« L’insoutenable légèreté : les Années 80 » Centre Pompidou, du 24 février au 23 mai 2016

L’exposition L’insoutenable légèreté : les années 80 est proposée par la galerie de photographie du Centre Pompidou. Karolina Zienbinska-Lewandowska, conservatrice au Cabinet de la photographie du Musée national d’art moderne et commissaire de l’exposition, a réuni pour l’occasion une centaine d’œuvres, d’une dizaine d’artistes qui ont fait les années 80. Centrée sur la photographie, l’exposition présente aussi trois vidéos. À travers ce choix d’œuvres, Karolina Zienbinska-Lewandowska, fait apparaître les grands thèmes de l’époque contemporaine : critique des apparences sociales, des médias, ré-appropriation des codes de la peinture à travers la photographie. Les images de cette décennie participent à la dénonciation d’une société en pleine mutation.

Le parcours se constitue de quatre espaces successifs qui donnent lieu à quatre thématiques : Le lieu du décor, Pratiques de classes, Duplicité de l’artifice, (Dis)paraître.

La mise en scène, pratique courante dans la photographie des années 80, est largement mise en avant dans l’exposition. Dans Sans Titre de Florence Paradeis qui présente l’insouciance d’un petit déjeuner en famille, l’artiste reconstitue l’image d’un moment quotidien. La scène donne l’impression d’avoir été saisie dans un instant furtif, « au naturel ». Les photographes des années 80 s’amusent ainsi de la théâtralité d’instants banals, et critiquent une société faite d’apparences. Comme dans la série des photos d’Agnès Bonno qui montre des « portraits » d’objets portés par des personnes dont l’identité n’est pas révélée. Cette série constituée comme un répertoire de détails semble mettre en relief l’importance de l’artifice et du paraître.

Florence Paradeis (1964, Anthony, France) Sans titre – Série 1 : 1988-1989, 1988, Épreuve chromogène Centre Pompidou, musée national d’art moderne, Donation de la Caisse des Dépôts, 2006

Florence Paradeis (1964, Anthony, France) Sans titre – Série 1 : 1988-1989, 1988, Épreuve chromogène
Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Donation de la Caisse des Dépôts, 2006

L’aspect maîtrisé de la couleur, du cadrage et de la composition de la photographie Bazilebustamente, du duo d’artistes Bernard Bazile et Jean-Marc Bustamante, interroge l’esthétique de la peinture à travers la photographie. Une dimension picturale qui semble être annulée par le caractère kitch donné par la saturation des couleurs. La référence à la peinture se retrouve également plus loin dans l’exposition, notamment avec l’œuvre de The Numerologist de David Buckland qui fait référence au tableau du Compte d’Urbino de Pierro della Francesca. La photographie en grand format présente l’image d’un homme moderne sur fond de paysage industriel dont il est l’instigateur.

Vue de l'entrée de l'exposition, BAZILEBUSTAMANTE, Bernard Bazile et Jean-Marc Bustamante 1984, Épreuve cibachrome Centre Pompidou, musée national d’art moderne Achat, 1985

Vue de l’entrée de l’exposition, BAZILEBUSTAMANTE, Bernard Bazile et Jean-Marc Bustamante 1984, Épreuve cibachrome Centre Pompidou, Musée national d’art moderne Achat, 1985

Dans la vidéo de Mark Vilcox, la reconstitution d’une scène de film diffusée par un poste de télévision, laisse entrevoir l’idée d’une télévision qui se moque d’elle même. Le dévoilement des coulisses, l’envers du décor et l’utilisation d’artifices interrogent sur l’image de la réalité, fictive et idéalisée qui est montrée par la télévision.

L’organisation et la scénographie de l’exposition laissent le spectateur dans une atmosphère de légèreté. Sans réel cloisonnement, le parcours se vit sans transition, sans frontières entre les différents espaces, laissant la possibilité de déambuler sans contrainte et permettant aux œuvres dialoguer entre elles. Rien ne semble tout à fait défini dans cette ambiance qui invite à la désinvolture. À l’instar de cette « insoutenable légèreté » propre à la décennie des années 80 qui voyait en son temps le croisement des genres et l’évolution d’une société qui cassait les codes. Ce que montrent les œuvres de Jean-Paul Goude, qui utilise les artifices de la publicité à des fins artistiques. Ces photographies grands formats donnent à voir un univers lisse soigneusement composé qui s’inscrivent entre l’image picturale, l’affiche publicitaire et la photographie de mode.

Jean-Paul Goude (1940, Saint-Mandé, France) Blue-black in black on grey, [Bleu-noir en noir sur gris], New York, 1981, Tirage numérique contrecollé sur aluminium 2015, Collection particulière

Jean-Paul Goude (1940, Saint-Mandé, France) Blue-black in black on grey, [Bleu-noir en noir sur gris], New York, 1981, Tirage numérique contrecollé sur aluminium 2015, Collection particulière

L’exposition L’insoutenable légèreté : les années 80, donne à voir un choix de vidéos et de photographies qui montrent comment la photographie contemporaine a marqué cette décennie, à travers le traitement de nouveaux sujets, l’utilisation de nouveaux codes, et les progrès de techniques qui ont par la suite formaté la photographie plasticienne.

 

Léa Renaud

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