Axel Pahlavi, Myriades, galerie Isabelle Gounod

Axel Pahlavi nous accueille dès l’entrée de la galerie avec Confession (2021), un autoportrait dans lequel il s’est représenté agenouillé sur un tapis persan, en tenue d’atelier, entouré de peintures que l’on peut retrouver dans l’exposition (Aux forges du temps, 2021 ; Confiance, 2021 ; Fléopard, 2020 ; Gothique moderne, 2021).
Par le biais d’une bulle de bande-dessinée, l’artiste s’adresse directement au visiteur et l’averti comme suit : « Je n’ai jamais pu trouver mon langage en peinture, alors j’ai copié un style qui n’existe pas. » Lumière divine venue des cieux ou coup de projecteur sur l’artiste et ses toiles, Confession (2021) fonctionne comme un préambule à ce que nous allons voir : différents styles, différents formats, différents genres mais un seul artiste, Axel Pahlavi.

                              
Axel Pahlavi, Confiance, 2021                               Axel Palhavi, Buisson ardent, 2021
huile et acrylique sur toile, 150 x 120 cm           huile sur toile, 240 x 170 cm

Appartenant à une génération d’artistes qui a choisi de s’intéresser à l’image dessinée et peinte alors que celle-ci était en plein déclin, en une époque où tout évolue à grande vitesse et où tout est disponible, à portée de main, la peinture d’Axel Pahlavi se veut intime et personnelle, hétérogène et poreuse. Né en Iran, fasciné par l’histoire du Christ et hyper-croyant, il partage sa vie avec l’artiste messine Florence Obrecht qu’il représente à de multiples reprises, seule ou accompagnée d’autres figures.
Nourri et inspiré par leurs histoires et par celle de l’art et de la peinture, il puise une myriade d’éléments disparates dans les cultures iranienne et européenne, les traditions et la modernité, le réalisme, l’abstraction et la mysticité, le classicisme et l’expressionnisme. Ses toiles présentent un héritage hétéroclite. Elles font écho au postimpressionnisme, aux nabis, à Vuillard, à l’école italienne, dans l’utilisation des couleurs et dans les mises en scène, mais aussi au Gréco, à Rembrandt, à Friedrich et Manet dans ses autoportraits, notamment.

La peinture d’Axel Pahlavi puise également dans de multiples autres sources. Si elle est autobiographique dans un premier temps, elle est aussi photographique par les cadrages et par l’utilisation du flou permettant une mise en lumière sur l’élément central du tableau. Leur scénographie emprunte aussi à l’art du théâtre et du cinéma. Le goût de l’artiste pour la culture populaire des années 1970 est un autre élément fondateur de ses créations, s’inspirant des séries B, de l’heroic fantasy et des bandes-dessinées de science-fiction. Les œuvres présentées dans cette nouvelle exposition de l’artiste sont issues de l’hybridation de ces divers écritures et procédés, elles forment un style éclectique qui est une signature de l’artiste.

Pour la première fois, Axel Pahlavi a souhaité s’adonner au même exercice que les impressionnistes : il a peint sur le motif, dans l’arrière-pays niçois, à différents moments de la journée afin de se confronter à la puissance de la nature et d’en étudier la multiplicité des couleurs et des lumières. Sang de la création (2021), Triptyque de la création (2020) et Triptyque de la grâce (2020) sont les résultats de cette expérience.
Retravaillés dans son atelier, ces trois triptyques sont aussi les premières esquisses d’après lesquelles l’artiste a réalisé Buisson ardent (2021) et Aux forges du temps (2021). À l’aide de divers outils, médiums et supports tels que la gouache, le crayon, l’huile, le papier, le bois, le pinceau, le pochoir ou l’aérographe et en y intégrant des flous, des coulures, des aplats, des empâtements, des couleurs fluos et des zones plus précises, plus trash ou non-fini, Axel Pahlavi réinterprète différents sujets, il transforme le trivial et l’intime en quelque chose de plus spirituel et intériorisé qui laisse transparaître une forme de tension dans la toile. Convertissant l’image en parole, ses œuvres sont le reflet de sa passion pour le thème de l’incarnation.

Axel Pahlavi a fait le choix de confronter différents formats. L’Autoportrait du 3 juin 2021 (2021) et les portraits Zbigniew (2020), Grand-père Luceram (2021) et Nina (2021) sont de petites dimensions. Ils offrent un rapport plus intimiste que des toiles comme Buisson ardent (2021), Écologie de l’histoire (2021) ou encore Naviguer (2021), qui font davantage référence à la peinture d’histoire et en reprennent le grand format. Centrée sur la figure humaine pour une grande majorité de ses œuvres, l’artiste représente exclusivement des membres de sa famille tels que son épouse, ses enfants, son père ou son grand-père mais aussi des amis proches. Si tous ces visages familiers sont exécutés par la même main, ils sont néanmoins tous traités de manières différentes.


Axel Pahlavi, Écologie de l’histoire, 2021
huile et acrylique sur toile, 200 x 280 cm

Dans cette exposition aux multiples autoportraits, on perçoit un souffle, un relâchement. L’artiste se dévoile, il montre la nécessité de se reconcentrer sur soi-même et de retrouver ses racines quand le besoin se fait sentir. Il s’autocite d’ailleurs à plusieurs reprises, reprenant des motifs déjà présents dans des œuvres antérieures comme le drap ou le clown présents dans Écologie de l’histoire (2021), le tapis persan représenté dans Confession (2021) ou encore le plancher en bois peint dans J’ai soif (2020).
Reflet de sa façon de vivre, la peinture d’Axel Pahlavi est une sorte de voyage entre la présence et l’absence, l’amour et le désespoir, l’incertitude et la confiance, un mouvement à travers lequel l’artiste se livre. Il nous invite à considérer le corps comme le lieu de la réalité et le siège de la vérité par le biais de la spiritualité.

Malory Puche

Visuel de tête : Axel Pahlavi, Confession, 2021, huile sur bois, 50 x 60 cm

visuels : courtesy Galerie Isabelle Gounod

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