« In Medias Res entre rêves et souvenirs de guerre » : Ali Banisadr

Ali Banisadr présente à la Galerie Thaddaeus Ropac un ensemble d’œuvres sous le titre In Medias Res, du latin signifiant « au milieu des choses » à prendre comme un procédé de lecture pour le spectateur puisque que c’est comme piégé en plein milieu d’un rite chamane en pause que l’on se retrouve face aux œuvres de l’artiste. Ses œuvres reflètent un univers onirique, festif et inquiétant, témoin d’une instabilité fascinante. Une « explosion, au centre d’une action qui se déroule lentement » entre figuration et abstraction mettant à l’épreuve la patience de celui qui voudra en déchiffrer tous les codes. Il peint ce qu’il y a dans ses rêves, les formes qui bougent et les couleurs qui se mélangent, un univers où la beauté côtoie l’horreur, où elle est sublimée, tout comme les films qui l’inspirent par le contraste entre ce qui est montré ou pas à l’écran et le son du sang, de la destruction. Si l’artiste devait comparer ses œuvres à une pièce ce serait un opéra, une en cours de déroulement où il en orchestre les formes et les couleurs vibrantes à voir et sentir.

Vue de l'exposition - Galerie Thaddeus Ropac

Vue de l’exposition – Galerie Thaddaeus Ropac

Vue de l'exposition - Galerie Thaddeus Ropac

Vue de l’exposition – Galerie Thaddaeus Ropac

La double nationalité d’Ali Banisadr n’est pas un obstacle ni une base pour construire ses tableaux puisqu’il souhaite une multiplicité des lectures de ses œuvres. Bien que certains le catégorisent et qu’il ne peut empêcher cela, il ne veut pas se contenter d’être l’artiste qui a grandi en Orient et qui vit maintenant en Occident. S’il est nommé « conteur » grâce à ses grands tableaux animés par la guerre qui rappellent des miniatures persanes bercées par une touche de Jérôme Bosch et de Francis Bacon, ce n’est pas ce conteur-là qu’il veut être. Il ne fait pas de la peinture d’histoire puisqu’il fait le récit de conflits, mythes, conspirations et rêves, même si le format de ses toiles rappelle légèrement la taille de photographies de guerre.

La base de ses toiles est surtout la violence en général de l’homme face à l’homme. Ali Banisadr a entre trois et quatre ans lorsque la guerre Iran-Irak éclate et il en a douze quand sa famille fuit l’Iran pour San Francisco. Il peint le traumatisme d’un enfant témoin de la guerre,  piégé entre la peur, la confusion, le son de la destruction et de la violence à distance, un univers où les souvenirs se brouillent avec les rêves. En peignant, Ali Banisadr trouve le moyen de faire le pont avec ce monde parallèle, celui qui apparaît dans nos rêves faits de fragments de souvenirs, récits et hallucinations absents de toute temporalité. Peindre est pour l’artiste un moyen de mettre une image sur ce qu’il a vécu et ce que d’autres continuent à vivre.

Ali Banisadr - Exposition In Medias Res

Ali Banisadr – Exposition In Medias Res

Ali Banisadr - Exposition In Medias Res

Ali Banisadr – Exposition In Medias Res

Ce qu’il faut apprécier des toiles d’Ali Banisadr c’est la transfiguration de ses fantasmes chaotiques organisés et sublimés sur une toile par son talent de peintre. Excessive painterly skill vue comme un talon d’Achille par le New York Times démontrant un aspect peut-être trop calculateur de la part de l’artiste dans ses œuvres.

Ali Banisadr In Medias Res – Galerie Thaddaeus Ropac, Paris
du 28 novembre 2015 au 16 janvier 2016

Koudiey Traore

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