La Vierge ou la Verge ? : Terry Richardson à la galerie Perrotin

Vue de l'exposition "The Sacred & the Profane", 2015, Terry Richardson, crédits photographiques : Claire Dorn, Galerie Perrotin

Vue de l’exposition « The Sacred & the Profane », 2015, Terry Richardson, crédits photographiques : Claire Dorn, Galerie Perrotin

Du 07 mars au 11 avril 2015, la galerie Perrotin présentait une exposition événement : « The Sacred & the Profane » de Terry Richardson, aussi connu pour les plaintes portées à son encontre par ses modèles que pour ses photos provocatrices à tendance punk. L’artiste en est ainsi à son troisième passage dans la galerie et a de nouvelles propositions à offrir aux parisiens.

Bien que le titre l’indique plus ou moins, la visite est un oscillement entre religion et industrie du sexe, mettant alors en avant un paradoxe de la société américaine. À travers cet accrochage Terry Richardson nous dépeint un pendant de la vie de l’Ouest américain qu’il a photographié deux ans durant.

Au rez-de-chaussée se trouve l’exposition de Xavier Veilhan ; il faut monter au premier étage, presque à l’abri des regards indiscrets, pour accéder à « The Sacred & the Profane ». L’accrochage commence dès l’escalier : « This way 4 sex », le visiteur est prévenu lors de son ascension du contenu des photos présentées. En haut est inscrit « Beware of god » dans un cadre. Il semblerait qu’on garde un œil sur nous. L’entrée dans l’exposition n’annonce donc rien de très catholique. Pourtant, à première vue, les images sont provocatrices certes, mais loin d’être vulgaires, la plupart sont des photos de panneaux publicitaires. Voilà le point sensible, ce sont les messages clairement explicites et surtout l’association de la religion au sexe qui dérange.

Finalement, lorsqu’on s’y intéresse de plus près, cette mise en perspective des deux thèmes est assez logique. Les messages religieux sont ainsi souvent mis près des lieux voués au désir charnel afin de remettre les âmes perdues sur le droit chemin. Mais au-delà de la photo de paysage, Terry Richardson s’amuse de ce rapprochement en  donnant un tout nouveau sens à certaines phrases lancées par l’Eglise : « The moste powerful position is on your knees », par exemple, devient alors vite tendancieuse.

Entre les néons et les affiches criardes, tout est finalement très kitsch et c’était le projet initial. Il s’agissait dans un premier temps de documenter les foires et autres coutumes estivales comme les festivals ou les parades dans l’Ouest américain toujours, mais en tombant sur tous ces écriteaux le photographe a préféré rendre compte de la schizophrénie de la société américaine. Les panneaux passe-têtes et l’esthétique de l’exposition sont alors les restes de ce travail inachevé.

Vue de l'exposition "The Sacred & the Profane", 2015, Terry Richardson, crédits photographiques : Claire Dorn, Galerie Perrotin

Vue de l’exposition « The Sacred & the Profane », 2015, Terry Richardson, crédits photographiques : Claire Dorn, Galerie Perrotin

Il était également question pour Terry Richardson de prendre de la distance par rapport à l’étiquette de photographe de mode qui lui collait à la peau ; les panneaux passe-têtes sont alors des clins d’œil à cette partie de sa carrière puisqu’ils représentent en version peinture à l’huile, les portraits de célébrités photographiées plusieurs années auparavant. Devons-nous alors voir l’exposition en tant que rétrospective ? Ces éléments nous rappellent que l’artiste a été un adepte du porno-chic dans ses clichés.

Une grande solitude ressort des paysages du Far West accrochés aux murs. C’est une succession de lieux désaffectés, de déserts, de personnes seules, d’entité impalpable… Finalement, l’univers de la nuit et/ou de l’Église vient réconforter ce sentiment d’abandon des autres, de soi et même de la société. Comme une main tendue, ces deux institutions, ou ces deux business viennent prendre le relais.

Vue de l'exposition "The Sacred & the Profane", 2015, Terry Richardson, crédits photographiques : Claire Dorn, Galerie Perrotin

Vue de l’exposition « The Sacred & the Profane », 2015, Terry Richardson, crédits photographiques : Claire Dorn, Galerie Perrotin

« The Sacred & the Profane » est donc une exposition intéressante, voire drôle d’un certain point de vue, mais elle est surtout un événement médiatique où les peoples viennent se faire prendre en photo, au plus près de l’art du personnage devenu public qu’est Terry Richardson. Peu de contenu en ressort finalement puisque tout est déjà dit dans le titre.

Hélène Mondet

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