Accrochages à la Galerie Maria Lund

Galerie Maria Lund

Galerie Maria Lund

La volonté de faire dialoguer différents travaux est l’impression qu’on retient de l’exposition présentée jusqu’au 24 janvier 2015 à la galerie Maria Lund. Sous le titre d’Accrochages, onze artistes y ont été choisis pour montrer une sélection de leur production. Mais que voit-on ? L’ensemble d’œuvres en noir et blanc ou en couleurs, de petits et moyens formats, est habilement agencé. Peintures, dessins, photographies, sculptures et petits objets en grès, faïence ou porcelaine occupent les deux salles dont dispose la galerie. Certaines œuvres sont rassemblées et on découvre avec étonnement que le dialogue fonctionne assez bien. Les œuvres fusionnent entre elles. L’« effacement » des artistes, suggéré par l’absence de cartel qui porte leur nom, crée une ambiance particulière qui peut dérouter le spectateur habitué à avoir tous les renseignements sous les yeux. Mais présentée de cette façon, l’œuvre (la peinture, le dessin, la photographie ou la sculpture) est mise en avant. On se concentre ainsi sur les images. On peut penser que la galerie expose ses artistes préférés et en profite pour s’exposer elle même.

À l’entrée, on nous informe qu’il n’y a pas de thème à proprement parler mais que l’exposition est scindée en deux. Au sous-sol se trouvent des œuvres plus abstraites, de couleurs vives, qui ont plus de force et sont peut-être plus difficiles à appréhender. Au rez-de-chaussée, l’espace de la galerie est consacré essentiellement aux œuvres figuratives qui explorent un champ diversifié : paysages, animaux, fleurs, figures humaines…

Les étranges sculptures en faïence de Shoi d’ à peine quelques centimètres nous interpellent. Ces « formes » anthropomorphes racontent une histoire qu’on n’arrive pas à percer. Le suspense, voulu par l’artiste, laisse un champ ouvert au spectateur qui se voit ainsi libre de toute interprétation. On apprécie les toiles des personnages hermétiques de Peter Martersen qui semblent suspendus dans le temps et les délicats dessins à l’encre de Didier Boussarie. Dénués de tout ce qui est accessoire, Boussarie explore le passage du temps, la fragilité et la beauté. A travers ces notions, il s’interroge sur le caractère éphémère et cyclique de la vie.

Au sous-sol, nous pénétrons dans une salle rectangulaire voûtée, plus réduite que la précédente, intime et propice au recueillement, éclairée au néon. Les œuvres sont, effectivement, plus abstraites et vives en couleur, mais moins frappantes qu’on l’imaginait. Les toiles de moyen format représentent de peintures abstraites de caractère géométrique ou gestuel qui nous semblent plus faciles à appréhender. On est plus concentré sur leur impression visuelle que sur leur signification. Néanmoins, les dessins de Maria Loizidou attirent notre attention ; réalisés au trait fin de crayon, ils évoquent un monde étrange créé par l’imagination et par la superposition des souvenirs. Les Memoscape (fusion des mots mémoire et paysage en anglais) sont de petits bonshommes qui se détachent d’une surface à motifs répétés légèrement colorés. Ces personnages se cachent sous des formes étranges qui sortent de leurs corps. Métaphore de l’enfermement ou du repli sur soi ? Une autre œuvre nous séduit : rien d’autre que des coulures de peinture qui donnent l’impression de vibrations lumineuses et qui empreignent tout le tableau. C’est une peinture de Maibritt Ulvedal Bjelke où hasard et maîtrise du geste s’allient pour y créer de l’émotion.

La visite s’achève en en ayant plein les yeux et avec le sentiment d’y avoir été « accroché ».

Marisa Serrano

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