“ Bientôt demain”

Par Charlotte Marinier

Restitution de la résidence de Marie-Cécile Marques à Aponia, Villiers le Marne

15 octobre- 28 novembre 2020

VUE DE L’EXPOSITION, DANGER, 2020 – ACRYLIQUE SUR TOILE ET TOUT VA BIEN II, 2020, ACRYLIQUE SUR TOILE ©MARIE-CÉCILE MARQUES

Alors que nous traversons une crise sans précédent en avançant dans le brouillard, nous attendons tous demain avec impatience. Un demain simple et enthousiaste. Un demain porteur d’espoir et de gaieté, de rire et de tendresse. Soulevons avec ironie que l’exposition n’a débuté que deux jours avant l’annonce gouvernementale de reconfinement. Il faudra donc reporter votre visite à demain.

L’exposition présente la production artistique de Marie-Cécile Marques pendant cette période inédite du confinement. L’artiste esquisse « demain » dans une exposition colorée et animée qui oscille entre paysage onirique et désenchantement. Elle crée un journal de confinement dans lequel elle peint ce qui l’entoure, ses envies de liberté, ses frustrations et ses doutes.

“Bientôt demain” est une invitation à la rêverie, à faire une pause dans cette période trouble pour s’évader et se réfugier dans l’imaginaire. L’artiste construit une bulle, un abri constitué de larges toiles acidulées et de sculptures sous lequel le spectateur est invité en attendant la fin de l’orage. Bien au chaud dans ce cocon douillet, le spectateur se laisse aller à toutes sortes de projections. Les créations de l’artiste sont des miroirs qui nous plongent dans un état émotionnel intense. Il devient possible de projeter et de ressentir à travers les œuvres une combinaison d’énergies et d’émotions. Les formes mouvantes se mélangent à l’abstraction pour créer des silhouettes et des ombres étranges. La rencontre d’univers terrestres et fantastiques déclenche un vrai travail de la psyché.

VUE DE L’EXPOSITION, TOUT VA BIEN I, ACRYLIQUE SUR TOILE, 2020
©MARIE-CÉCILE MARQUES

L’œuvre intitulée ironiquement Tout va bien I montre un paysage remuant de grand format dans lequel se mêlent personnages, couleurs vives et formes hybrides. C’est un flot d’émotions et de couleurs pures. La scénographie de l’exposition est marquée par l’utilisation d’un épais adhésif orange fluo. Cette ligne conductrice excite l’œil et contraste avec les bleus profonds des peintures. On peut aussi concevoir ce scotch comme un pansement aux blessures émotionnelles et aux fractures sociales causées par cette période que la couleur pourrait guérir. L’artiste envisage la couleur comme une véritable thérapie, une manière d’enchanter le quotidien.

Dans son installation Virus, l’artiste sculpte dans de la mousse polyuréthane l’évolution du virus responsable de la pandémie mondiale. Les sculptures dégoulinantes mutent et prolifèrent sur les murs jusqu’à se diffuser sur le sol de l’exposition. Le spectateur circule donc entre les virus, en prenant soin de les éviter, rappelant notre défi quotidien.

Les créations hybrides de l’artiste se révèlent étrangement gourmandes, sucrées et réconfortantes, comme des pâtisseries que l’on mange un dimanche de grisaille, enroulé dans une couverture en observant la pluie tomber. De la barbe à papa à la glace géante, chacun perçoit et projette sa gourmandise sur ces œuvres alléchantes, comme si tout ce sucre pouvait soigner nos angoisses et sécréter un peu d’endorphine, sans même nous faire prendre un gramme.

Et si demain est mieux qu’hier, peut-être sera-t-il pire qu’aujourd’hui. Patience, le beau temps reviendra.

 

VUE DE L’EXPOSITION©MARIE-CÉCILE MARQUES

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