« Is there life on mars? » – Olafur Eliasson à la fondation Louis Vuitton

Credits photographiques : http://www.fondationlouisvuitton.fr/exposition-olafur-eliasson-contact.html

Du 17 septembre 2014 au 23 février 2015, la fondation Louis Vuitton présentait l’exposition « Contact » d’Olafur Eliasson, des œuvres in situ perturbant nos repères. Où sommes-nous déjà ? Une question récurrente dans les têtes pendant la visite des oeuvres sensibles de l’artiste islandais.

Une médiatrice accueille les publics et les met en garde quant aux installations présentées : il fera noir, il y aura des miroirs, des bosses, « ne tombez pas ou si vous êtes cardiaques ou épileptiques ne rentrez pas ». Rassurant donc.

Nous voilà partis pour un voyage interstellaire qui mettra en exergue nos cinq sens. On commence par toucher une pierre venant d’une météorite, comme pour s’imprégner d’une mémoire spatiale avant d’entrer dans le cosmos.

Olafur Eliasson, Contact, 2014, fondation Louis Vuitton

Olafur Eliasson, Contact, 2014, fondation Louis Vuitton

Arrivée dans une salle sombre, sol noir brillant, murs tapissés de miroirs qui agrandissent l’espace d’exposition et seule une ligne orangée traçant l’horizon apparaît. Comment ne pas se sentir ailleurs ? Quelque part entre l’univers observable et l’horizon cosmologique, où le silence est plus que pesant.

Olafur Eliasson, Map for Unthought Thoughts, 2014, fondation Louis Vuitton

Olafur Eliasson, Map for Unthought Thoughts, 2014, fondation Louis Vuitton

Nouvelle salle, nouvelle planète. Cette fois-ci une lumière aveuglante se dirige sur les spectateurs pour en extraire leur ombre. Sur cette ombre portée au mur, la taille est modifiée, les traits sont grossiers, mais cette personne en face nous ressemble sans être vraiment nous-mêmes. En regardant nos voisins, nous comparons nos corps, nos ombres, nos rapports individuels à ces êtres parallèles, nous nous mettons dans la peau de l’autre.

Olafur Eliasson, Parallax Planet, 2014, fondation Louis Vuitton

Olafur Eliasson, Parallax Planet, 2014, fondation Louis Vuitton

Dans un couloir noir, une camera obscura nous est présentée. Comme dans Les États et Empires de la Lune de Cyrano de Bergerac, Olafur Eliasson nous donne à voir un monde construit à l’envers, l’exact inverse du nôtre. On marche sur la tête.

Big Bang Fountain, Olafur Eliasson, 2014

Olafur Eliasson, Big Bang Fountain, 2014, fondation Louis Vuitton

 

Enfin, les deux dernières œuvres se focalisent sur l’eau. Tout est jeu de lumières, tour à tour aveuglantes puis très faibles. Puis plus rien. Une fontaine d’eau est éclairée au stroboscope bleu très lentement et accompagnée d’un son d’éclair. Cette installation nous donne l’impression d’être en plein le Big-Bang. En sortant, une rivière calme et tranquille éclairée par des lumières chaudes nous attend. C’est ici que notre mission s’achève, l’eau est apparue en apportant la vie avec elle à la manière d’un accouchement, dans la violence jusqu’à ce que la sérénité revienne.

Grâce, entre autres, au travail du son, nous avons la sensation qu’une présence nous accompagne ou nous observe tout au long de la déambulation. Cette dernière est par ailleurs peu naturelle, une marche en apesanteur, lente et à tâtons, à la découverte d’un nouveau lieu.

Cette mise en scène permet ainsi une nouvelle confrontation des personnes entre elles et avec la structure : les codes de perception traditionnels sont alors complètement éclatés. « Contact » comme titre d’exposition apparaît donc avec un double sens, à la fois un contact extra-terrestre et un contact entre humains.

Hélène Mondet

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.