Marion Charlet, Lovers, 2015, acrylique sur toile, 33 x24 cm © Marion Charlet

Marion Charlet, jeune artiste bruxelloise, présente ses œuvres à l’occasion d’une exposition personnelle à la galerie Virginie Louvet de Paris depuis le 11 avril jusqu’au 6 juin 2015.

Les couleurs froides qui suggèrent le calme, la douceur, le repos, la contemplation, la tristesse et différentes nuances d’états d’âme caractérisent les œuvres de Marion Charlet. La géométrie, les espaces et la verticalité sont au centre de ses compositions. Aussi bien dans le grand format que dans les œuvres plus petites, Marion Charlet est capable de transporter dans la peinture le rêve et l’imagination en créant des scènes presque métaphysiques. La nature est omniprésente, protagoniste et antagoniste en même temps.

Vue de l’exposition As Long as It Lasts à la Galerie Virginie Louvet de Paris © Marion Charlet

Le titre de l’exposition, As Long as It Lasts, porte le visiteur à observer ce qui se déroule autour de lui. Il est invité à profiter des occasions que le temps et la vie lui offrent, tant que cela peut encore durer.

Carton de l’exposition As Long as It Lasts à la Galerie Virginie Louvet de Paris © Marion Charlet

La sensation, en entrant dans la galerie, est celle de pénétrer dans un monde idéal, fait de couleurs, paisible et naturel. Le temps s’arrête, une sensation de calme et de tranquillité enveloppe le visiteur. Le parcours d’exposition nous accompagne dans une promenade imaginaire dans un jardin composé de fleurs et de plantes à l’aspect exotique.

Marion Charlet, Pallas, 2015, acrylique sur toile, 2 x 200 x 150 cm © Valentina Parisio

L’extérieur d’une grande maison en pierre, avec un portique de bois par lequel on accède au jardin par trois marches, occupe toute la surface de l’œuvre Pallas, dytique de grand format réalisé en 2014. La porte, les fenêtres et les rideaux de la maison sont fermés. Le violet des tissus crée un contraste parfait avec le mur blanc. Sous le portique, deux fauteuils à bascule peints vernis en vert attendent, silencieux et immobiles, le moment où ils devront bercer l’âme fatiguée et indigente de paix d’un passant. Le jardin, en fleurs et luxuriant de nature, encercle l’habitation. L’observateur, grâce au grand format de l’œuvre, est totalement immergé dans l’espace. Il semble presque que l’une de ces chaises à bascule soit en train de nous attendre. Les parfums des fleurs exotiques arrivent doucement à nos narines. Une brise légère nous effleure le visage en nous soulage de la chaleur torride de cette journée d’été qui arrive à son terme. Le perroquet, au plumage violet et au bec robuste et crochu, repose perché sur le toit du portique. Tout est calme, le tout formant un équilibre parfait.

Marion Charlet, Deux biches à Miami, 2014, acrylique sur toile, 75 x 55 cm © Marion Charlet

En continuant le parcours, une petite fenêtre donne sur un coin du jardin où se trouve une serre et semble s’ouvrir sur le mur de la galerie.  Une grande baie vitrée sépare les espaces, mais la nature semble nous dominer. Feuilles et buissons envahissent les distances et sont capables de surmonter la barrière de carreaux qui composent la serre. Deux biches (comme le titre de l’œuvre le souligne : Deux biches à Miami), à l’aspect empaillé, sont placées entre nous et la serre. Petites, immobiles et d’une couleur qui manque de naturel, elles semblent regarder, séduites et ravies, un tableau accroché au mur. Les couleurs du cadre reprennent les couleurs de la nature qui entoure les deux biches. La réalité, qui caractérise l’œuvre au premier regard, semble peu à peu disparaître pour laisser place à une atmosphère presque irréelle. Le rapport entre l’homme et nature est totalement remis en cause, il est presque paradoxal. Le ciel, avec ses différentes nuances de bleu, se réfléchit dans les vitres de la serre en altérant, à nos yeux, les couleurs du fond.

Vue de l’exposition As Long as It Lasts à la Galerie Virginie Louvet de Paris © Marion Charlet

Vue de l’exposition As Long as It Lasts à la Galerie Virginie Louvet de Paris © Marion Charlet

D’autres lieux de ce monde, faits de rêves et de réalité, attendent notre visite. Après seulement quelques pas, voici la porte d’une serre. Elle est ouverte. Sur le sol sont visibles les plumes du perroquet qui est perché à l’envers sur une poutre. Le silence est nécessaire et indispensable pour ne pas effrayer l’animal.  Si nous fermons les yeux quelques instants, voilà que le bruit produit par le perroquet parvient à nos oreilles. Chaque détail de la scène est clairement visible, la technique d’exécution ne laisse pas de place au doute quant aux capacités de la jeune artiste.

En avançant vers le dernier tableau de l’exposition, nous arrivons dans l’espace d’une grande véranda. Sur le fond, à travers la vitre, est visible le jardin. À droite, une cage pour les oiseaux avec la porte entre-ouverte. Le temps est suspendu. Dans l’espace, il n’y a personne, seulement nous, flottant entre le réel et l’irréel, avec l’étrange sensation d’être ni totalement dedans, ni vraiment hors de la peinture et de l’espace. Nous sommes les protagonistes, ce moment est pour nous.

Les tableaux sont soignés. En regardant les œuvres de Marion Charlet on a la sensation de vivre intensément les « instants », ces intervalles de temps qui composent notre vie, uniques et exceptionnels. Marion Charlet fixe ces moments sur ses toiles en jouant avec le temps et l’espace. Si la vie est faite d’instants, il faut profiter de chaque moment…« As Long as It Lasts »…