Portrait de l’artiste Louis Henderson

LH photo

Né en 1983 à Norwich (East Anglia, Royaume-Uni) Vit et travaille à Paris (Ile-de-France, France)

Louis Henderson, jeune artiste vidéaste et réalisateur de 33 ans, interroge les images autant que la diffusion et la circulation de ces dernières. Il vise ainsi à reconsidérer notre approche de l’élaboration d’une mémoire commune. Les thématiques qui ressortent de ses vidéos sont largement celles de la politique, de la sociologie et de l’anthropologie. Plus singulièrement, il traite du post-colonialisme confronté à une technologique qui va tant dans l’enfouissement que dans l’éclaircissement d’informations. L’origine de sa démarche artistique s’appuie sur sa thèse entamée à Londres sous le nom d’ « Archéologie du futur » qui met en exergue la dimension transmissive du média vidéo face au propos de la mémoire.

Sa carrière artistique commence en 2007 lorsqu’il sort de la London College Institute en recevant un First Class BA Honours. Il rejoint plus tard, en 2013, le Fresnoy à Lille dont il ressortira diplômé avec les félicitations du jury. Il est depuis, appelé à concourir dans de différents festivals tels que le Festival international du film de Rotterdam, le Belo Horizonte Festival , le Jihlava Documentary Festival…

Aujourd’hui il bénéficie d’une diffusion nationale et internationale au sein d’institutions de grande renommée telles que le Centre Georges Pompidou, le Musée Reina Sofia, la Tate Modern et les Chappel Galleries notamment. Il a récemment obtenu des récompenses en 2015 comme le Barbara Aronofsky Latham Award pour la Vidéo d’artistes émergents au 53e Ann Arbor Film Festival, USA, ainsi qu’un Award dans la section Court métrage Européen.

Mode opératoire : De concerné à concernés, La transmission pour mission

Louis Henderson fait partie d’une catégorie d’artistes qui se revendique une double casquette, celle d’artiste et celle de chercheur/enquêteur/découvreur, qui investigue la société, son histoire et son fonctionnement autant qu’il investit l’art dans sa pure logique perceptive servant à révéler, à suggérer. En nous montrant les images cachées, oubliées de l’Histoire, il utilise l’art pour son ambition principale à révéler en aval et à questionner en amont.

Adepte de la caméra-stylo, concept emprunté à son auteur Alexandre Astruc qui se veut être dans une pratique du vidéaste semblable à celle de l’écrivain, la vidéo de Louis Henderson est dans sa volonté d’y voir une ligne narrative et dans sa capacité à mettre en situation le spectateur comme s’il en était lui-même l’auteur. Un peu comme nous lirions un livre, nous nous sentons concernés sans pour autant maîtriser l’intégralité du contenu, nous laissant ainsi à la fois bercer par les intentions d’Henderson, mais aussi l’impression étrange d’en être les auteurs. Le procédé de la capture d’écran, de la monstration d’une navigation sur ordinateur et sur internet ainsi que l’utilisation face camera, propre au genre documentaire est à la source même de ce trouble, nous n’échappons pas à cette sensation d’être concerné. La force du travail de Louis Henderson tient donc en sa faculté à être facilement transmissible. Confronter le spectateur à ce qu’il ne connaît pas, par un outil qu’il connaît bien, rend son intention perspicace, la transmission réussie.

Collage virtuel d’une réalité disséminée : Une archéologie du futur

Aujourd’hui, comment reconstituer une histoire que l’on ne connaît pas si ce n’est avec les bouts, les parcelles d’une réalité disséminée sur internet ? L’ambition est aussi grande et peu commune que le mode opératoire est modeste, mais commun. Car la volonté de Louis Henderson n’est pas une autre que de proposer une forme singulière d’art engagé. En fusionnant le passé et le présent par l’emploi d’images d’archives d’hier et d’aujourd’hui, qu’il juxtapose de manière littérale, il opère une reconstitution rééquilibrant les pans de l’histoire ; mettant ainsi au même plan les paroles de personnes connues et celles des oubliés de l’histoire, afin qu’elles se rencontrent et révèlent elles-mêmes leur inexactitude, leurs désaccords, leurs dissonances. Dissonance à percevoir comme un appel incontrôlable. Voir un rappel à l’égalité des droits entre les civilisations.

À la fois derrière l’écran et derrière la caméra, la notion « d’étranger » prend son sens dans le fait même qu’elle constitue l’origine d’un ballet perpétuel révélant leur égalité à être étranger l’un de l’autre. Résultante de notre façon de penser le reste du monde, le collage virtuel est une forme de lecture qui, bien qu’elle constate une surcharge d’information (rapidité, superpositions de pages, zooms et dé-zooms…), n’en démontre pas moins la difficulté singulière à retrouver les vérités d’une histoire oubliée. Et surtout, oubliée de qui et comment ?

Et si le but de cette méthode de monstration d’internet servant ce propos d’un ailleurs lointain et méconnu n’était pas pour nous faire réfléchir davantage sur la constitution commune de l’histoire ? Internet comme plateforme de recherche, mais aussi comme outil principal décisionnaire entre ce qui devrait et ce qui ne devrait pas être « notre histoire ». Louis Henderson s’interroge sur ces notions et propose avec ces vidéos ce qu’il aime à appeler suite à sa thèse du même titre, une « archéologie du futur ». Voyageur, archéologue, enquêteur, artiste, il se noie et nage en même temps dans ce flot d’images qui détient plusieurs vérités oubliées. Entre archaïsme et contemporanéité, le travail de Louis Henderson tend à trouver un équilibre parmi le déséquilibre.

Anaïs CIARAN

Louis Henderson, All that is solid, 2014, vidéo,couleur, son, 15 min

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