La famille pauvre perçoit l’espace comme un endroit réservé, ou la richesse qui leur est normalement destinée, reste confinée dans le café. Ce dernier projette une image spécifique vers l’espace public qui dans ce cas précis est le trottoir. Les démunis ne peuvent l’ignorer tout comme ils ne peuvent pas l’éviter, ce qui est réciproque pour les clients du café. Cependant, la frontière n’est pas hermétique ce qui, étonnamment, pourrait engendrer une zone conflictuelle. »

Les espaces urbains sont construits de façon à inciter les individus à la consommation; l’apparence de la ville contemporain est le plus claire justificatif : les pancartes de publicité, les grands magazines du commerce, la lumière néon, les signes etc. Comme dirait W.Benjamin, ces villes sont «l’adoration fétichiste de la marchandise  ». Cette planification urbaine modifie le rapport entre les êtres humains en consacrant leur temps libre non à la construction de relations sociales, mais à la consommation. 

La consommation n’est pas la seule raison qui empêche le développement des relations plus profond entre les individus ; un autre facteur explique ce fait, il s’agit de dédain de la sphère publique comme une arène pour l’élaboration politique. «Une fois que la ville  est perçue par la capitale, uniquement comme un spectacle, elle ne peut seulement être vécue passivement plutôt que activement; ceci généré par le peuple à travers sa participation politique. » (David Harvey, The Political Economy of Public Space).

Il est tout-à-fait probable qu’une revitalisation fondée sur l’expérience nouvelle et dynamique de l’espace public soit à cet égard nécessaire. En ce sens une reconfiguration de la sphère privée comme un endroit collectif et non pas comme un endroit individualisé du bonheur petit bourgeois, comme l’a relevé Habermas, semble plus que nécessaire aujourd’hui. Notre action est inscrite dans un tel contexte de création de «situations» qui remettent en question la notion d’espace et des relations interpersonnelles.

 

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Bibliographie :
Habermas Jürgen, L’espace public, Payot, Paris, 2011.
Sennett Richard, Les Tyrannies de l’intimité, Le Seuil, Paris, 1979.
Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Calmann-Lévy, 1961,1983.
David Harvey, L’économie politique à l’espace public , http://davidharvey.org/media/public.pdf
Therry Paquot, L’espace public, La découverte, 2009

Je voudrais remercier Temana et Shake pour le support technique, tous qui assisté à la soirée, et surtout Jamele qui nous avons donné de confiance.

 

Tous les chemins mènent ICI

Lien

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Le rythme fortement cadencé de la vie urbaine modifie notre rapport à l’espace et au temps et fait de nous des êtres impatients.

Qui n’est jamais sorti des transports en commun ne sachant pas vraiment de quel côté aller pour partir dans la bonne direction? Nous avons tous, au moins une fois maudit les sorties de métro débouchant sur un grand carrefour ou au milieu d’une rue dont on ne connaît pas le nom. A l’ère du numérique nous suivons bêtement les indications de notre gps/smartphone sans prêter attention à ce qui nous entoure. N’est-il pas temps de se réconcilier avec la ville dans laquelle nous vivons ?

 

PROTOCOLE ARTISTIQUE

« Chacun d’entre nous en a fait l’expérience, une ville c’est d’abord ses rues. La rue peut-être aimable, revêche, prétentieuse, accueillante, colorée, animée, déserte, triste, elle offre mille et un visages. Avec la multiplication des déplacements quotidiens, et la concurrence entre divers moyens de transport, la qualité de la rue pour les édiles se nomme: fluidité.  »  – PAQUOT Thierry, L’Espace public, Paris, La Découverte, coll. Repères, 2009, 125 p (p77)

Pour ce projet d’arts plastiques questionnant l’espace public et la notion de frontières, j’ai choisi d’intervenir à la station de métro Belleville qui est, d’une part le carrefour de plusieurs arrondissements : le 10e, le 11e, le 19e et le 20e,  et d’autre part un quartier populaire riche de sa diversité ethnique et culturelle.  En intervenant dans ce quartier j’interroge alors les notions de frontières géographiques et culturelles mais aussi l’idée de fluidité  – qualité d’un trafic  de personnes qui s’écoule régulièrement – développée plus haut par Thierry Paquot.

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Le projet “Tous les chemins mènent ici” vise à indiquer le chemin de manière ludique et poétique aux voyageurs du métro (habitants, travailleurs ou touristes) quand ils en sortent. Qu’ils ne prenent plus ça comme un poids et qu’il se laisse guider par la rue elle-même, une rue « aux milles et un visages » selon Thierry Paquot.

Ayant travaillé dans une école primaire pendant quelques mois, il m’est immédiatement venu l’idée du jeu et du dessin à la craie comme le font les enfants dans les cours de récréation. Je me me suis moi-même remémoré ces moments-là ainsi que mon enthousiame pour le jeu de la marelle. Un jeu enfantin présent dans la plupart des pays du monde et donc une référence théoriquement familière pour la majorité des gens toutes cultures confondues.

Mon intervention consistera tout d’abord à peindre directement sur le trottoir une sorte de marelle réarrangée. Pour cela, j’ai choisi le blanc de meudon, un  matériau un peu plus resistant que la craie simple mais qui reste  tout de même éphémère. Comme une invitation au voyage et un retour en enfance, chaque “case initiale » de la marelle sera remplacée par un avion en origami qui indiquera une direction à prendre comme le suggère les croquis et simulations ci-dessous. On conserve également d’une certaine façon les traditionnels CIEL et TERRE au début et à la fin de la marelle.

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RÉALISATION DU PROJET

Quelques images pendant la réalisation

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MES SOURCES D’INSPIRATION 

Clean Tag/ Reverse Graffiti

C’est une méthode de graffiti qui consiste à marquer les murs ou d’autres surfaces de la ville en enlevant la saleté. Parce que le Clean Tag n’utilise aucune encre ou peinture, il devient un procédé écologique et très souvent considéré comme légal.

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Banksy

Banksy ne se cantonne pas à une seule spécialité artistique. Rendu célèbre pour ses interventions dans l’espace urbain, il combine habillement plusieurs techniques artistiques telles que la peinture, le pochoir ou encore l’installation. Il mêle le plus souvent politique et humour pour faire passer ses messages et joue avec les codes de l’espace dans lequel il décide d’y apposer sa création.  (Voir exemples ci-dessous)

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Les flèches de Daniel Buren

Une centaine de flèches bicolores rouges et blanches, créées avec la participation de Pascal Rambert et des élèves du lycée Galilée, ont été installées sur le territoire de Gennevilliers. Elles desservent les axes stratégiques de la ville en empruntant plusieurs chemins possibles.  Installées à des endroits clés, elles indiquent toutes le chemin pour se rendre au Théâtre de Gennevilliers.

 

Toponymie au féminin

Introduction

Petite, je croisais souvent à São Paulo un petit immeuble rose dans le croisement de la Rua Purpurina (Rue Paillettes) et la Rua Harmonie (Rue Harmonie) en me disant que les habitants de cet immeuble avaient vraiment de la chance. Un autre exemple: La Rue du Chat Qui Pêche dans le 5è et la Rue des Mauvais Garçons dans 4è n’ont pas plus de 10 mètres chacune mais leurs plaques émaillées sont vendues en miniature en tant que souvenir de Paris. Il y a parfois de la poésie dans la toponymie.

Au Brésil, la plupart des noms sont soit indigènes en tupi-guarani soit de saints et saintes catholiques portugais. Ce mélange est révélateur du passé colonial qui a fondé l’histoire du pays. La toponymie est révélatrice la mémoire d’un lieu, de sa culture et son histoire. Elle a une influence sur la relation que nous avons avec l’espace public.


Toponymie au féminin

A Paris, parmi les 6290 voies nommés moins de 200 portent des noms de femmes. Parmi celles-ci beaucoup sont des noms d’anciennes propriétaires du terrain, ainsi qu’épouses et filles de personnages célèbres. Les lieux baptisés pour honorer une femme remarquable sont donc extrêmement rares. Selon Catherine Vieu-Charier, adjointe au maire Bertrand Delanoé chargée de la mémoire “Il y a actuellement un déséquilibre abyssal en faveur des hommes, qui remonte au XIXe siècle. A cette époque, on a baptisé massivement, mais les femmes n’avaient aucune place dans la sphère publique”. Pour Anne Hidalgo, 1ère adjointe au maire Bertrand Delanoë chargée de l’urbanisme et de l’architecture, cette visibilité est symbolique mais nécessaire: « Quand nous créons des rues, nous pensons immédiatement à les baptiser de noms de femmes, car nous avons beaucoup de retard quant à la parité, dans ce domaine également.

J’ai décidé donc de travailler autour de cette visibilité réduite des femmes dans les rues de Paris, développer un projet pour renforcer leur présence. L’idée de réaliser des portraits m’est venue naturellement. Je voulais que l’impact soit immédiat et l’image parle plus que les paroles à un passant. J’ai donc décidé de réaliser des portraits et leur nom propre pour qu’elles soient identifiables à ceux qui ne sont pas familiarisés avec leur image. Le seul impératif était que le travail soit réalisé sous la plaque qui identifie le lieu, pour que le lien entre les deux soit immédiat.


Préparation

Le médium que j’avais choisi était l’affiche. L’idée étant de réaliser qu’une intervention par lieu, je ne n’aurai pas eu à le reproduire et j’aurais eu le temps de bien soigner la partie graphique. Ce choix était contesté en cours, par Mme. Ruiz, qui m’a poussé a réfléchir sur la motivation derrière ce choix. Il m’était évident que l’affiche permettait un travail graphique plus détaillé, qui s’approche au maximum du travail que j’ai réalisé dans un contexte académique mais inconsciemment il s’agissait d’avantage de peur: La peur de réaliser un travail illégal sur les murs policés d’une ville qui ne m’appartient pas. J’ai donc opté par le pochoir, une technique jusque là inédite pour moi, qui me permettrait une pose en vitesse, vu que le temps est une contrainte considérable lorsqu’on travaille dans la rue.

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Mon projet de master a pour sujet “Street Art et Activisme”. Lors d’une réunion avec Mme. Preston, ma directrice, je lui ai parlé du travail que j’étais en train de réaliser pour ce cours. Elle m’a donc interrogé sur le choix de mettre en avant des portraits plutôt que quelque chose plus représentative du travail réalisé par ses femmes. Je me suis donc rendue compte que j’étais tombée!!!!!!!! sur le piège majeur de ma problématique: comprendre comment il est possible de concilier création et activisme politique sans délaisser l’une ou l’autre de ces sphères.

N’ayant pas le temps de repenser complètement mon approche (j’étais contente de mes pochoirs), j’ai décidé donc de ajouter au portrait une bulle pour donner parole à ces femmes. J’ai essayé de réaliser les bulles en pochoir mais je n’étais pas satisfaite du résultat. J’ai opté donc de retourner à mon idée de départ, l’affiche. Ajouté au prénon en graff, le rendu était désormais multimédia tout en gardant une unité nécéssaire pour la lisibilité de mon intention.

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Réalisation

J’ai réalisé trois interventions le weekend du 30 Novembre: Place Olympe de Gouges, Passerelle Simone de Beauvoir et Rue Marguerite Duras. Deux copines m’ont accompagné, jouant le rôle de vigile et photographe à tour de rôle.

 

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Résultat

Olympe de Gouges
Place Olympe de Gouges, 3è arrondissement.
A deux pas de la majestueuse Place de la République, le croisement entre les rues Turenne, Béranger et Charlot abrite le petit terre-plein pavé qu’est la Place Olympe de Gouges, aucun numéro porte son nom.

« Homme, es-tu capable d’être juste? C’est une femme qui vous pose la question. »

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Simone de Beauvoir

Passerelle Simone de Beauvoir, 12è arrondissement
Seul pont parisien portant un nom de femme, la passerelle piéton relie l’esplanade de la Bibliothèque François-Mitterand et le Jardin de Bercy.

« Se vouloir libre c’est aussi vouloir les autres libres. »

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Marguerite Duras

Rue Marguerite Duras, 13è arrondissement
Cette petite rue est la continuation de la Rue des Frigos, elle contourne l’université Paris Diderot (Paris 7).

« Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit.

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Pour le weekend du  7 Décembre, j’avais deux interventions prévues: Rue Maria Deraisnes et Place Colette. Malheureusement, je n’ai pas pu faire celle à la Place Colette car même minuit placé, la place était trop mouvementée. Je compte y retourner en semaine.

Maria Deraisnes
Rue Maria Deraisnes, 17è arrondissement.
Cette rue calme dans l’extrème nord du 17è contourne le paisible square des Epinettes dans lequel on trouve le buste de Maria Deraisnes. La fin de la rue abrite le Lycée Professionnel Maria-Deraisnes, sur lequel j’ai posé le pochoir.

« L’inégalité des deux sexes dérrange ce plan harmonique indiqué par la logique et le bon sens »

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Sidonie Gabrielle Colette
Place Colette, 1er arrondissement
La place Colette se trouve entre la Comédie Française et le Louvre. Là se trouve la sortie de la station Louvre-Rivoli dessinée par Othoniel. Je n’ai pas pu poser le pochoir les soirs ou je suis allée, mais j’essaierai encore!

« Faites des bêtises! Mais faites-le avec enthousiasme »

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Sweet day everyday!

Ce projet pour les lieux publics commençait par une observation à la station du métro. Métro était un des endroits où la densité de population était plus haute dans la ville, notamment à l’heure de pointe. Dans le métro, tout le monde avait la même expression sur le visage comme c’était une sorte de “standard”, et cette seule expression était en fait sans expression. Ce phénomène pouvait être trouvée dans n’importe quelle grande ville tel que Paris, Londres, Tokyo, New York…etc. Grâce aux lieux publics, on était plus proche à l’un des autres physiquement mais au même temps, on se distançait plus en plus.

Ceci pouvait être trouvé facilement pas seulement dans le métro mais aussi dans beaucoup de situations et de endroits sociaux. On tentait de ne pas montrer trop d’émotions si elle ne correspondait pas bien à l’ambiance, ou bien on tentait de cacher ce qu’on voulait vraiment dire.

Dans le film “Metropolis” de Fritz Lang, on voyait que les émotions sur les visages des ouvriers étaient terriblement cohérentes. Chaque fois quand j’étais dans le métro, je voyais la même émotion sur les visages des gens.

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les ouvriers dans “Metropolis”

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les gens à la station de métro

À partir de cette observation quotidienne, je décidais de faire un projet qui pouvait tirer l’attention de gens. Le projet contenait plusieurs mains en plâtre aux différents gestes. Les différents gestes symbolisaient les différentes émotions, soit en colère, soit au secours…etc. L’idée était de laisser les mains exprimer ce que les gens voulaient vraiment dire en réel. Les mains seraient être produites au plâtre et puis s’installer dans plusieurs espaces publics.

Pourquoi les gâteaux?
Le gâteaux étaient comme le chocolat, presque personne ne le détestait. On faisait beaucoup les fêtes avec les gâteaux. Le symbole du gâteau ici était comme une sorte de joyeuse. Un gâteau au lieu public, il y avait un sens de “chaque jour est spécial, la vie peut être contente et joyeuse même si ce jour là n’est pas d’un fête. Si on veut, chaque jour peut être comme un fête.” L’autre côté, comme on disait à précédent, aujourd’hui, les gens se distanciaient plus en plus, les gâteaux ici symbolisaient que, il y avait toujours des gens qui faisaient l’attention, qui avaient d’affection même pour les gens inconnus. Les gens parfois, ne sont pas si froid comme ils sont l’air.

Pourquoi en plâtre?
Au début, mon idée était de mettre les mains en plâtre, mais plus en plus que je faisais la recherche, je commençais à penser de les faire en silicone, un matériel facile, léger et flexible. Malheureusement je trouvais que les matériaux étaient un peu trop chers et peut-être trop souple pour installer. (Par contre, le plâtre avait comme même le problème d’être trop lourd.) Enfin, je retournait mon idée sur la plâtre et commençait mon projet.

Pourquoi ce titre et le but?
Ce titre venait de l’idée très simple: « Everyday can be sweet. » (Chaque jour peut être joyeux). Sweet (sucré) ici avait double sens, un était comme sucré, c’étaient les gâteaux. L’autre sens était « joyeux »,

J’avais l’impression que la vie quelque fois était trop carrée, il y avait beaucoup de règles après grandir, de travailler, de gagner la vie, d’aller à la grande exposition parce que tous le monde y va déjà…etc. Quand on suivait plus de plus “règles vides”, on perdait plus de plus imagination et être moins et moins créatif. Une main de 4ème dimension n’existait pas dans la réalité, mais grâce à cette impossibilité, j’aimerais créer une oeuvre pour faire amusant, pour faire rire, même si cela durait seulement une seconde. Le but ici était de partager un peu de la joie avec les gens inconnus.

L’autre but était d’exercer la capacité d’observation. On devait souvent se demander: est-ce qu’on regarde bien cette ville, les bâtiments, les rues, les petites détails qui existaient déjà longtemps? Quelque fois on trouvait une petite détail qu’on passait pendent 4 ans mais jamais faisait l’attention. L’idée était similaire au résultat des créations mosaïques de Invaders.

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Simulation
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Préparation
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Installation
Les gâteaux se trouvaient aux 7 lieux différents, c’étaient les lieux considérés selon la forme, l’ambiance, les goûts des gâteaux. Ils se trouvaient séparément à:
1. LCL près du métro Rue du Bac
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2. Fontaine Saint-Sulpice
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3. Dans le passage du métro Cardinal Lemoine
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4. Métro Saint-Paul
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5. Fontaine Stravinsky
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6. Pont Notre-Dame
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7. Jardin Tuileries
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Pendant l’installation, il y avait toujours les gens qui regardaient. La matinée quand j’allais les installer, il n’y avait pas si beaucoup de monde comme le week-end. Mais Comme même il y avait toujours les gens qui étaient curieuses. Surtout les enfants, quand ils le trouvaient, ils voulaient toujours bien regarder et toucher. À Saint-Paul, il y avait une femme qui même toucher et le prendre pour regarder.

Après installer les gâteaux, j’avait l’impression que je comprenais mieux le but de ce cours, c’était ma première fois d’installer mes oeuvres aux lieux publics. Quand j’étais en train d’installer le gâteaux, il s’agissait un sentiment qui contient au même temps joyeux et triste, la partie triste c’était parce qu’ils seraient détruire très vite, mais ils me prenaient longtemps à faire. L’autre côté, le sentiment le plus important pour ce cours, c’était de partager les oeuvres avec les gens, par les installer dans les endroits passée quotidiennes. C’étais comme une sorte de paysage que les oeuvres se mélangeaient bien dedans. Je croyais que même si mes oeuvres n’étais pas naturellement là-bas, mais il y avait un moment qu’ils trouvaient ses places et devenaient une partie des endroits publics. Et ça c’étais le développement d’une ville et pour moi, c’étais le côté le plus important pour comprendre le sujet de ce cours, par notre propre projet et par action.

L’espace public, selon Thierry Paquot, avait une relation intime avec le développement historique de l’économie et de la société. Le mot et la conception de public pouvaient être définir aux plusieurs niveaux et aucune ne pouvait présenter tous seul. On pouvait dire que, la notion de l’espace public est un phénomène historique. Aujourd’hui, l’espace public faisait une partie de conception “lieu urbain”, de l’espace public au lieu urbain, de privée à public,  le mot “communication” prenait une place importante. Et ce mot communication est, pour moi, l’idée essentiel entre un projet artistique et l’espace public (ou lieu public), autre côté, il est aussi une nouvel manière et concept pour montrer les ouevres artistiques, contre le démarche historique et ensemble avec l’idée de anti-monumentalisme.

Pour moi, la question essentielle pour ce cours n’était que pour découvrir et connaître la notion du lieux public mais aussi, il faut toujours réfléchir sur une question: qu’est-ce qu’une oeuvre artistique sert aux lieux publics?

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Une Expérience Colorée dans l’Espace Public

Intervention artistique sur l’un des passages piétons de la Place de la République,  à Paris.

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Genèse du projet

Pendant l’hiver, la ville de Paris manque de soleil et de couleurs. Les lignes blanches des passages piétons parisiens vont servir d’inspiration pour créer une expérience colorée dans le cadre du cours “Art dans l’Espace Public” de Madame Tania Ruiz Gutierrez à l’Université Paris 8 Saint-Denis.

Le passage piéton du Faubourg du Temple de la Place de la République est un espace de constante circulation qui sera transformé en un espace coloré où des citoyens pourront, par groupes, traverser d’une façon agréable et en toute sécurité vis-à-vis du trafic routier.

Il s’agit d’une intervention artistique qui s’adressera à des piétons volontaires, non pressés et observateurs passionnés de la ville dans laquelle ils sont exposés au risque d’accident. Le but est d’étudier la relation entre la couleur, l’espace public, et la perception du « spectateur » qui peut être par ailleurs aussi rêveur, distrait, lent et sensible à cet espace.

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Pour quoi la Place de la République?

La Place de la République est un espace que je traverse tous les jours et à différents moments de la journée. Après des semaines d’expérimentation personnelle et de recherche, j’ai découvert que traverser ce passage piéton, marcher sur ces lignes blanches horizontales est toujours une expérience réalisée à toute vitesse, risquée et d’où la cohabitation entre tous les usagers (automobilistes, piétons, cyclistes, etc.) est absente.

Après un an et demi de travaux, la place de la République rénovée, embellie, a été re-ouverte le dimanche 16 juin 2013. Aujourd’hui on profite d’une place plus conviviale et confortable à vivre au quotidien sauf que le traverse de passage piéton continu a être trop risqué.

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Dans la conception de frontières,  j’ai choisi certains paramètres essentiels de ce projet qui se trouvent dans la place elle-même. Selon la Ville de Paris la Place de la République est :

  • une des places les plus importantes de Paris par son emplacement et sa taille : 280 m de long par 120 m de large, soit près de 34,000 m².
  • située à l’intersection de trois arrondissements (3e, 10e et 11e).
  • au carrefour de 7 axes majeurs de circulation.
  • 5 lignes de métro et 4 lignes de bus s’y croisent.
  • une place emblématique, point de départ de grandes manifestations citoyennes.
  • avec une activité comérciale vibrante.

Avant son aménagement, un diagnostic a été réalisé par l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme) et la Direction de la Voirie et des Déplacements de la Ville de Paris, en collaboration avec la RATP. Ici vous pouvez : Télécharger le diagnostic au format pdf.

Après le diagnostic, deux objectifs ont été fixés pour l’aménagement de la place:

  1. Redonner à la place son attractivité et son dynamisme.
  2. Faire de la place un espace où il est agréable de vivre et de se déplacer.

Le philosophe G.W.F. Hegel a dit : « La couleur est l’élément qui donne âme et vie à l’œuvre d’art ». Selon moi, la couleur est l’élément qui donne âme et vie à l’espace public.

M’inspirant de l’artiste Carlos Cruz-Diez,  et de ses différentes interventions colorées dans l’espace public de grandes villes du monde, j’ai invité Alexandre Guarneri, fondateur de la marque de vêtements Homecore, qui a développé le BonBond, un tissu qui favorise la détente, utilisé comme support de méditation et de relaxation, afin de créer cette intervention artistique.

Selon Carlos Cruz-Diez, la circulation quotidienne dans l’espace urbain change notre personnalité, nous devenons des êtres de routine obéissant à des codes que personne ne remet en cause.

Olafur Eliasson, artiste contemporain danois et fortement attaché à l’Islande, crée des incidents spatiaux qui confrontent le spectateur à une expérience de la couleur, de la lumière, de la température et de l’espace. Il en appelle à une rationalisation des sensations et à une réflexion sur la réception, la perception. M’inspirant de son travail Take Your Time, j’ai utilisé le BonBond comme des pièces en interaction dans le passage piéton, pour créer une connexion avec le monde qui nous entoure, des informations visuelles et des différentes définitions des sensations avec la couleur.

Avec cette intervention artistique, nous, artistes-citoyens, avons décidé de créer une expérience qui puisse provoquer une connexion entre nous et les autres, entre la ville et l’espace, entre la couleur et la routine urbaine que constitue le fait de traverser en tout sécurité un passage piéton.

Il s’agit d’un appel à un engagement physique et visuel, à une prise de conscience des sensations et à une réflexion sur la perception de l’espace coloré. Le sujet principal de ce projet est véritablement de humaniser notre espace public avec la couleur.

Réalisation du Projet 

Observation :

Experimentation :

Je d’abord observé l’espace et essayé juste un seul BonBond sur le passage piéton la deuxième semaine de novembre. Avec cette première expérimentation, j’avait bien compris l’importance de la connexion entre l’espace, la couleur et le corps en mouvement. Cette connexion est celle qui peut humaniser notre espace public.

Intervention :

Le jeudi 5 décembre, des amis, des artistes-citoyens, et les passants présents à ce moment-là, ont été invités à faire partie de cette expérience colorée d’une durée d’une heure. Nous nous sommes tous retrouvés  à 11h sur la Place de la République. Cette intervention colorée était totalement expérimentale et créative.

Nous avons fait l’intervention avec 8 Bonbonds de plusieurs couleurs (rouge, indigo, violet, orange, vert) qui nous avaient aussi donné les outils pour attirer toute l’attention des gens sur et autour de la Place. Ça nous avait donné également la possibilité de perte de l’identité et de l’anonymat. L’intervention était un nouvel air colorée de jeu et d’un contact direct avec la ville, de mouvements, de sourires, une expérience colorée de détente et de pur bonheur.

Conclusions

M’inspirant de Thierry Paquot, j’ai fait référence au passage piéton comment un lieu physique et symbolique où s’expriment des contradictions d’une société.

Les problématiques politiques, sociales, économiques, environnementales ou culturelles se croisent à cet endroit précis où s’inventent nos espaces communs et notre cadre de vie collectif.

Donc, des amies et artistes-citoyens plus conscient de cette réalité, ont compris les enjeux de cet espace. J’ai constaté que les piétons manquent de sécurité lorsqu’ils traversent ce passage piéton et qu’ils ont envie d’avoir une expérience plus tranquille et agréable.

À la différence de ceux qui pratiquent leur art dans les lieux culturels identifiés, nous des artistes-citoyens avait le but d’aller plus loin. La présence physique sur ce passage piéton en font non seulement des témoins privilégiés mais également des acteurs directs de cette sphère publique.

Depuis cette intervention j’ai réfléchi aux questions que pose Thierry Paquot:

  1. Allons-nous alors nous réfugier dans des villes virtuelles, à la recherche de rêves différés ?
  2. Ne deviendrons-nous que des spectateurs des espaces urbains, prisonniers que nous sommes de nos écrans, de nos claviers et de nos écouteurs ?

Les réponses sont NON, les citoyens et les piétons, dans leur majorité ne sont pas pressés et sont des observateurs passionnés de la ville dans laquelle ils sont exposés au risque d’accident pour les motoriser. Les passages piétons peuvent se convertir en un espace public qui permette une connexion et une sensibilité humaine dans la ville, qui crée un sentiment de se sentir bien, ensemble, dans des espaces partagés.

Tous les piétons et passants qui étaient sur la Place venaient nous demander ce que nous faisions. Le mouvement de media par Facebook, Twitter, et Instagram était actif.

Facebook :

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Twitter :

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Loic Le Meur, blogueur et chroniqueur télé, à twitée: @Loic « Colors at République #baladedansparis @ Place de la République » Instagram Loic #ExperienceColorée

Instagram :

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Ils ont été nombreux à des prendre des photos, des vidéos et beaucoup d’entre eux ont essayé le BonBond. Il n‘y avait aucun problème de sécurité publique, la police est passée plusieurs fois mais nous a laissé la liberté de faire ce que nous voulions, sans mettre en danger le passage.

Avec cette intervention, j’ai constaté que la couleur, les interventions artistiques peuvent nous aider à humaniser d’avantage les espaces publics.

Il nous a semblé que le corps et la couleur doivent retrouver leur place dans le passage piéton. Comme Cruz-Diez et Eliasson l’ont démontré par ces interventions artistiques  c’est par le corps et la couleur que la ville peut créer un espace humain qui peut élargir le bonheur, la rationalisation des sensations et une réflexion sur la réception, la perception de notre vie.

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Pour plus de photos par Moodstep cliquez ici.

Lutter contre les véhicules motorisés et l’agression urbaine, c’est finalement rendre la ville à l’homme, aux piétons, aux enfants, aux cyclistes, à nous tous qui aimons profiter de la ville, lui  redonner sa beauté. Cette intervention a transformé juste un des passages piétons de la Place de la République en un lieu humain et coloré, un lieu convivial, attractif et dynamique.

Maintenant c’est à nous de continuer à le tester dans d’ autres espaces publics de Paris et dans plusieurs villes pour pouvoir aller encore plus loin dans cette expérimentation. GRACIAS à tous.

Critique artistique: 

« Je trouve que l’intervention était simple et bien pensée dans le domaine pratique. Ainsi les dimensions des BondBonds et le nombre de personnes qui ont intervenu étaient suffisamment pour occuper un passage piéton dans la Place de la République.

Pour intervenir sur la place entière, par exemple, il aurait fallu beaucoup plus de monde.
Il était intéressant aussi la manière d’intervenir des gens: il a eu beaucoup qui ont pris des photos, autres sont entrés dans les BonBonds et deux garçons ont pris une bande pour eux et ils ont fait des jeux entre eux sans participer dans le plan général.
Cette dernière intervention m’a beaucoup touché car je trouvais un peu naïf le but d’apporter de la couleur à la place… à nous jours?… à la vie citoyen?

Je me suis amusé en regardant les drôles d’utilités que ces garçons ont découvert pour les grandes bandes élastiques de Carolina. Ça veut dire que la forme d’apporter de la couleur à la vie peut être moins abstrait, moins esthétique et un peu plus comique.
Je crois que les œuvres d’art qui stimulent vraiment la créativité du spectateur sont les mieux. Alors, félicitations à l’artiste! »

Almudena Baeza Medina, critique d’art, Ph.D: « Collectif Art Madrid 90: peinture pop aux nouvelles technologies. » (Née à Madrid, vit et travaille à Paris).

Bibliographie:

PAQUOT Thierry, L’Espace public, Paris, La Découverte, coll. Repères, 2009, 125 p.

PAQUOT Thierry, Un Philosophe en Ville, Paris, Golion : Infolio, 2011.

CRUZ-DIEZ Carlos, Interventions dans l’Espace Urbain [En ligne], mis en ligne 1990, consulté le 2 novembre 2013. URL : www.cruz-diez.com/fr/work/intervention-dans-lespace-urbain_1/

ELIASSON, Olafur, Leer es respirar, es devenir: Escritos de Olafur Eliasson. Edited by Moisés Puente and Studio Olafur Eliasson, 2012.

ELIASSON, Olafur, TYT (Take Your Time), Vol. 2: Printed Matter, Studio Olafur Eliasson, Berlin, 2009.

CAROLINA DAZA: @TheGlobalYogini, ecocozina@gmail.com