L’Enfer du Décor – Collectif Ensaders à la Maison des Arts de Bagneux

Exposition du 13 octobre au 18 décembre 2015.

La Maison des Arts de Bagneux accueille pour sa rentrée 2015-2016 le collectif de dessinateurs Ensaders composé de Yann Bagot, Kevin Lucbert et Nathanaël Mikles, qui se sont rencontrés en 2003 aux Arts Décoratifs de Paris (ENSAD). Leur nom naîtra par ailleurs de leur lieu de rencontre ; possible passage important dans chacune de leur vie.

À trois ils créent des images en commun, simultanément sur la même feuille. Ils mélangent leurs styles et techniques bâtissant ainsi une image propre à leur collectif. L’homogénéité de leur fusion dans leurs œuvres est telle que l’on pourrait croire qu’ils se sont connus toute leur vie. Leurs mains ne sont pas les seules associées, en effet, leurs sources d’inspiration ou sujets traités, aussi multiples et variés soient-ils, résonnent ensemble : du mythique, au classique, au psychédélique, en passant par des citations ou des thèmes sacrés et profanes, à la politique, tout se mélange pour mieux coexister ou se confronter. Il en résulte dans leurs œuvres un univers complètement décalé, plein d’ironie et/ou souvent inquiétant, faisant écho à l’actualité et la société moderne.

Le Déjeuner Sur l'Herbe, Série "Les Tombeaux", 2012, gouache sur papier, 150x200 cm, © ENSADERS

Le Déjeuner Sur l’Herbe, Série « Les Tombeaux », 2012, gouache sur papier, 150×200 cm, © ENSADERS

Les Tricheurs, Série "Leviathan", 2010, technique mixte, 50x65 cm, © ENSADERS

Les Tricheurs, Série « Leviathan », 2010, technique mixte, 50×65 cm, © ENSADERS

L'Hôpital (détail), Série "Les Sales Chimistes", 2013, technique mixte sur papier, © ENSADERS

L’Hôpital (détail), Série « Les Sales Chimistes », 2013, technique mixte sur papier, © ENSADERS

Il nest évidemment pas surprenant de leur part de les voir investir divers supports. De la toile, aux murs des lieux où ils exposent, rien n’est laissé au hasard et rien ne les arrêtent. “Le choix d’un seul support [leur] est insupportable”. Tout comme les détails en nombre important dans leurs œuvres,  il est difficile de trouver un espace blanc, ce qui obligent une longue et minutieuse observation, si on ne veut pas laisser passer le moindre détails picturaux. Livre d’artiste, papier-peint, mobilier, toile, pop-up, vidéo, sont leurs terrains de jeux les plus fréquents et c’est un investissement bien à eux qu’ils ont mis en place pour cette exposition. La directrice des lieux leur a donnée carte blanche sur l’investissement de l’espace et, c’est avec plaisir que les Ensaders on littéralement rebaptisé presque tous les supports sur lesquels ils pouvaient peindre dans la Maison des Arts.

A l’entrée Le Manifeste Du Collectif Ensaders est peint directement sur le mur. Un manifeste de 29 vers, écrit probablement collectivement, sur leur prise de position artistique. Rédigé sur un ton ironique, il répond étrangement aux attentes d’un manifeste sans pour autant nous éclairer plus que cela sur la “bizarrerie” de leur univers. Ils “traductexprimons le chaostable de notre monde” en mettant des “fous sur des trônes”, les hommes et les dieux vivent au même niveau et  réveillent “les mythes car nous savons que les mystères existent encore”. “Les escaliers sans fin ne mènent à rien” et “Même un âne peut donner un coup de pied à un lion mort”. Leur manifeste est à l’image de leurs œuvres, un “bordel” organisé, à la limite de la saturation picturale au premier coup d’œil, pour comprendre (si on y parvient) ce qu’il se passe dans leurs imaginaires.

Vue de l'exposition sur la Série "Un rêve inaccessible", Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

Vue de l’exposition sur la Série « Un rêve inaccessible », Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

Vue de l'exposition, Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

Vue de l’exposition, Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

Vue de l'exposition, Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

Vue de l’exposition, Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

On retrouve un peu partout dans le lieu (si on aime jouer à cache cache) leurs petits personnages, sortis de leurs toiles, peints à l’encre, aux crayons de couleur ou encore à la gouache, le résultat d’une hybridation de créatures sorties du fin fond de leurs esprits, au plafond, à l’abri des regards ou derrière les poutres, nous guettent innocemment leurs bestioles. Un guide touristique et son groupe prennent la marche pour une petite visite des lieux. Sous l’affichage de leur série de collage Un rêve inaccessible reprenant le portrait de La Joconde des petits personnages représentant les touristes de Paris prennent avec leurs smarthphones le personnage de Mona Lisa. D’autres tentent de s’échapper par une montgolfière ou par un trou dans le mur… Des voyeurs, le guide touristique ou les fans de Mona Lisa qui se prennent en selfie, voici le reflet du quotidien ordinaire d’un parisien ou d’une parisienne.

Afin de parfaire la soirée de vernissage et nous démontrer leurs talents de performeurs, le collectif Ensaders ont bâti de leurs six mains une peinture murale, au côté du saxophoniste Steve Potts, et ce sans communiquer pendant toute la durée de la performance.

« Nous sommes pour un monde absurde et le réenchantement du réel. Nous réveillons les mythes car nous savons que les mystères existent encore. » Nous avons été prévenu, « Qui rira, paiera. »

Koudiey Traore

Vue de l'exposition, Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

Vue de l’exposition, Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

Vue de l'exposition, Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

Vue de l’exposition, Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

Vue de l'exposition, Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

Vue de l’exposition, Collectif ENSADERS, Maison des Arts de Bagneux

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